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Stop
United
States of
Aggression
La responsabilité de la politique
étasunienne dans les nouveaux malheurs des Libanais
Marie Nassif-Debs
25
mai 2007
Les différentes administrations qui se sont
succédées à Washington depuis 1982 sont-elles responsables des
malheurs, anciens et nouveaux vécus par les Libanais et les réfugiés
palestiniens au Liban ?
La réponse est : oui. Sans aucune hésitation.
Bien plus. Nous devrions ajouter que la responsabilité étasunienne,
qui remonte bien au-delà de 1982, relève des deux niveaux :
direct et indirect. La responsabilité directe ne résidant pas
seulement dans le fait de l’appui (politique, économique et
militaire) prodigué aux gouvernements israéliens dans le but de
faire taire les revendications légales du peuple palestinien.
Les « Moudjahidin » de Ben Laden
Pour comprendre la situation actuelle qui prévaut au Liban, il
nous faut revenir, très rapidement, deux décennies en arrière,
à un moment où l’Occident tout entier acclamait à tout rompre
ceux qu’il appelait, alors, les « Moudjahidin » et
qui, sous l’égide de la CIA et d’un certain Oussama Ben Laden,
constituaient des points avancés de cet Occident face au danger
du communisme, représenté par la présence de l’ex URSS en
Afghanistan.
Ces « Moudjahidin » étaient recrutés dans les
milieux les plus obscurantistes du monde arabe, les « Salafistes »,
qui voulaient enchaîner la pensée arabe à des traditions
n’ayant rien à voir avec l’Islam, mais aussi museler tout
ceux qui avaient une attitude d’ouverture et un certain respect
de la différence. Ils étaient, ensuite, emmenés au Pakistan
pour subir un entraînement de pointe avant d’être acheminés
vers la frontière soviéto-afghane…
Mais, une fois le « Djihad » fini contre les « athées »,
ces combattants se sont scindés en deux groupes :
Le premier était formé de combattants que l’on rapatria dans
leurs pays (arabes) respectifs, afin de préparer l’avènement
des maîtres du Nouveau régime mondial.
Le second était constitué des « durs », les fidèles
de Ben Laden qui, avec ses amis du Pentagone, trouva dans l’Afghanistan,
gouverné par le nouveau régime du Mollah Omar et ses Taliban, un
endroit propice à la poursuite de leur œuvre destructrice. Ils
s’empressèrent, donc, d’obtenir de Washington la
reconnaissance du nouveau régime qui leur céda des camps
d’entraînement militaire au milieu des champs d’opium. Et ils
vécurent heureux, malgré tout ce qu’ils entendaient et
voyaient sur les faits et méfaits de ceux qu’on appelait, désormais,
les « Afghans » et qui furent à la base des
mouvements qui ont commencé par bouleverser l’Algérie, le
Golfe arabique et… le Liban.
Qu’est-ce que le « Fath Al Islam » ?
Ce sont les « Afghans », donc, qui ont donné
naissance aux mouvements terroristes dans tous les pays arabes
sans exceptions. Certains de ces mouvements ont grandi et prospéré,
non seulement grâce à la présence tous azimuts de Ben Laden et
sa « Qaeda », mais aussi grâce à l’aide procurée
par des régimes arabes pour des raisons différentes, dont :
la lutte contre ce qui reste de la gauche arabe afin de l’empêcher
de regagner du terrain, la protection de trônes branlants et,
surtout, la préparation de certains changements dans la région
arabe visant à redorer le blason de certains gouvernements (l’Egypte,
par exemple) ou à y effectuer des changements qui amèneraient de
nouveaux « amis » sûrs, mais pouvant mieux gérer ou
préserver les intérêts des Etats-Unis sur le pétrole (en
Irak).
C’est dans cet objectif que fut mis au point le projet du
« Grand Moyen Orient », dont les prémices furent dévoilés
en 1993, lors d’une conférence tenue au Caire, à la suite de
la publication du livre du responsable israélien Shimon Pérès
très révélateur sur ce plan… Et c’est dans cet objectif que
furent subventionnés d’anciens groupes « dormants »
ou créés de « nouveaux » groupes de combattants,
afin de miner le monde arabe, de le grignoter de l’intérieur,
permettant ainsi l’exécution du plan essentiel mentionné.
Bientôt, des groupuscules de tous genres sont nés un peu
partout, dans le Mashrek (Orient) et le Maghreb arabe, ayant,
tous, des noms se rapportant au Djihad saint contre l’Occident,
mais subventionné, d’une certaine manière par cet Occident, à
partir de personnalités arabes formant des rouages dans la grande
machine nouvelle du Nouveau régime international. Et cela nous
rappelle à bien d’égard ce qui s’était passé dans les années
Cinquante au Viet Nam pendant lesquelles, profitant de la lutte de
libération contre les Français, des groupuscules de terroristes
furent créés sous l’égide d’hommes de la CIA envoyé dans
ce but…
Parmi ces groupes, et en plus de ceux nés dans la guerre civile
dans les deux régions de « l’Est » et de « l’Ouest »,
nous citons pour le seul Liban plus d’une vingtaine, toutes
confessions islamistes confondues, dont le « Fath Al Islam »
rendue célèbre en Irak, d’abord, avant de passer en Syrie et
au Liban où il a infiltré dans le camp palestinien de Nahr Al
Bared plus de 250 combattants venant, pour la plupart, du Golfe
(principalement des Saoudiens), en plus de Palestiniens, Syriens
et Libanais.
Les versions diffèrent sur sa création : certains disent
que les Syriens ont une certaine responsabilité dans ce fait ;
d’autres (dont certains journalistes bien renseignés, dont
Seymoun Hersch) disent que c’est le vice-président des
Etats-Unis, Dick Chenney, qui le subventionne actuellement.
