RPL France
Conférence de
presse du général Aoun
Le général Michel Aoun - Photo Cape France
3 octobre 2008
Soyez les bienvenus. Je vais aborder tous les sujets avec ma
franchise habituelle pour vous donner un éclairage aussi précis
que possible sur la situation actuelle que nous vivons.
Pour commencer, je veux attirer votre
attention sur les désinformations qui circulent sur certains
sites Internet et ciblent des cadres du CPL. Je précise que le
CPL fonctionne selon une dynamique particulière, et nous avons,
dès le début de cet été, commencé une réorganisation de notre
Conseil exécutif et des Comités qui en découlent, tout en
demandant aux membres de ces Comités de rester à leurs postes en
attendant leur remplacement. C’est ce qui s’est passé avec le
comité des étudiants, un nouveau comité vient d’être formé, et
il en sera ainsi avec le comité de presse, celui des études,
etc. Par ailleurs, si un membre du CPL est déçu ou insatisfait,
il le fera savoir lui même sans que d’autres s’en chargent pour
lui et tout membre qui souhaite démissionner le fera de son
propre gré sans le contraindre de partir par la pression de la
désinformation et des mensonges.
Nous avons beaucoup de sujets à traiter
aujourd’hui, je commencerai par le dossier de la loi électorale.
Le CPL lutte pour la réforme de la loi électorale. Il s’est
finalement avéré qu’il n’y a que le BCR qui a souhaité cette
réforme et que seuls les députés du BCR l’ont votée. Les députés
des autres Blocs ont tenu des discours prêchant la nécessité de
ces réformes et ses bienfaits devant l’opinion publique et la
presse, qu’ils n’ont pas respectés et appliqués lors des votes.
Je demande aux médias d’être vigilants quant à ce genre
d’attitude qui risque d’induire en erreur l’opinion publique et
qu’ils discernent entre la vraie position du député et son point
de vue déclaré aux médias.
Concernant le quota féminin
Ce sujet n’est pas nouveau. Plusieurs
propositions ont été faites ; nous avons notre point de vue
quant à ce sujet et nous ferons une proposition en temps voulu,
mais je tiens à préciser que nous sommes contre le principe de
quota. Selon la loi et la juridiction libanaises, il n’y a pas
d‘égalité entre les droits et les devoirs de l’homme et ceux de
la femme. Nous sommes contre cette inégalité et nous lutterons
pour redonner à la femme libanaise ses droits. Dans notre
société, on persiste à dire que la femme est différente de
l’homme, mais que paradoxalement, l’homme ne peut compléter son
entité qu’à travers elle !! Ainsi, la femme et au regard des
droits et devoirs, est différente de l’homme, mais socialement
elle représente sa moitié !! Elle devrait donc logiquement
obtenir la moitié des sièges parlementaires soit 64 sièges, et
être égale à l’homme dans les droits et les responsabilités. Nos
deux propositions seront probablement rejetées, mais nous les
avancerons quand même.
L’âge de vote
On trouve toujours des excuses pour ne pas
baisser l’âge des votants à 18 ans. Peut-être parce qu’il est
difficile d’influencer les jeunes et leur faire un lavage de
cerveau, car ils sont francs, incorruptibles et ont des idéaux.
Par contre, les jeunes peuvent influencer la donne des votes,
chose qui gêne sans doute les conservateurs. Nous devons leur
permettre de voter et de devenir un pôle important de la vie
politique du pays.
Le vote des militaires
Toutes les excuses qu’ils ont avancées
étaient inacceptables ! Ils ont dit que le vote des militaires
peut nuire à l’institution militaire et la contaminer !!! Si
nous suivons une telle logique, la société civile et politique
serait dans sa globalité contaminée, puisqu’elle vote. Ils
ont par la suite dit que le vote des militaires les rend
politiquement subjectifs. Mais ils ont oublié que tous les
citoyens ont leurs opinions politiques. Le vote est un droit
naturel que toute personne doit avoir. Notre armée a su jusqu’à
maintenant garder sa neutralité malgré tous les événements, et
nos soldats sont ceux qui respectent le plus les principes
civils. Ici aussi les droits de l’homme ont été bafoués.
