Syrie
La volonté populaire a évité à la Syrie
l’holocauste prémédité par ses ennemis
Bachar al-Assad
Dimanche 24 février 2019
Discours devant les chefs des
Conseils locaux des gouvernorats syriens
Mesdames
et Messieurs,
Je suis
heureux de vous rencontrer dans le cadre
de votre première grande réunion suite à
des élections dont la simple tenue
constituait l'un des principaux paris de
l'État, vu qu’elles sont venues
couronner une étape importante du
processus de défaite du terrorisme et du
rétablissement de la sécurité, confirmer
la force du peuple et de l’État, prouver
l’échec du pari des ennemis consistant à
transformer l’État syrien en un État
défaillant incapable d’assumer ses
obligations constitutionnelles.
De
l’administration locale prévue par la
Loi 107 à la décentralisation globale
voulue par les États ennemis
L’administration locale fut une
expérience importante dans la mesure où
elle visait à renforcer le rôle des
citoyens dans la gestion de leurs
affaires et à les faire participer aux
prises de décisions concernant l’avenir
de leur région. Comme toute expérience
elle révéla des avantages et des
inconvénients, mais avec le temps il est
apparu que son concept avait besoin
d’être développé et que sa loi avait
besoin d’être amendée. D’où la
publication de la Loi 107 de 2011 : un
pas important destiné à en améliorer
l’efficacité par davantage d'autonomie
accordée aux municipalités et plus de
décentralisation administrative dans la
gestion des affaires sociales.
Il avait été
prévu que la mise en application de la
totalité des dispositions de la Loi 107
se ferait sur cinq ans. Son adoption
ayant coïncidé avec le début de la
guerre a totalement retardé son
application et les élections. C’était là
une conséquence normale du fait que
nombre de régions avaient échappé au
contrôle de l'État. Mais maintenant que
ces élections ont eu lieu et que la
situation sur le terrain s’est
améliorée, nous avons une sérieuse
opportunité de progression dans le cadre
de l'administration locale ; progression
qui se répercutera de manière positive
sur tous les aspects de la vie en Syrie,
à condition de bien saisir les objectifs
de cette Loi.
Son objectif
principal est d’atteindre l'équilibre de
développement entre les régions en
conférant aux « unités locales » les
prérogatives nécessaires au
développement de l’économie, de
l’urbanisme, de la culture et des
services dans leur région, avec tout ce
que cela implique de contributions à
l'amélioration du niveau de vie des
citoyens par la création de projets et
d’emplois, en plus de services destinés
à les soulager localement, notamment
dans les régions reculées du pays.
Il n’est plus
possible de continuer à gérer les
affaires de la société et de l’État, ou
de réaliser un développement équilibré,
par les méthodes appliquées depuis des
décennies et toujours en vigueur
aujourd’hui. Ainsi, en 1971, année de
l’adoption de la précédente loi relative
à l’administration locale, la population
syrienne était d’environ sept millions
d'habitants, alors qu’en 2011, année de
l’adoption de la Loi 107, le nombre de
syriens résidents inscrits s’élevait à
22 millions ; d’où plus que le
triplement de la population en l’espace
de quatre décennies. Plus important
encore, la multiplication des
compétences du fait de la diffusion de
l'enseignement à tous les niveaux ; ce
qui signifie que les unités locales que
vous représentez sont désormais plus
aptes à s'acquitter de leurs missions
sans s’appuyer entièrement sur les
autorités centrales.
Cependant,
nous devons prendre en compte la
disparité des compétences scientifiques
et professionnelles entre les
gouvernorats comme, par exemple, entre
les gouvernorats de Damas ou d’Alep et
les autres, ou entre les campagnes et
les villes. Une disparité qui fait que
l’application de cette loi devra être
progressive afin d’éviter la création
d’un hiatus de développement entre les
régions, ce qui est contraire à l'esprit
de la Loi 107.
Lorsque vous
gérez les détails du quotidien dans
votre région, les institutions centrales
peuvent assumer leur rôle de
surveillance et se consacrer davantage
aux politiques et stratégies globales
plutôt que de se noyer dans les détails,
comme c'est actuellement le cas. Par
ailleurs, le lancement de projets de
développement au niveau local pourra
s’intégrer aux projets de développement
stratégiques de l'État. D’où un
investissement optimal des ressources
financières et humaines avec une
réduction des délais nécessaires au
processus de développement national.
Et alors que
nous connaissons tous le problème de
l’imprécision des chiffres en Syrie, un
point important probablement négligé par
certains est que les unités locales
réparties sur tout le territoire sont la
meilleure source de statistiques
indispensables aux autorités centrales
pour une planification réaliste et mieux
adaptée aux besoins des citoyens et de
la nation.
D’un autre
côté, la participation de la communauté
locale qui identifie ses besoins et gère
ses ressources, ainsi que la
participation du citoyen qui surveille
ses performances et éventuellement
rectifie tout déséquilibre affectant son
travail, renforcent le partenariat des
citoyens avec les institutions
étatiques, améliorent leur perception
des problèmes que ces institutions
peuvent rencontrer et leur confèrent la
capacité de proposer des solutions
pratiques au lieu de se limiter à
attendre ce que le responsable leur
propose.
Nous
demandons toujours une solution venue du
haut du sommet vers la base. Dans ce
cas, la solution est censée venir du
haut et de la base, laquelle pourrait
parfois se révéler plus apte à proposer
des solutions tactiques, les solutions
stratégiques étant l’affaire de l’État.
C’est ce partenariat entre le sommet et
la base qui règlerait la plupart de nos
problèmes, notamment dans les
circonstances actuelles : celles de la
guerre. Ainsi, le citoyen ne se contente
plus de critiquer, mais participe et
assume sa part de responsabilité
nationale, ce qui développe son lien
avec sa terre et sa patrie tout en
développant le dialogue et l’entraide
entre les différentes catégories de la
société face aux défis auxquels elle est
confrontée.
