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Parti Communiste libanais
Le sommet de tous les consensus
Ou de toutes les guerres ?
Marie Nassif-Debs
Beyrouth, le 7 septembre 2008
Ils se sont
rencontrés, se sont entendus tout en rappelant les menaces qui
continuent à peser sur les uns et les autres. « Ils » sont les
deux présidents de la France et de la Syrie, encadrés par l’émir
du Qatar et le président turc.
Ils s’étaient mis
d’accord sur la tenue de ce sommet, dit-on, lors du congrès sur
« l’alliance pour la Méditerranée ». Sarkozy avait, alors,
demandé à Assad de faciliter les élections présidentielles au
Liban et de persuader l’Iran d’aller dans le sens des directives
étasuniennes sur « le nucléaire ». Assad avait, à son tour,
insisté sur la nécessité pour l’Europe (présidée par Sarkozy)
de jouer un rôle plus efficace dans les pourparlers de paix au
Moyen Orient, faisant miroiter des accords commerciaux et
autres…
Quels furent les
résultats du sommet quadripartite?
Le président
français Nicolas Sarkozy a tenté, sans trop réussir pour autant,
de ménager comme on dit communément la chèvre et le chou.
Convaincu du fait que le compte à rebours a vraiment commencé
pour l’administration de George W. Bush (et misant sur le succès
du démocrate Barak Obama, dit-on), il a pensé que le moment
était opportun pour l’Union européenne et, surtout, pour la
France qu’il préside de s’immiscer un peu plus dans les affaires
du Moyen Orient et de tenter, par suite, d’acquérir une place
plus importante dans les solutions à venir qui se préparent,
tant sur le plan du conflit arabo-israélien que sur celui du
nucléaire iranien. Voilà pourquoi il a pratiqué la politique de
fuite en avant en acceptant la demande de médiation entre le
pouvoir syrien et Israël et en insistant lourdement sur le rôle
que son homologue syrien pourrait jouer, tant sur le plan de
l’Iran (où il n’a pas manqué de rappeler que la Syrie avait
présenté, en 2003, un projet de résolution au Conseil de
sécurité visant à faire du Moyen Orient une région vide
d’armes nucléaires) que sur celui du Liban (où il a parlé des
résultats très positifs du sommet Assad-Suleiman).
Mais si Nicolas
Sarkozy a donné un bon point à Bachar Assad qui « a tenu ses
engagements sur le Liban » et pour qui le sommet quadripartite
constitue « une nouvelle étape dans le processus de paix au
Moyen Orient », il n’a pas oublié de ménager les alliés
essentiels des Etats-Unis dans la région, l’Egypte et l’Arabie
saoudite, en précisant que le sommet de Damas ne constitue en
aucune façon une nouvelle alliance et que les deux pays arabes
(opposés à la Syrie) sont appelés à jouer , à l’avenir, un rôle
essentiel, tant sur le plan des solutions concernant les
problèmes du Liban et du Golfe que sur le plan des pourparlers
de paix et de la normalisation des relations arabes avec Israël,
dont Nicolas Sarkozy fut le médiateur pour libérer le soldat
israélien détenu, depuis 2006, par le Hamas.
Il faut dire que
le sommet quadripartite a constitué une mascarade politique qui
n’a abouti à grand chose. Les promesses de part et d’autre
furent nombreux, tant en ce qui concerne les projets économiques
entre Damas et Paris (transport maritime, aménagement de
l’aéroport de Damas, prolongement du contrat avec « Total »…)
que sur les plans politiques divers (à commencer par la
« feuille de principes » préparée par la diplomatie syrienne
dans le but de passer aux pourparlers directs avec Tel Aviv,
ainsi que par l’aide que le Qatar pourra procurer au Liban ou
celle que Damas devra prodiguer afin d’assainir les relations
franco-iraniennes).
Mais ces
promesses n’ont pas caché les vrais problèmes, dont le plus
important reste le problème des réfugiés palestiniens à qui le
gouvernement israélien refuse le droit au retour, tout en
évoquant le transfert des Palestiniens de la Cisjordanie vers la
Jordanie et le Liban…
Sans oublier les
allusions du président français à une guerre possible de la part
d’Israël contre l’Iran ou celles du président syrien sur la
situation explosive dans la région de Tripoli, au Liban nord, à
cause du rôle de l’argent saoudien distribué aux différentes
factions fondamentalistes islamiques qui pullulent dans cette
région depuis quelques années et qui avaient fait leurs preuves
lors des événements de Nahr-el-Bared et, il y a quelques mois,
dans les accrochages entre Sunnites et Alaouites.
Ainsi, le sommet
de Damas, qui aurait dû, selon les parties en présence, préparer
l’avenir de la « paix » dans la région en tenant compte de
la période de transition instaurée par les élections
présidentielles étasuniennes, fut un échec lamentable. Nicolas
Sarkozy a, en effet, échoué à montrer l’image d’une Union
européenne « indépendante » de la politique de Washington ou,
même, d’Israël qui a accueilli sa présence dans la région par
des menaces contre le Liban.
Mais le
voulait-il vraiment ?
© Lebanese Communist Party - 2006
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