Parti Communiste libanais
Section des relations internationales
Bulletin mensuel (11)
Photo : Wikipedia Commons
Beyrouth, le 30 avril 2010
Ce
bulletin contient une analyse des points les plus
importants concernant la situation
politiques et socio-économique
internationale et
arabe, en plus des développements de
la situation intérieure libanaise:
•
Les derniers développements de la crise
capitaliste aux Etats-Unis.
•
Les développements les plus importants en Amérique latine et en
Afrique.
•
L’Union européenne et les lutes ouvrières.
•
Le Moyen Orient entre le mémorandum de Robert Gates et les
manœuvres militaires
iraniennes.
•
Le Monde
arabe:
De la Palestine à
l’Irak
•
Le Liban: Entre le marteau des menaces israéliennes et l’enclume
de l’immixtion étasunienne.
•
La crise socio-économique et l’incapacité gouvernementale.
I. Les derniers développements de la crise aux Etats-Unis
Malgré
l’optimisme qui avait filtré dans le rapport de l’ONU (fin 2009)
à propos de « changements concrets » et de « taux de
croissance prévus » (2,2% pour les Etats-Unis et 8,8% pour la
Chine) durant le premier trimestre de l’année en cours, et
malgré la publication de quelques études évoquant le premier pas
vers la sortie, les indices retenus pour parler d’un essor
économique sont plutôt mensongers.
En effet, le taux de chômage poursuit son escalade effrénée, et le
nombre des entreprises et des banques qui ont recours au dépôt
de bilan ne cesse d’augmenter : on a recensé, pour le seul mois
de mars. 185 000 entreprises étasuniennes (allant de 20 à 1000
salariés) qui avaient eu recours à un dépôt de leur bilan ; par
contre, on n’a enregistré aucun pas en avant en ce qui concerne
la création de nouveaux postes dans le secteur privé. Ce qui
veut dire que personne ne peut préciser quand et si les
difficultés actuelles prendraient fin… d’ailleurs, si certains
trouvent dans le léger rétablissement du dollar un indice
positif, il n’en reste pas moins que les scandales financiers,
dont celui de la société « Goldman Sachs » avec la société
« American International Group (AIG), laissent présager des
jours difficiles pour l’économie étasunienne. AIG est la
première dans le monde des assurances et des services
financiers. elle est en contact avec 74 millions de clients dans
130 pays ; cependant, ses difficultés sont bien connues et
l’aide de 180 milliards de dollars, dispensée par l’Etat fédéral
américain sous les conseils de « Goldman Sachs », ne fut pas
d’un grand secours, ce qui dessine un grand point
d’interrogation sur ce qui pourrait se passer aux Etats-Unis et,
même, dans le monde si AIG venait à chuter…
Ajoutons à
cette situation, déjà explosive, le fait que Washington continue
à dépenser des centaines de milliards de dollars afin d’asseoir
sa domination sur la planète, au lieu de les placer pour
résoudre une partie des problèmes sociaux existants, dont le
plus important est la pauvreté : 50 millions (soit 16%) sont
au-dessous du seuil de pauvreté et 50 autres millions n’ont
aucune sécurité sociale (ce chiffre a augmenté de 4 millions
durant les deux dernières années).
Mais la
nouvelle administration, présidée par B. Obama, n’a pas tenté de
sortir hors de la ligne tracée par G. W. Bush. Bien au
contraire, elle continue à élargir l’étendue de ses agressions,
mais aussi à construire de nouvelles bases militaires, parce
que les bases sont le fondement de l’impérialisme que les
Etats-Unis tentent de maintenir afin de mieux exploiter les
richesses que recèle notre planète.
Telle fut la
tendance qui prévalut durant « le Sommet sur la sécurité
nucléaire » et qui est contenue dans le nouveau programme de
l’OTAN.
II. Les développements les plus importants
en Amérique latine et en Afrique
1.L’Amérique
latine
L’offensive
menée par Washington
contre certains pays de l’Amérique latine s’est
accentuée, notamment à la suite du sommet de Cancon, qui avait
pris la décision d’approfondir l’union politique, sociale et
économique face aux projets des Etats-Unis.