Nous parlons
donc d’un « partenariat entre tous » aux
niveaux de l'État et de la société,
véritable expression de l’un des aspects
les plus importants de la pratique
démocratique et, en même temps, l’outil
du progrès de la pensée démocratique qui
ne peut se construire que sur le
dialogue général et permanent en lien
avec les institutions ; lesquelles
transforment les paroles en actes et
font de la démocratie un outil
constructif, non un outil destructif
comme le voudraient nos ennemis.
Ainsi, si
vous reveniez aux études publiées tout
au long de la guerre sur la Syrie par
divers centres de pays soutenant le
terrorisme et aux déclarations de nombre
de leurs responsables, vous remarqueriez
que leur politique syrienne s’appuie sur
deux supports : premièrement, le support
temporaire du soutien au terrorisme dans
le but de contrôler le plus grand espace
possible de la géographie syrienne ;
deuxièmement, le support durable de la
décentralisation globale, qui n’a rien à
voir avec la Loi 107 dont nous parlons,
puisqu’elle marginalise l’État, sape son
autorité, le réduit à un rôle de
représentation avec, pour conséquences,
la réduction de la souveraineté et
l’affaiblissement des concepts
nationaux, le tout menant au recul de la
cohésion nationale, puis à la division
de la société, puis à la partition
géographique de la patrie.
De
l’échec de la partition géographique
planifiée par les ennemis à la
frustration des traitres à la patrie
Une partition
dont le schéma, comme nous le savons
tous, a été planifié depuis des
décennies et qui ne s’arrête pas à la
frontière syrienne, mais inclut la
plupart des États de cette région.
Objectif qui ne peut être atteint qu’à
la faveur d’une véritable division
sociale, ce qui n’est pas le cas en
Syrie. Si tel avait été le cas, la
partition aurait pu se concrétiser au
cours des premières années ou, et c’est
mon avis, dès les premiers mois de la
guerre. Mais il semble que nos ennemis
aient l’esprit borné et ne tirent
toujours pas les leçons de leurs erreurs
passées, ce qui pourrait se révéler bon
pour nous.
S’il est vrai
que les réalités sur le terrain syrien
ainsi que les réalités politiques
locales et internationales n’ont cessé
de changer au cours de cette guerre,
deux faits sont restés inchangés : le
premier est le plan hégémoniste des
États occidentaux menés par les
États-Unis, non seulement sur la Syrie,
mais sur le monde entier; le deuxième
est la ferme volonté de résistance de
notre peuple.
Et maintenant
que le terrorisme recule et que la
sécurité revient pour des millions de
Syriens libérés dans nombre de villes et
villages, chaque pouce de terre libérée
frustre un ennemi, chaque pouce de terre
purifiée désespère un traitre, un
collaborateur ou un mercenaire. Pourquoi
se plaignent-ils ? À les lire ou à les
écouter, ils se plaignent de l’abandon
de leurs parrains !
Vous les
collaborateurs, je suis surpris de vous
voir déçus par l’abandon de vos parrains
qui n’ont fait qu’appliquer les règles
du jeu avec beaucoup de précision. Dès
le début vous vous êtes mis, vous-mêmes
et la patrie, en vente. Je n’ai pas dit
que vous aviez vendu vos principes, vous
n’en avez fondamentalement pas. Vous
vous êtes proposés et vous avez proposé
la patrie à la vente à un moment où il y
avait une forte demande sur ce genre de
marchandise. Vous avez donc été achetés
et vous avez touché vos récompenses
mirobolantes. Mais en dépit de toutes
les améliorations, rectifications et
opérations cosmétiques dont vous avez
bénéficiées, vous n’avez pas réussi à
remplir les missions dictées par vos
nouveaux propriétaires. Ils ont alors
décidé de vous vendre en période de
soldes, vu qu’entretemps la demande sur
le marché international des esclaves
avait baissé. Ils ne trouveront
probablement personne pour vous acheter
même gratuitement, voire avec une grosse
liasse de billets en prime. Personne ne
voudra de vous.
Mais si vous
avez été achetés, la patrie n’a pas été
vendue. Car la patrie a de véritables
propriétaires, non des voleurs. La
patrie possède un peuple qui la
considère comme son âme, si elle meurt,
il meurt avec ; tandis que les courtiers
tels que vous la considèrent comme une
marchandise, si elle disparait, ils la
remplacent après en avoir touché le
prix. « La patrie est telle l’âme » est
une expression que vous ne pouvez pas
comprendre. « La patrie est sacrée » est
une expression dont le sens vous
échappe, car vous n’êtes que des
courtiers bon marché qui ne goûtent que
l’humiliation et le déshonneur et ne
méritent que le dégoût et le mépris.
Au bout de
toutes ces années, ces collaborateurs
avec l'étranger n’ont toujours pas saisi
la règle évidente qui veut que rien
n’est plus valorisant que l’appartenance
au vrai peuple. Ils n’ont toujours pas
compris que le peuple virtuel issu de
leur imagination malade et qu’ils
prétendent représenter n’existe pas.
Tout comme ils n’ont pas compris que la
voie qui mène vers le peuple ne passe
pas par les services du renseignement de
pays étrangers car elle est directe,
fondée sur l’honnêteté et la clarté, non
sur la trahison et l’hypocrisie.
Si je répète
aujourd’hui ce que j’ai dit depuis le
début de la guerre quant à l’impasse
dans laquelle ils ont choisi de
s’engouffrer, je réaffirme aussi que le
seul moyen d’inverser leur erreur est
qu’ils rejoignent la voie des
réconciliations, déposent leurs armes et
cessent de se mettre à la disposition
des ennemis si tel est le cas. C’est
parce que le peuple est grand en son
cœur qu’il est capable de leur pardonner
s’ils reviennent vers lui en toute
sincérité. En effet, autant notre peuple
est enraciné dans son Histoire, autant
il regarde vers l’avenir au lieu de se
tourner vers le passé, aussi amer et
douloureux soit-il. La mémoire est
l’affaire des évènements du passé et la
source de leçons à retenir, non de
haines à accumuler.