Le principe de la loi à la
proportionnelle
Il y a eu une majorité contre la loi 1960,
alors pourquoi la loi à la proportionnelle a-t-elle été
refusée ? Même à Doha, la loi à la proportionnelle que nous
avons proposée avait essuyé un refus catégorique. Au BCR, nous
étions pour le principe de la proportionnelle dans la
circonscription moyenne. Une autre proposition a été faite selon
la petite circonscription, soit deux ou trois députés dans la
circonscription ; la raison étant que dans certaines
circonscriptions et selon un régime communautaire au sein duquel
les communautés ne peuvent être séparées, nous ne pouvons avoir
une seule représentation. Ils n’ont pas accepté la loi à la
proportionnelle, et ainsi, la loi 1960 a été la conséquence du
refus par la majorité.
Le droit au vote des Libanais à
l’étranger
Nous avons été profondément choqués par le
refus d’accorder le droit au vote aux Libanais qui résident à
l’étranger car ce droit a été accepté par toutes les commissions
lors des débats ; à la dernière minute, ils ont refusé
d’accorder ce vote, faute de temps pour les préparatifs
logistiques, selon eux. Ce droit sera dû en 2013.
Réconciliations ou ententes
interlibanaises
Je vais maintenant aborder un autre sujet,
celui des différentes réconciliations ou ententes
interlibanaises en cours. Je tiens à préciser que le CPL n’a de
problèmes avec aucun parti politique. Nous avons eu un différent
à Jbeil que nous avons soumis à la justice. Le retard et la
négligence dans le traitement des procès causent beaucoup de
problèmes. Nous espérons que le procureur fixe rapidement la
date du procès et qu’il règle cette affaire avant qu’elle ne se
transforme en demande publique, à savoir que la personne qui a
tiré a été relâchée à condition qu’elle ne quitte pas le pays ;
malgré cela, la personne a effectué un voyage touristique, est
retournée au Liban et reste toujours en liberté.
J’ai entendu aujourd’hui que Mme Nayla
Mouawad a annoncé lors de la Rencontre maronite qu’elle souhaite
se réconcilier avec moi. J’accepte cette réconciliation, mais je
voudrais auparavant qu’elle s’excuse, car j’ai été blessé quand
elle m’avait accusé d’être complice dans l’assassinat de son
mari. Si elle s’excuse, j’accepterai, et si elle refuse de le
faire, je lui pardonne quand même.
Dans tous les pays où la violence existe, des
commissions de réconciliation et de recherche de la vérité sont
mises en place. Nous préférons que les réconciliations aient
lieu sans que cela empêche de chercher et de trouver la vérité.
Il est regrettable par exemple que Signora refuse de
mettre en place une banque d’ADN pour pouvoir identifier les
personnes enlevées et disparues.
Quant au patriarche, il a prononcé à Baabda
qu’il a tenté de réconcilier les Chrétiens, mais que chaque
parti s’est défilé quand il a fallu concrétiser cette entente !
Certes, avec l’âge la mémoire faiblit, mais pas à ce point ! Je
demande au Patriarche de dire la vérité. A ce sujet, je tiens à
rappeler que j’ai signé le Pacte d’honneur et les Constantes
patriarcales sans même les lire et le ministre Frangié a
fait de même, et nous nous sommes mis à la disposition du
Patriarche. Nous les avons acceptés sans poser de conditions
préalables, et nous étions les seuls à le faire. Le patriarche
est tenu à dire la vérité telle qu’elle est.
La question actuelle : le terrorisme
Nous savons que le premier acte de terrorisme
a eu lieu à Denniyeh en 2000, qui a causé la mort de plusieurs
personnes, alors que les terroristes arrêtées ont été libérées
en 2005 par le Parlement actuel. Nous avons par la suite eu Nahr
el Bared, où 172 soldats et gradés de l’armée libanaise ont
perdu la vie. Ensuite plusieurs attentats ont eu lieu à Tripoli,
le 13 août et le 29 septembre, en plus du carnage du 8 mai à
Halba. Tous ces terroristes sont fichés et connus contrairement
à ce qu’Amine Gemayel qualifie de fantômes, et dit « que Tripoli
n’est pas Kandahar ». Je lui réponds, que personne ne dit que
Tripoli est Kandahar, mais à quelle cadence veut-il que le
terrorisme frappe pour qu’il en soit ainsi ? Samir Geagea, quant
à lui, défend la région du nord de devenir Waziristân.
