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DOSSIER 
DROIT AU RETOUR

 

 

Le droit au retour
Uri Avnery

14 janvier 2001

Nous Israéliens avons besoin d'un épouvantail pour nous faire peur. Un épouvantail qui soit assez effrayant pour stimuler l'adrénaline dans notre sang national. Il semblerait que nous ne puissions pas fonctionner autrement.

À une certaine époque, c'était la Charte palestinienne. Peu de Palestiniens l'ont lue, encore moins se souviennent de son contenu, mais nous avons obligé les Palestiniens à abolir certains de ses articles au cours d'une cérémonie solennelle. Qui s'en souvient aujourd'hui? Mais depuis que cet épouvantail est enterré, le besoin de son remplacement se fait ressentir.

Ce nouvel épouvantail est le «droit au retour». Pas en tant que problème pratique que l'on pourrait traiter de façon rationnelle, mais en tant que monstre à faire dresser les cheveux sur la tête: maintenant on découvre le sinistre dessein des Palestiniens! Ils veulent éliminer Israël par cet horrible stratagème! Ils veulent nous rejeter à la mer!

Le droit au retour a de nouveau élargi l'abîme qui semblait s'être réduit à un simple fossé. Nous avons de nouveau peur. La fin de notre État! La fin des espoirs de générations entières! Un deuxième Holocauste!

Il semble que l'abîme soit impossible à combler. Les Arabes exigent que chaque réfugié palestinien retourne dans ses foyers et s'installe en Israël. Les Israéliens s'opposent farouchement au retour d'un seul réfugié. De chaque côté, c'est tout ou rien. Ainsi se présente le chemin vers la paix.

Ci-dessous je vais essayer de montrer que l'épouvantail n'est qu'un épouvantail, que même ce douloureux problème peut être résolu, qu'un compromis équitable peut être trouvé et déboucher sur une réconciliation historique.

Les racines du conflit

Si le problème des réfugiés provoque des émotions aussi profondes, c'est parce qu'il touche aux racines du conflit entre les deux peuples.

Le conflit trouve son origine dans le choc historique entre deux grands mouvements nationaux. L'un d'eux, le sionisme, cherchait à établir un État pour les Juifs, afin que, pour la première fois après des milliers d'années, ils puissent être maîtres de leur propre destin. Pour atteindre ce but, le sionisme a complètement ignoré la population vivant dans le pays. Il envisageait un État national homogène, sur le modèle européen de la fin du XIXe siècle, sans aucun non-Juif, ou à la rigueur le moins possible de non-Juifs.

Le mouvement national palestinien exprimait la lutte des Arabes natifs du lieu pour la liberté et l'indépendance nationale. Il s'opposait avec véhémence à la venue dans leur patrie d'un autre peuple. Comme l'écrivait à l'époque le dirigeant sioniste Zeev Jabotinski, tout autre peuple aurait réagi de la même façon.

Si on ne comprend pas cet aspect du conflit, les événements conduisant à la création du problème des réfugiés ne peuvent pas être compris.

Épuration ethnique

Pendant la guerre de 1948, la confrontation a atteint son point culminant.

À la veille de la guerre, quelque 1.200.000 Arabes et environ 635.000 Juifs vivaient en Palestine. Au cours de la guerre, engagée par la partie arabe pour empêcher la partition du pays, plus de la moitié des Palestiniens, environ 750.000 personnes, se sont trouvés déracinés. Certains ont été expulsés par l'armée israélienne victorieuse, d'autres ont fui quand la bataille s'est rapprochée de leur maison, comme le font les civils dans toutes les guerres.

En 1948, la guerre était une lutte ethnique, très semblable à celle en Bosnie. Dans de telles guerres, chaque partie essaie de mettre sur pied un État ethnique en conquérant le plus de territoire possible et en éliminant la population qui s'y trouve. Par respect des faits historiques, on doit mentionner que la partie arabe s'est comportée de la même façon et, dans les territoires qu'elle a conquis (la Vieille Ville de Jérusalem, le bloc Etzion) aucun Juif n'est resté.

Immédiatement après la guerre, le nouvel État d'Israël refusa de permettre aux réfugiés de revenir dans les territoires conquis par lui. Le gouvernement Ben Gourion détruisit environ 450 villages arabes abandonnés et construisit à leur place des installations juives. Les nouveaux immigrants juifs – beaucoup venant de pays arabes – ont été logés dans les maisons abandonnées dans les villes arabes. C'est ainsi que le problème des réfugiés est né.

