Parti Communiste libanais
Section des relations internationales
Bulletin (4)
Photo : Wikipedia Commons
Mercredi 12 août 2009
La situation politique au Liban et dans la
région arabe a connu des développements très dangereux sur tous
les plans, à la suite de la visite du président étasunien Barak
Obama et du discours qu’il avait prononcé au Caire (juin 2009).
I. Sur
le plan du conflit arabo-israélien
En effet, l’activité, tant politique que
militaire, déployée depuis un mois par les Etats-Unis dans la
région arabe montre que la nouvelle administration dirigée par
Barak Obama a, non seulement, renforcé ses liens avec Israël
qu’elle qualifie désormais d’Etat «des Juifs dans le monde»,
mais aussi que Washington fait fi des droits du peuple
palestinien, en premier lieu du droit au retour de centaines de
milliers de réfugiés. Et cette situation ne manquera pas d’avoir
des répercussions très graves sur tout le monde arabe, surtout
si nous considérons la poursuite de la politique de colonisation
des terres palestiniennes en Cisjordanie, les nombreuses
déclarations des membres du gouvernement Netanyahu sur la
nécessité de recourir, une fois de plus, à la politique de
« transfert », y compris des Palestiniens vivant dans les
territoires dits « de 1948 »… Sans oublier les tentatives de
supprimer la présence palestinienne dans la partie Est d’Al Qods,
où plus d’un millier de familles sont actuellement menacées.
Tout cela nous conduit à dire que le discours étasunien sur la
création d’un Etat palestinien signifie, en réalité, la
préservation de l’état de fait existant depuis 1993, à la suite
des Accords d’Oslo.
Il faudra ajouter que les Etats-Unis et
Israël profitent des divisions palestino palestiniennes et,
surtout, des concessions avancées par le dernier gouvernement
formé par Mahmoud Abbas pour poursuivre son plan et refuser de
discuter du point concernant le droit au retour.
D’ailleurs, au moment où la diplomatie
étasunienne met fin à l’initiative arabe, qui fut présentée par
le roi saoudien, il y a quelques années,
et tandis qu’elle
insiste sur la priorité de normaliser les relations
arabo-israéliennes « sans poser de conditions préalables », la
Ligue arabe fait la sourde oreille à propos des déclarations de
certains de ses membres sur l’ouverture des airs devant les
avions israéliens ou, encore, sur le passage des navires de
guerre et des sous-marins israéliens dans le Canal de Suez et la
possibilité d’établir des relations diplomatiques entre les
Emirats Arabes Unis et Israël. Ce qui montre que ceux qu’on
appelle les « Arabes modérés » poursuivent leur obéissance aux
directives de Washington, y compris celles visant à faciliter
une possible agression israélienne contre les installations
nucléaires iraniennes, si les pourparlers entre les Etats-Unis
et l’Iran n’aboutissent pas en ce qui concerne les problèmes de
l’Irak et de l’Afghanistan…
II. Sur
le plan du conflit israélo-libanais
Le gouvernement israélien, dirigé par le
tandem Netanyahu-Lieberman, se base, dans les nouvelles menaces
lancées contre le Liban, sur ces positions arabes, ainsi que sur
celle présentée, dernièrement, par les Etats-Unis au Conseil de
sécurité à propos de la transformation de la zone libanaise au
Sud du fleuve Litani
(zone concernée par la résolution 1701, à la suite de
l’agression de 2006) en une zone d’opérations de « Forces
multinationales » (de l’OTAN ?) qui viendraient relayer la
présence de la FINUL (Forces Intérimaires des Nations Unies au
Liban). Il va même jusqu’à parler d’une opération terrestre
allant jusqu’à la ville de Saïda et d’un plan de destruction de
toute l’infrastructure libanaise au cas où le Hezbollah est
représenté dans le nouveau gouvernement, parce que cette
présence constitue, d’après Tel Aviv, « un danger » politique et
militaire sur ses frontières.
Il faut dire que ces menaces sont lancées
au moment où l’armée de l’air israélienne continue ses
violations quotidiennes contre le Liban et qu’elle se prépare à
participer, à la fin du mois d’août 2009, aux plus grandes
manœuvres aériennes jamais organisées par l’OTAN. Fait qui remet
en mémoire l’agression israélienne de 2006, préparée, longtemps
à l’avance, dans les bases étasuniennes de la Méditerranée, mais
aussi celle perpétrée par Ariel Sharon en 1982 et qui eut pour
prétexte une attaque armée contre l’ambassadeur d’Israël à
Londres ; surtout que le Mossad commence à parler d’une
coordination entre l’Iran (et, donc, le Hezbollah) et le
Venezuela dans le but de porter un coup aux intérêts israéliens
en Amérique latine. Ce qui nous amène à nous demander sur la
présence d’une relation tangible entre le putsch au Honduras,
l’accord signé avec l’Equador et les nouvelles déclarations
contre le Venezuela et le Liban : les Etats-Unis préparent-ils
un nouveau plan contre les points de résistance qui s’opposent à
son hégémonie et à sa mainmise sur les sources de pétrole?
La réponse est affirmative. Washington
vient de commencer une contre-offensive contre ceux qui avaient
mis en échec son projet du « Nouveau Moyen-Orient » et d’une
Amérique latine docile ; il veut contrer la nouvelle poussée à
gauche sur ses frontières directes, mais aussi contre son allié
principal au Moyen Orient. Mais réussira-t-il là où il avait
échoué lamentablement ?