Ainsi, au
moment où les principaux Etats de l’Amérique latine tentent de
bien préparer le sommet de Caracas (2011) sur la base de
programmes visant des réformes essentielles revêtant,
essentiellement, des aspects sociaux visant à atténuer l’acuité
de l’instabilité économique et de la pauvreté qui en découlerait
(9 millions de nouveaux pauvres furent « recensés » par la
Commission économique pour la région
Amérique latine-Caraïbes), les Etats-Unis œuvrent, quant
à eux, dans le sens de créer de nouvelles conditions politiques
et militaires dans certains pays de la région. Leur but est de
reprendre en main les richesses pétrolières et autres, en plus
des quantités d’eau immenses trouvées au Brésil et dans les pays
frontaliers (Argentine, Paraguay, Uruguay), et qui s’élèvent à
plus de 45 kilomètres cube.
Ces nouvelles
conditions peuvent se résumer ainsi :
•L’ouverture
d’une seconde base, maritime cette fois, au Honduras, au Nord de
la région Gracias a Dios, sous le prétexte de la lutte contre le
commerce de la drogue. L’ambassadeur des Etats-Unis dans ce pays
a loué les putschistes ; et, tandis que Barak Obama s’est
rétracté sur le point concernant le retour du président Zelaya,
les assassinats et les mouvements de troupes augmentent au Nord
du pays ; ils visent à mettre fin aux revendications des
paysans.
•Les
négociations avec le Brésil visant à créer une base militaire
près de Rio de Janeiro ; en même temps, on note l’augmentation
des tentatives visant à empêcher la candidate du président Lula
Da Silva d’être élue à la tête du pays.
•La
poursuite de la politique de conspiration contre Cuba, surtout
que Barak Obama s’est rétracté sur l’engagement qu’il avait
pris, durant sa campagne électorale, de lever le blocus contre
l’île. On dit, d’ailleurs, que 300 députés étasuniens avaient
touché plus de 29 millions de dollars, depuis 2004, pour
empêcher la levée du blocus, parmi eux 53 appartenant au parti
républicain.
2.L’Afrique
Le continent
africain est soumis, aujourd’hui, à un nouveau mode de pillage,
en plus de l’extension de la faim, de la corruption et des
maladies de toutes sortes.
Ce nouveau
mode de pillage, commencé il y a deux ans, est représenté par
les opérations de mainmise par quelques sociétés transnationales
(étasuniennes, surtout, mais aussi coréennes du Sud) sur des
surface immenses de terrains agricoles. Des contrats s’élevant,
dit-on, à des milliards de dollars ont abouti à chasser un grand
nombre de petits agriculteurs, mais aussi à approfondir encore
plus le processus de marginalisation de quelques nouveaux
millions de personnes. Les exemples sont bien visibles à
Madagascar (où cette politique a commencé en 2008), mais aussi
au Mozambique…
De plus, il
est à noter que la situation politique dans plus d’un pays est
en détérioration continue : les guerres civiles s’exacerbent ;
les problèmes s’élargissent dans les pays pétroliers, au Nigéria
notamment… Sans oublier la marginalisation économique, la
récession et l’augmentation des nombres de miséreux.
III. L’Union européenne et les luttes ouvrières
La situation
générale de l’Union européenne est, elle aussi, en régression,
suite aux politiques économiques et financières des dirigeants
de l’Union. Ces politiques ont abouti à l’immixtion du Fonds
monétaire international (FMI) dans la recherche d’une
« solution » aux problèmes de la Grèce dont le
gouvernement poursuit sa politique d’endettement à des taux
élevés (les derniers bons de trésor mis en vente ont rapporté la
somme d’un milliard et demi à un taux de 4,65% pour trois mois
seulement).
