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Parti Communiste libanais
Section des relations internationales
Bulletin (7)
Photo : Wikipedia Commons
Dimanche 20 décembre 2009
L’année 2009 se termine sur des
développements dramatiques dans tous les domaines de la vie et
sur tous les plans.
• D’abord, et après une accalmie de courte
durée, les Etats-Unis ont repris les cris de guerre, accompagnés
du renforcement de leur présence militaire dans plusieurs
régions du monde (dont, essentiellement, l’Amérique latine et
l’Afghanistan).
• De son côté, Israël continue à ignorer les résolutions des
Nations Unies (Rapport Goldestone sur les crimes de guerre
israéliens à Gaza) ainsi que les positions exprimées par
l’opinion internationale à propos de la colonisation des terres
palestiniennes et du blocus de Gaza. Il profite de l’appui
inconditionné des Etats-Unis pour menacer le Liban, la
Résistance libanaise et la Syrie.
• Concernant la crise capitaliste, elle continue à menacer le
monde entier. Ses dangers vont s’aggravant : augmentation de la
pauvreté et du chômage, effondrement de bourses, faillites et
banqueroutes…
• Ces
développements dramatiques ont leurs répercussions sur le
Liban : augmentation de la dette publique, exacerbation du
chômage, extension de la pauvreté. Sans oublier les dangers
contenus dans les directives du programme du nouveau
gouvernement.
• Enfin, à noter
que le Parti Communiste libanais a intensifié ses luttes et ses
actions pour faire face à cette situation de crise.
I. La
situation internationale
Et les possibilités d’une nouvelle agression israélienne
1. Durant le dernier trimestre de
2009, la situation internationale fut caractérisée par le retour
de l’administration des Etats-Unis à des politiques que certains
avaient prêché la disparition à la suite du départ de G. W. Bush
de la Maison blanche.
En effet, l’administration de Barak Obama mène des offensives
militaires dans toutes les régions du globe : elle supervisa le
putsch au Honduras, renforça sa présence et ses bases militaires
en Colombie, poussa le gouvernement colombien à des actes de
provocation sur les frontières avec le Venezuela et mit de côté
les promesses faites en ce qui concerne la diminution des
mesures du blocus contre Cuba. De plus, elle renforça sa
présence armée en Afghanistan (30 000 soldats) et dans l’Océan
indien, en général, mais surtout dans le Golfe arabique, à
proximité de l’Irak (où les explosions ont repris de plus belle,
fauchant, quotidiennement, des centaines de morts et de mutilés)
et de l’Iran (qui vit une instabilité continue, en plus du
retour au problème de sa production nucléaire).
Il faut dire que le discours de Barak Obama à Oslo a bien
exprimé ces nouvelles directives ; n’a-t-il pas dit que
« Quelquefois, les nations ont besoin de mener des guerres »,
ajoutant que les « guerres ont un rôle à jouer pour le maintien
de la paix » ?
2.De plus, les Etats-Unis continuent
à procurer leur appui à la politique d’Israël, tant contre .les
Palestiniens que contre les autres peuples arabes ; ce qui
constitue une menace certaine, non seulement contre la paix dans
la région, mais aussi la paix mondiale. Israël n’a pas seulement
rejeté la position prise par la majorité écrasante des Etats,
représentés aux Nations Unies, contre les crimes commis par
l’armée israélienne lors de la dernière agression contre Gaza
(le vote pour le rapport Goldestone), mais il continue son
blocus autour de cette région, interdisant l’arrivée des vivres
et des médicaments à ses habitants. Il faut dire qu’il tire
aussi profit de la coopération des autorités égyptiennes qui ont
décidé de fermer ce qui reste comme passages souterrains entre
leurs territoires et ceux de Gaza.
Pendant ce temps, le gouvernement israélien poursuit son œuvre
de « judaïsation » d’Al Qods (Jérusalem) et de colonisation de
nouvelles terres palestiniennes (sur lesquelles elle érige de
nouveaux villages). Bien plus. Netanyahu a pris la décision de
donner un appui financier rapide (41 millions de dollars) à
quelques 110 000 colons, dans le sein d’un plan généralisé où il
est prévu d’accorder un milliard de dollars à un million et demi
de colons vivant, actuellement, dans les régions palestiniennes.
Cette décision fut prise au moment même où le Conseil des
ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se
déclarait pour la création d’un Etat palestinien et contre la
« judaïsation » d’Al Qods… Il faut dire qu’Israël ne craint rien
du côté européen, puisque l’UE n’a jamais cessé de porter aide
et assistance à cet Etat : bien au contraire, elle exécute à la
lettre les traités lui donnant la priorité.