Et les leçons
et les expériences sont les deux
éléments qui bâtissent les nations et
les patries et leur donnent force et
immunité. C’est parce que la Syrie est
forte qu’elle a résisté. Et c’est parce
qu’elle a courageusement fait face à la
guerre qu’elle en sortira plus forte
encore et plus solide. La meilleure
preuve de cette force est venue de nos
Forces armées ; lesquelles ont réussi,
avec le concours des forces supplétives
et le soutien des alliés, des amis et
des frères, à vaincre les terroristes
dans la plupart des régions du pays. Et
nous savons tous que ce qui a été
réalisé n’aura été possible que grâce au
large soutien populaire, fondé sur la
profonde conscience de notre peuple et
l'unité nationale des différentes
composantes de notre société.
Certains
pourraient penser que les termes
« soutien populaire » ne concerneraient
que la majorité des citoyens présents
dans les zones contrôlées par l’État,
alors qu’en vérité ils concernent tout
autant les citoyens retenus contre leur
gré dans des zones tombées sous le
contrôle des groupes armés. S’ils
tentaient d’en sortir, ils risquaient de
se faire tuer, ce qui n’a pas empêché
certains d’entre eux de rester en
contact avec nombre d’organisations
gouvernementales, de transmettre des
informations, de souffler des idées et
d’insister constamment sur la nécessité
du retour de l'Armée et des
Institutions, quitte à en payer le prix.
Dans ce
contexte, ce que je veux souligner est
qu’il n’a été possible de protéger la
patrie et d’éviter qu’elle tombe dans
l’holocauste qui lui avait été préparé,
sans la « volonté populaire » unifiée de
toutes les franges et composantes de la
société syrienne. Une vérité qui réfute
le récit des ennemis toujours acharnés à
démontrer que ce qui se passe en Syrie
est une guerre civile, un conflit entre
groupes religieux, confessionnels ou
ethniques.
Par
conséquent, nous Syriens, nous savons
avec certitude que la guerre a eu
exclusivement lieu entre nous et le
terrorisme ; que nous sommes en train de
gagner ensemble, non les uns contre les
autres ; que n’importe laquelle de nos
victoires a été exclusivement remportée
contre le terrorisme, abstraction faite
de sa nationalité ; que le fait qu’un
certain nombre de Syriens se soient
plongés dans le terrorisme et la
trahison ne signifie en aucun cas qu’ils
représentent une frange de notre
société, mais plutôt le côté obscur
pouvant affecter n’importe quelle
société, mener à la disparition des
valeurs et de la morale, aux crimes, à
l’extrémisme et à la corruption avec,
pour résultat, la perte de
l’appartenance à la patrie ; laquelle
perte se trouve être le meilleur
carburant utilisé par les ennemis de
l’intérieur et de l’extérieur pour
démanteler la patrie.
De la
préparation anticipée du « dossier des
réfugiés » par les ennemis à
l’obstruction de leur retour vers leur
patrie
Les Syriens
ont terriblement souffert de cette
guerre. Nous n’oublions pas qu’une bonne
part de cette souffrance résulte de
l’exode vers l’étranger imposé par le
terrorisme à des millions de citoyens,
avec tout ce que cette situation
comporte de difficultés, d’humiliations,
de traitements inhumains des réfugiés,
en plus de leur exploitation aux niveaux
politique, financier et humain.
Autant
l'État, ainsi que ses institutions
militaires et civiles, ont tenté
d’atténuer les souffrances des personnes
déplacées à l'intérieur du pays et ont
travaillé à les ramener dans leur ville
ou village après leur libération ;
autant ils ont simultanément travaillé
au retour des réfugiés de l’étranger
vers leur patrie, seul moyen de mettre
fin à leurs souffrances. Le principal
facteur ayant ralenti ce retour est, en
vérité, le fait des pays concernés par
« le dossier des réfugiés ».
Ce n’est plus
un secret pour vous que l’un des
principaux piliers du plan de guerre sur
la Syrie est justement la question des
réfugiés et nous savons tous que la
préparation de ce dossier a commencé
environ un an avant le début de la
guerre, via l’installation de camps pour
réfugiés dans des pays limitrophes, dans
le but de préparer une situation de
souffrances humaines et d’en imputer la
responsabilité à l’État syrien.
Évidemment, plus le nombre de réfugiés
est grand, plus la condamnation de
l’opinion publique internationale se
renforce, plus les possibilités de
sanctions sévères contre le peuple
augmentent, étant donné que l’État
syrien est prétendument le seul
responsable de toutes ses souffrances,
que ces sanctions soient compatibles ou
non avec le droit international.
Ce à quoi il
faut ajouter que le grand nombre de
réfugiés de ces dernières années a été
une source majeure de corruption
exploitée au maximum par des
responsables de pays souteneurs du
terrorisme et d'organisations supposées
acheminer l'aide humanitaire ; laquelle
aide, comme nombre d’entre nous ne
l’ignore plus, a fini par être livrée
aux terroristes ou à certains
responsables de pays d’accueil des
réfugiés syriens.
Tout ce qui
précède signifie que la solution de la
question des réfugiés va priver ces
responsables de leur argumentation
politique et de leurs avantages
matériels. C’est pourquoi ils restent
accrochés bec et ongles au dossier des
réfugiés, car la résolution de cette
question plus la défaite des terroristes
sur le terrain signifient l’effondrement
des piliers du plan ourdi contre la
Syrie. Ce qui explique que vous entendez
encore, de temps à autre, les
déclarations extrêmement odieuses de
responsables américains, européens ou
d’autres États souteneurs du terrorisme
s'opposant ouvertement au retour des
réfugiés sous des prétextes absurdes et
peu convaincants, subordonnés à « la
solution politique » ou à des garanties
politiques.
À ajouter
également la propagande incessante
destinée à persuader des réfugiés et des
expatriés syriens, établis depuis de
nombreuses années à l'étranger, qu’en
cas de retour ils seront arrêtés dès
leur arrivée. Nombre d’entre eux ont cru
à ces rumeurs et n’ont pas osé rentrer
en Syrie depuis des années, d’autres ont
tenté l’aventure et n’en reviennent pas
de ne pas avoir été incarcérés.