Les décisions
prises par le gouvernement grec sont très dangereuses pour ce
pays, surtout qu’elles visent à faire payer aux masses
populaires le prix des politiques erronées ; ce qui a déclenché
un mouvement de grèves qui, les 21-22 avril, ont abouti à
paralyser tout le pays : des centaines de milliers d’ouvriers et
d’employés ont manifesté leur colère, les usines et les
entreprises ont fermé… même le port du Pirée fut bloqué, suite à
la décision de la centrale syndicale « PAME » et avec l’aval du
Parti Communiste grec.
Rappelons que
cette situation n’est pas unique dans les pays de l’UE ; ce qui
pousse à se demander si la décision de faire intervenir le FMI
en Grèce ne sera pas le prélude d’une politique qui se
poursuivra en Italie, en Espagne, au Portugal et, même, en
France qui vit de graves problèmes, surtout sur le plan de la
recrudescence du chômage
(un million de chômeurs
se sont vus privés de leurs indemnités, à la fin du mois de
mars)..
Pendant ce
temps, l’Euro continue à baisser vis-à-vis du dollar, créant un
déséquilibre assez important dans la balance économique
européenne. Le chômage, réel et camouflé, augmente, de même que
les difficultés de la vie. Par contre, le banques continuent à
amasser de l’argent et à offrir des millions d’euros en
« cadeaux » à leurs grands administrateurs, et les vendeurs de
canons se voient invités à planifier la politique « militaire »
de l’UE, sous prétexte d’améliorer l’économie et de créer de
nouveaux postes de travail !!!
Cette
dernière décision est très dangereuse pour les peuples
européens, parce qu’elle va à l’encontre des statuts de l’UE ;
elle l’est davantage pour les peuples arabes, vu qu’elle stipule
une plus grande participation de la part d’Israël, grand
partenaire dans le programme de « recherches » militaires, tant
à travers les université israéliennes que par le biais des
sociétés israéliennes de production d’armes, y compris celles
qui produisent les armes et les technologies ayant été utilisées
par le gouvernement de Netanyahu contre la population
palestinienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (Israël
participe à 12 des 58 projets, dits « de recherche sur la
sécurité » et financés par l’UE).
IV. Le Moyen Orient entre le
mémorandum
de Robert Gates et les manœuvres iraniennes
Quant à
la situation au Moyen Orient, elle va de mal en pire.
En plus
de l’escalade en Afghanistan et au Pakistan, le « problème
iranien » a constitué un point très chaud durant les quelques
dernières semaines. Les Etats-Unis, qui n’ont pas encore
« avalé » l’échec cuisant de leur tentative de profiter du
soulèvement populaire pour s’immiscer dans les affaires
intérieures de l’Iran, tentent, à nouveau, de prendre des
sanctions économiques et politiques contre ce pays. Le but n’est
nullement le nucléaire iranien mais, plutôt, l’Irak et
l’Afghanistan, où Washington pensait pouvoir user de l’influence
iranienne pour améliorer sa situation dans ces deux pays, ainsi
que la région arabe du Golfe où l’influence iranienne grandit,
faisant de l’ombre à la présence des troupes de Washington qui
ne peut accepter aucune concurrence à proximité des gisements de
pétrole et de gaz.
A la
lumière de cette lecture de la situation, les positions des
Etats-Unis deviennent plus claires, surtout celles contenues
dans le mémorandum « secret »
de Robert Gates qui préconise, en plus des sanctions
économiques, des mesures militaires pouvant, le cas échéant,
faire face à la menace iranienne, si le gouvernement d’Ahmadi
Nejjad persistait dans sa politique.
La même
information fut reprise, quelques jours plus tard (le 19 avril),
par la CNN qui cita « des sources bien informées » dans
l’administration de Barak Obama. Selon ces sources, le haut
commandement militaire œuvrait, de pair avec le Pentagone, à
mettre au point des plans militaires nouveaux dont le but est de
pouvoir asséner un coup aux positions stratégiques iraniennes,
au cas où le président Obama décidait la guerre.
