Nouvelles d'Irak
Tunisie, Egypte... Libye: Gare aux informations incontrôlées
Gilles Munier
Gilles Munier
Mercredi 2 mars 2011
Un communiqué
de l'Appel
Franco-Arabe (1/3/11)
Les peuples de Tunisie et d'Egypte en lançant leurs grands
mouvements insurrectionnels ont réussi à renverser des
dictateurs liés et soutenus par des puissances impérialistes. La
revendication de dignité et de souveraineté populaire a été
omniprésente lors des journées révolutionnaires qui ont inauguré
un processus de revendications massives qui s'est rapidement
élargi à d'autres pays soumis à des pouvoirs oppressifs créés
par l'étranger comme dans le cas de l'Irak, abritant des bases
militaires étrangères comme dans le cas de Bahreïn et de
l'Arabie saoudite ou fortement liés à certaines grandes
puissances comme la Jordanie ou le Yémen. Cette dimension visant
à ce que les peuples arabes retrouvent leur dignité et leur
souveraineté nationales constitue un élément essentiel des
révolutions arabes qui ne peut être ignoré.
C'est dans cette perspective qu'il faut analyser les événements
en cours en Libye. Comme dans le cas des autres peuples, il
appartient au peuple libyen et à lui seul de décider de son
avenir par les moyens qu'il jugera utile pour trancher le
conflit et les drames intérieurs qu'il traverse en ce moment.
Comme il en va pour les autres pays arabes, aucune ingérence
étrangère dans ses affaires intérieures ne peut être tolérée en
Libye. Cela violerait les principes de la Charte des Nations
Unies et du Mouvement des non alignés auxquels la Libye a adhéré
et auxquels sont tenus tous les Etats membres de ces organismes.
L'Appel Franco-Arabe réitère à cette occasion ce
principe à propos de la Libye et manifeste son souhait que les
Libyens parviennent à sortir de la grave crise qu'ils traversent
par leurs propres moyens et qu'ils préservent l'unité et
l'intégrité territoriale de leur pays.
La protection des ressortissants étrangers présents en Libye ne
peut servir de prétexte à des activités militaires étrangères
sur son territoire. Des pays comme la Chine et la Turquie sont
parvenues à rapatrier leurs ressortissants sans avoir imaginé
recourir à la force militaire. Il doit en être de même des
autres Etats, en particulier des anciennes puissances coloniales
comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, qui dans
un passé pas si éloigné ont souvent pris prétexte du sort de
leurs ressortissants pour lancer des opérations militaires qui
ont abouti en fin de compte à la colonisation des pays
concernés. Il est à craindre que ces puissances impérialistes
cherchent surtout à se venger d’un régime qui leur a tenu tête
et à établir des concessions pétrolières.
Si les peuples ont le droit de manifester leurs sentiments
envers ce qui se passe dans des pays étrangers, les Etats n'ont
de leur côté aucunement le droit de soutenir un camp contre un
autre lors de conflits internes, que ce soit au nom de
convictions idéologiques, de soutien à la démocratie ou de
prétextes humanitaires. Ce principe concerne en particulier les
grandes puissances qui, dans de nombreux cas, participent
elles-mêmes à des actions meurtrières dans les pays qu'elles
occupent ou dans lesquels elles participent à la formation des
forces policières de répression. Chaque pays est le maître
absolu de son territoire et de son espace aérien et maritime.
Aucune puissance ni aucun organisme international ne peuvent
limiter le libre exercice de ce droit. L'ONU n'a de droit dans
ce domaine que lorsqu'un Etat en agresse un autre, ce qui n'est
pas le cas de la Libye et d'aucune des forces participant au
conflit interne actuel. Cela concerne en particulier les Etats
qui, malgré le rapport Goldstone portant sur les crimes de
guerre avérés commis par Israël lors de son attaque contre Gaza,
n'ont pris aucune mesure pour faire respecter le droit
international.
Ce constat est d'autant plus d'actualité dans la cas de la Libye
d'où nous parviennent de nombreuses informations incontrôlées
permettant le lancement d'un battage médiatique unilatéral qui
ne peut être contrebalancé par un accès à des sources réellement
contradictoires sur ce qui se passe vraiment dans les diverses
parties du territoire libyen. Ce qui devrait d'autant plus
pousser les acteurs internationaux à faire preuve d'un maximum
de retenue. Personne en effet n'est en état de donner des
chiffres tangibles sur le nombre des victimes du conflit en
cours, leurs origines ni même de faire savoir quelles sont les
forces qui participent aux combats. En tout état de cause, c'est
aux Libyens de décider de l'avenir de leur pays.
L'Appel Franco-Arabe souhaite la poursuite des
processus en cours de réaffirmation de l'indépendance des pays
arabes et dénonce toutes les forces extérieures d'ingérence qui
s'opposent à ces processus.
L'Appel
Franco-Arabe s/c
Sliman Doggui, 32 r. Javelot 75013 Paris
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 3 mars 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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