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Élections 2007
Ségolène Royal, nouvelle Madone
des mosquées ?
Roubaix,
le PS à la pêche aux voix musulmanes
Vincent
Geisser
Il est clair
qu’aujourd’hui le Parti socialiste est en panique : dans
de nombreuses circonscriptions populaires, il doit faire face à
des candidats de la gauche républicaine qui n’ont qu’un seul
défaut à ses yeux : ils sont héritiers de l’immigration
maghrébine et africaines ou « issus des DOM TOM » et,
pire, ils osent se présenter sans son onction paternaliste. D’où
une tentation très forte dans les états majors locaux du PS de
taxer ces candidats « arabes », « africains »
ou « domiens » d’être des « candidats
communautaires » ou des « candidats communautaristes »,
car il est bien connu que ces gens-là ne font de la politique que
par instinct tribal. A
Roubaix, Aubervilliers, Marseille et ailleurs, le refrain est
presque toujours le même : Slimane Tir, Mouloud Aounit,
Karim Zéribi et tous les autres sont régulièrement voués aux gémonies
de ceux qui se disent les gardiens du « temple républicain »,
accusés de communautariser la vie politique locale et de faire le
jeu des extrémistes de tout bord. Le « candidat indigène »
se voit ainsi rappeler à l’ordre et prier de se retirer pour
faire place nette à son tuteur politique.
De ce point de
vue, le « cas de Roubaix » est emblématique de ces
relents paternalistes qui continuent à dominer certains secteurs
du Parti socialiste, digne parfois de la SFIO de Guy Mollet. Alors
que les accords initiaux entre le PS et les Verts prévoyaient que
le candidat de la gauche dans la 7ème circonscription
du Nord serait un membre de ce dernier parti, les socialistes
locaux ont fait barrage sous prétexte que le candidat écologiste
s’appelait Slimane Tir et qu’il était l’incarnation du
communautarisme. Dès lors, une violente campagne fut déployée
par certains socialistes roubaisiens pour « abattre l’Arabe »
et convaincre les électeurs de gauche de ne pas voter pour ce
« chef tribal », de surcroît allié des « islamo-gauchistes »
et des « fondamentalistes ». Tous les arguments sont
bons pour empêcher « l’Arabo-Kabyle » de siéger à
l’Assemblée nationale.
Seul problème
pour les socialistes locaux, c’est que Slimane Tir n’a
qu’une seule communauté, c’est Roubaix ; ville où il
est né, où il a appris à marcher, où il milite depuis 30 ans
dans la vie politique et associative, où il est élu depuis 18
ans au conseil municipal et siège depuis près de 7 ans à la
vice-présidence de la communauté urbaine aux côtés de son ami
Pierre Mauroy. En somme, le seul communautarisme dont on peut
affubler Slimane Tir, c’est d’être un « Chti à 100 % »,
c’est en quelque sorte son « chtimisme
radical ». Car, il est clair, qu’aujourd’hui, une
grande partie des électeurs roubaisiens, toutes origines
confondues, se reconnaissent volontiers dans Slimane Tir, parce
qu’il est tout simplement à l’image de sa ville en pleine
mutation et qu’il incarne une nouvelle génération politique
plus au faite des problèmes quotidiens des citoyens.
Face à la
menace du « missile citoyen » Tir, le PS roubaisien a
cru trouver la parade : rappeler à l’ordre les électeurs
indigènes en sollicitant leurs « chefs naturels » :
les imams ou autres présidents d’associations musulmanes, prêts
à marchander quelques voix pour une mosquée ou un simple tapis
de prière. C’est ainsi que, ce jeudi 7 juin, à 72 heures du
premier tour des Législatives, les citoyens roubaisiens ont eu
droit un « spectacle républicain » unique en son
genre : Ségolène Royal, la madone du PS, visitant une mosquée
de quartier (El Rahma aux « Trois Ponts »), avec thé
à la menthe et pâtisseries au miel, pour venir soutenir une
candidate socialiste locale agonisante, soucieuse de récupérer
quelques voix musulmanes égarées.
L’égérie
du PS à la Mosquée, c’est un acte républicain ! Un élu
de la gauche indépendante à l’Assemblée, c’est du
communautarisme ! C’est le « paradoxe de Roubaix »
qui est aussi celui d’une bonne partie de la gauche socialiste
qui refuse d’admettre que la société française a changé.
Roubaix
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