III. Sur
le plan intérieur libanais
Cette situation de crise en général a
empêché la formation d’un nouveau gouvernement libanais, malgré
des tentatives datant de plus de sept semaines et, surtout, des
rumeurs sur une entente syro-saoudienne basée sur une tutelle
équilibrée entre les deux Etats et soutenue par les Etats-Unis,
l’Union européenne et l’Iran.
Il faut dire aussi que la formule agréée
par l’entente syro-saoudienne, et consistant à donner au
président de la République libanaise la possibilité de jouer à
l’arbitre entre la majorité (71 députés) et l’opposition (57
députés), a reçu un coup dur à cause des changements dans
l’équilibre des forces survenus et exprimés par les propos du
président du Parti Socialiste libanais, Walid Joumblatt, sur la
nécessité de mettre fin au dualisme «8 mars »-« 14 mars », de
redessiner un nouveau paysage politique, avec un courant
centriste et de retourner à une alliance entre les forces
musulmanes, afin « d’éviter » au pays un nouvelle guerre
sunnite-chiite.
Ce cercle vicieux se répercute sur toute la
situation politique libanaise, tant par le retour aux campagnes
médiatiques virulentes que par les différends entre les « amis »
d’hier sur la répartition du gâteau gouvernemental et, même, sur
les ministrables. De plus, la tension contre les Palestiniens
s’est réinstallée dans certains milieux déjà hostiles et qui
trouvent de nouveaux atouts, tant dans le refus d’Israël de
permettre aux réfugiés palestiniens de retourner dans leur pays
que dans les armes palestiniennes à l’extérieur des camps et,
surtout, dans les cellules et les réseaux « fondamentalistes »
arabes qui élaborent au sein des camps palestiniens leurs
attaques contre la FINUL et les Libanais aussi.
IV. Sur
le plan de la situation économique et sociale
Il faut dire que les nouveaux plans
étasuniens et israéliens n’ont pas des répercussions sur la
seule situation politique, mais aussi sur les plans économique
et social, surtout si nous prenons en considération la crise
mondiale du capitalisme qui va s’envenimant. Et, si les forces
de la bourgeoisie libanaise, présentes au pouvoir ou non, se
battent entre elles afin d’améliorer leurs parts au pouvoir,
elles s’unissent dès qu’il s’agit de défendre leur régime et
contrecarrer les aspirations et les intérêts des masses
populaires.
•Ainsi, la dette publique continue à
grossir, dépassant le cap des 50 milliards de dollars ; cette
dette est décrite dans le rapport du Fonds monétaire
international comme étant « une des dettes gouvernementales les
plus élevées dans le monde, surtout par rapport au PIB et en
raison de la « dollarisation » à outrance dans le système
bancaire (…). Et, avec la chute de la Banque étasunienne
d’investissement (Liman Brothers), le Liban a paru, tel un livre
scolaire ouvert, comme un des buts de la crise des marchés
financiers ».
•Le gouvernement sortant n’a rien fait et
ne fait rien à propos de la fuite des capitaux, ni à propos de
la baisse des investissements (plus de 8%).
•Les prix enregistrent des hausses
dangereuses tandis que la livre libanaise recule et que le
déficit budgétaire va augmentant.
•Les jeunes cadres sont dans un désarroi
complet : pas de débouchées pour eux ; ils tentent d’émigrer
vers des horizons lointains, à la suite de la fermeture des
portes du Golfe arabique devant des dizaines de milliers d’entre
eux.
•Les taxes, surtout celles sur les
carburants, augmentent selon une bourse hebdomadaire : elles
constituent presque 50% du prix de l’essence.
•La
crise dans le secteur de l’électricité s’aggrave et les
coupures du courant deviennent plus fréquentes, surtout dans les
campagnes.
A partir de cette situation de fait, mais
aussi des résultats des élections législatives, qu’il a
longuement étudiés, le Parti Communiste libanais trouve que le
dernier semestre de l’année en cours va connaître des
développements négatifs sur tous les plans et qu’il est
nécessaire de prévoir des solutions rapides, afin de diminuer,
autant que possible, les répercussions dangereuses de ces
développements, tant sur l’économie que sur la vie des masses.
Le PCL, tout en affirmant la nécessité de
sauvegarder et de développer la Résistance patriotique contre
les possibilités d’une nouvelle agression israélienne et les
nouveaux projets étasuniens visant à liquider la cause
palestinienne et le conflit arabo-israélien contre les intérêts
des peuples arabes, trouve que la mission essentielle réside,
aujourd’hui, dans le renouveau des forces de la Gauche et des
forces démocratiques sur la base d’un plan national et de classe
pouvant mobiliser les masses et les forces syndicales dans la
lutte contre le nouveau projet étasunien. Ce renouveau est le
seul capable de trouver les solutions adéquates aux problèmes
nationaux (en premier lieu la solution du problème palestinien
et le droit au retour des réfugiés). Enfin, il est le seul
capable de mettre au point les assises d’un nouvel Etat libanais
laïc et démocratique dans lequel la corruption n’a pas droit de
cité et où l’économie se basera sur les seuls secteurs
productifs (l’agriculture et l’industrie).
Bulletin préparé par
La Section des relations internationales
Du Parti Communiste libanais
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