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Liban
L'après
Sinioura a sonné. Mais alors que faire après ?
Raymond Richa
Fouad Sinioura
5 janvier 2008
Certes, la chute de cet homme et de son
gouvernement est un préalable à tout changement ; mais aussi ce
changement ne pourra se faire qu'au travers un gouvernement
d'union nationale, solidement appuyé par notre futur Président
de la République, et s'engageant sur un programme clair, précis,
muni d'un échéancier, comportant les neuf principales actions,
à savoir :
- La préparation et l'adoption de deux lois, l'une électorale
permettant une vraie représentativité populaire au Parlement et
l'autre portant sur l'abolition définitive du confessionnalisme
politique et de ses prolongements dans tous les secteurs d'activité
de l'Etat
- Initier une vraie politique de défense nationale, car sans elle
il est absurde de reconstruire et d'effacer les traces d'une
agression alors que notre espace, dans ses trois dimensions
terrestre, céleste et maritime, risque à tout instant d'être à
nouveau violé et détruit.
Une nouvelle force, cette fois-ci de dissuasion, devra être immédiatement
initiée et renforcée : elle pourra se faire par l'acquisition de
moyens militaires matériellement fiables et efficaces (mettant
ainsi un terme à cette politique réitérée d'investissement sur
des matériels de défense obsolètes et inefficaces)
, accompagnée d'un programme de formation technologique et
d'ouverture de nos universités et instituts technologiques pour
nos soldats et par l'étroite collaboration entre notre Armée et
notre Résistance
- Engager une action immédiate et efficace auprès de l'O.N.U.,
des instances juridiques, humanitaires internationales et de
solidarité des peuples, avec le soutien de tous les pays amis, en
vue de la libération du moindre mètre carré de nos dix mille,
de la libération de nos prisonniers détenus dans les geôles
israéliennes, de la traduction en justice de tous les hauts
responsables israéliens, criminels de guerre ayant agi durant les
trente trois jours de guerre en 2006 et de l'indemnisation par l'Etat
d'Israël de toutes les pertes causées par cette agression
- Ouvrer pour le retour à leurs foyers de toutes les familles déplacées
ou réfugiées depuis la dernière guerre civile, ainsi que pour
la libération de tous les prisonniers détenus tant à l'intérieur
qu'en Syrie
- Redonner à notre Justice son indépendance afin qu'elle puisse
efficacement faire aboutir dans les plus brefs délais les
dossiers de tous les assassinats, sans aucune exception
- Renforcer la solidarité envers nos frères de combat et résistants
palestiniens, pour leur légitime retour en Palestine et la libération
des territoires occupés
- Initier une politique efficace de sécurité intérieure dans
l'unique souci d'épargner nos citoyens de toute action terroriste
; la logique de prévention contre cette action, avec une forte
adhésion populaire et celle des différentes structures, tant
libanaises que palestiniennes, devra être immédiatement mise en
ouvre ; les médias devront être mis à contribution
- Engager dans l'immédiat une réforme économique et sociale
mettant le citoyen et la famille au centre de ses préoccupations.
Cette réforme devra encourager l'implantation des activités dans
les secteurs des nouvelles technologies et de l'environnement ;
elle devra préserver et soutenir notre agriculture, protéger et
renforcer le service public, encourager le plein emploi et le protéger,
renforcer le pouvoir d'achat des ouvriers et employés.
La protection des droits syndicaux et de la liberté d'expression
devra être un souci permanent de l'Etat.
La solidarité envers nos chômeurs, nos retraités, nos personnes
âgées, nos jeunes, nos élèves et étudiants devra dépasser
les limites de la tradition familiale et devenir un des axes
prioritaires du gouvernement.
Cette même réforme ne devra pas ignorer la nécessaire solidarité
envers les populations des camps de réfugiés palestiniens, en
vue d'éradiquer la misère par l'accès au plein emploi et à la
formation des jeunes, de mettre un terme à la logique de spéculation
immobilière qui déferle sur Nahr El Bared, de réhabiliter les
habitats et les infrastructures sanitaires, de créer ou renforcer
les structures de soins, sociales et éducatives, indispensables
aux familles et à l'enfance.
Cette solidarité est indispensable à l'éradication définitive
de la violence et de la terreur.
La réciprocité devra être la logique opérante dans nos
relations économiques avec l'extérieur. La contribution de notre
Liban à l'avènement d'un nouvel ordre économique mondial, basé
sur la solidarité et l'entraide entre les peuples devra être une
action gouvernementale permanente.
Le commerce connu sous le nom de « commerce équitable » devra
être encouragé
- Initier une politique de défense de notre patrimoine et de
notre environnement, principales ressources pour toutes les
activités s'articulant autour du tourisme.
Cette politique devra préserver et intelligemment exploiter nos
ressources naturelles telles que l'eau.
L'Etat devra immédiatement prendre en charge la préservation et
la gestion de nos forêts et de nos cèdres, élaborer un dossier
technique, dans ses deux volets architectural et historique, en
vue de la protection contre toute spéculation et toute
urbanisation anarchique et d'une demande officielle de
l'inscription au patrimoine mondial de nos sites remarquables
Ce programme est simultanément un droit reconnu de notre Peuple
et une obligation de tout gouvernement.
Tout autre programme ne comportant pas clairement ces principales
actions (la liste est loin d'être exhaustive), avec un échéancier
en appui, ne sera que stérile et surtout ne pourra nous arracher
définitivement de cet infernal cycle de crises, de conflits,
d'affrontements et de guerres, qui ne cesse de s'abattre sur notre
Pays depuis le 22 Novembre 1943.
Raymond RICHA
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