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Réseau Voltaire
Venezuela : conclusion d'une année
déterminante
Romain Migus
10 octobre
2008
Lors des élections régionales et municipales du 23 novembre
prochain, les Vénézuéliens diront s’ils souhaitent ou non
étendre la Révolution bolivarienne d’Hugo Chavez aux
collectivités locales. Comme le souligne Romain Migus dans cette
étude détaillée, le conflit actuel entre certaines baronnies et
Caracas n’a rien à voir avec un problème de centralisation, mais
exprime des résistances économiques et politiques —soutenues à
visage découvert par les États-Unis— contre un changement de
modèle de société. Dans le régime
« dictatorial » du « populiste » Chavez, chaque fin d’année,
depuis cinq ans, est synonyme d’élections populaires pour les
citoyens vénézuéliens. Quelques soient les résultats issus des
urnes, la Démocratie en général et les structures électorales
mises en place par l’État s’en trouvent renforcées. Malgré cela,
les intérêts que représente le Venezuela dans la région restent
sous la menace perpétuelle des États-Unis et des oligarchies
vénézuéliennes prêts à tout pour stopper l’avancée de la
Révolution socialiste. Les prochaines élections régionales et
municipales du 23 novembre 2008 sont un des enjeux majeurs de la
continuité du processus révolutionnaire. Or l’année 2008,
préparative à ces élections, a été une année charnière. D’une
part, parce que le processus socialiste s’est approfondi tout en
tirant les erreurs qui ont conduit à l’échec au référendum sur
la réforme partielle de la Constitution. D’autre part, parce
qu’elle a été marquée par une offensive des États-Unis d’une
puissance inégalée sur tous les fronts possibles : militaire,
médiatique, économique et politique. À travers cette chronique
nous reviendrons sur les évènements qui ont marqué cette année
pour mettre en perspective l’importance des prochaines élections
et la croissance continue de la menace états-unienne contre le
Venezuela bolivarien.
Ouverture de rideau : une victoire de la Paix
et une défaite électorale
Le 10 janvier 2008, Clara Rojas
et Consuelo Gonzalez de Perdomo sont libérées après avoir été
retenues par les FARC pendant de nombreuses années. Malgré ce
qu’en avait dit Jean Hébert Armengaud quelques jours plus tôt,
« l’Opération Emmanuel » (du nom du bébé de Clara Rojas) fut
loin d’être un « fiasco » [1].
Hugo Chavez et le gouvernement bolivarien peuvent se féliciter,
ils furent, avec l’ambassadeur de Cuba à Caracas, les principaux
artisans de cette libération. Et pourtant bien loin d’être salué
par une salve d’éloges médiatiques, « l’Opération Emmanuel »
n’aura que peu d’écho vu l’ampleur de la réussite de ceux qui y
travaillaient depuis des mois. Et même pire, elle sera
l’occasion pour les États-Unis, la Colombie et leurs alliés
médiatiques de commencer une véritable guerre psychologique pour
tenter d’associer le Venezuela bolivarien au « terrorisme » des
FARC et générer par là une intervention militaire. En effet,
porté par cette victoire, le président Chavez va dans les mois
qui suivent s’impliquer pour un accord de paix durable en
Colombie. Initiative qui sera torpillée par les élites de
Bogota. Nous y reviendrons.
Dans le même temps, dans le camp
socialiste au Venezuela, les Hallacas [2],
le plat traditionnel des Fêtes de fin d’année, ont eu un goût
amer. La douche froide provoquée par la récente défaite
électorale au référendum sur la réforme partielle de la
Constitution a laissé place, au début de l’année à un intense et
nécessaire débat au sein des bases sur le sens de cette défaite.
Conscient de cette nécessité de critique permanente du processus
révolutionnaire, le président Chavez a lancé le programme des
3R : Révision, Rectification, et Ré-impulsion. En fait, il
s’agit là de systématiser les analyses de la base afin de
coordonner les erreurs qui se sont produites et d’y apporter les
meilleures solutions. Ce n’est pas un changement de cap mais une
nécessaire remise en cause suite à la défaite du 2 décembre
2007. L’institutionnalisation des 3R, bien loin de museler les
critiques des organisations populaires, va permettre d’étendre
la réflexion à tous les niveaux de la fonction publique. Ce qui
a eu pour conséquence la création de nouvelles entités plus
performantes et moins bureaucratiques, notamment en ce qui
concerne les domaines de la production, de l’alimentaire, mais
aussi des importations.
Nous ne reviendrons pas sur l’analyse de la défaite électorale [3]
mais nous soulignerons deux points qui ont leur importance dans
la perspective des élections du 23 novembre.
Tout d’abord, les « nouveaux » éléments de l’opposition ont été
sacrifiés après le 2 décembre 2007. Les leaders du mouvement
étudiant de droite formé par l’Albert Einstein Institution [4]
et les jeunes yougoslaves d’Otpor [5]
n’ont pas décidé de retenir les leçons de leurs aînés d’Europe
de l’Est et du Caucase, et se sont inscrits dans les partis
politiques d’opposition, certains étant même candidats aux
prochaines élections. Or, cela a pour conséquence de faire voler
en éclat leur supposé « apolitisme » qui avait conquis une
minorité d’étudiants. Rappelons de plus que l’enthousiasme créé
par les mouvements de jeunes à la pointe des coups d’État
soft en Yougoslavie, Ukraine et Georgie ne
s’est jamais traduit dans les urnes. L’exemple le plus flagrant
étant celui d’Ukraine où le mouvement Pora n’avait recueilli
qu’à peine 1.47 % des voix aux élections législatives. Au
Venezuela, la seule exception notable à cet engouement pour le
pouvoir politique est le leader étudiant Yon Goiecochea. Il
vient pourtant de recevoir le prix Milton Friedman (conseiller
économique de Augusto Pinochet) et 500 000 dollars [6]de
la part du Think Tank ultralibéral : le Cato Institute [7].
Il va donc être difficile pour ces étudiants de renouer avec un
soi-disant « apolitisme » pour mobiliser leurs troupes en vue de
l’élection de novembre.
De même, le Parti Podemos et le général parachutiste Baduel,
n’ont plus qu’épisodiquement la faveur des media. Eux qui par
leur revirement contre la Révolution bolivarienne étaient
devenus les stars médiatiques du « Non à la réforme ». Dans le
cas de Raul Baduel, après avoir déclaré lors de la IVè Assemblée
du parti Podemos qu’il avait été « choisi par la Providence
divine » pour sortir le pays des marasmes dans lequel il se
trouve [8],
il a écrit un livre : Ma Solution. Dans cet
écrit, il préconise le recours à une Assemblée populaire
constituante, et dans un deuxième temps initier une série de
procès qui toucheront tous les fonctionnaires du président
jusqu’au plus petit [9].
Sans commentaires.
D’autre part, la défaite de décembre dernier a provoqué un
sursaut salutaire dans les masses chavistes. En effet, après 10
ans de victoires électorales ininterrompues, beaucoup
d’électeurs chavistes ne s’étaient pas déplacés pour un
referendum dont ils ne comprenaient pas bien les enjeux et dont
ils avaient la certitude qu’il allait être gagné. Le fait qu’en
démocratie on puisse aussi perdre devrait provoquer le retour de
ces électeurs devant les urnes ce 23 novembre 2008. La peur de
pouvoir perdre devrait favoriser le camp chaviste.
Renforcement de la politique économique et
sociale du gouvernement bolivarien
Sécurité
alimentaire
En matière économique, l’année
2007 avait été marquée par une série de nationalisations opérées
par le gouvernement bolivarien (secteur du pétrole, de
l’électricité, des télécommunications) [« Nationalisations
au Venezuela » et [« Souveraineté
pétrolière, réformes sociales et indépendance financière au
Venezuela », par Salim Lamrani, Réseau
Voltaire, 6 mars et 11 juin 2007.]]. Le patronat vénézuélien
s’était quant à lui distingué en organisant un blocus planifié
sur les aliments de base des citoyens vénézuéliens les plus
pauvres [10].
Le lait fut le dernier aliment à disparaître des rayons juste
avant le référendum du 2 décembre 2007 dans le but que le
mécontentement créé se retranscrive dans les urnes. Face à cette
offensive, le gouvernement va nationaliser, dés le mois de
janvier 2008, une usine de production de lait appartenant à
l’entreprise italienne Parmalat. Le 14 mars 2008, le président
Chavez persiste dans la défense de la souveraineté alimentaire
et nationalise l’entreprise vénézuélienne Los Andes (productrice
de jus de fruit, de lait et de ses dérivés). Par ces
nationalisations, l’État produit 43% de la production nationale.
Le blocus des entreprises privés ne peut alors plus tenir et le
lait réapparaît sur les étals des supermarchés. D’une manière
plus générale, le gouvernement décide de lancer un combat pour
la souveraineté alimentaire. C’est dans cette optique que va
être créé Producción y Distribución Venezolana de Alimentos
(PDVAL) en février 2008 [11].
PDVAL se veut comme un complément de la mission Mercal qui avait
vu le jour en 2003. Un complément qui a tiré les leçons de
certaines erreurs commises dans la mission Mercal. En effet, la
majorité de la distribution des produits Mercal avait été
laissée à des superettes privées généralement sous la forme de
coopérative. Ces distributeurs s’étaient avérés incapables de
faire face à la spéculation sur les produits alimentaires de
base, ou y participaient carrément activement. PDVAL dépend de
l’entreprise pétrolière PDVSA, c’est donc une entreprise d’État.
Elle s’occupe directement de toute la chaîne alimentaire, de la
production à la distribution, en passant par plusieurs étapes
intermédiaires. C’est d’ailleurs dans cette optique que le
gouvernement a procédé à la nationalisation d’entreprises de
gestion de la chaîne du froid en mars 2008. Les points de vente
PDVAL respectent les prix régulés mis en place par le
gouvernement et dans bien des cas, on y trouve des produits bien
moins chers et de toute aussi bonne qualité que dans les
supermarchés privés. Comme de coutume, à l’apparition de PDVAL,
les media commerciaux ont essayé de tromper le public en faisant
croire que c’était la porte ouverte aux tickets de rationnement
au Venezuela. L’immense majorité des Vénézuéliens (ainsi que
l’auteur de ces lignes) qui bénéficient avec PDVAL d’une
alternative aux grandes chaînes de distribution se remémore
désormais avec sourire et dédain les menaces des media
commerciaux.