Ces mensonges
ont commencé à s'estomper, tandis que
nous n'avons pas cédé à la réalité
qu'ils ont tenté d'imposer. En effet,
l’année dernière nous avons réussi à
rapatrier des dizaines de milliers de
réfugiés après avoir sécurisé leurs
régions. Naturellement, nous ne pouvons
pas permettre aux sponsors du terrorisme
de transformer leurs souffrances en une
carte politique exploitée pour leur
propre bénéfice. Si les réfugiés syriens
sont pour eux de simples chiffres, ils
sont à nos yeux une famille retrouvée et
une dignité restaurée dans une histoire
humaine. Par conséquent, le succès de
vos missions consistant à garantir une
infrastructure qui permettrait la
reprise de leur vie encouragera nombre
d’entre eux à revenir en Syrie.
Une fois de
plus, j’appelle tous ceux qui ont quitté
le pays à cause du terrorisme à rentrer
pour remplir leurs devoirs nationaux et
contribuer à la construction de leur
pays. La patrie appartient à tous ses
enfants tant qu’ils lui témoignent leur
sincère attachement en leur âme, leur
esprit et leur cœur, non seulement par
leur identité et leur passeport. Elle
appartient à celui qui y travaille dans
la fidélité, non à celui qui trahit son
peuple ; à celui qui la défend contre
l'agression, non à celui qui conspire
contre elle et la détruit.
La patrie a
aujourd'hui besoin de tous ses enfants,
car les défis à venir sont grands, à
commencer par les soins des âmes malades
qu’il faudra délivrer de la haine, de
l’ignorance, du défaitisme et nourrir de
valeurs, de morale et de concepts
patriotes. Tout cela nécessite un
dialogue national mature et à grande
échelle. Il est vrai que notre
conscience nationale a neutralisé la
plupart des idées empoisonnées
distillées par nos ennemis au cours des
différentes phases de la guerre, mais le
plan ennemi est toujours actif avec, à
chacune de ses étapes, son poison et ses
méthodes.
De
l’importance du dialogue fédérateur à la
nécessité d’une critique objective
Malgré toutes les réalisations
militaires et politiques, certains
d’entre nous continuent à tomber dans
les pièges tendus par l’ennemi afin de
diviser la société et nous mener vers
une rapide défaite. Ceux-là ne sont pas
toujours animés de mauvaises intentions,
certaines de leurs
idées sont a priori patriotes et
d’inspiration locale, tandis que
d’autres idées leur sont soufflées via
les médias sociaux de l'étranger. C’est
pourquoi, j’affirme que le dialogue est
nécessaire à condition de distinguer
entre les propositions fédératrices et
celles menant à des divisions à un
moment où
nous avons le plus besoin d’unité pour
aborder des questions essentielles.
Nous devons nous concentrer sur les
points communs fédérateurs au sein de la
grande diversité syrienne. Nous devons
généraliser la culture de la diversité,
synonyme de richesse, plutôt que la
culture du rejet de l’autre propagée et
exploitée par nos ennemis. Et puisque
nous parlons de dialogue, j’aimerais
revenir sur les discussions ayant envahi
la société à différentes étapes de la
crise suffocante vécue ces dernières
semaines à cause des pénuries en gaz et
plusieurs autres matières premières. Un
sujet qui, à mon avis, exige de
commencer par discuter des évidences,
lesquelles peuvent servir de base à un
accord sur la méthodologie du dialogue.
Dans le cas de la crise en question :
·
La
première de ces évidences est que les
plaintes des Syriens sont justifiées par
une vraie souffrance endurée par la
plupart, dont probablement vous-mêmes.
Une souffrance réelle, ni simulée, ni
exagérée et dont les effets sont
toujours perceptibles.
·
La
deuxième évidence est que les critiques
entendues sont nécessaires en cas de
défaillance ou de négligence, à
condition qu’elles soient objectives.
·
La troisième
évidence est que le dialogue est ce
qu’il y a de plus utile et de plus
indispensable à toute société, à
condition qu’il soit fondé sur des faits
et mène à des solutions.
Dire que le
dialogue doit se fonder sur les faits,
non sur les émotions, ne signifie
évidemment pas que nous devrions
empêcher une personne qui souffre
d’exprimer ses émotions. Je parle des
émotions simulées par des opportunistes
qui cherchent à être applaudis, admirés
ou « likés » par le plus grand nombre
sur les sites de réseaux sociaux. Le
dialogue qui repose sur les faits permet
justement de trier ceux qui simulent de
ceux qui endurent de véritables
souffrances. Ce n’est qu’alors que nous
ferons la distinction entre le problème
interne dont nous souffrons en tant que
grande famille syrienne et le problème
qui nous est importé de l'étranger.
Je
ne suis pas ici pour attaquer les
opportunistes et justifier ce qui se
passe, l'opportunisme est présent dans
toutes les sociétés et les opportunistes
flottent à la surface dans toutes les
crises et plus la crise s’aggrave, plus
ils se manifestent. C’est une évidence.
Je ne suis pas ici pour attaquer les
ennemis dont le rôle est une autre
évidence. Je ne suis pas ici pour
attaquer les réseaux sociaux non plus.
S’ils créent un
chaos, ils ne sont que des outils dont
nous déterminons, en tant qu’être
humains, l’utilité ou la nuisance. Je ne
suis pas ici pour nier la négligence, la
corruption, le blocus ou tout autre
problème dont nous souffrons
effectivement. Je pense que nous sommes
tous d’accord sur l’ensemble de ces
sujets, mais alors : où est le
problème ?
Le problème
est qu’il nous arrive de mettre tous ces
sujets dans le même panier et de
chercher à les traiter en un seul bloc.
