Opinion
Le centre-ouest de la Tunisie en ébullition
Mardi 4 janvier 2011
Le 19 décembre (le 17 selon
d'autres sources) à Sidi Bouzid en Tunisie, un jeune homme
s’était immolé par le feu avec de l’essence devant la
préfecture, après s’être fait confisqué la marchandise qu’il
vendait illégalement. Cinq jours plus tard, un autre jeune s’est
mortellement électrocuté en public, en grimpant au sommet d’un
poteau électrique.
De nombreux jeunes chômeurs et des travailleurs sont
descendus dans la rue. Des villes des alentours de Sidi Bouzid
ont rejoint le mouvement dans un premier temps, puis des villes
du nord au sud du pays jusque la capitale, Tunis. Tout en
faisant part de sa compréhension, le président Ben Ali a lancé
un processus répressif. Le 24 décembre un jeune manifestant tué
par balle lors des violents affrontements qui ont secoué la
ville de Menzel Bouzayane (ces tirs auraient répliqué à une
tentative de groupes de jeune d'incendier un véhicule de
police). Des journaux ont été saisis. A l'issue d'un sit-in des
avocats à Tunis, maîtres Raouf El Ayadi et Choukri Belaïd ont
été arrêtés, dans la soirée du mardi 28 décembre avant d'être
libérés le lendemain.Ammar Amroussia, porte parole du Parti
communiste ouvrier de Tunisie (PCOT) et correspondant du site
albadil.org, a été arrêté à Gafsa pour ses publications et ses
déclarations dès le début de ce mouvement de colère des
déshérités ; ainsi qu'Attia Athmouni, porte parole du comité de
soutien de Sidi Bouzid et membre du Parti démocrate progressiste
(PDP) et le journaliste Mouldi Zouabi.Selon sa radio ce dernier
était au palais de justice de Jendouba en compagnie des avocats
le 29 décembre pour couvrir leur action de solidarité avec les
habitants de Sidi Bouzid. Dans sa communication téléphonique
avant que la police ne confisque son portable, le journaliste a
déclaré depuis le commissariat qu’il a été agressé violement par
des agents de police qui ont également cassé ses lunettes.
La répression n'a toutefois pas découragé le mouvement
social.
A Sidi Bouzid la commission administrative de l’union
régionale du travail de Sidi Bouzid sous la présidence de
Mohamed Saad a tenu, le jeudi 30 décembre, une réunion à l’issue
de laquelle une décision de grève générale pour le 12 janvier a
été prise à l’unanimité. Selon radio Kalima à Jelma samedi "des
syndicalistes et un nombre important d’activistes rejoints par
une impressionnante foule de citoyens se sont rassemblés devant
le siège de l’Union régionale du travail puis ont marché dans
les rues de la ville. Les manifestants ont scandé des slogans
pour dénoncer la corruption, demander leur droit aux travail et
la levée de l’état de siège qui frappe Sidi Bouzid depuis le
début des événements. La police a dispersé les manifestants à
coups de matraques.
A Jerba la police a empêché les avocats de sortir du palais
de la justice. Ces derniers étaient contraints d’improviser leur
réunion dans le hall du palais. Les avocats ont brandi des
slogans pour demander la levée de l’état de siège imposé sur la
ville de sidi Bouzid et dénoncer la corruption et la tyrannie.
Le même scenario s’est produit au siège de l’Union régionale du
travail où des citoyens venu se joindre au syndicalistes ont été
empêché d’y accéder. La police a utilisé les matraques pour
venir à bout de cette action. Kalima a appris que la
syndicaliste Nejah Hamdani, membre du syndicat de l’enseignement
secondaire a été grièvement blessé après avoir été agressé à
coup de matraques par des policiers ; son fils a été lui aussi
roué de coups. D’autres actions similaires ont eu lieu dans les
ville de Makther , Siliana, Jebniana et Sousse." A
Jbeniana plus précisément "des affrontements ont éclaté,
vendredi le 31 décembre à 22h, entre les habitants de la ville
et les forces de l’ordre. Ces dernières ont lancé des bombes
lacrymogènes pour disperser les manifestants. Deux jeunes ont
été arrêtés puis relâchés dans la matinée du samedi après avoir
été soumis à la torture selon leurs déclarations."