Secteur des
infrastructures
En plus des efforts du
gouvernement en matière de sécurité alimentaire, le domaine de
l’infrastructure va connaître lui aussi une série de
nationalisations. Avant d’aller plus loin, il semble bon de
rappeler que les nationalisations s’opèrent plus rubis sur
l’ongle qu’armes au poing, l’État vénézuélien rachetant les
entreprises à un prix fixé par les deux parties. Le choix des
entreprises à nationaliser relève de l’urgence de développement
que connaît le Venezuela et s’inscrit dans la
Loi d’expropriation pour cause d’utilité publique ou sociale [12].
Et en matière d’infrastructure, le Venezuela est en pleine
expansion ; tant dans les grands chantiers nationaux que dans
les barrios où les Conseils communaux travaillent d’arrache pied
à l’amélioration de leurs quartiers. C’est dans ce contexte
qu’ont été nationalisées les entreprises de production de ciment
au Venezuela. Trois entreprises étrangères détenaient le
monopole de la fabrication du ciment au Venezuela : la mexicaine
CEMEX (50 %), la suisse Holcim (25 %) et la française Lafarge
(25 %). Malgré des chiffres de production élevés, le ciment
manquait dans le pays et l’on devait l’importer de Cuba. La
raison ? Les trois entreprises exportaient la plupart de leur
production et ne dirigeaient au marché national que du ciment de
seconde qualité. Sans parler des multiples délits au droit du
Travail dont souffraient les travailleurs de ces entreprises.
Dans cette même logique de développement des infrastructures,
l’entreprise de sidérurgie Sidor du consortium argentin Techint
a été nationalisée. Cette nationalisation a d’abord été le fruit
d’une longue lutte des travailleurs contre le patronat mais
aussi contre une frange droitière du gouvernement bolivarien. En
effet, le gouverneur chaviste de l’État du Bolivar et surtout le
ministre du Travail non seulement n’appuyaient pas les
travailleurs en lutte mais penchaient complètement dans le camp
du patronat. Le gouverneur allant même jusqu’à lancer des forces
de polices contre les piquets de grève. Le 30 avril 2008, le
président Chavez tranche en faveur des travailleurs de Sidor,
nationalise l’entreprise et renvoie son ministre du Travail
quelques jours après. Sidor, désormais aux mains de l’État et
des travailleurs, devra désormais produire en adéquation avec
les besoins du pays en matière de sidérurgie.
Secteur
financier
Début août 2008, le président
Chavez annonce publiquement la prochaine nationalisation de la
banque espagnole « Banco de Venezuela » du groupe Santander. Le
groupe espagnol dans lequel l’État est actionnaire cherchait à
vendre à un banquier vénézuélien. Le gouvernement bolivarien
s’est opposé à la transaction et a décidé son achat. Le but de
cette acquisition est double. « Banco de Venezuela » était une
des principales banques du pays, avec sa concurrente espagnole
BBVA et dans une moindre mesure la Banque Industrielle du
Venezuela, propriété de l’État. Avec cette nationalisation,
l’État devient ainsi un acteur de poids dans le système bancaire
vénézuélien. De plus, comme l’a souligné le président Chavez, il
s’agira de multiplier les succursales pour toucher de plus en
plus de petits épargnants, notamment dans les territoires
désertés par les grandes banques privés [13].
Approfondissement du Pouvoir Populaire
Continuant sur la voie de la
construction du socialisme vénézuélien, le gouvernement va
créer, au cours de l’année 2008, cinq nouvelles missions
sociales. Rappelons que la figure des missions a pour tache de
réinventer le nouvel État socialiste, avec la participation
active des Communautés organisées. Bien que lancée à la fin de
l’année 2007, c’est à partir du début de l’année 2008, que la
Mission Musica prend son envol. Elle a pour but de consolider au
niveau national, et avec l’aide des Conseil communaux, le
Système national d’orchestre infantile conçut par le chef
d’orchestre Jose Antonio Abreu, pour donner un accès à la
musique classique aux enfants des classes défavorisés [14].
En mars, est créée la Mission José Gregorio Hernandez, du nom
d’un médecin vénézuélien du début du XXe siècle considéré comme
un saint catholique par de très nombreux secteurs des classes
populaires. Cette mission a pour but, grâce aux travaux de
terrain des organisations populaires, de dresser une liste,
communauté par communauté, des personnes souffrant de handicap
physique et mentaux afin de leur porter tous les soins
nécessaires. Sur le même modèle, la Mission Niños y Niñas del
Barrio a vu le jour en juin 2008. Elle pour tâche d’organiser de
venir en aide aux enfants des rues afin de les en sortir.
D’autre part, elle organise aussi l’Organisation des enfants et
adolescents du Venezuela qui, en lien avec les Conseils
communaux, devront aider à éradiquer les mauvais traitements,
l’exploitation et le harcèlement dont souffrent certains enfants
et adolescents au Venezuela. L’originalité de cette organisation
est qu’elle est dirigée par les adolescents eux-mêmes.
Mais la Mission la plus importante sans aucun doute est la
Mission 13-Avril, lancée lors de la commémoration des six ans du
retour de la démocratie au Venezuela. Elle consiste ni plus ni
moins qu’en la réorganisation territoriale à partir
d’expériences pilotes menées par les Conseils communaux et
l’État central. Elle prévoit l’articulation de toutes les
Missions afin d’élever le niveau de vie des quartiers
défavorisées mais aussi afin de créer de nouvelles entités
territoriales, les Communes socialistes, et promouvoir une
économie productive communale. Cette Mission, définie comme
« souterraine », par le président Chavez lors de son programme
dominical du 24 août 2008, a pour but de transformer
radicalement le visage du Venezuela. Son budget initial pour le
deuxième semestre 2008 s’élève à 400 millions de bolivars forts
(200 millions de dollars US).
Le plus grand chantier dans
l’approfondissement du pouvoir populaire reste la consolidation
des Conseils communaux, des Banques communales, et la mise en
place de l’économie communale. Pour cela, l’État a soutenu
financièrement les communautés organisées pour que celles-ci
prennent en main la gestion des infrastructures, de la culture,
de l’action sociale, etc… sans passer par le tamis réducteur des
structures du vieil État bureaucratique encore entachées de
corruption. Les États régionaux contrôlés par des gouverneurs
chavistes ont eux aussi apporté des aides financières aux
Conseils communaux. Le renforcement des banques communales liées
au Conseil communal et administrées par les membres du voisinage
ont permis de financer de multiples projets productifs au cœur
de la communauté, faisant par là à la fois baisser le chômage et
renforçant l’appareil productif vénézuélien.
Le Conseil communal, qui est l’organe centralisant tous les
comités de voisinage en matière d’éducation, santé, culture,…
qui s’exprimaient avant au sein des Missions est devenu l’espace
le plus emblématique de la Révolution socialiste et de la
démocratie participative. Malgré les injonctions de l’opposition
accusant les Conseils communaux comme étant du seul domaine des
chavistes, nous avons pu constater, à Caracas, que les classes
moyennes supérieures (acquises à l’opposition) ont aussi joué le
jeu et constituent leurs propres conseils communaux avec la
volonté d’améliorer la vie de leur quartier.
En général, le gouvernement et le Peuple organisé sont
réellement en train d’approfondir un système économico-social
qui pourrait être une voie de définition du socialisme du XXIe
siècle. Même s’il est encore un peu tôt pour entreprendre un
bilan systématique (les Conseils communaux n’ayant qu’un an et
demi d’existence), on peut déjà noter que leur travail porte ses
fruits et que le gouvernement s’est engagé concrètement au
niveau financer et politique à poursuivre cette expérience.
L’année 2008 a réellement été l’année de « l’explosion du
pouvoir populaire ».
La Nueva
Politica Economica Bolivariana
Au niveau de la politique
économique et productive, le 11 juin 2008 représente
certainement une date importante dans le choix des orientations
du gouvernement bolivarien.
La bourgeoisie vénézuélienne, à part quelques exceptions, se
caractérise par des fortunes bâties sur l’importation ou,
lorsqu’elle produit sur le sol vénézuélien, par la fuite de
capitaux pourtant régulés par le contrôle des changes mis en
place en 2003. En règle générale, le pays reste fort peu
industrialisé malgré l’industrie pétrolière. Le secteur de
l’industrie de transformation est quasiment inexistant, la
production agro-alimentaire insuffisante. Comme nous l’avons vu
précédemment, l’État s’est engagé dans cette voie et a
parallèlement développé sa révolution pétrochimique pour
renforcer les industries de transformation à partir des composés
chimiques issus du pétrole. Mais l’État peut-il à lui seul
assurer le développement industriel du pays ou a-t-il besoin du
capital privé ? Et comment obliger des investisseurs nationaux à
réellement s’engager dans la voie du développement économique et
productif de la Nation ?
La bourgeoisie vénézuélienne n’est ni monolithique ni
radicalement anti-chaviste dans son ensemble. Après le coup
d’État et le lock-out patronal, de nombreux entrepreneurs
(petit, moyen et grand) ont quitté l’ultra-droitière
organisation patronale Fedecamaras pour fonder Entrepreneurs
Pour le Venezuela (Empreven). Comme nous l’a dit son président
Alejandro Uzcategui dans une interview réalisé en septembre
2007 : « Nous sommes des entrepreneurs nationalistes. Pour nous
l’intérêt collectif national doit primer avant l’intérêt
individuel. Nous pensons que les stratégies économiques doivent
être fixées par l’État, surtout dans un pays comme le Venezuela
où il y a tant de pauvreté, de problèmes sociaux et une dette
sociale aussi grande. (…) On doit passer d’un modèle
d’entreprise capitaliste, néo-libérale, et individualiste à des
entrepreneurs anti-impérialistes, dotés d’une conscience
sociale, des entrepreneurs qui ne voient pas leurs entreprises
comme une entité isolée mais intégrée dans son environnement
social, c’est-à-dire la Communauté, et dans le pays » [15].
Il y a donc au Venezuela une partie de la bourgeoisie prête à
investir dans le développement du pays et à ne pas se dédier
uniquement à la spéculation et à l’importation, ou carrément à
la déstabilisation. Comment attirer les investisseurs nationaux
dans le développement du tissu productif du pays ? C’est le
centre des mesures prises par le gouvernement le 11 juin 2008,
lors d’une réunion du chef de l’État avec les entrepreneurs
privés intitulée : « Ré-impulsion productive. Alliance
Stratégique Nationale ». Dans le secteur industriel, un fond
d’un milliard de dollars est dégagé du nouvel impôt sur les
bénéfices éclairs des compagnies pétrolières et du fond
d’investissement Chine-Venezuela pour créer des entreprises
mixtes dans les secteurs de l’alimentaires et de la manufacture.
De plus, l’État s’engage à mettre en relation les entrepreneurs
vénézuéliens et leurs homologues étrangers, à reprendre une
politique d’achats massifs aux entreprises privées selon les
besoins de la Nation, et à développer les Entreprises de
production sociale en connexion avec celles du capital privé.