Résolution 194

Alors que la guerre se poursuivait, l'Assemblée générale des Nations unies adoptait le 14 novembre 1948 la résolution 194. Celle-ci stipulait que les réfugiés pourraient choisir entre une compensation et le retour «dans leurs foyers». En refusant de se conformer à cette résolution, Israël a peut-être manqué l'occasion – si elle existait – de signer la paix avec le monde arabe dès 1949.

Au cours de la guerre de 1967, certains événements se sont répétés. Des centaines de milliers de Palestiniens ont été expulsés, par la force ou l'intimidation, des territoires près du Jourdain (les énormes camps de réfugiés près de Jéricho) et près de la Ligne Verte (les camps de Tulkarem, Qalqiliya et Latran).

D'après les statistiques officielles de l'ONU, le nombre des réfugiés s'élève aujourd'hui à 3,7 millions, un chiffre plausible vu le fort taux de natalité. Ces réfugiés sont pour la plupart disséminés dans les pays voisins d'Israël, y compris la Cisjordanie et la bande de Gaza.

« Apocalypse now »

Du côté israélien, le problème des réfugiés a soulevé des craintes bien enracinées, résultat des premiers jours suivant la guerre de 1948. Le nombre des Juifs dans le nouvel État n'avait pas encore atteint le million. L'idée que 750.000 Arabes pourraient rentrer sur le territoire israélien et le submerger tel un déluge provoqua la panique.

Cette vision apocalyptique est devenue un abcès de fixation dans le sentiment national des Israéliens. Même aujourd'hui où la situation démographique est tout à fait différente, on trouve cet état d'esprit lors de toute discussion sur le sujet. Sur ce point, il n'y a aucune différence entre la «gauche» et la «droite». Il suffit simplement de mentionner le problème des réfugiés pour que des écrivains comme Amos Oz réagissent de la même manière qu'Ariel Sharon, et pour qu'un «nouvel historien» comme Benny Morris profère des opinions semblables à celles d'un partisan des mêmes bons vieux mythes qu'il a lui-même aidé à déboulonner.

Que le fait d'évoquer le problème maintenant émeuve la plupart des Israéliens du «camp de la paix» jusqu'aux racines de leur âme n'est pas étonnant. «Nous pensions que le problème était résolu», s'exclament avec colère la plupart d'entre eux, accusant les Palestiniens de tromperie, comme s'ils avaient soudain mis en avant des exigences exorbitantes alors que jusque-là ils n'avaient soulevé que des questions «simples» comme l'établissement d'un État palestinien, les frontières et les implantations.

Cela traduit un manque de compréhension abyssal. Le droit au retour représente le cœur même de la fierté nationale palestinienne. Il est ancré dans le souvenir de la Nakba, la catastrophe palestinienne de 1948, et dans le sentiment qu'une injustice historique a été commise contre le peuple palestinien. Ignorer ce fait historique rend impossible la compréhension de la lutte des Palestiniens, passée et présente.

Toute personne qui veut réellement tenter d'amener la paix et la réconciliation entre ces deux peuples a toujours en tête que le problème des réfugiés est en sommeil, comme un lion endormi qui peut se réveiller à tout instant. On pouvait espérer que cet instant soit reporté jusqu'à ce que tous les autres problèmes soient résolus et que les deux parties puissent alors commencer à panser les plaies dans une atmosphère plus apaisée. On pouvait espérer qu'alors un climat de confiance mutuelle aurait pu s'instaurer et qu'une approche rationnelle aurait alors été possible. La Déclaration de principes d'Oslo de 1993 n'ignorait pas le problème, mais l'a reporté aux négociations sur un «statut final».

L'homme qui a rué dans les brancards a été Ehoud Barak. Il a frappé sur les côtes du lion endormi. Dans un mélange typique d'arrogance, d'ignorance, de témérité et de mépris des Arabes, il était convaincu qu'il pourrait amener les Palestiniens à abandonner l'idée du droit au retour. Il demandait donc que les Palestiniens signent une nouvelle Déclaration de principes dans laquelle ils annonceraient «la fin du conflit».

Dès que ces quatre mots («la fin du conflit») sont apparus dans les négociations, le droit au retour a été mis ipso facto sur la table des négociations. On aurait pu prévoir qu'aucun dirigeant palestinien ne pourrait raisonnablement signer la «fin du conflit» sans qu'une solution ait été trouvée au problème des réfugiés.

Dorénavant on ne peut plus éviter d'aborder courageusement cette question.