Des sit-ins ont eu lieu devant des consulats tunisiens en
Europe. Les partis égyptiens Karama, et Alraad, le parti
communiste libanais, la Confédération syndicale internationale
ont exprimé leur soutien aux manifestants.
Ont appelé à une manifestation de solidarité Place de la
fontaine des innocents à Paris le 6 janvier à 18 h les
organisations ci-dessous : C ! - ACHR - ACORT - AFASPA - AMF -
ASDHOM -ATF-ATF Paris - ATMF - ATTAC - CAPJPO-EuroPalestine -
CEDETIM - CISA - CNT -Comité National de Soutien au Mouvement du
Bassin minier - CourantNationaliste Progressiste - CORELSO - CPR
-- CRLDHT - DAL - Etoile NordAfricaine - Europe Écologie Les
Verts - La pelle et la pioche - FASE (Fédération pour une
alternative Sociale et Écologique) - FDLT (Forum démocratique
pour la liberté et le Travail) - FTCR - Les Alternatifs - Le
Mouvement pour une alternative socale, écologique et
démocratique, Lutte ouvrière,-Manifeste des Libertés - Mouvement
Nahdha - Mouvement Tajdid France - MRAP - NO-VOX - NPA - PCF -
PCOF - PCOT - PDP - PG -Réseau Stop la Précarité - Respaix
Conscience Musulmane - Reveil des Consciences - SOLIDAIRES -
Solidarité Tunisienne -- Sorti du colonialisme - UTIT - Voie
Démocratique Maroc - Voix Libre)
Le Parti Socialiste français a publié un communiqué le 30
décembre dans lequel il a critiqué les autorités tunisiennes qui
ont recouru à la violence contre des manifestants pacifiques. Le
PS a demandé dans le même communiqué aux autorités tunisiennes
le respect des libertés et la libération de tous les
manifestants arrêtés.
Selon un câble diplomatique du 17 juillet 2009 publié par
Wikileaks l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis avait
estimé : "La Tunisie a de gros problèmes. Le Président Ben
Ali est vieillissant, son régime est sclérosé et il n’y a pas de
successeur évident. De nombreux Tunisiens sont frustrés par le
manque de libertés politiques et éprouvent de la colère envers
la famille présidentielle, la corruption, le chômage élevé et
les inégalités régionales. L’extrémisme fait peser une menace
permanente. [...] La Tunisie est un État policier, avec peu de
liberté d’expression et d’association, et de graves problèmes de
droits humains. [...] Pour chaque pas en avant, il y en a un
autre en arrière, par exemple le récent rachat d’importants
médias privés par des personnes proches du président Ben Ali.
[Ben Ali] et son régime ont perdu le contact avec le peuple
tunisien. Ils ne tolèrent pas de conseils ou de critiques, ni
nationales ni internationales. Ils s’appuient de plus en plus
sur le contrôle par la police et se concentrent sur la
préservation du pouvoir. La corruption dans les premiers cercles
s’accentue. Même les Tunisiens moyens sont à présent très
conscients de cela, et le choeur de leurs plaintes s’amplifie
[...]. Les Tunisiens n’aiment vraiment pas, voire détestent la
première dame Leila Trabelsi et sa famille. En privé, les
opposants au régime se moquent d’elle. Même dans les cercles
proches du pouvoir on exprime de la consternation face à ses
frasques. Entretemps, la colère monte face au taux de chômage
qui grimpe et aux inégalités régionales. En conséquence, les
risques pour la stabilité à long terme du régime sont en
augmentation."
La porte-parole du Ministère des affaires étrangères français
a appelé à
"l'apaisement". Le soutien de
M. Sarkozy et de
l'UMP au régime tunisien, semble toujours de rigueur.
Vous vivez en
Tunisie, envoyez-moi vos infos sur la situation dans votre
ville:
webmaster@palestine-solidarite.org
Le dossier
Tunisie
Dernières mises à
jour
|