Au niveau de la politique fiscale, l’impôt sur les transactions
financières (1.5 % de toutes les transactions faites par les
entreprises) est annulé. Le contrôle des changes est allégé pour
les petits importateurs de moins de 50 000 dollars. En ce qui
concerne la politique agricole, un fond de 35 millions de
dollars est créé pour subventionner les petits producteurs pour
pallier les différences entre le coût de production et la
récolte. De plus, si les prix s’effondrent, l’État
subventionnera la différence de prix à hauteur de près de cinq
millions de dollars. La dette que 25.149 petits producteurs
avaient envers un organisme de l’État (Fondafa) est annulée. Ces
mesures sont les plus significatives d’une liste encore plus
longue [16].
Cette main tendue de l’État au patronat va être très fortement
critiquée par les tenants de la droite dure et par une partie de
l’extrême gauche. Les premiers n’y voyant qu’une mesure
électoraliste (sic) destinée à gagner les élections de novembre,
montrant par là le lien implicite qu’ils font entre le capital
privé et la déstabilisation. Dans le cas de l’extrême-gauche et
d’une partie du PSUV, les reproches et critiques sont de divers
ordres. Certains reprochent le caractère ultralibéral de ces
mesures, d’autres critiquent l’Alliance stratégique comme étant
un cadeau à la bourgeoisie et plaident pour plus
d’investissement de l’État. Beaucoup tombent d’accord pour
questionner les véritables intentions de la bourgeoisie (réunie
pour le coup en ennemi de classe monolithique) qui jusque-là se
serait uniquement distinguée par son côté putchiste. Il ne nous
appartient pas ici de trancher dans un grand dialogue qui a
beaucoup mobilisé la gauche du chavisme [17],
mais la volonté du gouvernement de consolider une bourgeoisie
nationaliste doit être comprise comme une voie vers le
développement intégral de la nation tel qu’il était annoncé dans
le Projet national Simon Bolivar 2007-2013 [18].
Tant les nationalisations que
l’Alliance stratégique avec le privé et l’approfondissement du
pouvoir populaire sont des traits clairs de volonté du
gouvernement et du Peuple de poursuivre leur chemin vers la
défense de la souveraineté nationale et de consolider le projet
du socialisme du XXIe siècle. Toute l’année 2008 a été fortement
marquée par ce travail collectif. En ce sens, les élections du
23 novembre 2008 apparaissent comme une étape importante pour la
consolidation du processus révolutionnaire bolivarien.
Proportionnellement aux résultats concrets du pouvoir
révolutionnaire, les efforts des Etats-Unis et des oligarchies
locales pour entraver la marche de la Révolution Socialiste
n’ont jamais été aussi forts qu’en cette année 2008.
Offensive des États-Unis et de leurs alliés
Jamais les États-Unis ne
s’étaient montrés aussi menaçant qu’au cours de ces derniers
mois. La menace d’une intervention militaire est désormais plus
que présente. Le rôle que le président Chavez a joué pour
trouver une solution pacifique au conflit colombien a été
l’occasion de plusieurs manipulations médiatiques visant à
chercher le prétexte d’une action belligérante. La Colombie
s’est de plus en plus affirmée comme le relais de la politique
agressive des États-Unis contre le Venezuela. Bruits de botte,
guerre psychologique, séparatisme, et tentative de coup d’État :
la guerre contre le Venezuela s’est intensifiée.
La
Colombie : un véritable facteur de déstabilisation dans la
région
Comme nous l’avons mentionné
dans notre introduction, la volonté du Président Chavez de
participer à un accord de paix durable en Colombie va être le
point de départ d’une série d’actions politico-médiatique
destinées à trouver un prétexte à une action belliqueuse.
Le 20 janvier 2008, soit 10 jours après la libération de Clara
Rojas et Consuelo Gonzalez, John Walters, le directeur du Bureau
de la politique de contrôle des drogues de la Maison-Blanche,
déclare « qu’Hugo Chavez est en train de devenir un important
facilitateur du trafic de cocaïne vers l’Europe et d’autres
régions de l’hémisphère », à savoir les États-Unis. Comme nous
l’écrivions alors : « les media commerciaux vénézuéliens vont se
faire l’écho des propos de Walters, d’autant plus qu’ils
interviennent peu après la demande de Hugo Chavez de considérer
la FARC comme un groupe belligérant et non comme des
"narco-terroristes". L’intention de Walters est facilement
compréhensible. Il s’agit d’accuser Hugo Chavez de collusion
avec le trafic de drogue international. Cette accusation fut la
pierre angulaire médiatique qui avait légitimé l’intervention
des États-Unis au Panama en 1989, et dans une moindre mesure
l’invasion de l’Afghanistan en 2001 (en plus du terrorisme). Ce
fut aussi la raison invoquée pour la mise en place du Plan
Colombie [19]et
le renforcement de l’aide militaire au gouvernement colombien
dans sa guerre contre la guérilla. En bref, c’est une puissante
arme dans la propagande de guerre préalable à toute intervention
militaire » [20].
Rappelons, d’une part, que la IVe flotte états-unienne a été
réactivée en avril 2008 dans le but officiel de lutter contre le
trafic de drogue et le terrorisme ; d’autre part que les statuts
de l’Alliance atlantique, modifiés lors du cinquantenaire de
l’Organisation, autorisent désormais les forces de l’OTAN à
participer à des opérations militaires hors de leur zone
géographique dans le cadre de la « guerre mondiale contre les
drogues ». Cela nous permet de mieux comprendre les intentions
belliqueuses de la Maison-Blanche. Le travail diplomatique du
Venezuela et le Rapport mondial sur les drogues de l’ONU, ainsi
que le Mécanisme d’évaluation multilatéral de l’Organisation des
États américains contredisant les affirmations de Walters ont
permis de désamorcer cette bombe médiatique. Qu’à cela ne
tienne, les États-Unis allaient bientôt bénéficier d’un miracle
technologique pour continuer leur guerre médiatique contre le
gouvernement bolivarien.
Le 1er mars 2008, une pluie de bombes s’abat sur le territoire
équatorien. L’armée colombienne, en partenariat avec leurs
alliés états-uniens, vient de démontrer son attachement à une
sortie pacifique du conflit qui ensanglante le pays depuis 50
ans en assassinant Raul Reyes, principal interlocuteur des Farc
dans le dossier de la libération des otages. Les blessés
agonisants seront achevés par une incursion des militaires
colombiens en territoire équatorien au mépris de toutes les
règles élémentaires de souveraineté territoriale. La portion de
jungle qui constituait le campement des guérilleros n’est plus
qu’un vaste cratère au milieu duquel reposent intacts trois
ordinateurs, deux disques durs externes et trois clés USB. Le
lendemain, dans son émission Aló Presidente,
Chavez outré par la violation du territoire équatorien, rétorque
au président Colombien : « Uribe, ne t’avise pas de faire la
même chose au Venezuela. Nous ne voulons pas la guerre mais nous
n’allons pas permettre à l’empire états-unien, à son toutou
Uribe et à l’oligarchie colombienne de nous affaiblir » [21].
Le personnel diplomatique est rappelé et 10 bataillons de tanks
sont expédiés aux frontières avec la Colombie.
Le 3 mars, soit 48 heures à peine après les bombardements, le
gouvernement colombien révèle une partie du contenu du matériel
informatique « saisi ». Les preuves abonderaient pour prouver
l’alliance régionale entre l’Équateur et le Venezuela et les
Farc [22].
Immédiatement, ces pays réfutent les accusations. Le
gouvernement colombien va donc faire appel à Interpol pour
« prouver » l’authenticité des documents. Le rapport émis par
l’Organisation internationale jette plus de doute sur la
validité des « preuves » du gouvernement colombien que n’éclaire
le supposé lien entre les Farc et les voisins de la Colombie [23].
Qu’importe, la valse médiatique est lancée. Puisque le Venezuela
collaborerait avec une armée qualifiée par une minorité de pays
comme « terroriste », alors le Venezuela (et dans une moindre
mesure l’Équateur) est un pays terroriste et doit donc rejoindre
la liste des États voyous dressée par Washington. Grandeur et
mystère du syllogisme aristotélicien !
Le 13 mars, pour lever le doute sur les objectifs réels de cette
opération psychologique, une dizaine de membres du Congrès
états-unien clairement identifiés à la droite ultraréactionnaire
et à la mafia cubano-étasunienne de Miami, introduisent une
résolution au Congrès pour demander de déclarer le Venezuela
comme un pays « protecteur du terrorisme » [24].
Comme le fut l’Afghanistan avant l’opération « Liberté
Immuable »...
La menace
paramilitaire s’intensifie
Le 9 mai 2004, les citoyens
vénézuéliens, découvraient une nouvelle forme de
déstabilisation. Après le coup d’État d’avril 2002 [25],
le lock-out, les guarimbas (manifestations
de rue ultraviolentes), une centaine de paramilitaires venus de
la Colombie voisine étaient arrêtés à Caracas [26].
Leur mission : tuer Chavez et de hauts fonctionnaires de l’État.
Si ceux-ci furent emprisonnés (et grâciés par le président
Chavez en janvier 2008), beaucoup d’autres entrèrent au
Venezuela sans éveiller les soupçons. En 2006, nous écrivions :
« De par leur proximité avec la Colombie, les États frontaliers
sont, évidement, les plus touchés, mais certains quartiers
populaires de Caracas souffrent aussi de ce fléau. Si une grande
partie des paramilitaires défendent leur territoire et leur
business armes au poing, d’autres restent en couverture menant
une vie sociale normale, du moins en apparence. Le nombre est
incertain mais jugé important. Or cette organisation, à la
différence d’un simple groupe mafieux, a une idéologie politique
(d’extrême droite) et une grande rigueur dans son organisation
militaire » [27].
En fait, les paramilitaires colombiens ont pu s’implanter grâce
aux failles des États régionaux et du gouvernement central en
matière de sécurité. En liquidant les petits malfrats locaux,
ils ont pu s’attirer la sympathie temporaire ou la passivité des
populations locales. De plus, les paramilitaires travaillent
aussi leur versant « social » en avançant de l’argent notamment
aux commerçants informels et en prêtant des dollars aux
commerçants importateurs, les évitant ainsi de passer par la
trame bureaucratique mise en place avec le contrôle des changes
pour obtenir des devises. Ceci permettant aussi aux
paramilitaires de blanchir une partie de leurs revenus provenant
de la production et du trafic de drogue en Colombie. Cette
implantation dans le terrain social leur permit de réaliser leur
véritable objectif : réduire les citoyens à un État de terreur
et implanter un ordre fasciste [28].