Ces
« divulgations » sur une possible guerre en Irak furent
accompagnées par une vaste campagne menée, conjointement, par
Washington et Tel Aviv ; selon ces deux capitales, la situation
au Liban serait « explosive », sous prétexte que la Syrie et
l’Iran aurait pourvu le Hezbollah de missiles « Skud »… Et,
n’oublions pas, dans ce sens, les positions déclarées du
président étasunien lors du « Sommet sur le nucléaire » : il ne
fut question que du danger iranien ; par contre, rien n’a été
dit à propos de la possession par Israël
de la bombe atomique, ce qui constitue une menace
constante pour toute la région arabe et moyen orientale.
Dans
cette perspective, les manœuvres iraniennes dans le Golfe
(troisième semaine d’avril) ne manquent pas d’attirer
l’attention sur le sérieux des menaces faites par Washington,
surtout si nous prenons en considération l’intérêt des leaders
d’Israël de mettre le feu aux poudres sur plus d’un front. Cet
intérêt exprimé dans l’escalade verbale qui marqua les discours
politiques selon lesquels Israël est menacé de disparaître si le
« monde libre » ne l’aide à liquider les dangers qui la
menacent, dont, en premier lieu, l’Iran et la Résistance
islamique.
V. Le monde
arabe de la Palestine à l’Irak
1.La Palestine occupée
Nous
commençons, d’abord, par les territoires palestiniens occupés où
Israël ne se contente plus de construire de nouvelles colonies
ou d’empêcher un
grand nombre de Palestiniens du droit de retour dans leurs
villes, en particulier dans Al Qods. En effet, un plan nouveau
est mis, aujourd’hui, en exécution : le « transfert » de plus de
70 000 personnes loin de la Cisjordanie. Le prétexte avancé : ce
sont des « illégaux » dans leur propre pays, puisqu’ils ne
détiennent pas de laissez-passer israéliens.
Ce plan
vise, non seulement à se débarrasser des quelques 30 000
habitants de Gaza qui travaillent en Cisjordanie, mais surtout
de chasser plus de 40 000 Palestiniens de la Cisjordanie et d’Al
Qods de continuer à vivre chez eux et dans la patrie de leurs
ancêtres, sous prétexte que « leurs papiers ne sont pas en
règle ».
Ces
mesures concernant le « transfert » se rencontrent avec
d’autres, semblables, en Europe : l’Allemagne, par exemple,
vient de publier un arrêté selon lequel la nationalité
allemande sera retirée de plusieurs milliers de Palestiniens
détenteurs de passeports ; de même, l’UNRWA a déclaré que la
carte de « réfugié » sera retirée de tout Palestinien détenteur
d’une seconde nationalité.
Ces
mesures israéliennes, ajoutées à celles de l’UNRWA et de
l’Allemagne, constituent la base d’une nouvelle campagne visant
à se débarrasser d’un grand nombre de Palestiniens, à poursuivre
le blocus contre Gaza et les mesures de violence contre la
Cisjordanie, tandis que 19 mille citoyens palestiniens se
trouvent dans les prisons israéliennes, dont 4 mille font,
depuis plusieurs jours, la grève de la faim afin d’attirer
l’attention du monde sur les violences psychologiques et
corporelles qu’ils subissent dans leurs lieux de détention.
2.La Ligue arabe
Et,
tandis qu’Israël menace de chasser des dizaines de milliers de
Palestiniens, ajoutant à la première Nakba une autre tout
aussi importante, le régime officiel arabe pousse les
Palestiniens à aller de l’avant vers des négociations indirectes
sans condition aucune. Il joue le leu des Etats-Unis, tant par
les positions prises à l’égard de la poursuit par Israël de sa
politique de colonisation que par le mutisme complet à l’égard
des dernières mesures israéliennes concernant le transfert des
70 000 Palestiniens.
De plus,
et selon des sources informées, certains régimes arabes
poursuivent les pourparlers secrets visant à normaliser leurs
relations politiques et économiques avec Tel Aviv ; d’autres
sont allés jusqu’à envoyer des messages de félicitations au
gouvernement israélien pour le soixante-deuxième anniversaire de
la création d’Israël qui coïncide avec celui de la Nakba.