Une « commission de la vérité »

Le problème des réfugiés est à facettes multiples, certaines sont idéologiques et concernent des principes de base, d'autres revêtent un aspect pratique. Voyons d'abord les aspects idéologiques.

Israël doit reconnaître sa responsabilité historique dans la création du problème. Afin de faciliter la guérison des blessures, une telle reconnaissance doit être explicite.

On doit reconnaître que la création du problème des réfugiés a été le résultat de la réalisation de l'engagement sioniste de parvenir à une renaissance nationale juive dans ce pays. On doit également reconnaître qu'au moins certains des réfugiés ont été jetés hors de leurs maisons par la force alors que la bataille était déjà terminée, et que le retour dans leurs foyers leur a été dénié.

Je rêve d'un événement extraordinaire: le Président ou le Premier ministre d'Israël s'excuse solennellement auprès des Palestiniens pour l'injustice qui leur a été causée à l'occasion de la réalisation des buts sionistes, et en même temps il souligne que ces buts étaient directement destinés à une libération nationale et au sauvetage de millions de victimes de la tragédie juive en Europe.

J'irais plus loin en proposant la mise sur pied d'un «comité de la vérité» composé d'historiens israéliens, palestiniens et internationaux, afin d'enquêter sur les événements de 1948 et de 1967 et de soumettre un rapport commun qui pourrait devenir un sujet à intégrer dans les programmes scolaires tant israéliens que palestiniens.

Le droit au retour

Le droit au retour est un droit fondamental qui ne peut être dénié à notre époque. Il y a peu, la communauté internationale est entrée en guerre contre la Serbie afin de défendre le droit des Kosovars à retourner dans leurs foyers. Il faut mentionner que l'Allemagne supprime le droit des Allemands expulsés de retourner dans leurs foyers en Prusse orientale, en Pologne et dans les Sudètes, mais cela était le résultat de la culpabilité profondément ressentie par le peuple allemand pour les crimes horribles des Nazis. En ce sens, la phrase souvent entendue: «Ce sont les Arabes qui ont commencé la guerre» n'est pas acceptable.

La citoyenneté palestinienne

Après avoir résolu l'aspect idéologique, il devient possible de traiter de l'aspect pratique du problème.

La solution du problème des réfugiés coïncidera avec l'établissement de l'État de Palestine. Par conséquent, la première étape peut être de garantir la citoyenneté palestinienne à tout réfugié palestinien, où qu'il se trouve, si l'État palestinien le décide.

Pour les réfugiés, cette étape revêtira une importance cruciale, non seulement pour des raisons symboliques, mais aussi pour des raisons pratiques. De nombreux Palestiniens qui n'ont pas de nationalité se voient refuser le droit de traverser les frontières; pour les autres, le passage des frontières signifie souffrance, humiliation et tracasseries.

L'octroi de la citoyenneté changera complètement la situation et le statut des réfugiés dans des pays comme le Liban où les réfugiés sont exposés à tous les dangers.

Libre choix

Un élément fondamental du droit au retour est le droit pour tout réfugié de choisir entre le retour et les compensations.

Ceci est un droit personnel. Alors que la reconnaissance du principe est un droit collectif, son application pratique est du domaine de l'individu palestinien. Afin de lui permettre de prendre une décision, il doit connaître tous les droits qui sont les siens: quelles sommes seront allouées à ceux qui choisiront de ne pas retourner et quelles possibilités seront ouvertes à ceux qui souhaitent retourner.

Tout réfugié a droit à des réparations pour les biens qu'il a abandonnés quand il a été déraciné, de même que pour la perte des chances, etc. Sans faire aucune comparaison entre Holocauste et Nakba, on peut retenir la méthode allemande de compensations pour les victimes juives. Cela permettra à tout réfugié de décider ce qui est bon pour lui et sa famille.

Les réparations, qui sans nul doute vont représenter des sommes énormes, doivent être payées par un fonds international auquel les économies les plus prospères doivent contribuer. Les Palestiniens ont le droit de demander cela de la part des États membres des Nations unies qui ont voté pour la partition de la Palestine en 1947 et qui n'ont pas levé le petit doigt pour empêcher la tragédie des réfugiés.

Les Israéliens ne doivent pas en conclure que seuls les autres paieront. Le «Conservatoire israélien des biens des absents» possède d'énormes propriétés – immeubles, terrains, propriétés mobilières – abandonnées par les réfugiés et il est de son devoir de les enregistrer et de les administrer.

