Discours
Sayed Hasan Nasrallah : L’Occident et le
Monde Arabe veulent en finir avec la
cause palestinienne
Capture
écran PalSol
Lundi 24 mars 2014
Extrait du discours du 16 février
2014, à l’occasion de la commémoration
annuelle des dirigeants martyrs du
Hezbollah
Sélection & fichiers sous-titres :
TheKeysToEternity
Traduction en français :
http://www.sayed7asan.blogspot.fr
« Il est nécessaire de mettre en lumière
la (grave) menace israélienne qui plane
sur la Palestine : sur la Palestine en
tant que terre, existence, histoire,
entité, avenir, sur les lieux saints
musulmans et chrétiens, sur le peuple
Palestinien vivant en Palestine, sur le
peuple Palestinien réfugié de la
diaspora, Ce sont là des principes
fondamentaux que les gens évoquaient
depuis des décennies, mais qui ont
aujourd’hui disparu.
(Malheureusement), aujourd’hui, les
peuples de chaque pays (arabe) se
préoccupent (exclusivement) de leur
propre pays. Et plus encore, certains de
ces pays sont maintenant le théâtre
d’affrontements sanglants et de luttes
armées très violentes.
Aujourd’hui, nous avons malheureusement
atteint un stade critique déplorable où
plus personne ne veut parler de la
Palestine. Et plus personne ne veut
parler de l’ennemi, à savoir Israël.
Je m’attends évidemment à ce que
certaines personnes s’exclament à mon
propos : ‘‘O Sayed [Nasrallah] ! De quoi
parles-tu donc ? Ne vois-tu pas tout ce
qui se passe dans le monde ?’’ De telles
protestations sont un indice éloquent du
stade auquel nous sommes parvenus. C’est
très précisément le stade auquel
l’Amérique et Israël voulaient mener les
peuples, les gouvernements et les Etats
de la région après toutes les victoires
et tous les accomplissements réalisés
par l’Axe de la Résistance – la
Palestine, le Liban, la Syrie, l’Iran.
Ce qu’ils veulent, c’est que nous
fassions marche arrière, que nous
oubliions. Ce qu’ils veulent, c’est que
la Palestine et le combat contre
l’ennemi (sioniste) soient retirés non
seulement de la sphère des priorités,
les Américains et les Israéliens ne
veulent pas seulement que la Palestine
et le combat contre l’ennemi prennent
une place secondaire vis-à-vis d’autres
priorités, qu’ils cessent d’être une
priorité, mais qu’ils soient
complètement exclus du domaine de nos
préoccupations – que nous ne nous
sentions plus du tout concernés.
Bien plutôt, (ils veulent) que cette
cause sorte de nos esprits, de nos
cœurs, de nos sentiments. (Ils veulent)
que nous en arrivions à un point où
lorsque quelqu’un évoque la Palestine –
ce soir, je vais m’exprimer de manière
très explicite –, que si quelqu’un
évoque la Palestine, les gens lui
rétorquent : ‘‘Laissez-nous en paix, toi
et ta Palestine.’’ C’est à ce stade
qu’ils veulent mener les peuples arabes
et musulmans – le Liban, l’Egypte,
l’Irak, la Jordanie et tous les pays.
Ils veulent que nous en arrivions à un
stade où même au niveau du cœur et des
émotions, c’en soit fini, que la
Palestine soit pour nous comme si elle
était sur une autre planète, non pas
(seulement) sur un autre continent, mais
(vraiment) dans un autre monde. Et cela
même au niveau des émotions et des
sentiments.
Bien entendu – entre parenthèses –, cela
fait porter encore plus de
responsabilités sur les Palestiniens –
j’aurais peut-être l’occasion d’en
parler (plus avant) au fil de mon
propos.
Nous devons reconnaître qu’en la
matière, ils sont parvenus à réaliser
leurs objectifs dans une très large
mesure. Mais il est encore temps de
prendre conscience (du danger). Il est
encore temps d’agir, nous avons encore
des opportunités d’actions et de choix
qui nous permettraient de prendre
conscience de la gravité de la situation
(et d’y faire face).
Qu’est-ce qui pourrait donc nous
expliquer clairement cet engagement
américain exceptionnel et les pressions
formidables qui sont exercées par le
Secrétaire d’Etat américain John Kerry
afin de parvenir maintenant, d’ici
quelques mois, à une résolution
définitive de la question palestinienne
? Pourquoi maintenant ? Est-ce là une
question pertinente, qui mérite d’être
posée, oui ou non ?
Oui, certains responsables israéliens se
sont élevés et ont attaqué John Kerry,
etc., mais ce sont des absurdités, nous
y sommes habitués maintenant, (c’est une
mascarade) visant à le faire apparaître
comme un médiateur neutre, qui est
attaqué par tous les côtés. Certainement
pas.
Actuellement, l’administration
américaine, aux côtés de
l’administration sioniste, déploie des
efforts considérables pour liquider
(définitivement) la cause palestinienne.
L’heure est venue. Pourquoi les
circonstances actuelles sont-elles
propices ?
Tout simplement parce que le monde arabe
a complètement disparu.
Auparavant, le monde arabe avait du
moins une certaine présence, plus ou
moins. Certains se manifestaient et
avançaient l’Initiative de paix,
l’Initiative de paix arabe, évoquant des
conditions, des principes, des limites.