3.L’Irak
L’Irak, quant à lui, est
toujours sans gouvernement, à cause de l’équilibre nouveau né
des dernières élections législatives et de l’arrêt des
pourparlers entre les Etats-Unis et l’Iran, ce qui a eu des
répercussions négatives sur une réconciliation possible entre le
président du Conseil sortant Maliki et son adversaire Allaoui.
Voilà
pourquoi, nous assistons au retour de la tension et des
explosions qui tuent et blessent des centaines de civils. De
plus, et tandis que l’on fait un nouveau décompte des voix, des
rumeurs circulent sur un possible changements d’alliances,
notamment entre la Syrie et l’Arabie saoudite, notamment à
propos de la présence de Allaoui à la tête du futur
gouvernement.
Entre-temps, les analyses parlant de changements en ce qui
concerne le retrait étasunien prévu en 2011 s’avèrent vraies.
Barak Obama s’est rétracté, là aussi, sur les promesses faites
dans son discours d’investiture, puisque ses dernières
déclarations insistent sur les deux points suivants :
-Le
retrait des troupes étasuniennes du centre et du sud de l’Irak
permettrait de déployer de nouveaux contingents dans le nord de
ce pays ainsi que dans d’autres parties du Moyen Orient.
-Le
redéploiement de ces troupes pourrait réaliser trois objectifs
en même temps : la consolidation des « succès » enregistrés dans
la partie nord de l’Irak (à savoir l’influence grandissante de
Washington parmi les Kurdes), la garantie pour les « amis » de
Washington dans le Golfe que les Etats-Unis sont toujours là
pour les aider face à l’Iran et, enfin, la poursuite de la
guerre contre les groupes d’Al Qaeda, surtout à la suite du
succès, partiel, de la dernière campagne qui avait visé certains
dirigeants de cette organisation.
SI nous
ajoutons à cette tendance politique ce qui a été dit dans la
« Stratégie de défense nationale » étasunienne en ce qui
concerne l’Irak (2008), surtout à propos de la nécessité pour
Washington d’avoir de nouvelles bases militaires en Asie,
surtout près des sources d’énergie et des routes de transport,
nous ne manquons pas de conclure que les Etats-Unis ont
l’intention (si leurs troupes peuvent résister) de rester en
Irak bien au-delà de 2011, surtout que le traité militaire signé
avec ce pays le permet.
VI. Le
Liban : Entre le marteau des menaces israéliennes
Et l’enclume de l’immixtion étasunienne
A la
lumière de ce qui vient d’être dit et par suite de l’importance
des facteurs régionaux, négatifs en général, dans la situation
libanaise, le Liban vit dans une tension extrême due, en
particulier, aux menaces israéliennes envenimées par l’immixtion
de Washington dans les affaires intérieures du pays. Ajouter à
cela le fait que les élections municipales, basées sur les mêmes
principes qui avaient régi les législatives, il y a moins d’un
an, vont produire de nouvelles divisions confessionnelles dans
plus d’une ville libanaise.
1.L’escalade israélienne
La
nouvelle escalade israélienne part de deux faits essentiels. Le
premier est que les Etats-Unis ont besoin de l’Iran pour
résoudre certains problèmes auxquels ils font face tant en Irak
qu’en Afghanistan ; ce qui pousse à dire que l’enrichissement de
l’uranium ne constitue ni le seul point de litige entre ces deux
pays, ni, d’ailleurs, le point le plus important. Le second
réside dans la volonté des chefs de guerre israéliens, tant au
gouvernement que dans l’armée, de se venger de la défaite
cuisante qui leur fut infligée par la Résistance en 2006.
Cette
escalade se manifeste de différentes manières :
-La violation du territoire libanais dans la région de
Abbassieh.
-Les bombes éclairantes tirées au-dessus de la région
frontalière.
-Le survol, presque quotidien, du territoire libanais par
l’aviation militaire israélienne.