Retour en Palestine

Le compromis historique entre Israël et la Palestine est basé sur le principe «deux États pour deux peuples». L'État de Palestine est destiné à représenter la personnalité historique du peuple palestinien arabe et l'État d'Israël est destiné à représenter la personnalité historique du peuple israélien juif, les citoyens arabes d'Israël qui représentent le cinquième de tous les citoyens israéliens étant partie intégrante de ce pays.

Il est clair que le retour de millions de réfugiés palestiniens dans l'État d'Israël changerait complètement le caractère de l'État, contrairement aux intentions de ses fondateurs et de la plupart de ses citoyens. Il abolirait le principe de deux États pour deux peuples sur lequel la demande d'État palestinien est basée.

Tout ceci amène à la conclusion que la plupart des réfugiés qui optent pour le retour trouveront leur place dans l'État de Palestine. En tant que citoyens palestiniens, ils pourront y bâtir leur vie soumise aux lois et aux décisions de leur gouvernement.

Pour absorber un grand nombre de ces réfugiés de retour et leur fournir logement et emploi, l'État de Palestine doit recevoir des compensations adéquates de la part du fonds international et d'Israël. Israël doit également transférer les installations intactes au gouvernement palestinien après le retour des immigrants en territoire israélien. Après avoir pris des décisions concernant le partage juste et équitable de l'eau et d'autres ressources entre Israël et la Palestine, cette absorption à grande échelle doit aussi être prise en compte.

Si la frontière entre la Palestine et Israël est ouverte à la libre circulation des personnes et des marchandises, suivant les principes de coexistence pacifique entre bons voisins, les anciens réfugiés, en tant que citoyens palestiniens, auront la possibilité de se rendre dans les lieux où leurs ancêtres ont vécu.

Retour en Israël

Afin de rendre possibles la guérison des blessures psychologiques et la réconciliation historique, on ne peut pas empêcher le retour d'un nombre approprié de réfugiés dans l'État d'Israël. Le nombre exact doit être décidé par une négociation entre Israël et la Palestine.

Cette partie du plan risque de susciter une forte opposition en Israël, aussi bien à droite qu'à gauche.

Cependant, ce retour limité est l'achèvement de la reconnaissance de principe du droit au retour et l'acceptation de la responsabilité pour les événements passés. Comme nous allons le voir ci-dessous, cette opposition est irrationnelle et elle est une expression de vieilles craintes qui n'ont aucune base réelle.

Le gouvernement d'Israël a récemment offert de reprendre quelques milliers de réfugiés (on a parlé de 3.000) annuellement dans le cadre du «regroupement familial». Cela est une erreur. Au contraire, c'est le retour ouvert dans le cadre du droit au retour qui est nécessaire comme acte symbolique de réconciliation. Le nombre mentionné est ridicule, évidemment.

Personne ne prétend qu'Israël, qui vient juste d'absorber avec succès un million de nouveaux immigrants de l'ancienne Union soviétique, est incapable économiquement d'absorber un nombre raisonnable de réfugiés. L'argument avancé, que le retour de quelque nombre que ce soit de réfugiés changera le caractère national démographique de l'État, est clairement idéologique et démographique.

Pour preuve de son irrationalité, il suffit de rappeler que l'extrême droite israélienne demande l'annexion de la partie arabe de Jérusalem-Est et est toute prête à accorder la nationalité israélienne au quart de million d'Arabes qui y vivent. L'extrême droite demande également l'annexion de gros «blocs de colonies» qui incluent de nombreux villages arabes, sans se préoccuper le moins du monde de l'augmentation du nombre des citoyens arabes d'Israël que cette annexion entraînerait.

Il n'est pas inutile non plus de se souvenir qu'en 1949 le gouvernement de David Ben Gourion et de Moshe Sharett offrait de reprendre 100.000 réfugiés. Quelles qu'aient été ses motivations, et même si ce n'était qu'une manœuvre diplomatique, cette proposition constituait un précédent important. Comparé à la population juive en Israël à cette époque, ce nombre équivaut à 800.000 aujourd'hui. Comparé au nombre de réfugiés à cette époque, il équivaut à un demi-million actuellement.

La question décisive est: combien peuvent revenir? Les minimalistes parlent d'environ 10.000, les maximalistes d'environ un demi-million. Moi-même je propose un quota annuel de 50.000 pendant 10 ans. Mais ceci est sujet à négociations qui doivent être conduites dans un esprit de bonne volonté, avec l'intention de donner une issue favorable à ce douloureux problème, en gardant toujours à l'esprit qu'il concerne le sort d'être humains vivants qui méritent d'être réinsérés après 10 années de souffrances.