Cela fait maintenant deux ans que l’on peut écouter, dans les
barrios des États frontaliers, les témoignages de l’autre
versant de cette invasion silencieuse. Ainsi, ce chauffeur de
taxi de San Cristobal (capitale de l’État frontalier du Táchira)
qui avait reçu un « prêt » des paramilitaires doit désormais
mettre un CD à chaque fois que monte un client. Celui-ci
entendra une émission de radio enregistrée véhiculant
l’idéologie et la musique des paramilitaires. Si le chauffeur
refusait de passer le disque, il le paierait de sa vie.
Qu’est-ce qu’on pu dire ces jeunes femmes de Rubio (ville du
Táchira, à 20 minutes de la Colombie) lorsque les paramilitaires
ont commencé à s’implanter dans leur ville ? Elles ne se
rappellent certainement pas. Mais, une chose est sûre, c’est
qu’elle n’ont pas oublié cette nuit où elles revenaient à pied
d’une fête dans le quartier. Une voiture s’est arrêtée.
« Qu’est-ce que vous foutez dehors à cette heure là ? » La
réponse fut des plus limpide. « Qu’est-ce que ça peut vous
foutre ? ». Le chauffeur a alors insisté : « Mais vous avez bu
en plus ». Quatre hommes sont sortis de la voiture et ont
kidnappé les jeunes femmes. Les paramilitaires ne les ont ni
violées, ni frappées mais les ont obligées à faire le ménage,
préparer les repas et laver le linge. Au bout de dix jours, ils
les ont relâchées en leur signalant : « Ce que vous venez de
faire est votre rôle de femme, si on vous retrouve à marcher la
nuit, on vous tue ». Ce témoignage ne nous a pas été concédé
dans une région reculée d’Arabie Saoudite mais sur le territoire
socialiste du Venezuela.
Dans la grande majorité des cas, cette invasion silencieuse
s’est faite avec la passivité ou la complicité des forces de
police vénézuélienne. Dans le meilleur des cas, elles
n’agissaient pas. Et parfois, lorsqu’il s’agit de délits mineurs
(bagarre entre couple ou infidélité,…), les policiers
renvoyaient directement les plaignants à voir ça avec les
paramilitaires.
Pour la première fois, en septembre 2008, les paramilitaires ont
manifesté ouvertement leur présence dans le Táchira, comme pour
défier le Peuple et le gouvernement bolivarien. Dans la petite
ville de Rubio, en plus des graffitis revendiquant leur
présence, des tracts ont été distribués au nom du groupe
paramilitaire colombien les « Aguilas Negras ». Sur le papier
ont peut lire que ce groupe va opérer un « nettoyage social ».
Principaux visés : « les homosexuels, les drogués, les putes,
les hommes et femmes infidèles, les voyous, etc… » Un couvre feu
a été imposé dans la petite ville par les paramilitaires. Toutes
personnes marchant dans la rue après 10 heures du soir est
susceptible d’y recevoir une raclée ou d’y laisser sa peau. La
nuit, dans les quartiers populaires de certaines localités du
Táchira, un silence glacial sort des fenêtres où il y a quelques
mois encore, on pouvait y entendre de la musique. Les gens ne
festoient ni ne crient plus, mais murmurent pour ne pas déranger
« les types de dehors ». Pourquoi donc nos entreprises de
communication ne nous ont jamais informés sur ces agissements,
alors qu’ils sont si prompts à dénoncer des « milices
chavistes » qui, elles, n’ont pourtant jamais existé [29] ?
Il n’est pas anodin que les Aguilas Negras se manifestent
aujourd’hui ouvertement. D’une part, le groupe paramilitaire se
sent assez puissant pour défier l’État. D’autre part, la colère
de la population se transfère sur le gouverneur chaviste de
l’État du Táchira, favorisant par là le candidat de l’opposition
aux prochaines élections régionales. Et pourtant, dans l’État
frontalier du Zulia dont le gouverneur est un de leader de
l’opposition, Manuel Rosales, les pratiques des paramilitaires
colombiens sont monnaie courante et parfois agissent en totale
collusion avec les interventions de la police régionale [30].
En plus des conséquences
électorales, l’invasion paramilitaire montre bien que la guerre
contre le Venezuela a bel et bien commencé. En effet, depuis les
révélations de l’ordinateur du chef paramilitaire Rodrigo Tovar
alias Jorge 40 aux derniers scandales de la parapolitique en
Colombie, les liens de l’oligarchie colombienne au pouvoir avec
les paramilitaires ne sont un secret pour personne. À part
peut-être pour les lecteurs du Monde…
L’occupation de territoire
vénézuélien par les paramilitaires apparaît donc comme une
offensive militaire de Bogota et des États-Unis. Le
paramilitarisme colombien opère de manière similaire au rôle
qu’a eu la Contra nicaraguayenne, lancée depuis le Honduras,
contre le gouvernement sandiniste.
Pendant ce temps, Pedro Carmona,
le dictateur qui avait pris le pouvoir temporairement le 11
avril 2002, donne depuis le mois de septembre 2008, des cours
d’espionnage à des gradés de l’armée colombienne [31].
Bruits de
botte dans les Caraïbes
Le 24 avril 2008, le chef des
Opérations navales de l’armée états-unienne, l’amiral Gary
Roughead, annonce le rétablissement de la IVè flotte des
États-Unis, 58 ans après sa dissolution. Placée sous le
commandement de l’amiral Joseph D. Kernan, dont la carrière
s’est déroulée au sein des Forces spéciales de l’US Navy, la IVè
flotte est désormais active dans les eaux bordant l’Amérique
latine et peut entrer dans ses fleuves. Sa mission : lutter
contre le trafic de drogue, le terrorisme et les flux
migratoires illégaux. Or si l’on excepte le dernier point, nous
avons pu voir comment les États-Unis et la Colombie ont redoublé
d’effort pour associer le Venezuela aux deux premiers points. Il
ne s’agissait donc pas d’une énième offensive pour dénigrer le
gouvernement bolivarien mais bien de trouver un prétexte à
l’intervention de la IV flotte états-unienne contre le
Venezuela. Répondant au commandant de la IV flotte qui avait
manifesté son intention de naviguer dans les « eaux marrons »
(les fleuves) d’Amérique latine, le président Chavez fut
explicite : « Le navire gringo qui entrera dans ces eaux marrons
deviendra lui-même marron car nous l’enverrons par le fond.
Aucun navire ne passera par nos fleuves. Notre Révolution est
pacifique mais pas désarmée » [32].
D’autre part, comme nous le rappelle Eva Golinger : « En février
2008, le Pentagone a lancé l’Opération Enduring Freedom.
Caraïbes-Amérique Centrale et a envoyé un bataillon des Forces
spéciales dans la zone pour y prévenir les menaces potentielles
de terrorisme dans la région » [33].
En plus des menaces militaires, et de la guerre psychologique
permanente, le Venezuela bolivarien a dû faire face, cette année
2008, à une tentative de sécession qui ne manquera pas d’avoir
des conséquences sur les élections de novembre.
Une
curieuse "autonomie" organisée par Washington
Amputer une partie du territoire
d’un État « rebelle » n’est pas une technique nouvelle des
puissances impériales. De la naissance du Koweït au dépeçage de
la Yougoslavie, l’Histoire rappelle aux gouvernements qu’adopter
une politique d’indépendance nationale et anti-impérialiste
comporte des risques sérieux pour la souveraineté de la Nation
en question.
Les récents évènements en Bolivie autour des questions de
l’autonomie régionale promue unilatéralement par les préfets de
droite opposés au président Evo Morales ont donné lieu à une
véritable « Internationale de l’autonomie régionale » pour
promouvoir l’éclatement en Amérique latine des États contestant
les politique de Washington.
Déjà en septembre 2006, la ville de Guayaquil en Équateur
accueillait le premier « Forum international sur la liberté et
l’autonomie régionale ». Financé par les États-Unis à travers la
NED [34]
et la USAID [35],
cette réunion a pu compter, parmi les nombreux participants, sur
la présence du maire de Quito et de celui de Guayaquil pour
l’Équateur, du secrétaire général de la préfecture de Santa Cruz
en Bolivie et d’un représentant de Rumbo Propio, une
organisation séparatiste du Zulia, la riche région pétrolière
vénézuélienne.
L’organisation Rumbo Propio voit
le jour en 2005. Son but est de promouvoir « l’autonomie » de la
région pétrolière du Zulia. Affichant clairement une idéologie
ultralibérale [36],
l’organisation ne conquiert pas beaucoup d’adhérents malgré la
publicité que lui a fait l’ancien ambassadeur des États-Unis à
Caracas [37].
C’est le lendemain du referendum
illégal sur l’autonomie de la région de Santa Cruz en Bolivie,
le 5 mai 2008, que Rumbo Propio va réapparaître et constituer
une menace supplémentaire pour la Révolution bolivarienne. Ce
jour là, le Conseil législatif de l’État du Zulia (CLEZ) a
annoncé la tenue d’une session spéciale de l’Assemblée
parlementaire régionale sur le thème de l’autonomie. L’orateur
invité n’est autre que Nelson Suarez représentant de
l’organisation Rumbo Propio. Comme pour donner une dimension
nationale à cette tentative de sécession, l’ancien gouverneur de
l’État de Carabobo et candidat à l’élection présidentielle
contre Chavez en 1998, Henrique Salas Römer, affirmait le 7 mai
2008, dans les colonnes du journal El Universal,
que l’autonomie est une alternative au gouvernement de Chavez et
déclarait : « Ainsi, les revenus pétroliers ne passeront plus
par le pouvoir central et iront directement aux régions » [38].
Sans commentaires.
Il ne faut pas s’y tromper. Il
n’est pas question ici d’une quelconque autonomie, les États
régionaux vénézuéliens en disposant déjà dans beaucoup de
domaines dans lesquels ils peuvent légiférer. Il s’agit purement
et simplement de sécession. Il n’y a qu’à regarder les
« statuts » d’autonomie rédigés par Rumbo Propio pour s’en
rendre compte [39].
En plus des menaces directes, de
la guerre psychologique et médiatique, la Révolution
bolivarienne doit désormais faire face à des techniques plus
souterraines qui ont déjà fait leur preuve en Yougoslavie.
La question de « l’autonomie »,
quant à elle, s’est déjà installée dans les débats des candidats
du Zulia aux prochaines élections régionales et municipales.
Le cas de
la « mallette »
Le cas de la « mallette « va
devenir le recours privilégié des media commerciaux vénézuéliens
pour dénigrer le gouvernement. De la même manière que les
supposés révélations du matériel informatique de Raul Reyes, le
feuilleton juridico-financier de la « mallette » continue plus
d’un an après son début à révéler de surprenantes accusations.