Cependant, le fait le plus marquant de cette nouvelle escalade
reste sans conteste la campagne menée, en même temps, par Tel
Aviv et Washington à propos des soi-disant « nouveaux missiles
SKUD » fournis par la Syrie (et l’Iran) au Hezbollah…
La
campagne, en plus des objectifs politiques régionaux déjà cités,
est en relation directe avec la découverte de nouveaux nids
d’espions israéliens au Liban. Elle fut nourrie et dirigée par
des journaux britanniques (Sunday times) et Koweitiens (Al
Raii) ; le premier publia, au milieu du mois d’avril, des
interviews avec des responsables israéliens menaçant la Syrie et
le Liban de les « ramener à l’âge de pierre » et de « bombarder
les stations d’énergie électrique, les tankers de carburant
ainsi que les infrastructures stratégiques ».
Cependant, ce qui attire le plus l’attention dans cette
campagne, c’est qu’elle provoqua au Liban le retour à la
rengaine des armes du Hezbollah ; le dossier de ces armes fut
même évoqué durant la réunion de la « Table du dialogue
national » par certains ex amis d’Israël qui, se basant sur les
menaces israéliennes, poussèrent le holà que le Hezbollah
allait, comme en 2006, mener le Liban à la destruction ; ce qui
nous pousse à rétorquer que ce ne sont pas les armes du
Hezbollah et, avant lui, de la Résistance patriotique libanaise
(communiste) qui furent à la base des agressions israéliennes
contre le Liban, parce qu’en 1948, il n’y avait pas encore de
mouvement de résistance et Israël avait perpétré le massacre du
village de Houla (sur la frontière sud), pris les terres
appartenant à 7 villages frontaliers après avoir chassé leurs
habitants.
Et, si
les déclarations de certains responsables israéliens ont essayé,
vers la fin du mois d’avril, de minimiser les possibilités d’une
nouvelle escalade, il n’en reste pas moins que les manœuvres sur
les frontières avec le Liban se font de plus en plus fréquentes
et les préparatifs à une guerre possible de plus en plus clairs.
Et, si nous ajoutons à cette escalade les problèmes économiques
et militaires dans lesquels Washington s’enlise de plus en plus,
nous ne pouvons que nous poser les deux questions suivantes :
les Etats-Unis tentent-ils d’ouvrir un nouveau front au Moyen
Orient dans le but de détourner l’opinion de la crise
économique ? Vont-ils, pour cela, recourir une fois de plus à
une agression israélienne de grande envergure afin de reprendre
en main toutes les ficelles, celles qu’ils ont perdues en Irak
ou celles qu’ils veulent prendre à l’Iran, sans oublier la
nécessité pour eux
d’empêcher la Syrie de poursuivre la tentative de rapprochement
entre l’Iran et la Turquie ?
2.L’immixtion flagrante des Etats-Unis
Ces deux
questions démontrent que les Etats-Unis se cachent,
généralement, derrière les motifs israéliens pour faire leur
propre guerre contre le Liban et les autres pays arabes. Ce sont
les Etats-Unis qui, en 1982 et 2006, ont dirigé l’agression
israélienne contre le Liban ; ils ont fourni toujours à Israël
ce dont il avait besoin pour garder sa supériorité militaire.
D’ailleurs, l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban mène une
campagne active dans le but d’appliquer la clause contenue dans
la résolution 1559 et concernant les armes de la Résistance
nationale libanaise ;
Nous
n’oublions pas, à ce propos, les déclarations « guerrières » de
Hilary Clinton et ses mises en garde à la Syrie et à l’Iran
contre « les conséquences négatives pouvant découler d’un
changement dans l’équilibre des forces » entre le Hezbollah et
Israël ! A cela, il faut ajouter les affirmations concernant
l’engagement pris par Washington de préserver la sécurité de Tel
Aviv, mais aussi les tentatives de voir de plus près la
situation sur les frontières syro-libanaises : à cet égard, une
délégation militaire étasunienne s’est « infiltré » sans permis
du gouvernement libanais dans la zone frontalière de Masnaa.