Ce qui est sûr, c’est qu’une grande partie des combattants de
ce groupe sont venus en tant que « touristes » à
partir de l’aéroport ; ils s’étaient, d’abord, regroupés
à Saïda, au Liban Sud, où -selon certains- ils reçurent des
subventions de députés appartenant à la majorité actuelle représentée
par le gouvernement de Fouad Sanioura avant de passer dans la région
du Nord.
Les objectifs de la nouvelle recrudescence de la violence
Ce qui est sûr aussi, c’est que les Libanais ont peur de cette
recrudescence de la violence dans leur pays, due à l’exécution
d’agendas dont ils n’ont rien à voir. Que ce soit l’agenda
nouveau mis par Bush pour le Golfe en général et l’Irak en
particulier et qui doit entrer en vigueur durant l’été 2007
ou, encore, l’agenda iranien contenant la riposte « nucléaire »
ou, surtout, l’agenda israélien qui met en premier lieu une
attaque (non généralisée) du Liban afin de redonner du tonus à
l’armée vaincue en 2006 par les Résistants du Hezbollah et de
la Résistance patriotique libanaise.
Surtout que ces nouveaux agendas se rencontrent avec d’autres
purement libanais, dont la promulgation sous le chapitre sept du
« tribunal à caractère international » pour juger
des assassinats politiques perpétrés depuis 2005, les
revendications concernant la création d’un nouveau gouvernement
sur les bases d’une « meilleure répartition » du
pouvoir exécutif, les élections présidentielles durant
l’automne… Et surtout aussi que ces agendas divisent, depuis
le vote au Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution
1559en septembre 2004, le pays sur des bases confessionnelles très
dangereuses puisqu’elles peuvent, si elles ne sont pas contrées,
dégénérer en une nouvelle guerre civile dont les images de
violence enregistrées, le 25 janvier dernier, à l’Université
arabe de Beyrouth et tout s’en est suivi ne rassurent pas.
D’ailleurs, les prises de position dans les deux camps actuels
au Liban, le gouvernement de Sanioura et ses alliés, d’une
part, et le Hezbollah et ses alliés, d’autre part, donnent une
image très claire que ce que la majorité (pro américaine) ne
cherche pas seulement à s’emparer du pouvoir tout entier, ni à
arriver à « la vérité » sur les assassinats, mais
elle voudrait aussi créer la possibilité de mettre la main sur
les armes de la Résistance, représentée par le Hezbollah.
Tandis que l’opposition (amie de l’Iran ou de la Syrie) refuse
de céder sur le plan des armes avant que les Nations Unies aient
pu statuer sur les fermes de Chebaa, les hauteurs de Kfarchouba et
les détenus libanais dans les prisons israéliennes…
Des analystes, occidentaux surtout, voient dans cette nouvelle
phase « libanaise » du conflit et dans ce qui s’est
ensuivi les répercussions du nouveau plan de l’administration
étasunienne contre l’Iran, dont l’encouragement de violences
sectaires de la part de factions sunnites contre d’autres
shiites, non seulement en Irak mais dans tous les pays arabes
orientaux, surtout que les Etats-Unis et leurs alliés ont peur
pour le pétrole de la présence de la minorité shiite dans les
différents pays du Golfe arabique si l’Iran n’est pas vaincu
; de même, Israël ne pourrait pas se relever d’une nouvelle défaite
contre le Hezbollah.
Ce plan, mis en exécution depuis l’été 2006, a-t-il dérapé
quelque part ?
La question reste très présente.
En attendant, les Palestiniens ont peur de ce que le « Fath
Al Islam » continue à sévir dans les camps du Liban Nord
et que cela ait des répercussions dans d’autres régions… Les
Libanais, quant à eux, se terrent dans la crainte de l’inconnu.
La rumeur est reine, comme en 1975 et les esprits sont enflammés
par des discours d’une telle virulence que l’on peut craindre
le pire.
Pendant ce temps, et tandis que les bombardiers israéliens
inspectent toutes les régions du Liban, l’administration de
Georges W. Bush déclare qu’elle est prête à « répondre
favorablement à une demande d’aide militaire du gouvernement
libanais élu démocratiquement » et envoie du matériel
militaire et des armes à l’armée libanaise (on parle d’un
pont aérien) qui a subi de lourdes pertes à cause du
dysfonctionnement de la coopération qui aurait dû avoir lieu
entre les différents services de sécurité au Liban.
Tout cela nous remet à la mémoire des déclarations faites le 7
mai par Condoleeza Rice, ministre des Affaires étrangères étasuniennes,
dans lesquelles elle disait : « le gouvernement de
Fouad Sanioura, élu démocratiquement, doit obtenir notre aide.
Le Liban et les Libanais peuvent compter sur les Etats-Unis, car
la démocratie au Liban et la souveraineté de ce pays constituent
un des intérêts essentiels par rapport à nous ».
Le lendemain de cette déclaration, l’ambassadeur des Etats-Unis
au Liban, Jeffry Fieltman disait : « nous devons tous,
au Liban, prendre au sérieux les craintes concernant la sécurité
au Liban », tandis que le Secrétaire général de l’ONU,
Ban Ki Moon, parlant de nouvelles armes entrées au Liban à
partir de la frontière syrienne et aussi de la présence de
groupes islamistes « salafistes » dans les camps
palestinien du Liban exprimait sa crainte d’une recrudescence de
« la guerre civile au Liban »…
Marie Nassif-Debs
Beyrouth, le 25 mai 2007
Publié avec l'aimable autorisation de
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