Cette telenovela commence le 4
août 2007, lorsqu’un entrepreneur à la double nationalité
vénézuélienne et états-unienne et résidant à Miami, est arrêté
aux douanes de Buenos Aires avec une attaché-case contenant 800
000 dollars. Immédiatement et sans aucune preuve ni enquête, les
media vénézuéliens et internationaux lâchent leur verdict : cet
argent devait servir à alimenter la campagne de Cristina
Fernandez de Kirchner à l’élection présidentielle.
C’est là le début d’une saga
dont les media commerciaux vénézuéliens et les partis politiques
d’opposition se sont largement abreuvés durant la campagne du
referendum pour la réforme partielle de la Constitution. Selon
eux, cette affaire montrerait bien le haut niveau de corruption
des élites bolivariennes méprisant la dure réalité du citoyen
lambda.
Mais l’affaire va prendre alors
une autre dimension. Deux des associés du porteur de la valise,
Guido Antonini, vont être accusés, eux, d’être des agents
secrets vénézuéliens et d’avoir fait pression sur Antonini pour
qu’il ne révèle pas l’origine de cette « caisse noire ». C’est
donc devant les tribunaux de Miami que le deuxième volet de
l’affaire est jugé. Et redonne un souffle à une saga qui aurait
du s’arrêter devant la justice argentine. Nous ne nous
prononcerons pas sur un jugement en cours mais nous interrogeons
tout de même sur trois points parallèles à cette affaire. Les
media internationaux et vénézuéliens se sont offusqués qu’une
mallette de 800 000 dollars ait pu être remis au parti de
Cristina Kirchner. La justice tranchera pour savoir s’il s’agit
d’info ou d’intox. Mais pourquoi donc la machine médiatique ne
s’emballe-t-elle pas de la même manière lorsque le gouvernement
des États-Unis, à travers la NED et la USAID pour ne citer que
deux agences, a financé l’opposition bolivienne à hauteur de 120
millions de dollars par an (l’équivalent de 150 « mallettes »)
depuis l’arrivée de Evo Morales au pouvoir ? Pourquoi donc les
media internationaux n’ont-ils jamais fait mention des centaines
de millions de dollars que ces mêmes agences ont versé à
l’opposition antichaviste au Venezuela ?
Si l’entrepreneur Franklin
Duran, associé de Guido Antonini, est reconnu coupable de
« conspiration et d’être un agent vénézuélien » par la justice
de Miami, alors on peut aisément penser qu’il recevra la même
peine que les cinq agents cubains condamnés à quelques années de
plus que la perpétuité pour avoir infiltré les réseaux
terroristes anticastristes de Miami en toute transparence avec
les autorités policières des États-Unis. Le verdict contre
Franklin Duran sera donc un bon indicateur a contrario de la
culpabilité du gouvernement vénézuélien.
Enfin, la première affaire de la
mallette avait fortement servi l’opposition dans sa campagne
électorale contre la réforme de la Constitution. Le « Non » à la
réforme était associé dans leur discours au « Non » à la
corruption, faisant référence, sans preuve, au cas de la
« mallette ». Comme par le hasard du calendrier judiciaire de
Miami, le jugement concernant la deuxième affaire lié à la
« mallette » vient de s’ouvrir, un peu plus de deux mois avant
les élections et exactement 15 jours avant le lancement officiel
de la campagne électorale par le Centre National Electoral
vénézuélien. Le hasard fait bien les choses, surtout lorsqu’il
vient de Miami. Cette seconde affaire de la « malette » permet
aussi aux media commerciaux de ressasser ce thème pour ne pas se
prononcer sur les récentes tentatives déjouées de coup d’État ou
la découverte dans l’État du Zulia (dirigé par l’opposition)
d’un bazooka destiné à pulvériser l’avion présidentiel [40].
De plus, cette saga est rythmée, tout comme le fut celle de
l’ordinateur de Raul Reyes, par de nouvelles déclarations
rocambolesques au fur et à mesure que le procès se déroule à
Miami.
Comme on peut le voir, la guerre
médiatique et psychologique fait rage contre le Venezuela. De
plus, depuis le Plan Balboa en 2001 [41]
et les manoeuvres réalisées à Curaçao en 2005 [42],
jamais les États-Unis ne s’étaient montrés militairement aussi
menaçants face au Venezuela. La stratégie du séparatisme vient,
quant à elle, renforcer la pression sur la Révolution
bolivarienne. Cette guerre de « basse » intensité cherche
surtout à fatiguer le Peuple pour le pousser dans les bras de
l’opposition aux élections régionales et municipales du 23
novembre. Au niveau national, cela a débouché sur une tentative
déjouée de coup d’État en septembre [43]
et le renvoie de l’ambassadeur états-unien à Caracas [44].
Mais la poussée de la gauche en Amérique latine a changé la
donne. L’action belliqueuse des États-Unis dans ce qu’il
considère comme leur pré-carré a provoqué au cours de l’année
2008, plusieurs réponses de poids des pays latino-américains.
Alliances internationales face aux menaces de
l’Empire
Les réactions face à la
réactivation de la IVè Flotte états-unienne ne sont pas venues
que du Venezuela ou de Cuba. Le 14 juillet 2008, le sénateur
Pedro Simon, du parti du Mouvement démocratique brésilien
(centre), se dresse contre la IVè Flotte : « Si la IVè flotte
n’a pas un caractère offensif [comme la affirmé Thomas Shannon,
le vice secrétaire d’État états-unien aux affaires occidentales,
ndt.], alors c’est pour se défendre, mais se défendre de quoi ?
L’Union Soviétique n’existe plus, Fidel Castro ne gouverne plus
Cuba et Chavez est en train de changer. Il reçoit le président
de Colombie et oublie les Farc. Donc je me demande : Quel est le
motif pour relancer la IVè Flotte ? » [45].
Son rejet est suivi quelques jours plus tard par celui du
Mercosur [46].
L’inquiétude du Brésil, relayé par le président Luis Iñacio da
Silva le 18 septembre 2008 [47],
vient du fait que la IVè Flotte patrouillera dans les immenses
gisements de pétrole off-shore découverts dans les eaux
territoriales brésiliennes quelques mois plus tôt. Cette
déclaration du Brésil, du Mercosur mais aussi la préoccupation
d’autres pays latino-américains comme le Venezuela, l’Argentine,
la Bolivie, Cuba intervient dans un moment clé de l’unité
latino-américaine.
Création de
l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR)
Si les racines d’Unasur
remontent à la signature du traité de Cuzco, le 8 décembre 2004,
pour poser les bases d’une union supranationale [48],
c’est le 23 mai 2008, à Brasilia, qu’Unasur a été officiellement
lancée. Tous les pays sud-américains en sont membres. Inspirée
de l’Union Européenne, Unasur dispose dans sa volonté
d’intégration régionale d’un Conseil des chefs d’États, d’une
présidence temporaire (assumée pour un an par la présidente du
Chili Michelle Bachelet), d’un secrétariat et d’un Conseil des
ministres des Affaires étrangères. Dans un premier temps Unasur
s’est concentrée sur le développement d’infrastructure notamment
en matière énergétique. À terme, il est envisagé une monnaie
commune (qui dépendrait alors de la Banque du Sud), un parlement
élu (dont le siège serait à Cochabamba en Bolivie). La libre
circulation des citoyens des pays membres d’Unasur étant elle
déjà effective.
Mais c’est le 15 septembre, soit 4 mois après son lancement
officiel, que Unasur va s’affirmer comme une force politique
régionale en « condamnant toute rupture de l’ordre
constitutionnel » en Bolivie, en affirmant son soutien au
président Morales et en invitant au dialogue. Mais surtout en
refusant de recevoir les préfets d’opposition boliviens et en
les isolant sur la scène internationale, Unasur a démontré son
soucis d’intégration latino-américaine face aux ingérences
incessantes des États-Unis. Un nouveau bloc régional est né.
Le Conseil
de Défense régional
Le bombardement du territoire
équatorien par l’armée colombienne et ses alliés de Washington,
le 1er mars 2008 a eu un effet collatéral. Face à cette
violation de la souveraineté de l’Équateur, le président Chavez
qui avait préalablement, en janvier 2008, parlé d’une armée
commune des pays de l’ALBA, relance l’idée d’un ensemble armée
supranational.
C’est le Brésil qui va structurer cette proposition et proposer
aux pays membres d’Unasur un Conseil de Défense sud-américain
non à des fins belliqueuses mais de dissuasion. La proposition
va être reçue avec enthousiasme à Caracas, Buenos Aires et La
Paz et avec plus de réserve en Uruguay. La Colombie quant à elle
refuse de s’intégrer à cette initiative. Les États-Unis ne sont
absolument pas conviés à participer à cette initiative. Comme le
souligne Nelson Jobim, ministre de la Défense du Brésil : « J’ai
parlé avec les autorités des États-Unis et je leur ai clairement
dit que nous allons faire ce dont l’Amérique du Sud a besoin. Il
n’y aucune possibilité que les États-Unis participent car le
Conseil [de Défense] est sud-américain et les États-Unis ne sont
pas un pays sud-américain. Nous n’avons pas besoin de demander
la permission aux États-Unis pour faire cela » [49].
Le Conseil de Défense sud-américain n’a pas encore vu le jour
même si Nelson Jobim estime qu’il « pourrait devenir une réalité
avant la fin de l’année [2008] ».
Quoiqu’il en soit, ce projet
ainsi qu’Unasur démontre la volonté des pays sud-américains de
parler en tant qu’ensemble régional pour tenter d’écarter par là
l’ingérence des États-Unis. De plus, ces réponses régionales
nous aide à relativiser l’opposition qui existe, selon certains
éditorialistes, entre deux gauches latino-américaines, l’une
bonne et raisonnée incarnée par Lula et l’autre, celle d’Hugo
Chavez et de Fidel Castro qualifiée de populiste [50].
La volonté du Brésil de s’imposer comme la puissance leader dans
cette alliance régionale (son industrie militaire serait la
première à profiter d’un Conseil de Défense sud-américain)
l’oblige à sceller des alliances. Les problèmes des
latinos-américains seront désormais gérés par les
latinos-américains.
L’alliance
militaire Venezuela-Fédération de Russie
Pour répondre aux menaces
militaires étasuniennes contre son territoire, le Venezuela a
renforcé la coopération avec la Russie dans le domaine de la
défense. La Russie était un des vendeurs d’armes privilégiés par
le Venezuela. Elle est devenue un partenaire militaire. Le 10
septembre 2008, deux bombardiers TU-160 sont arrivés à Caracas
sur invitation du Venezuela. Après avoir exercé des manœuvres
pendant cinq jours, ils sont repartis en Russie. Mais comme le
souligne le porte-parole de l’état-major général de l’armée
russe, Anatoli Nogovitsyne : « La visite au Venezuela est le
premier vol de longue durée de ce type, et forts de ce potentiel
stratégique, nous devons l’entretenir » [51].