D’où notre impossibilité à résoudre les
effets de causes différentes par des
solutions spécifiques. Par ailleurs,
nous discutons de nos propres problèmes,
mais le dialogue n’est pas nôtre. C’est
le dialogue de gens de l’extérieur
entrés sur la ligne. Ce qui ne veut pas
dire qu’ils nous inventent des problèmes
qui n’existent pas. Mais, parfois ils
procèdent en dramatisant
un
petit problème et en
minimisant un grand problème pour qu’il
demeure non résolu ; d’autrefois, ils
nous inventent des problèmes marginaux
pour disperser notre attention. Plus
grave encore est le cas où ils abordent,
avec nous, les vrais problèmes en
commençant par en transformer les
causes.
C’est ainsi
que le problème lié à la corruption
devient le résultat de la négligence,
tandis que le problème lié à la
négligence devient le résultat du
blocus, lequel serait le résultat de
bien d’autres causes, tandis que le
corrompu devient victime. Et c’est ainsi
que nous ne voyons plus clair et que
nous nous battons contre les moulins à
vent. D’où plus de tensions, plus de
frustrations qui perdurent et facilitent
la circulation de n’importe laquelle de
leurs élucubrations parmi nous.
De la
guerre qui n’est toujours pas terminée à
ses conséquences
Nous ne
devons pas croire que la guerre est
terminée comme ce fut le cas l’année
dernière. Je le dis aux citoyens ainsi
qu’à certains responsables. Par nature,
nous aimons parfois fanfaronner en nous
comportant comme si nous n’avions pas de
problèmes, que la guerre est derrière
nous, quand nous ne poussons pas la
romance jusqu’à dire que nous sommes
victorieux. Or, la guerre n’est pas
terminée et nous sommes toujours engagés
dans quatre types de guerre :
la
guerre militaire dont nous
constatons les résultats sur le
terrain grâce à l’héroïsme de nos
forces armées et de tous ceux qui
les soutiennent ;
-
la guerre du blocus de plus en
plus sévère et dont nous réussissons
souvent à dépasser les obstacles ;
-
la guerre de l’Internet et des
sites sociaux, un domaine où nos
adversaires l’emportent haut la
main, le plus souvent à cause de
notre imprudence dans le traitement
des informations qui nous
parviennent ;
-
la guerre des corrompus qui
dépend aussi de l’Internet.
Dire cela ne
signifie pas que je justifie la
négligence. Mais en parler implique de
préciser, pour chacun des problèmes
évoqués, à quel niveau elle se situe.
Ainsi, dans le cas de la récente crise
de pénurie du gaz domestique, je dis que
la plus grave des négligences est venue
du manque de transparence des
institutions concernées, d’où
l’impossibilité pour les citoyens de
formuler des critiques objectives faute
d’informations exactes. C’est là une
négligence qui a été discutée au
Parlement et dont le gouvernement a été
saisi. Il n’empêche que le manque de
transparence ne justifie pas de croire
n’importe quelle information vicieuse,
selon le principe : « Si un pervers vous
apporte une nouvelle, faites en sorte de
ne pas nuire à des gens par
inadvertance ».
Et
ce, d’autant plus que nous sommes
aujourd’hui confrontés à ce qui est
qualifié de Guerre de Quatrième
Génération ou « Guerre de
l’Information »
impliquant des populations entières.
D’où sur les réseaux sociaux,
l’apparition de
pages appartenant à de prétendus
patriotes supposés tout près de vous,
alors qu’elles sont publiées sur des
sites localisés à l’étranger. Une fois
que ces faussaires ont gagné votre
confiance, ils commencent à distiller
toutes sortes de rumeurs et
d’informations d’ordre sécuritaire.
D’ailleurs, nous vivons actuellement
dans une période de « rumeurs
sécuritaires » : rumeurs d’enlèvements
ou d’agressions alors que personne ne
porte plainte, rumeurs sur les taux de
change ébranlant la confiance du citoyen
en son gouvernement, etc.
Des rumeurs prises en compte sans
vérification aucune même lorsqu’elles
concernent la santé de celui qui leur
accorde un crédit injustifié.
D’où, à ce stade, une situation qui
exige une extrême prudence, car du fait
de leur échec via le terrorisme, puis
via leurs agents syriens, ils passeront
à un troisième plan consistant à créer
le chaos au sein de la société syrienne.
Un chaos dans lequel plongeront certains
pour exhiber leur rhétorique, leur
éloquence et leurs critiques au lieu de
chercher des solutions. Pour ces gens
là, celui qui souffre ne compte pas,
alors qu’il ne peut pas s’offrir le luxe
de les d’écouter, a besoin de soins et
crie pour qu’on l’entende, tout comme le
patient rendu chez un médecin n’attend
ni sympathie, ni condamnation de sa
maladie, mais attend un traitement.
Pour ne pas rester dans la théorie,
intéressons-nous aux questions d’ordre
pratique : à quoi sommes-nous
effectivement confrontés ? Réponse : il
nous faut faire face à la pénurie en
certains produits, aux monopoles et aux
prix. Ces trois éléments fondamentaux
sont liés directement ou indirectement,
le principal défi étant d’assurer la
fourniture des produits manquants,
laquelle pose problèmes à trois niveaux.
En
effet, la fourniture des produits
importés dépend au premier niveau du
blocus, d’où des difficultés
d’approvisionnement supérieures à
l’acheminement des produits locaux,
difficultés que nous arrivons à
surmonter dans les deux cas, car rien
n’est impossible... En revanche, la
bataille du blocus est une bataille en
soi, comparable aux batailles
militaires. D’ailleurs au cours de ce
blocus qui s’est durci ces cinq
dernières années, voire plus, nous
gagnons souvent et perdons parfois comme
dans le cas des batailles militaires,
parce que les États ennemis modifient
leurs méthodes et que le tout dépend du
produit importé et du contexte
politique. En tout cas, c’est là une
responsabilité qui incombe aux autorités
centrales, lesquelles s’acquittent de
leur devoir autant que faire se peut en
ces circonstances.