3. Quant à la politique américano
israélienne dans la région arabe, en général, on doit noter
qu’elle est revenue à sa tendance première d’escalade, surtout
contre les armes de la Résistance national au Liban et le rôle
joué par le Hezbollah dans cette Résistance. C’est que Netanyahu
est revenu aux menaces contre tout le Liban, parce que le
Hezbollah fait partie intégrante du nouveau gouvernement. A cela
s’ajoutent les milliers de violations israéliennes de la
résolution 1701 du Conseil de sécurité (2006) qui ne suscitent
aucune réaction de la part de la Force intérimaire des Nations
Unies au Liban (FINUL)
qui ont été « renforcées » afin de pouvoir empêcher les
infractions sur les frontières !!! Et, nous ne devons pas, non
plus, oublier les manœuvres militaires (quatre, depuis août)
près des frontières, dont celle exécutée au début du mois de
décembre 2009 sous le titre « Comment répondre aux missiles qui
seraient lancées à partir du Liban ? » ; ce qui laisse présumer
que Tel Aviv prépare, à travers ses « cellules dormantes », des
actions suspectes qui justifieraient une nouvelle guerre ou,
tout au moins, des raids contre l’infrastructure et les civils,
comme cela s’est passé durant l’été 2006.
4. L’escalade contre le Liban
constitue, selon des informations parues dans certains médias
libanais et arabes, un point dans un plan à caractère préventif
visant à élargir les agressions israéliens à la Syrie et à
l’Iran, afin d’empêcher ces deux Etats d’intervenir au Liban,
surtout que ce pays est considéré comme « zone d’influence »
qu’il faut ramener au bercail étasunien.
II. La
crise capitaliste internationale et ses répercussions :
De Washington à Dubaï
Sur le plan de la crise économique et
financière vécue par le capitalisme, une nouvelle étape, plus
dangereuse que la précédente, vient de commencer.
En effet, les banques étasuniennes, qui
avaient reçu des aides énormes afin d’asseoir leur situation,
sont de nouveau au bord de la faillite (on parle d’une centaine
de banques en crise grave). Ces faillites auront des
répercussions mortelles sur les petits et moyens épargnants, non
seulement aux Etats-Unis, mais sur l’ensemble de la Planète.
Dans le monde arabe, où la domination de
Washington est presque complète, tant sur le plan militaire que
sur ceux de l’économie et des finances, les répercussions de la
nouvelle vague sont les plus marquantes, parce que Washington ne
s’était pas contenté des quelques 1200 milliards de dollars pris
dans les caisses des pays arabes pétroliers ; il voudrait aussi
étancher la seconde étape de la crise avec le même argent (on
parle de quelques 1000 autres milliards) et, en même temps,
contrôler tout le marché du pétrole en Irak, dont une partie
vient de lui échapper ; voilà pourquoi l’Irak vit, de nouveau, à
l’heure des explosions, après que son gouvernement ait accordé
des concessions pétrolières à la Russie et à la Chine.
A cela, il ne faut pas oublier d’ajouter
les informations qui disent que derrière la crise des dettes
vécue par Dubaï on voit se profiler l’ombre de Washington. Parce
que l’administration des Etats-Unis voudrait stopper, dit-on,
« l’infiltration » iranienne dans le monde capitaliste, qui se
fait par la voie de Dubaï... De plus, la poursuite et
l’extension de la guerre civile, entre Sunnites et Chiites, au
Yémen et l’ingérence de l’Arabie saoudite dans le conflit
présagent des changements dans toute la région du Golfe, surtout
que les Etats-Unis vont mettre tout en œuvre afin de régler la
situation du pétrole.
III. La situation au Liban
Depuis quelques jours seulement, le nouveau
gouvernement, présidé par Saad Hariri et appelé « gouvernement à
très large représentativité », entra en fonction avec l’appui de
tous les députés, ou presque (122 de 128) ; ce qui constitue un
très grand danger pour la démocratie, vu que toutes les forces
politico confessionnelles se sont liguées face au peuple, à un
moment très difficile, tant sur le plan patriotique (les menaces
israéliennes) que politique, économique et social.
Et, si les discussions à propos du
programme du nouveau gouvernement se sont centrées, pour
certaines forces d’extrême droite anciennes amies d’Israël
(telles les « Forces libanaises), sur la Résistance armée et les
armes de la Résistance, il n’en reste pas moins que le texte
concernant ce point, et accepté par le Hezbollah, est très
équivoque, puisqu’il laisse au gouvernement l’alternative
d’user, ou non, du « droit » du Liban à résister. Surtout que la
résolution 1701 du Conseil de sécurité (août 2006) donne
l’opportunité aux Forces intérimaires des Nations Unies au Liban
(FINUL), déployées sur une profondeur de 40 Km à l’intérieur des
terres libanaises,
d’empêcher tout acte militaire de la part de la Résistance
patriotique ou islamique.