Pour nous, il ne s’agit ni de Waziristân, ni de Djihadistes dans
l’absolu, mais de ceux qui refusent de reconnaître les
frontières et l’identité libanaises. Saad Hariri a dit
qu’ « ils » tentent de « nuire à l’image de la région en lui
collant l’adjectif terroriste. Mais cela ne changera pas le
visage lumineux de cette région » ! J’explique qu’il faut
différencier entre la région et tous ses occupants et certains
groupes terroristes et dangereux, qui y répandent la terreur et
la mort et qu’il faut démasquer, arrêter et condamner.
Le pire c’est que lorsque la Syrie a déployé ses soldats de
l’autre côté des frontières libanaises, beaucoup de politiciens,
Geagea en premier, l’ont accusée de vouloir envahir le Liban de
nouveau. Tous ceux qui n’ont pas su défendre le Liban avant le
28 avril 2005 prétendent maintenant faire de la
résistance. Lorsque j’avais attaqué la Syrie, ceux-là même
m’avaient accusé d’être trop sévère et ont même voulu me traîner
devant les tribunaux. Maintenant que la Syrie a quitté le pays,
ils veulent l’attaquer. J’espère que la Syrie ne reviendra plus
jamais au Liban, car si cela devrait se produire, ils seraient
les premiers à l’accueillir triomphalement, alors que j’aurai
moi-même à défendre la souveraineté libanaise.
Le Haut Comité de Secours
Le Haut Comité de Secours s’est transformé en
caisse privée pour le financement de la majorité au pouvoir en
prévision des prochaines législatives. Ce Haut Comité qui devait
employer ses fonds pour le secours des nécessiteux, compte
l’utiliser au financement de la campagne électorale de ses
propres candidats en 2009.
Les agriculteurs victimes de la guerre de
2006 n’ont toujours pas été indemnisés, alors que le Haut
Comité se soucie d’asphalter les routes au lieu de leur porter
tout son secours.
Pourquoi indemniser ces agriculteurs avec
l’argent de Hariri alors que le Haut Comité de Secours a les
fonds prévus et pouvait très bien assumer cette mission ?
Siniora a commis d’énormes erreurs et des
dépenses injustifiées ont été révélées récemment par le ministre
M. Aoun. C’est une gestion dangereuse et hasardeuse de
l’argent ; Hariri s’était arrangé pour s’octroyer la
subordination du Haut Comité de Secours afin d’en contrôler
toutes les décisions de dépenses. Ceci avait soulevé un
vent de contestation de la part du Conseil d’Etat.
Siniora gère le pays comme une ferme, il a
été au delà des prérogatives d’un premier ministre, il a refusé
de mettre en place la banque d’ADN pour révéler le sort des 17
000 disparus.
Il ne cesse de freiner le contrôle sur les
dépenses publiques, il veut être en même temps juge et partie,
il n’a jamais accepté de séparer les pouvoirs. De plus, il
applique la politique clientéliste qui consiste à distribuer
l’argent à son cercle et ses connaissances. Il est à la tête de
30 ministères et 23 institutions mais privilégie par dessus tout
le financement du Conseil du Développement et de la
Reconstruction (CDR). Siniora se contre fiche que le reste
du Liban reste dans le noir et sans courant électrique, tout ce
qui compte pour lui c’est que Beyrouth soit éclairée.
Notre premier ministre Siniora adopte la
politique du clientélisme. Son dossier à charge est bien fourni
et s’il souhaite que je n’évoque plus l’audit financier, il n’a
qu’à le faire faire et si les résultats démontrent que ma
demande était non fondée, déplacée, je m’excuserai.
Nous rappelons à Siniora que par le passé
nous lui avons dit que s’il était appuyé par les Etats Unis cela
ne voulait pas dire qu’il était aussi puissant qu’eux.
Aujourd’hui nous lui disons, l’Amérique est noyée dans un
gouffre politique et financier, l’argent s’est évaporé et les
actionnaires sont ruinés. Où est passé l’argent des Arabes et
des Libanais aux USA ?
J’espère que cette fois la LBC ne va pas
aussi m’infliger la responsabilité de ce désastre
financier !
Le Général promet, s’il remporte les
élections de 2009, de remettre sur la table l’audit financier et
de rouvrir l’épineux dossier des déplacés.
A propos de ses alliances politiques, le
Général a déclaré qu’il les annoncera 72 heures avant le début
des élections législatives.
Traduit par bureau de presse RPL-RA & Suzanne
Sargon
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