Le deuxième
niveau concerne la distribution des
produits, certains gouvernorats restant
complètement ou partiellement démunis.
Traditionnellement, les produits locaux
ou importés sont directement remis aux
différents secteurs d’activité sans
poser de problèmes. Mais dans les
circonstances actuelles, je pense qu’il
faut organiser les distributions en
fonction de la consommation, laquelle
est fonction du nombre d’habitants, du
type d’entreprises industrielles,
agricoles ou artisanales, etc. Ce
mécanisme évitera les distributions
arbitraires et les réclamations
injustifiées. Un mécanisme que le
ministère du Pétrole a déclaré vouloir
adopter il y a quelques jours. Nous
espérons qu’il résoudra une partie du
problème.
Le troisième
niveau concerne le gouvernorat en tant
que tel. C’est à ce niveau que fusent
toutes sortes de problèmes en rapport
avec les affaires, la corruption, les
atteintes aux droits d’autrui, les
fraudes, etc. Là-dessus, mon opinion
s’est forgée bien avant la guerre et
elle pourrait vous intéresser en tant
qu’administrateurs locaux. En bref,
lorsque le nombre de citoyens augmente
par millions, il devient impossible de
se contenter d’une administration
centralisée aussi honnêtes, intègres et
géniaux seraient les responsables. C’est
à l’administration locale de jouer
pleinement son rôle en définissant les
normes et les mécanismes, en s’associant
avec les acteurs locaux pour régler les
problèmes précités ; lesquels problèmes,
mis à part les pénuries, ont toujours
existé.
Lorsque nous
aurons construit un tel système au cœur
même de cette société, il sera plus
difficile de tricher et de nuire les uns
aux autres. Par conséquent, je pense
qu’il est du devoir de votre institution
de travailler au plus vite à vos
propositions, de les transmettre aux
différents gouvernorats, puis au
ministère de l’Administration locale.
Elles seront discutées en Conseil des
ministres et vous reviendront sous forme
de décrets et, éventuellement, sous
forme de lois. C’est de cette façon que
nous trouverons de vraies solutions à
notre problème actuel qui se résume en
termes d’injustice de distribution et de
corruption, lesquelles reviennent au
même dans ce cas précis.
Abstraction faite des circonstances
actuelles de la guerre, tous les
problèmes dont nous souffrons viennent
du fait que nous disposons de bonnes
lois mais manquons de normes et de
mécanismes efficaces. Si nous ne réglons
pas cette faille, soyez sûrs que les
meilleures lois et les meilleurs
responsables ne résoudront pas nos
problèmes. Nous devons en discuter dans
un esprit mature et pratique, afin que
nul ne puisse dire
que ce peuple héroïque qui a sacrifié
ses fils, a combattu sur tous les fronts
et a survécu à l’océan de mensonges et
de complots, a fini par être noyé sous
un peu d’eau.
De ce
qui relève de la guerre à ce qui relève
de notre responsabilité
Certes, c’est
la souffrance qui nous pousse à
rechercher des solutions, mais nous ne
devons pas trahir la vérité, auquel cas
nous trahirions la patrie. Et la vérité
est qu’il y a d’une part une guerre, un
terrorisme et un blocus ; d’autre part,
de mauvais comportements, de l’égoïsme
et de la corruption. Par conséquent,
nous ne sommes pas responsables d’une
partie de ces vérités, mais nous sommes
tous responsables partiellement ou
totalement de l’autre partie. C’est
pourquoi la reconstruction des esprits
et la réparation des âmes est le plus
grand défi.
Quant à la
reconstruction physique, nous l’avons
très vite démarrée dans toutes les
régions libérées. Chaque fois que
l'Armée est entrée dans une de ces
régions, elle a été suivie par les
institutions étatiques qui se sont
chargées de rétablir l'eau,
l'électricité, les transports, les
infrastructures, répondant du mieux
possible aux besoins essentiels des
citoyens. Les plans de construction
des zones détruites ou irrégulières ont
été revus et leur mise a exécution a
commencé dans les gouvernorats de Damas,
d’Alep et de Homs. À Damas, une
partie de l’infrastructure a été mise en
œuvre par le secteur public, une autre
partie a été prise en charge par le
secteur privé.
Mais la
vérité est qu’avant la guerre, nos
ennemis savaient fort bien qu’ils nous
laisseraient une infrastructure
détruite, tout comme ils savent
aujourd’hui que nous sommes capables de
la reconstruire. Le plus difficile pour
nous est de reconstruire les structures
mentales détruites, un problème qu’il
nous faudra saisir avec beaucoup de
raison, de sérieux, de sagesse et de
créativité.
Si
nous échouons, ce sera l’occasion pour
nos ennemis de revenir attaquer la Syrie
à un moment donné et une génération
donnée.
Il
n’empêche que quand nous avancerons dans
le processus de reconstruction et de
reconsolidation de nous-mêmes, les
événements
politiques tourneront en notre faveur
même s’ils sont pleins de haine et de
complots, car une société solide et un
État fort nous permettront de faire
respecter nos principes nationaux :
-
l’avenir
de la Syrie est exclusivement
l’affaire des Syriens ;
-
les
conseils et l’aide de ses amis sont
les bienvenus ainsi que
l’Organisation des Nations Unies
tant qu’elle s’appuie sur sa Charte
fondée sur la souveraineté des
États ;
-
la
souveraineté nationale est sacrée et
le fait qu’elle ait été violée par
des terroristes et des agents de
l’étranger à l’intérieur et par une
agression étrangère de l’extérieur,
ne signifie pas qu’il faille
renoncer à son essence fondamentale
qui implique une décision
indépendante ;
-
ce qui
est soulevé au cours des discussions
portant sur la Constitution dans le
cadre du comité issu du Sommet de
Sotchi est de la même veine ; la
Constitution est le destin du pays
et ne peut faire l'objet de
concessions ou de complaisances, la
moindre faiblesse dans ce sens
pouvant coûter encore plus cher que
la guerre.