De plus, le programme gouvernemental est
revenu sur l’appel, déjà lancé par le gouvernement précédent,
pour la mise en œuvre des directives prises lors de « Paris 3 »
(la troisième conférence de Paris sur le Liban), surtout en ce
qui concerne la privatisation des services de base (électricité,
eau, téléphone fixe et portable) et la suppression des Caisses
de sécurité sociale et médicale.
En même temps, les nouveaux rapports
économiques, dont le rapport du Comité des banques et celui de
l’ONU sur la situation de vie au Liban, attirent l’attention sur
les problèmes suivants :
-La dette publique a connu, en un mois
(octobre 2009), une poussée de 2 milliards et 153 millions de
dollars.
-Le taux de très grande pauvreté touche, actuellement, 8% de la
population libanaise (soit quelques 400 000 personnes, sans
compter les Palestiniens).
-52% des habitants de la région du Akkar (au Nord du pays)
vivent sous le seuil de la pauvreté, contre 42,6% de la
population du Sud et 30% de la population de la Békaa.
-46% est le pourcentage des jeunes (entre 15 et 24 ans)
chômeurs.
IV. Les positions du PCL face
à la crise
Le PCL a attiré l’attention sur les grands
dangers que peut comporter le regroupement de toutes les forces
politico confessionnelles du pays au sein du nouveau
gouvernement, parce qu’il donne au gouvernement de grandes
possibilités pour mettre à exécution les projets économiques que
les luttes populaires des années précédentes (actions de masses
et actions syndicales) avaient empêché la réalisation. Parmi ces
projets : la privatisation du service public et de
l’administration ainsi que celle de l’électricité et du
téléphone, comme il est déjà dit…
Voilà pourquoi le PCL a mis au point,
depuis deux mois déjà, un programme de revendications à court
terme, dont les trois mots d’ordre sont : le courant électrique
24 heures/ 24, la réduction du prix du carburant et la remise en
cause des salaires, le SMIG surtout. Une campagne de
mobilisation a commencé dans toutes les régions libanaises,
suivie par des sit-in coupant, le 24 novembre 2009, toutes les
voies d’accès à Beyrouth, la capitale du pays.
Dans la conférence de presse du 9 décembre,
qui précéda les discussions du programme gouvernemental par le
parlement, le PCL a, non seulement développé tous les points
négatifs du programme gouvernemental, mais il a aussi mis en
avant les priorités politiques et économiques suivantes :
a)
Renforcer la résistance patriotique afin de
faire face à la possibilité d’une nouvelle agression
israélienne, surtout à la suite des dernières menaces du
gouvernement Netanyahu, mais aussi dans le but de libérer les
territoires libanais toujours occupés par Israël.
b)
Faire pression sur le nouveau gouvernement
afin de l’obliger à réaliser les réformes politiques
nécessaires, en premier lieu la création du Comité national pour
la suppression du confessionnalisme, la mise au point d’une
nouvelle loi électorale (ayant pour bases : la proportionnelle,
la suppression du confessionnalisme parlementaire, la
circonscription unique, le quota féminin et le vote à 18 ans) et
l’amendement de la loi municipale.
c)
Stopper l’exécution des projets de
privatisation des services de base et supprimer toutes les
décisions économiques et sociales adoptées lors de la troisième
conférence de Paris.
d)
Œuvrer avec les syndicats progressistes et
les organisations de jeunes pour l’adoption d’un salaire minimum
d’au moins un million de livres libanaise (667 dollars) et
donner au secteurs productifs (industrie et agriculture) tout
l’appui nécessaire, afin de leur permettre de créer de nouveaux
emplois (pour les jeunes, surtout).
e)
Réactiver le rôle du Conseil économique et
social.
f)
Créer un groupe de pression dont le rôle
serait de promouvoir la lutte populaire en vue de l’élaboration
des statuts personnels civils (et unifiés) et afin d’aider à la
suppression de toute forme de discrimination contre la femme
libanaise, tant dans les lois que dans l’administration ou sur
le plan politique.
g)
Mettre un point final à la politique
d’endettement, mais aussi geler la TVA, baisser les impôts
indirects (surtout sur les dérivés du pétrole) et adopter un
impôt progressif tant sur les revenus que sur les profits.
Comité des Relations internationales
Beyrouth, le 15/12/2009
Dossier
Liban
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