Mais à présent il n’y a plus de monde
arabe. Aujourd’hui, il n’y a plus de
monde musulman.
Maintenant, chaque pays ne se préoccupe
que de lui-même.
Personne n’a de temps à consacrer à la
Palestine, pas même un seul instant.
Personne n’a le temps de faire pression
sur les Américains dans l’intérêt des
Palestiniens, ou de faire pression sur
les Israéliens. Au contraire, la
situation actuelle des pays arabes fait
peser la pression sur les Palestiniens
eux-mêmes. Car chacun veut maintenant
régler ses propres problèmes internes
aux dépens de la cause palestinienne, et
ils offrent des concessions aux
Américains vis-à-vis de la cause
palestinienne, afin de préserver leur
régime (en place), de rester au pouvoir
ou même de parvenir au pouvoir dans tel
ou tel pays.
Malheureusement, même les peuples sont
dans un autre monde.
Malheureusement, les Palestiniens
eux-mêmes sont dans une situation très
difficile : leurs divisions, leurs
conditions, le gouvernement de Ramallah,
le gouvernement de Gaza… Les
Palestiniens sont soumis à divers types
de pressions internationales et arabes,
(en plus) de pressions matérielles sur
le terrain – assassinats,
emprisonnements, état de siège…
Eh bien, telle est la situation, tels
sont les défis.
Israël considère ces circonstances comme
une opportunité.
Ce soir, je ne prononce pas une oraison
funèbre [sur la cause palestinienne]. Je
dis (seulement) : c’est là une vérité
(indéniable).
Israël et les Américains se disent
mutuellement : c’est là l’occasion
(rêvée) de liquider la cause
palestinienne. Ils veulent profiter de
cette opportunité et imposer leurs
conditions aux Palestiniens, afin de
parvenir à une résolution (du conflit)
qui satisfasse (pleinement) les intérêts
américains et israéliens.
Je ne suis pas en train de prononcer une
oraison funèbre, car il est encore temps
de faire échec à ce projet – je
reviendrai là-dessus à la fin de mon
propos.
[…]
Le dernier point sur lequel je veux
conclure – j’avais dit que j’y
reviendrais lorsque j’ai parlé de la
Palestine, d’Israël, etc. –, bien que
nous ayons des vues différentes sur
cette question, je tiens cependant à
dire aux Libanais, aux Palestiniens – à
nos frères en Palestine sur qui pèsent
naturellement de très lourdes
responsabilités jusqu’à présent, dans
les camps de réfugiés... – je m’adresse
à nos frères au sein des (différentes)
factions palestiniennes, aux savants,
aux comités populaires (et je leur dis)
: il ne faut pas se contenter de publier
des communiqués condamnant (les
pourparlers de paix actuels). Vous devez
réunir vos forces : vous devez parler
les uns avec les autres, analyser
attentivement la situation car il y a
des personnes qui cherchent à exploiter
les Palestiniens afin de parvenir au
résultat que j’ai évoqué précédemment –
et je ne vais donc pas me répéter.
Je m’adresse aux Libanais, aux
Palestiniens, aux Syriens, je m’adresse
à tous les peuples arabes, à tous les
partis et à toutes les forces arabes, à
tous les hommes d’honneur du monde et de
cette région, à tous ceux qui se
soucient véritablement de la Palestine,
du Liban et de la Syrie (et je leur dis)
: si vous voulez qu’Israël perde ces
opportunités – celles que nous avons
évoquées précédemment – et si vous
voulez préserver cette région d’un
conflit (fratricide) qui durerait des
dizaines d’années, (alors) mettez fin à
cette guerre contre la Syrie.
Mettez fin à la guerre contre la Syrie.
Faites sortir les combattants
(djihadistes) de la Syrie. Permettez aux
Syriens de se réconcilier entre eux,
comme ils le font actuellement dans plus
d’une région.
Bien entendu, nous mettrions également
fin à notre présence en Syrie ce
jour-là.
Cependant, si nous voulons faire face à
la situation comme il se doit, si nous
voulons contenir toutes ces opportunités
(pour l’ennemi) et ces menaces (qui
pèsent sur nous), nous devons – tous
autant que nous sommes – nous devons
mettre fin à la guerre contre la Syrie
et à l’intérieur de la Syrie, afin de
protéger la Palestine, le Liban, la
Syrie et la Nation (musulmane).
Nous espérons que (le monde
arabo-musulman) saisira cette chance.
A l’occasion de la commémoration des
dirigeants martyrs (du Hezbollah) – j’ai
été un peu long, mais c’est pour
compenser ma longue absence –, nous
promettons à ces grands et nobles
martyrs que nous conserverons leur
esprit, leur pensée, leur organisation,
leur sincérité, leur fidélité, leur
sang, leurs sacrifices, leur patience,
leurs souffrances et leurs espoirs,
comme tous les martyrs, et que nous
suivrons leurs traces jusqu’au bout,
afin que ce pays, ce peuple, cette
nation (islamique) soient toujours – si
Dieu le veut – dans une position forte,
digne et capable.
Que Dieu fasse miséricorde à nos martyrs
et aux vôtres, tous autant qu’ils sont.
Que la paix de Dieu soit sur vous, ainsi
que sa miséricorde et sa grâce. »
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