Une guerre
menée par le peuple syrien pour
justement défendre son indépendance. Il
serait donc absolument illogique qu’une
quelconque solution politique passe par
l’abandon de cette indépendance. Ce qui
implique que nous ne devons pas
permettre aux États hostiles
d’atteindre, par le biais de leurs
agents de nationalité syrienne,
n’importe lequel de leurs objectifs en
interférant dans la composition ou les
mécanismes de travail du Comité
constitutionnel, de telle sorte qu’ils
leur facilitent l’obtention de ce qu’ils
n’ont pu obtenir par la guerre.
Mesdames
et Messieurs,
Bien que
ledit « processus politique » lancé en
2012, suite à la Conférence de Genève,
n’a abouti à rien parce que les États
agresseurs persistent dans leur
agression et bloquent tout processus
sérieux, notamment ceux de Sotchi et
d’Astana, il a quand même eu un résultat
positif en faisant tomber tous les
masques des États souteneurs du
terrorisme, qu’ils soient arabes,
régionaux ou occidentaux et
particulièrement les masques des agents
de l’étranger de nationalité syrienne.
Désormais le jeu se déroule en pleine
lumière, l’exemple le plus évident et le
plus odieux est probablement le débat
sur la formation du « Comité
constitutionnel ».
Un débat qui
dure depuis l’Accord de Sotchi [17
septembre 2018 ; NdT] et un comité
constitutionnel au sein duquel existe
une part partageant le point de vue de
l’État syrien sans le représenter. En
effet, nous n’avons pas envoyé de
représentants, mais nous supposons que
le point de vue de l'État représente
actuellement le point de vue de la
plupart des Syriens ; alors que, comme
vous le savez, une autre part de ce
comité ne partage pas le point de vue de
l’État syrien, mais partage ouvertement
celui de l’État turc. Par conséquent,
ses membres ne représentent ni la Syrie
ni même eux-mêmes et la question est de
savoir si les discussions portent sur la
Constitution turque ou sur la
Constitution syrienne dont les seconds
ne connaissent probablement pas
grand-chose. L'important est que les
choses sont devenues claires et que plus
personne ne nie que ce dialogue a lieu
entre d’une part, des patriotes ;
d’autre part, des agents de l’étranger.
Du
valet de l’Amérique au valet turc et
inversement
Car suite à
leur échec lors des deux précédentes
étapes fondées sur les terroristes et
les agents de l’étranger, les ennemis
qui continuent à conspirer contre la
Syrie sont passés à l'activation de
l’agent turc. Comme vous le savez, cela
s’est passé en 2018 lorsqu’ils l’ont
poussé à diriger ses forces vers le nord
et l’est de la Syrie après les
événements de la ville d’Afrin. Et
maintenant, les menaces concernent le
reste des zones nord et est du pays. Il
n’empêche qu’en dépit de ses mises en
scène, le Frérot Erdogan, qui cherche à
se faire passer pour un faiseur
d’événements, se fâche, tempête et
dernièrement prévient que sa patience
s’épuise, n’est en réalité qu’un petit
valet chez l’Américain. Je n’ai pas pour
habitude de dire des grossièretés. Nous
parlons de faits.
D’ailleurs,
la « zone de sécurité » sur laquelle
travaille actuellement le Turc est la
même zone qu’il réclamait depuis le
début de la guerre. Bientôt huit ans
qu’il réclame ou, plus exactement,
supplie l’Américain de l’autoriser à
entrer dans la région nord et la région
est en Syrie. Mais l’Américain lui
répondait quelque chose comme : reste à
l’écart, ton tour n’est pas encore
arrivé. Pourquoi ? Parce qu'à l’époque,
les terroristes s’acquittant
convenablement des tâches prévues par
les planificateurs, le rôle de la
Turquie n’était pas nécessaire. Mais,
après la libération d'Alep, les choses
ont commencé à changer. Puis, après la
libération de Deir ez-Zor et la levée du
blocus, les choses sont devenues
mauvaises. Et, après la libération de la
Ghouta et de la campagne de Damas, de la
campagne de Homs, d'une partie de la
campagne de Hama, de la région sud en
direction de Daraa, la situation est
devenue franchement dangereuse. Il ne
leur restait plus qu’Idleb et quelques
régions où des groupes se battaient en
faveur de l’Américain. C’est alors que
le rôle du Turc est devenu nécessaire et
essentiel pour rebattre les cartes.
En ce qui
nous concerne, tous leurs plans
n’empêcheront pas que chaque pouce de
terre syrienne sera libéré et que tout
occupant sera traité tel un ennemi. Ce
n'est pas une opinion politique. C'est
une évidence nationale qui ne souffre
aucun débat. C’est une question réglée.
Notre
problème ne réside pas dans leurs plans
successifs, mais dans les Syriens qui
ont collaboré avec les étrangers, les
Occidentaux, les Américains, les Turcs.
Notre problème est dans ceux qui ont
offert aux Turcs les prétextes de leur
ingérence précoce en Syrie.
Si nous
remontions les événements, nous nous
souviendrions de ces groupes d’individus
apparus sous des slogans de liberté, de
dignité et de démocratie, lesquels se
sont transformés en groupes armés au
sein de ladite « armée libre » -l’armée
libre terroriste- avant d’allonger leurs
barbes et de virer de bord lorsque le
Front al-Nosra est né, puis de les
allonger encore lorsque Daech est
arrivé, pour finir par rejoindre les
nouveaux groupes opérant sous les ordres
de l’Américain quand il a décidé de
prétendre qu'il combattait le terrorisme
et que le rôle de Daech devait prendre
fin.
Qu’est
devenue cette liberté qu’ils n’ont cessé
d’évoquer ? Il semble qu’elle ne se loge
que dans le giron de l’Américain ou de
l’occupant et qu’ils ne se sentent
dignes que lorsque leur dignité est
piétinée. Il semble aussi que leur
démocratie réside dans la libre
circulation des forces étrangères sur
leur terre, au point que la question
devient : comment se fait-il que vous
vous comportez comme des lions contre
les vôtres et comme de petits chats
contre l’occupant étranger ? Nous, nous
n’avons pas la réponse. Mais nous savons
parfaitement que la majorité des Syriens
présents dans les régions occupées sont
pour l'État et la patrie, sont des
patriotes sous le joug des groupes
d’agents de l’étranger.