Un million cent mille citoyens palestiniens arabes vivent actuellement en Israël. L'augmentation de ce nombre à 1,3 million ou même 1,5 million ne changera pas fondamentalement l'image démographique, surtout quand Israël absorbe plus de 50.000 nouveaux immigrants juifs chaque année. Pourtant cette idée suscite de profondes craintes en Israël. Même l'historien Benny Morris, qui a joué un rôle important dans la révélation de l'expulsion de 1948, est prêt à accepter seulement «peut-être un tout petit nombre de réfugiés autorisés à revenir en Israël – quelques milliers, pas plus».

J'ai conscience que cette proposition est loin de satisfaire les demandes palestiniennes. Mais je suis convaincu que la grande majorité des Palestiniens savent que c'est le prix à payer par chaque partie afin d'oublier le passé douloureux et se préparer à construire leur avenir dans les deux États.

Quand cela arrivera-t-il ?

Si cette solution est adoptée, dans le cadre d'un pacte de paix entre Israël et la Palestine qui doit apporter avec lui la paix entre Israël et l'ensemble du monde arabe, on peut y parvenir en quelques années.

La première étape sera bien sûr la conclusion d'un accord entre les deux parties. Espérons que ce ne sera pas un processus de marchandage mais une négociation de bonne foi, chaque partie réalisant qu'une résolution signée non seulement mettra fin à une grande tragédie humaine mais ouvrira également la voie à une paix réelle.

La seconde étape sera le processus du choix. Un organisme international devra garantir que chaque famille réfugiée sera informée de tous ses droits et des choix qui lui seront offerts. Cet organisme devra aussi faire en sorte que chaque famille puisse choisir librement, sans aucune pression. Il faut aussi établir un processus d'enregistrement des biens et de transmission des demandes.

Personne ne peut aujourd'hui savoir combien de réfugiés choisiront telle ou telle option. On peut penser que beaucoup voudront rester là où ils sont, surtout s'ils se sont mariés ou s'ils possèdent un commerce et se sont enracinés. Les réparations amélioreront considérablement leur situation. D'autres préféreront vivre dans l'État palestinien, où ils se sentent chez eux dans leur nation et dans leur culture. D'autres pourront choisir de retourner en territoire israélien où ils seront près du foyer de leur famille, même s'ils ne peuvent pas revenir dans leur maison détruite et dans leur village qui n'existe plus.

D'autres encore peuvent être réticents à vivre dans un État avec un environnement national et culturel différent, après avoir vu la réalité de leurs propres yeux. Un choix réel ne sera possible que quand tous les faits seront clairs, et même alors, quelques-uns pourront être appelés à changer plusieurs fois leur choix.

Une fois que la grande question nationale, le symbole du sens palestinien de l'injustice, sera devenue la question personnelle de centaines de milliers de familles à titre individuel, chacune d'elles prendra une décision autonome.

Il faut qu'en même temps l'organisme international voie le jour. L'expérience montre que cela ne sera pas facile et que des pays qui promettent des contributions généreuses pour un tel effort ne remplissent pas toujours leurs promesses.

La troisième étape sera l'application, qui prendra certainement quelques années.

Il est clair que la crainte de nombreux Israéliens qu'une catastrophe va soudain les submerger est sans fondement.

La solution du problème sera un processus long, contrôlé, raisonnable et logique.

Réconciliation historique

Je crois que ce plan peut conduire à une solution morale, juste, pratique et acceptée de part et d'autre.

Les deux parties l'accepteront, en fin de compte, parce qu'il n'y en a pas d'autres. Il ne peut y avoir de paix sans la solution du problème des réfugiés, et la seule solution valable de ce problème est celle avec laquelle les deux parties peuvent vivre.

Peut-être que tout ira bien. Quand les deux parties s'engagent vers une solution, cela peut faciliter la réconciliation entre elles. Quand elles s'assoient ensemble et trouvent des solutions créatives, toutes sortes d'idées intéressantes peuvent surgir. Par exemple: pourquoi ne pas rebâtir deux ou trois villages palestiniens qui ont été détruits après 1948 et dont l'emplacement est encore vacant? Beaucoup de choses qui semblent impossibles aujourd'hui peuvent être mises sur le tapis une fois que l'atmosphère entre les deux parties aura changé.

Peut-être alors l'ancien proverbe du psalmiste s'appliquera-t-il aux réfugiés: «La pierre que les bâtisseurs ont refusée est devenue la clé de voûte de l'ensemble.»

[ Traduit de l'anglais - RM/SW ]

Source : AFPS

 
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