Quant à
l’ONU et à ses Forces intérimaires (FINUL), elles subissent des
pressions de plus en plus fortes afin de se détourner de ce qui
se passe du côté israélien et d’oublier les violations
terrestres et aériennes contre le Liban, tandis que les
porte-parole des Nations Unies insistent sur la configuration
des frontières avec la Syrie et oublient que la « ligne bleue »
n’est pas la frontière réelle entre le Liban et Israël,
puisqu’il y a toujours le problème des fermes de Chebaa et des
hauteurs de Kfarchouba, sans oublier le problème du vol de l’eau
des fleuves frontaliers libanais au vu et au su des soldats de
la FINUL.
Enfin,
et en plus de ce qui a été dit, il est nécessaire d’attirer
l’attention sur le rôle joué sans répit par l’ex ambassadeur
étasunien Jeffrey Feltman, devenu l’adjoint de la ministre des
Affaires étrangères Hilary Clinton, dans l’accord, dit « de
sécurité » et dévoilé dernièrement, qui donne aux Etats-Unis le
« droit » d’écoute de toutes les communications, téléphoniques
et autres, partant du Liban ou que ce pays reçoit…
3.Les élections municipales
Les
élections municipales durent tout le mois de mai et se font,
comme le mentionne le bulletin précédent, suivant une loi
arriérée que toutes les factions de la bourgeoisie au pouvoir a
défendue afin de se partager, là aussi et à la suite des
législatives de 2009, le gâteau et de garder leur hégémonie.
Le
meilleur qualificatif que l’on peut donner à ces élections est
qu’elles sont « surréalistes » : dans certaines villes, des
ententes se sont formées entre le Hezbollah (proche de l’Iran),
les Forces libanaises (proches des Etats-Unis et d’Israël) et le
Courant patriotique libre de Michel Aoun) ; sans oublier les
mariages électoraux entre le Courant du « Futur » (formé par le
président du conseil Hariri et proche de l’Arabie saoudite) avec
le Hezbollah, le mouvement AMAL, ou ceux faits entre le Parti
socialiste (Walid Joumblatt) et le Parti nationaliste syrien
(proche de la Syrie)…
Quant
aux forces de gauche, y compris les Communistes, elles ont
focalisé leur action sur ce qui suit :
-Insister sur l’importance de la décentralisation et du
développement équilibré entre les régions, surtout le Sud où il
ne peut y avoir de véritable résistance à l’ennemi israélien
sans appui donné aux revendications populaires dans cette
région.
-Donner la priorité aux « mains propres » dans le choix des
candidats.
-Donner de l’importance à la mise en place d’un plan visant le
changement de la loi dans un sens plus démocratique, notamment
en ce qui concerne la représentation des jeunes au sein des
conseils municipaux.
-Œuvrer pour la mise en exécution de la décentralisation
administrative et économique.
4.La crise socio-économique
L’étude
de la situation socio-économique sera centrée sur les indices
publiés durant le mois d’avril et tournant autour de quatre
points :
4.a.
Les impôts indirects
Les
dernières statistiques disent que les rentrées des impôts et des
taxes sur les salaires (2,76%) constituent la moitié de ce que
paient les banques, les sociétés d’assurance et les grandes
sociétés étrangères (5,75%). En d’autres termes, les taxes sur
la consommation, dont la TVA (22,7% des rentrées de l’Etat),
sont payées par les seules masses populaires, tandis que les
banques et les grandes sociétés en sont exemptées.
Voilà
pourquoi, dans son communiqué adressé à la classe ouvrière
libanaise, le Parti Communiste libanais a réaffirmé que les
revendications des Communistes, à savoir la réforme du système
des impôts et le renforcement de la croissance, doivent avoir la
priorité dans les luttes à venir. De plus, il a insisté sur la
nécessité d’augmenter l’impôt sur les fortunes et sur les
salaires élevés, sans oublier la majoration du SMIG à un million
de livres (500 euros) comme premier pas vers la correction des
inégalités sur ce plan.