À ces groupes
qui parient sur l'Américain, nous disons
qu'il ne vous protégera pas, ni ne vous
gardera dans son giron ou en son cœur.
Il vous gardera dans sa poche comme
monnaie d’échange en dollars, un échange
déjà commencé. Si vous ne vous préparez
pas à résister et à défendre votre pays,
vous ne serez que des esclaves de
l'Ottoman. Seul votre pays vous
protégera lorsque vous rejoindrez les
rangs de l’Armée arabe syrienne et que
vous combattrez sous son drapeau.
Lorsque nous nous tenons dans un même
camp face à un même ennemi et que nous
visons dans une même direction au lieu
de nous viser les uns les autres, nous
n’avons rien à craindre quelle que soit
l’importance des menaces. Aujourd'hui,
il vous appartient de déterminer ce que
l’Histoire impitoyable retiendra de vous
en comparaison avec vos frères syriens ;
lesquels, dès les premiers jours de la
guerre, ont opté pour leur pays, l’ont
défendu au prix d’énormes sacrifices,
ont sauvegardé sa souveraineté et ont
repoussé les terroristes. Aujourd’hui,
il vous appartient
d'être maître sur votre terre et dans
votre pays ou esclave de l'occupant.
Comme vous
l’avez sans doute remarqué je n’ai pas
nommé ces groupes. Mais, comme
d’habitude, dans quelques heures ou
quelques jours viendront les
déclarations attaquant ce discours, vous
saurez alors qui ils sont, vu qu’ils se
trahiront eux-mêmes.
De
l’hommage aux actes dus aux Défenseurs
de la patrie
Mes frères et
sœurs,
Les horreurs
de la guerre que nous avons vécue,
chacun de nous défendant la patrie là où
il se trouvait, ont profondément marqué
nos âmes et nos cœurs. Seules les
victoires de l’Armée sur les champs de
bataille pourront en alléger les
souffrances. Derrière chaque évènement
joyeux que nous vivons se tient une
famille qui a perdu un être cher, pour
que vivent d’autres familles, ou un
blessé qui a perdu une partie de son
corps, pour le salut des autres. Envers
tous ceux-là, l’État et le peuple ont
désormais une obligation morale et
nationale de soutien par des actions et
non seulement par des paroles. Plusieurs
décisions ont été prises afin de leur
accorder la priorité dans divers
secteurs, tels que l'emploi, le
logement, l'enseignement supérieur et
les bourses. Des études sont en cours
pour d’autres décisions en faveur
d’autres priorités dans d’autres
secteurs.
Partant du
principe de justice qui distingue ceux
qui ont rejoint l'armée de ceux qui ont
fui leur devoir de défense de la patrie,
il nous est impossible de les mettre sur
un pied d’égalité, même dans les cas où
celui qui ne s’est pas engagé bénéficie
d’une dispense légale. Par conséquent,
les jeunes qui ont perdu les années les
plus importantes de leur vie et ont
renoncé à construire leur propre avenir
pour répondre à l’appel du devoir seront
également prioritaires dans certains
secteurs. Là aussi une série de
décisions sont déjà en cours
d’application.
Nous
n’oublions pas nos kidnappés. Nous en
avons libérés des centaines en sachant
que la joie de la libération des uns ne
suffit pas à soulager les familles dont
les proches sont encore entre les mains
des ravisseurs. Nous ne cesserons de
travailler pour les libérer ou connaître
leur sort. Nous n’avons jamais négligé
ni ne négligerons la moindre occasion de
les ramener. Nous ne manquerons pas
d’exploiter toutes les occasions et tous
les moyens possibles dans ce but.
Mesdames
et Messieurs,
Les
principales missions confiées à
l’administration locale sont
prometteuses, mais les défis à venir
sont considérables. En effet, si les
élections réussies sont l’un des
indicateurs du rétablissement, le
redressement et la stabilité ne seront
atteints qu’après l’élimination du
dernier terroriste du dernier pouce de
notre territoire libéré. Certes, le
terrorisme a détruit nombre de nos
infrastructures nationales, mais il n’a
pas détruit notre volonté. Et c’est en
vous appuyant sur cette volonté
populaire, source de soutien pour tout
travail institutionnel, que vous
réussirez. Obtenir ce soutien et réussir
dans votre mission de représentants du
citoyen impliquent d’une part, que vous
gagniez sa confiance par votre assiduité
et votre dévouement ; d’autre part, que
vous le convainquiez de l’efficacité de
votre institution par votre respect de
la Loi, votre lutte contre la corruption
et le favoritisme, votre performance
dans l’exploitation optimum des
ressources humaines et financières dans
vos régions afin qu’elle se répercute
sur son quotidien, par votre écoute
attentive et votre relation amicale.
Une nation
forte ne peut se satisfaire d’avoir tenu
face à la guerre et de restaurer ce qui
a été détruit. Elle se bat, restaure et
se développe car ses enfants n’aspirent
pas à revenir vers ce qu’elle fut avant
la guerre, mais à ce qui la rendrait
meilleure que par le passé. Telle est la
conséquence naturelle de ce qu’elle a
payé de plus cher par le sang de ses
blessés et la vie de ses martyrs.
Mesdames
et Messieurs,
Je vous
souhaite le plein succès de vos
considérables missions. J’aurais aimé
vous saluer un par un. Je vous prie de
transmettre mes salutations à toutes les
filles et fils des régions, villes et
villages que vous représentez.
Que la paix
et la miséricorde de Dieu vous
accompagnent.
Dr Bachar
al-Assad
Président de
la République arabe syrienne
17/02/2019
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Source :
Vidéo de la Présidence syrienne
https://www.youtube.com/watch...
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Amérique latine
Le
dossier Syrie
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