De plus, des manœuvres navales conjointes entre des vaisseaux de
guerre russes et la marine vénézuélienne vont avoir lieu en
novembre 2008 dans les eaux territoriales vénézuéliennes. Comme
le note l’analyste Ilia Kramnik : « La présence de navires
russes dans la mer des Caraïbes constitue en soi un sujet de
discussion supplémentaire mais la situation politique qui
prévaut actuellement nous oblige, qu’on le veuille ou non, à
évoquer à nouveau un retour au temps de la Guerre froide (…) Le
terme "d’exhibition du drapeau", procédé aussi vieux
qu’efficace, est ce qui caractérise le mieux le type d’action
entreprise par la Marine russe. Cette présence vise
essentiellement à manifester son intérêt pour une région et, par
la même occasion, à démontrer à un adversaire potentiel sa
capacité à l’attaquer dans telle ou telle zone d’importance
critique en cas de nécessité » [52].
Le terme de Guerre Froide utilisé par Kramnik résonne tout à
fait juste si l’on garde à l’esprit que ces manœuvres ont été
décidées peu de temps après l’embrasement dans le Caucase.
D’une manière plus générale,
tout au long de l’année 2008, et alors que s’intensifiaient les
menaces étasuniennes, la Révolution bolivarienne a su tisser des
alliances tant régionales qu’internationales pour prévenir de
toute violation possible de son territoire.
Dans le même temps, au niveau national, les élections du 23
novembre 2008, ont été amorcées dés le premier trimestre de
l’année.
Cap sur les élections régionales et municipales
du 23 novembre 2008
La division
politico-territoriale du Venezuela rend capitales les élections
régionales et municipales du 23 novembre 2008. En effet, les
larges autonomies politiques et financières accordées aux
régions et aux mairies peuvent représenter un frein au projet de
développement national du gouvernement bolivarien. Si la
Constitution définit l’État central dans son article 4 comme
« fédéral et décentralisé », les articles 167 et 179 l’obligent
à financer les États régionaux et les Municipios à hauteur de 20
% de ses rentrées fiscales [53].
L’argent étant réparti pour 30 % de ce montant pour toutes les
régions à part égales. Les 70 % qui restent sont répartis en
fonction de la population des États régionaux. L’État du Zulia
qui est le plus peuplé du Venezuela, est celui qui a reçu le
plus d’apport financier de la part de l’État central. Or le
gouverneur d’opposition Manuel Rosales utilise une partie de cet
argent pour financer son parti politique à hauteur de 5 500 000
dollars par mois si l’on en croit le député à l’Assemblée
nationale, José Luis Acosta [54].
Ce qui amène le président Chavez à avertir qu’en cas de victoire
de l’opposition dans les États régionaux, les partis politiques
qui lui font face utiliseront les ressources de l’État à des
fins déstabilisatrices. La référence à une « Media Luna »
vénézuélienne a même été évoquée en référence aux départements
gérés par l’opposition au président Morales en Bolivie.
D’autre part, certains maires ou gouverneurs utilisent ces
ressources de l’État pour les placer dans des banques privées
(généralement au travers « d’amis influents ») à des fins
spéculatives.
D’une manière générale, les mairies et États régionaux tenus par
l’opposition sont un frein à tous les projets de développement
que réalise le gouvernement bolivarien. Les prochaines élections
régionales et municipales seront donc déterminantes pour la
continuité du processus socialiste au Venezuela.
La
consolidation du Parti socialiste uni du Venezuela
L’année 2007 avait été marquée
par la naissance du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV). La
majorité des dizaines de petites formations politiques qui
appuyaient la Révolution bolivarienne s’étaient dissoutes pour
incorporer le grand parti de l’unité. Deux partis chavistes
importants avaient refusé, pour différentes raisons, d’intégrer
le PSUV : Patrie pour tous et le Parti communiste du Venezuela.
Après avoir, durant l’année 2007, élaboré des fondations et
désigné des responsables temporaires, le PSUV allait ce
soumettre à un exercice de démocratie interne de grande ampleur.
Le 9 mars 2008, les militants du
PSUV étaient appelés aux urnes pour désigner la direction de
leur parti. Afin d’éviter tout reproche de fraude, le comité
électoral temporaire décida de louer les services et la
logistique du Centre national électoral. Autrement dit,
l’élection interne du PSUV a bénéficié des mêmes critères de
rigueur démocratique que n’importe quelle élection vénézuélienne
et ce, en vertu de l’article 293 de la Constitution [55].
Tous les militants pouvaient librement se présenter à cette
élection interne. Le 9 mars 2008 au soir, le PSUV a élu une
direction permanente composés de 30 membres (15 permanents, 15
suppléants). Il est intéressant de constater que dans les 15
membres permanents, cinq viennent de l’ancien parti de Chavez,
le MVR, trois viennent de Patrie pour tous et un du Parti
communiste. Autrement dit, les cadres qui ont quitté les partis
qui se refusaient à se fondre dans le PSUV ont été plutôt bien
intégrés au sein de la direction nationale. On ne peut pas
vraiment donc parler d’un MVR bis.
Fort de cette expérience
démocratique, le PSUV va reprendre le même chemin des urnes afin
d’élire en primaires leurs candidats aux élections régionales et
municipales du 23 novembre 2008. De même que pour les élections
à la direction nationale, chaque militant pouvait se présenter à
ces primaires. Prés de deux millions et demi ( !!!) de militants
ont voté pour les multiples candidats aux 603 postes à pourvoir.
La plupart des candidats ont pu être connus le soir même. Pour
les cas en ballottage, la direction nationale du PSUV en
présence des candidats concernés a déterminé, pour des raisons
stratégiques et politiques, quel serait le meilleur candidat.
Ces résultats [56]
vont donner lieu à une clarification idéologique et sera le
début d’une mise au point avec les partis alliés. Tout d’abord,
il faut se rappeler que le président Chavez avait décidé de
lancer un Parti uni de la Révolution notamment pour en finir
avec la myriade de petites organisations politiques dont la
seule constitution tenait au chantage électoral que leur
formation pouvait alors exercer sur les partis majoritaires [57].
Autrement dit, les 1 % ou 2 % des petites formations qui
manquaient aux grands partis de la Révolution étaient âprement
négociés pour un poste facilement éligible ou pour un siège de
ministre ou de haut fonctionnaire. Le président Chavez avait
prévenu ses alliés : « Libre à vous de ne pas vous unir au PSUV,
mais ne venez pas réclamer des postes par la suite. Le Peuple au
sein du PSUV élira ses propres candidats. » Devant les résultats
obtenus aux primaires, certains militants du PSUV arrivés
clairement derrière le candidat élu ont crié à la fraude. Or ces
élections internes se sont déroulées dans les mêmes conditions
de transparence que les élections d’ampleur nationale avalisés
par différents organismes internationaux. Ces mauvais perdants
n’auraient pas mérité une seconde d’attention si les media
commerciaux n’avaient pas amplifié leurs plaintes, jetant une
fois de plus le doute sur un système électoral qui leur a
pourtant permis de remporter le referendum sur la réforme
partielle de la Constitution en 2007.
Certains partis alliés de la
Révolution voyant la possibilité d’une élection d’un de leurs
membres leur échapper vont entreprendre un bras de fer avec la
direction du PSUV. C’est le cas notamment du parti Patrie pour
tous qui a proposé à certains des mauvais perdants des primaires
du PSUV de se présenter sous ses couleurs aux élections
régionales et municipales du 23 novembre 2008. Le but est de
diviser la gauche pour pouvoir peser dans l’obtention de poste.
Fort du succès des élections primaires, le vice-président du
PSUV a convoqué plusieurs rencontres avec les dirigeants des
partis alliés pour éviter une dispersion des votes à gauche,
mais a affirmé comme principe de ces discussions l’impossibilité
de négocier les postes des candidats du PSUV. Dans certains
États et certaines mairies (dont la mairie de la Grande
Caracas), le PSUV s’affrontera donc à des candidats de gauche en
plus des candidats de l’opposition.
Dans le cas de l’État rural du
Guarico, le gouverneur chaviste en place, Eduardo Manuitt, ne
pouvaient pas se représenter car il avait déjà passé deux
mandats à la tête de l’État. Il décida de lancer sa fille pour
lui succéder. Étant lui-même un grand propriétaire terrien, un
patron d’entreprise et Gouverneur de Guarico, la perte des
autorités de l’État aurait été un manque à gagner pour sa
famille…
Devant la défaite de sa fille aux primaires du PSUV, la famille
Manuitt a maintenu la candidature de la fille du gouverneur avec
l’appui du parti Patrie pour tous. Ce fut l’occasion d’une
clarification idéologique du processus. Le gouverneur Manuitt et
sa famille obstruait depuis quelques années la construction du
socialisme et la réforme agraire dans son État. Maintenu
jusqu’alors pour des raisons stratégiques, le président Chavez
l’a renvoyé dans les rangs de l’opposition.
Il en fut de même pour le gouverneur chaviste de l’État du
Carabobo. Soupçonné d’enrichissement illicite de par sa position
à la tête de l’État régional, le général Acosta Carles se
présentera en novembre en tant que candidat indépendant. Le
président Chavez a même averti « qu’il préférait perdre un État
régional » que de faire réélire ce type de candidats.
Quoiqu’il en soit, cela modifie
le panorama électoral vénézuélien. L’opposition ne détient pas
seulement les pouvoirs exécutif et législatif de deux États
(Zulia et Nueva Esparta) comme l’affirme la plupart des media
internationaux. Depuis le retournement de veste du parti Podemos
et des deux gouverneurs mentionnés plus haut, l’opposition
possède 6 États sur 22 que le PSUV cherchera donc à gagner.
Unité
relative de l’opposition et offensive médiatique
Face au rouleau compresseur
électoral que représente le PSUV et ses deux millions et demi de
militants qui participèrent aux primaires, l’opposition a
décidé, malgré de nombreuses différences idéologiques, de
s’unir. Mais dans ce cas, point d’appel aux militants ou à la
convocation de primaires. Le critère retenu pour sélectionner un
candidat unique a été le recours à des entreprises de sondages,
ou à l’organisation Súmate, pourtant impliqué dans des
tentatives de renversement du gouvernement [58].
