LE TELEGRAMME
Dominique Bromberger
"(...) Sharon était donc une sorte de cocktail unique de
fermeté et de mouvement que ni Amir Peretz, leader inexpérimenté
du parti travailliste, ni Benjamin Netanyahu, chef potentiel du
Likoud qui a bâti toute son image sur une intransigeance absolue,
ne peuvent représenter.
L'avenir peut voir l'émergence d'un homme politique qui bénéficiera
de la double qualité qu'avait Sharon aux yeux de ses compatriotes,
mais il y faudra beaucoup de temps. En face, chez les Palestiniens,
la disparition de Yasser Arafat a suscité une situation à peu près
analogue. Mahmoud Abbas, qui ne bénéficie ni de l'aura ni de la
capacité de manipulation du président disparu, a du mal à
s'imposer. Son leadership est contesté par une nouvelle génération
de militants qui ont grandi à Cisjordanie et à Gaza, pendant que
les dirigeants de l'OLP connaissaient, eux, l'exil. Et aussi par les
éléments radicaux-religieux du Hamas.
En Palestine comme en Israël, on va donc passer par une phase de réorganisation
de la politique avant de pouvoir s'attaquer aux nécessaires
compromis."
DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE
Olivier Picard
"(...) C'est aussi une leçon de transparence pour tant de
chefs d'Etat et de gouvernement qui ne jouent pas le jeu de la vérité
avec leur peuple quand leur santé est en péril. Le long silence du
président algérien, Abdelaziz Bouteflika, après son intervention
et pendant un mois de convalescence à Paris, témoigne des vieux réflexes,
qui demeurent la règle. La France n'est d'ailleurs pas en reste
puisqu'après Georges Pompidou qui, jusqu'au bout, avait nié l'évidence
de son cancer, François Mitterrand publia de faux bulletins de santé
pour cacher le mal dont il était atteint. C'est humain : tout
pouvoir se protège contre la propagation d'une apparence dégradée
de celui (celle) qui l'incarne.
Mais c'est aussi confisquer au peuple le droit de juger la capacité
de ses dirigeants à le représenter. La vraie dignité d'un chef d'Etat
ou de gouvernement diminué par la maladie ou l'accident, ce n'est
pas de minimiser son handicap, mais de l'assumer. Son destin, en
effet, le dépasse et ne lui appartient plus tout à fait. Et, de
toute façon, l'histoire se charge de balayer les inutiles vanités."
MIDI LIBRE
Roger Antech
"Comme s'il était écrit que les grands de ce monde ne peuvent
plus mourir en paix. Après l'agonie d'Arafat, après celle,
interminable, de Jean Paul II, la planète suit aujourd'hui, épisode
après épisode, la fin de vie de Sharon. Le temps est ainsi à la
mort en 'direct live'.
L'opacité, qui fut la règle par le passé, en dit désormais plus
sur la gravité d'une maladie qu'un bulletin médical convenu. La récente
hospitalisation du président algérien Bouteflika à Paris vient de
le rappeler."
LA MARSEILLAISE
Christian Digne
"(...) Une part de l'histoire mondiale du 21ème siècle s'écrit
au Proche-Orient. Dans les dernières années de son parcours
politique, Ariel Sharon a pris conscience de la portée de cet
enjeu. L'homme de Sabra et Chatila a admis que le statu quo jouait
contre l'Etat d'Israël.
Sa décision unilatérale de faire évacuer la bande de Gaza
s'inscrivait dans cette prise de partie. Ouvrait-elle, pour autant,
la voie à un processus de paix enfin crédible et viable. Les plus
optimistes le pensent.
Nous sommes beaucoup plus réticents à admettre cette thèse. Son
militantisme forcené en faveur de l'érection du mur de "séparation
" et de constructions de colonies de peuplements en Cisjordanie
et autour de Jérusalem fermait la porte, durablement, à l'édification
d'un Etat
palestinien souverain et viable. La prochaine direction israélienne
saura-t-elle rompre avec cet héritage ?"
L'ALSACE
François Bécet
"(...) Au-delà de la tristesse, du choc et des prières d'une
population qui voudrait croire au miracle, c'est ce débat politique
qui anime Israël. S'il n'y a pas vide du pouvoir, il y a des
interrogations sur une nouvelle modification du paysage politique.
Le temps presse et nul
ne s'attendait à ce nouveau séisme."
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