Rassemblement Pour le Liban - RPL
Le mémorandum
du général Aoun à Mr. Ban Ki Moon
Assafir,
8 avril 2007 La Communauté internationale
fait partie de la crise et doit assumer ses responsabilités en
cas de dissension.
Le journal Assafir a pu obtenir le mémorandum du Président du
Bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun,
remis au Secrétaire Général des Nations Unis, Mr Ban Ki Moon
lors de sa visite au Liban. La lettre expose la situation de la
crise gouvernementale et politique, les pratiques de la majorité
qui paralyse la gouvernance en transgressant la Constitution. Le Général
met la Communauté internationale face à ses responsabilités
pour son soutien au gouvernement libanais illégitime et spécialement
s'il survenait un vide constitutionnel ou une quelconque
dissension interne au terme du mandat présidentiel.
Voici le contenu du mémorandum que le Général Aoun a souhaité
soumettre également aux membres de l'Organisation des Nations
Unis:
"Mr Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations Unis:
A l'occasion de votre visite à notre cher pays le Liban, nous
avons jugé bon de vous éclairer sur notre situation interne car
nous trouvons que certaines déclarations internationales portent
à confusion.
Notre pays souffre depuis deux ans d'une crise de gouvernance
qui a suivi les élections législatives inéquitables de 2005.
Depuis, la situation s'est détériorée suite aux ratages
successifs du gouvernement de Siniora. La crise a connu son apogée
lors de la démission des ministres chiites. A partir de là, le
fossé n'a pas cessé de se creuser entre l'opposition et le
gouvernement.
D'après l'article 95 et le paragraphe "I" de notre
Constitution, toutes les confessions doivent être représentées
dans un gouvernement libanais pour qu'il soit légitime. Le fait
que tous les ministres chiites aient démissionné sans avoir pu
les remplacer, rend le gouvernement illégitime et
anticonstitutionnel.
De plus, le gouvernement Siniora a cherché à transgresser
différents articles de la Constitution libanaise en voulant
surpasser le Président de la République comme étant Président
de l' Etat (article 49) et en empiétant sur ses prérogatives
(article 52). Par ailleurs, le gouvernement a manqué, sur deux
années consécutives, de présenter le budget annuel conformément
à l'article 83 de la Constitution et depuis, l'Etat fonctionne
sans budget officiel.
De plus, la suspension volontaire du Conseil Constitutionnel
dont l'existence est mentionnée dans l'article 19 de la
Constitution libanaise a eu pour but d'occulter les recours
effectués pour dénoncer les entraves aux élections législatives
de 2005. Ces recours, s'ils étaient appliqués, donneraient la
majorité à l'opposition. Cette majorité que le gouvernement prétend
détenir et qui gouverne injustement en son nom.
A la fin de la guerre de juillet 2006 et à l'issue de l'échec
du gouvernement Siniora dans l'application de sa déclaration
ministérielle d'une part et à la caducité des alliances électorales
des législatives de 2005 de l'autre, la majorité des libanais
ont perdu confiance en leur gouvernement. Ceci s'est traduit par
des contestations et des manifestations depuis le 1er décembre
2006 et qui continuent jusqu'à ce jour. Ces manifestations sont
sans précédent dans l'histoire du pays puisque nous avons compté
près de 1,5 millions de libanais le 10 décembre 2006, un
rassemblement de tous les partis de l'opposition venus de toutes
les régions libanaises et appartenant à toutes les confessions.
Malgré l'illégitimité, le manque de confiance et l'incapacité
du gouvernement Siniora à diriger le pays, il reçoit un soutien
illimité et injustifié de la Communauté internationale, et ce
gouvernement compte sur ce soutien pour ne faire aucun effort afin
de mettre fin à la crise par le dialogue.
La Communauté internationale soutient un camp contre l'autre
dans la crise interne libanaise, crise ayant trait à la
Constitution et aux fondements de la démocratie, ce qui lui
incombe une lourde responsabilité au cas où un vide
constitutionnel s'installe ou si une quelconque dissension interne
a lieu à la fin du mandat présidentiel.
Nous vous demandons avec insistance de soutenir le Liban et
toutes ses Institutions Constitutionnelles et non seulement le
gouvernement Siniora. Comme nous espérons de votre part une révision
de vos positions, et une plus grande objectivité dans vos considérations,
sans vous fier aux désinformations concernant le tribunal
international ou la régionalisation de la crise. Nous formons le
plus important pilier de l'opposition, d'après les résultats des
dernières élections législatives, nous représentons le tiers
du peuple libanais. Nous sommes indépendants et libres vis à vis
des intérêts étrangers, comme nous vous rappelons que nous étions
les précurseurs dans la demande d'un tribunal à caractère
international. Nous croyons foncièrement en la formation du
tribunal selon la Constitution libanaise en étroite collaboration
avec le Conseil des Nations Unis.
Divers facteurs ont mené à l'actuelle crise. Ignorer les
priorités du peuple libanais serait une énorme erreur, auquel
cas la sécurité du pays et de la région seront en danger. Parmi
ces risques:
-La création et l'expansion d'organisations terroristes au
Liban, sans aucune prévention ou un quelconque contrôle du
gouvernement Siniora.
-L'armement et l'entraînement d'anciennes et de nouvelles
milices appartenant à la majorité, au su et au vu du
gouvernement Siniora.
-La corruption continue qui a commencé avec la même équipe
gouvernante et qui a entraîné le pays dans une dette abyssale de
prés de 40 milliards de dollars (200% de la production annuelle).
-Le risque sérieux d'implanter les palestiniens au Liban,
danger contre lequel nous nous opposons à travers un consensus
national traduit dans l'introduction de la Constitution libanaise.
-La solution de la crise actuelle commence par le respect des
fondements de la Constitution, des usages dans la formation des
gouvernements, et de la représentativité qui serviront de base
pour un gouvernement d'union nationale. Même si le gouvernement
illégitime et anticonstitutionnel actuel continue dans son
obstination, la démocratie ne se retrouvera pas obstruée. La
seule solution, comme dans toutes les démocraties, consistera à
écouter la décision du peuple en organisant des élections
anticipées suivies de l'élection présidentielle puis la
formation d'un nouveau gouvernement.
E n conclusion, nous vous confirmons notre entière volonté de
communiquer et de collaborer avec les Nations Unis pour éclaircir
le nécessaire et participer à élaborer une solution durable à
la crise actuelle au Liban“.
Traduction par l'équipe de Presse RPL Rhône-Alpes
et Suzanne C.SARGON
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