Les résultats ne sont pas allés
de soi, chaque candidat ayant sa propre firme de sondage qui le
déclarait gagnant. Au final, le choix des candidats uniques de
l’opposition fut le résultat de réunions à huis clos entre les
dirigeants des partis d’opposition. Et lorsqu’aucun accord n’a
pu être dégagé, alors plusieurs candidats de l’opposition
restent en lice. Par exemple, dans le municipio Chacao (base de
l’opposition à Caracas), quatre candidats de l’opposition
s’affrontent, trois de ces prétendants provenant du même parti
politique : Un Nuevo Tiempo. Il est vrai que le pactole que
représente ce municipio (un des plus riches d’Amérique latine)
semble plus important que les désirs d’unité pourtant exprimés
par les militants de l’opposition.
De manière plus générale, la
coalition d’opposition réunit des partis allant de l’extrême
gauche à l’extrême droite qui, avant l’arrivée de Chavez au
pouvoir et la nouvelle donne politique, s’étaient fait la guerre
tout au long de la période dite de Punto Fijo. L’exemple le plus
frappant de ces alliances rocambolesques vient du l’État du
Bolivar. Andres Velasquez, leader du parti La Causa R, a reçu le
soutien des partis Accion Democratica et Copei. Par le passé,
ces partis avaient organisé des fraudes électorales pour
empêcher l’accès au poste de gouverneur, puis de président lors
de l’élection de 1994 au candidat….Andres Velasquez de La Causa
R. En cas de victoire de celui-ci, on imagine la teneur des
transactions dus à ce soutien surréaliste. Et malgré cette
alliance, l’opposition part divisée dans cet État, puisque le
parti Primero Justicia a décidé de présenter son candidat.
En plus de cette unité relative,
les programmes des candidats d’opposition restent très vagues.
Généralement axés sur l’insécurité, qui reste un problème
national peu facilement gérable avec des moyens locaux ou
régionaux. L’utilisation des mécontentements de la population
est inversement proportionnelle aux solutions réelles apportées
par les candidats d’opposition. Plus généralement, les candidats
d’opposition ont ciblé leurs campagnes sur des thèmes nationaux
impulsés par les media commerciaux, comme c’est le cas avec
« l’affaire de la mallette », les « inéligibilités » et les
décrets-lois impulsés par le président Chavez.
Les
inéligibilités et les décrets-lois : véritable "aubaine" pour
une opposition en mal de programme
Le 25 février 2008, l’Inspecteur
général de la République, Closdovaldo Russian, soumet au
Tribunal suprême de Justice (TSJ), une liste de 368 noms d’élus
ou de hauts fonctionnaires soupçonnés d’irrégularités dans leur
gestion. Le 5 août, le TSJ promulgue l’inéligibilité de 272
personnes de cette liste. Parmi la liste, des personnalités
liées à l’opposition mais aussi au gouvernement. Ainsi,
l’ancienne vice-ministre des Affaires étrangères pour l’Amérique
du Nord, Mari Pili Hernandez ne peut se présenter à une élection
ni briguer un poste de haut fonctionnaire. La grande majorité
des inéligibles acceptent la sentence.
L’opposition voit dans cette
décision de justice une « aubaine » pour faire réapparaître le
sceptre déjà usé de la dictature chaviste. Mené par Leopoldo
Lopez, le maire de Chacao déclaré inéligible pour sa gestion du
Municipio et pour un détournement de fond de PDVSA au profit de
son parti politique d’alors [59],
l’opposition va se lancer dans un raid médiatique national et
international (notamment aux États-Unis et au Mercosur) pour
dénoncer ce qu’ils voient comme une atteinte à la démocratie. Et
pourtant, les condamnations se base sur les articles 91, 92, 94,
105 et 113 de la loi sur la Controlaria General de la Republica,
voté en 2002 avec la présence de députés d’opposition à
l’Assemblée nationale [60].
Comme le rappelle Sarah Testard dans un article minutieux
consacré au sujet des inéligibilités : « Il y a des dizaines et
dizaines d’hommes politiques jugés inéligibles durant ces
dernières années en France, pour divers cas de corruption.
Quelques exemples, comme celui du couple Mégret en octobre 2006,
condamnés par le tribunal correctionnel de Marseille à un an
d’inéligibilité et huit mois de prison avec sursis pour
détournement de fonds publics à la mairie de Vitrolles en
2001-2002, ou encore celui de l’ancien maire de Dijon, François
Rebsamen en octobre 2004, condamné par le tribunal administratif
de Dijon à un an d’inéligibilité pour avoir transformé le
bulletin municipal en tribune servant ses propres intérêts, ou
celui d’Antoine Aubrée, l’ancien maire de Pont-Sainte-Maxence,
condamné fin janvier à six mois de prison avec sursis et dix ans
d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Senlis,
soupçonné de délit de favoritisme sur quatre marchés publics de
la ville. La liste est longue, la France n’est pas á l’abri de
ses corrompus. Le Venezuela n’est pas une exception » [61].
Malgré cette évidence, le rejet
des inéligibilités est devenu un des thèmes centraux de la
campagne des candidats de l’opposition, au détriment des
véritables enjeux régionaux et municipaux.
Devant le vide programmatique
des candidats d’opposition et l’essoufflement de la campagne
contre les inéligibilités, l’opposition va se trouver un autre
cheval de bataille : une liste de 26 décrets-lois promulgués à
travers la loi habilitante voté en 2007 par l’Assemblée
nationale. Comme le souligne le sociologue Gregory Wilpert :
« Au Venezuela, la loi habilitante n’a rien à voir avec ce genre
de "gouvernement par décrets" puisqu’elle est limitée de
plusieurs manières. Premièrement, le président est tenu de
respecter la Constitution. Il ne lui est possible de promulguer
des décrets-lois que dans des domaines définis par l’Assemblée
nationale, pendant une période limitée fixée par celle-ci, et
uniquement s’ils sont conformes à la constitution. En d’autres
termes, il ne peut donc pas ordonner arbitrairement
l’arrestation de quelqu’un ou faire fi des droits civils
fondamentaux, par exemple. Certaines lois doivent même être
soumises à la Cour suprême, chargée d’en examiner la
constitutionnalité (…) De plus, les décrets-lois peuvent être
abolis par le plus important pouvoir de tous : les citoyens. Les
décrets-lois peuvent être annulés par un vote populaire » [62].
Ce n’était pas la première fois que Chavez utilisait la loi
habilitante. Les lois qui avaient découlés de ces premiers
« pouvoirs spéciaux » furent le déclic du coup d’État d’avril
2002.
Lorsque l’Assemblée nationale vote la loi habilitante en janvier
2007, l’opposition ne se manifeste pas trop. Hugo Chavez
bénéficie de 18 mois pour concocter des lois. À part quelques
lois marginales, le président n’utilisera la loi habilitante
(qu’)alors que le mandat donné par l’Assemblée nationale
s’épuisait. L’opposition qui, peut-être, s’attendait à ce que le
président Chavez ne promulgue aucune loi monte alors à la
charge, en dénonçant les 26 décrets-lois comme étant le calque
de la réforme partielle de la Constitution rejetée le 2 décembre
2007.
Or, les 26 décrets-lois, touchent des domaines variés qui
n’étaient pas concernés par la proposition de réforme de la
Constitution. C’est le cas des lois promulgués sur le tourisme,
le secteur financier agricole, l’habitat, les vois de
navigation, la sécurité sociale, le transport ferroviaire, et
les banques. Autrement dit, 22 des 26 décrets-lois n’ont
absolument rien à voir avec les points proposés dans la
proposition de réforme partielle de la Constitution. Drôle de
calque !!!!
Pour les quatre lois restantes (dans le domaine militaire, de
l’administration publique, et de l’économie populaire), on
retrouve en effet des thèmes proches de ceux proposés dans la
réforme partielle de la Constitution. Mais ces lois sont
soumises à des cadres dont le respect de la Constitution
actuelle. Ainsi, la loi organique sur l’Administration publique
autorise l’exécutif à nommer des responsables pour un territoire
donné afin de coordonner les œuvres du gouvernement. Le
responsable devra, bien entendu, respecter les aires de
compétences des maires et des gouverneurs élus. Ce thème se
trouvait certes dans la proposition de réforme de l’article 225
de la Constitution [63]
mais il n’entre en aucun cas en contradiction avec la
Constitution de la République bolivarienne du Venezuela.
Qu’importe, l’opposition y voit un tour de passe-passe, et
l’imposition d’une dictature de l’exécutif au Venezuela. Les
préfets français apprécieront la remarque…
De même, la loi sur l’économie populaire visant à développer un
modèle productif communautaire ne s’oppose pas au respect de la
propriété privée telle qu’elle s’exprime dans la Constitution
(et telle qu’elle s’exprimait dans le projet de réforme) mais a
développer en parallèle de nouvelles formes de propriétés.
En ce qui concerne la nouvelle loi sur les Forces armées, le
point qui fait bondir l’opposition est l’intégration de la
« Milice bolivarienne » comme corps spécial des forces armées.
La Milice bolivarienne, qui n’a évidemment rien à voir avec
celle de Pierre Laval, est la fusion du Corps de réserve et de
la Garde territoriale en charge des frontières. La proposition
de réforme de l’article 339 prévoyait d’instaurer la Milice
bolivarienne comme une des cinq armes des Forces armées (en plus
de l’armée de Terre, la Marine, l’Aviation et la Garde
nationale). Cette proposition fut rejetée et la Milice ne sera
qu’un corps « spécial » sans être un pilier des Forces armées.
Cette loi renforce aussi, en accord avec l’article 328 de la
Constitution, le caractère sociale des Forces armées et rénove
la pensée militaire vénézuélienne en se détachant des canons
imposés par l’École des Amériques et Washington depuis des
décennies.
En fait, l’approbation des 26 décrets-lois permet surtout aux
candidats d’opposition de mobiliser leurs troupes en leur
affirmant que leur vote du 2 décembre dernier n’a servi à rien.
C’est d’autant plus facile que peu de monde a lu les 26 décrets
lois. L’interprétation faussée faite par les media commerciaux
sert donc de Reader’s Digest. Bien plus fort
qu’une ébauche de programme relatif à la réalité régionale et
municipale, cette nouvelle duperie permet de jouer sur la
rancoeur et l’émotionnel. Mais à la différence de l’approbation
du Traité de Lisbonne à Versailles, le 4
février 2008, les bases de la Constitution bolivarienne n’ont
pas été ébranlées.
Le Peuple vénézuélien n’est pas dupe et le fera certainement
savoir le 23 novembre 2008.
[1]
Jean Hébert Armengaud, « Opération Emmanuelle : Retour sur un
fiasco », Libération, 1er janvier 2008.
[2]
Sorte de papillote de farine de maïs fourrée à la viande et aux
légumes et bouillie dans une feuille de bananier.