4.b.
corruption
Les
scandales sur ce point sont de plus en plus nombreux, depuis
celui du sésame avarié jusqu’à celui des médicaments, en passant
par les cargaisons de blé et de maïs avariées… Et ceci n’est pas
étrange, vu qu’un gouvernement corrompu ne peut que produire de
la corruption. C’est pourquoi le PCL insiste sur l’importance
primordiale de voter une loi sur l’alimentation permettant la
formation d’un organisme national indépendant qui garantirait un
minimum de sécurité dans ce domaine et, aussi, la possibilité de
poursuivre en justice les responsables des actes nuisant à la
santé des Libanais.
4.c.
valeur des bons de trésor et la dette publique
La
valeur des bons de trésor, mis en circulation jusqu’à la fin de
2009, a atteint les 70 400 milliards de livres libanaises (soit
46,7 milliards de dollars). Ils se divisent en des bons en
livres libanaises, atteignant 43758 milliards (soit 62% de la
valeur globale), et d’autres en monnaies étrangères, atteignant
17 milliards et 700 millions de dollars (38%).
L’échéance des bons en livres libanaises se répartissent sur la
période 2010-2014 (5 ans), tandis que la dette en monnaies
étrangères est retardée jusqu’en 2024. Il faut dire que la
valeur de la dette, telle qu’elle est publiée, ne prend pas en
considération les intérêts, parce qu’alors la dette s’élèvera à
44577 milliards de livres, plus 18 milliards de dollars.
Ces bons
sont répartis entre deux parties essentielles : la Banque du
Liban (Banque centrale) et les banques libanaises qui en
détiennent 62,2%. Ainsi, le peuple sue sang et eau pour payer
des impôts de plus en plus élevés, qui vont dans les poches des
riches, en particulier les propriétaires des banques et ceux qui
les protègent dans les hautes sphères du système
confessionnaliste libanais.
Il
faudra ajouter que l’ensemble des intérêts payés en ce qui
concerne la dette publique a atteint en vingt ans, entre 1993 et
2009, 65636 milliards de livres, c’est-à-dire la valeur de 85,2%
de la dette publique contractée. Le gouvernement se prépare à
mettre en circulation de nouveaux bons de trésor ; les banques
vont les rafler , comme d’habitude, et gagner des sommes
mirobolantes, au dépens de la classe ouvrière et
des salariés.
4.d.Le
Budget de 2010-05-15
Après un
retard de plus de deux mois et demi sur la date maximale
proposée par le nouveau gouvernement pour présenter le projet de
son Budget, la ministre des finances a envoyé ce projet devant
le parlement.
Le titre
général de ce projet est qu’il ouvre, large, la voie devant les
privatisations.
Il
paraît que les représentant de la grande bourgeoisie se sont
entendus entre eux pour faciliter le vote de ce Budget, tout en
y supprimant temporairement et jusqu’à l’an prochain, la
majoration (à 12%, puis à 15%) de la TVA. Cependant, ils ont
tous convenu de mettre en exécution les projets de privatisation
des services publics, sans pour autant préciser ni les aspects
de ces privatisations, ni leur impact sur le projet du Budget en
tant que tel ; ce qui fut seulement dit, c’est que les dépenses
prévues s’élèveraient à 2816 milliards de livres, chiffre qui ne
manquerait pas de poser, selon l’équipe du président du Conseil
Saad Hariri, la nécessité de choisir entre l’augmentation de la
TVA ou les privatisations.
Ces
faits posent un grand nombre de points d’interrogation en ce qui
concerne les objectifs réels derrière la proposition d’augmenter
la TVA, rapidement remplacée par celle concernant les
privatisations.
Il est
possible que, pour l’équipe du gouvernement, ces privatisations
soient la seule issue possible à « la crise » du surplus de
liquidités en livres libanaises et dont le montant serait de 13
milliards de dollars accumulés dans les caisses des banques.
D’ailleurs, une autre question se pose : pourquoi privatiser
maintenant, surtout que les intérêts de la dette publique
passibles d’être réclamées en 2010 s’élève à 453 milliards de
livres seulement (quelques 3 milliards de dollars) ?
Le Comité
des relations internationales
Du Parti Communiste libanais
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