[3]
« Eléments
d’analyse après la défaite au Venezuela »,
Par Romain Migus, Réseau Voltaire, 6
décembre 2007.
[4]
« L’Albert
Einstein Institution : la non-violence version CIA »,
par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 juin
2007.
[5]
« Réforme
Constitutionnelle et Déstabilisation. Chronique d’une Révolution
en marche », par Romain Migus,
Le Grand Soir, 27 novembre 2007.
[6]
« The
Milton Friedman Prize for Advancing Liberty »,
Cato Institute.
[7]
« Le
Cato Institute, l’anarchisme vu par les multinationales »,
Réseau Voltaire, 10 février 2005.
[8]
« Baduel :
un “rebelde” ungido por Dios », par
Iván Oliver Rugeles, Aporrea, 15 mars 2008.
[9]
« La
Solution de Raul Baduel », par Victor
Poleo, Soberania, 8 juillet 2008.
[10]
« Réforme
Constitutionnelle et Déstabilisation. Chronique d’une Révolution
en marche », par Romain Migus, Op. cit.
[11]
« L’oligarchie
vénézuelienne tente de provoquer une crise alimentaire »,
par Salim Lamrani, Réseau Voltaire, 13 mars
2007.
[12]
« Loi d’expropriation pour cause d’utilité publique ou
sociale », Gazette officielle n° 37.475, 1er
juillet 2002.
[13]
Pour un point de vue plus large sur cette question, « La
nationalisation de Santander au Venezuela et son contexte
politico-judiciaire-financier », par
Danielle Bleitrach, Changement de Société,
1er août 2008.
[14]
Voir le documentaire Tocar y Luchar,
disponible sur
Google Video (72 minutes).
[15]
« La propriété privée est toujours respecté dans la réforme
constitutionnelle », par Alejandro Uzacategui, (texte inédit).
[16]
« Reimpulso
Productivo », Ministerio del Poder
popular para la Planificacion y Desarrollo.
[17]
Voir les
multiples textes sur ce débat au sein de la gauche.
[18]
Proyecto Nacional Simon Bolivar. Primer Plan
Socialista del desarrollo Economico y Social de la Nacion para
el periodo 2007-2013, Republica Bolivariana de Venzuela,
Presidencia, Septiembre 2006.
Téléchargement.
[19]
« Cocaïne,
pétrole et mercenaires », par Paul
Labarique, Réseau Voltaire, 25 février 2004.
[20]
« Opération
"Juste Cause" au Venezuela ? », par
Romain Migus, Réseau Voltaire, 31 janvier
2008.
[21]
« Venezuela
cierra su embajada en Bogotá y moviliza al ejército a la
frontera con Colombia »,
Réseau Voltaire/Venezolana de Televisión/Agencia
IPI, 2 mars 2008.
[22]
« La
Colombie, Interpol, et le cyberguérillero »,
par Maurice Lemoine, Le Monde Diplomatique,
juillet 2008.
[23]
« L’ordinateur
de gauche et l’ordinateur de droite
», par Romain Migus, Réseau Voltaire, 17
mai 2008.
[24]
« Petición
en Congreso de EEUU para resolución contra Venezuela »,
par Nestor Ikeda, Associated Press, 14 mars 2008.
[25]
« Opération
manquée au Venezuela », par Thierry
Meyssan, Réseau Voltaire, 18 mai 2002.
[26]
« De
la guerre médiatique à la lutte armée »,
par Aram Aharonian, Réseau Voltaire, 27 mai
2004.
[27]
« Derrière
le masque démocratique de l’opposition vénézuélienne, une
"révolution orange" ? », par Romain
Migus, Risal, 28 novembre 2006.
[28]
« On
va en finir avec ce gouvernement de guérilleros »,
par Jorge Chávez Morales, Bellaciao, 10 août
2006 (article originel paru le 17 juillet 2006 dans
Ultimas Noticias. Version française de
Guadalupe Saenz).
[29]
Voir par exemple : « Ma
vie en taxi », par Charles Dantzig,
Libération, 17 novembre 2007.
[30]
« Le
programme Rose-Brun du candidat anti-Chavez »,
par Romain Migus, sur le site de Michel Collon, 5 octobre 2006.
[31]
« Ministro
colombiano de Defensa lidera conjura contra Venezuela »,
Agencia bolivariana de noticias (ABN), 17 septembre 2008.
[32]
« Chávez
advierte que Venezuela no permitirá navegación de flota naval
estadounidense », El
Universal, 3 août 2008.
[33]
« La
Guerra Fría del Siglo XXI », par Eva
Golinger, Aporrea, 19 septembre 2008.
[34]
« La
NED, nébuleuse de l’ingérence "démocratique" »,
par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22
janvier 2004.
[35]
« L’USAID
et les réseaux terroristes de Bush »,
par Edgar González Ruiz, Réseau Voltaire, 17
août 2004.
[36]
Site officiel de
Rumbo
Proprio.
[37]
L’ancien ambassadeur des États-Unis au Venezuela (ancien consul
à Maracaibo et aujourd’hui en poste à Bogota), William
Brownfield, avait déclaré lors d’une visite à Maracaibo en
compagnie du gouverneur d’opposition Manuel Rosales : « Comme
vous le savez, j’ai toujours beaucoup aimé la République
Indépendante du Zulia ». Manuel Rosales n’avait alors pas dit un
mot pour défendre l’intégrité de la Nation vénézuélienne.
[38]
« Salas
Römer propone proyecto de autonomías como alternativa »,
par Reyes Theis, El Universal, 7 mai 2008.
[39]
Pour une analyse de ces propositions, « L’empire
étasunien à l’assaut des Etats-Nations Latino-américains »,
par Romain Migus, Le Grand Soir, 13 mai
2008.
[40]
Planes de magnicidio : Autoridades incautaron
cañón de largo alcance y granadas en el estado Zulia, par
Yesenia Chacón, ABN / VTV / Aporrea.org, 24 septembre 2008.
[41]
Exercice militaire réalisé conjointement par les forces armés
espagnoles et l’armée étasunienne. Cette « simulation »
prévoyait notamment l’invasion du Venezuela pour répondre à la
menace terroriste. « ¿Conoce
usted El Plan Balboa ? Invadida Venezuela en “juego de guerra”
de la Otan », Radio
Nacional de Venezuela, 9 mai 2004.
[42]
Bush Vs. Chávez : La guerra de Washington en
Venezuela, par Eva Golinger, ed. Monte Ávila, 2006.
[43]
« Develan
plan conspirativo de militares activos y retirados contra
presidente Chávez », Agencia
bolivariana de noticias (ABN), 10 septembre 2008.
[44]
« Venezuela
expulsa a embajador de EEUU en solidaridad con Bolivia »,
Agencia bolivariana de noticias (ABN), 11 septembre 2008.
[45]
« Disparan
contra la IV Flota », par Darío
Pignotti, Pagina 12, 14 juillet 2008.
[46]
« Mercosur
rechaza el regreso de la IV Flota de EEUU a aguas sudamericanas »,
Efe, 29 juillet 2008.
[47]
« Lula,
preocupado por la IV Flota »,
Pagina 12, 18 septembre 2008.
[48]
« L’intégration
latino-américaine est une utopie réalisable »,
entretien avec Hugo Chavez ; « Les
Sud-Américains choisissent entre deux projets d’intégration »,
par Edgardo Lander, Réseau Voltaire, 13
janvier et 1er juillet 2005.
[49]
« Avanza
creación del Consejo Sudamericano de Defensa »,
Adn Mundo, 15 avril 2008.
[50]
Lire à ce sujet : « Un
"complot" fomenté par Philippe Val et Alexandre Adler ? »,
par Henri Maler et Mathias Reymond, Acrimed,
19 mai 2006 ; et « Philippe
Val s’écrase sur la cordillère des Andes »,
Le Plan B, n°3, juillet-septembre 2006.
[51]
« Tu-160
russes au Venezuela : renforcer la coopération militaire »,
RIA Novosti, 13 septembre 2008.
[52]
« La
Marine de guerre russe met le cap sur le Venezuela »,
par Ilia Kramnik, RIA Novosti, 24 septembre 2008.
[53]
Article 167 et 179 de la Constitution de la
République Bolivarienne du Venezuela.
Version française.
[54]
« Denuncian
que gobernación zuliana da al mes Bs.F. 12 millones a partido
UNT », par Yesibeth Rincón,
Panorama, Radio Mundial, 18 juillet 2008.
[55]
« Le pouvoir électoral a pour fonction (…) d’organiser les
élections des syndicats, des corporations professionnelles et
des organisations à caractère politique dans les termes signalés
par la loi. Ainsi, il peut organiser les procédure électorale
des autres organisations de la société civile à leur demande, ou
sur ordre de la chambre Electorale du Tribunal Suprême de
Justice », Article 293 de la Constitution de la
République Bolivarienne du Venezuela.
Version française.
[56]
Consultables sur le
site du Centre National Electoral.
[57]
En décembre 2005, avant le boycott des grandes formations de
l’opposition, 446 partis avaient initialement déposés des
candidatures pour les élections législatives. En décembre 2006,
25 partis politiques soutenaient le candidat Hugo Chavez.
C’est-à-dire que l’électeur disposaient de 25 choix différents
pour voter pour Hugo Chavez. Fort du résultat qu’elles
accomplissaient, les formations politiques négociaient des
postes par la suite.
[58]
Expediente $úmate par Antonio Guillermo
Garcia Danglades, Caracas, 2006 et Code Chávez ;
CIA contre Venezuela, par Eva Golinger, ed. Oser Dire, 2006.
[59]
Avant de recevoir des fonds millionnaire de la part de
l’Institut Républicain International dirigé par John MacCain au
sein de la NED, le parti Primero Justicia a bénéficié de fonds
de PDVSA lorsque Leopolo Lopez y travaillait comme Analyste
Economique et sa mère, Antonieta Mendoza de López, comme
directrice du département de Service de l’entreprise pétrolière.
[60]
Ley Orgánica de la Contraloría General de la
República y del Sistema Nacional de Control Fiscal, Gaceta
Oficial de la República Bolivariana de Venezuela, nº 37347 datée
du 17 décembre 2001.
Téléchargement.
[61]
« L’"inéligibilité",
nouveau faux-fuyant de l’opposition au Venezuela »,
par Sarah Testard, Bellaciao, 3 octobre
2008.
[62]
« Polémique
sur les pouvoirs spéciaux de Chavez »,
par Gregory Wilpert, Venezuela Analysis, 6
février 2007. Version française de Chloé Meier Woungly-Massaga,
pour Risal, 30 mars 2007.
[63]
Reforma de la Contitucion de la Republica
Bolivariana de Venezuela, 2 novembre 2007.
Téléchargement.
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