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Résistance
Discours de Sayyid Hassan Nasrullah
« C'est notre droit légal, juridique, moral
et humain que de posséder des armes »
Sayyid Hassan Nasrullah
Adressé aux cadres et travailleurs du conseil de soutien à la
résistance islamique au Liban
Premier mai 2010 – Beirut
Les deux premières parties du discours
concernent d’abord, le conseil de soutien à la résistance
islamique au Liban qui a été remercié et honoré pour son action
inlassable depuis près de 15 ans, puis les élections municipales
qui se déroulent actuellement au Liban. La troisième partie
concerne « l’affaire des Scud » et la situation dans la région,
que nous traduisons.
Traduction CIREPAL (Centre d’Information sur
la Résistance en Palestine)
2 mai 2010
… Quant à la partie
concernant la situation politique, il y a quelques mois, les
Israéliens ou les responsables sionistes n’ont cessé de menacer
le Liban, pendant trois ou quatre mois, de façon ininterrompue.
Personne ne s’est privé de le faire, l’un menaçant de détruire
la banlieue, l’autre de frapper et de détruire les
infrastructures, l’un d’envahir le sud et l’autre d’envahir le
Liban, ce qui veut dire que tout ce qui leur passait à l’esprit,
comme menaces, les responsables et les médias israéliens l’ont
proféré, tout au long de quatre ou cinq mois, jusqu’au 16
février, date de la commémoration des dirigeants martyrs. A
cette occasion, nous avons dit des paroles que nous ne
répéterons pas. Vous remarquerez qu’après cela, jusqu’à
l’affaire des Scud, la situation s’est calmée, au contraire
même, après le 16 février, Shimon Pérès intervient pour dire
(nous n’avons rien à faire au Liban, nous en sommes sortis et
nous en avons finis, nous ne voulons pas faire la guerre au
Liban), Netanyahu et Barak et Ashkenazi également. Après le 16
février, tous ceux qui
menaçaient ont dit qu’ils en ont fini avec le Liban, qu’ils ne
veulent que le calme, jusqu’à très récemment. Pourquoi le ton a
changé ? Quiconque peut avancer l’analyse qu’il veut, à ce
propos, mais il y a une date charnière, qui est le 16 février,
il y a avant le 16 février et après, et qui propose une autre
date, qu’il nous en informe. Le 16 février, il y a quelqu’un qui
a dit aux Israéliens, en votre nom et au nom de vos combattants
et de votre résistance, il leur a dit : nous n’avons pas peur de
vos menaces, nous n’avons pas peur de vos cris, nous sommes
prêts à vous affronter, nous sommes prêts à vous faire subir une
défaite humiliante, à nouveau, et nous sommes prêts à défendre
nos villages, nos villes, nos infrastructures, notre dignité et
notre fierté. Des détails ont été dits aussi, je ne les
répèterai pas, mais les Israéliens les ont sérieusement lus, et
ils savent que nous ne rigolons pas. Je le dis à nouveau, je
reconnais que j’exerce une guerre psychologique, mais cette
guerre est basée sur des réalités et des données justes. Nous
n’exerçons pas des guerres psychologiques à partir de mensonges
et de la tromperie, ni envers l’ennemi ni envers l’ami. Si
quelqu’un souhaite discuter l’aspect juridique ou légal et
affirmer que la tromperie de l’ennemi est légale, même ce légal,
nous ne le commettons pas. Nous menons une guerre psychologique
basée sur des données et des réalités, les Israéliens le
comprennent, et c’est pourquoi depuis le 17 février, leur
langage et leur ton ont changé.
Il y a un moment, l’affaire des Scud a
émergé, soit par les Etats-Unis, soit un quotidien du Golfe qui
l’a attribuée aux Etats-Unis. Shimon Pérès l’a emportée et s’est
rendu avec en France. Cette affaire dit que la Syrie a remis au
Hezbollah des fusées Scud. Les médias israéliens s’en sont
emparés, puis les Américains, et l’histoire est devenue depuis
leur affaire quotidienne, jusqu’à aujourd’hui. Mme Clinton en
parle et adresse un discours à la Syrie et à l’Iran. Cette
affaire prend des proportions importantes. Vous qui prétendez
que la Syrie a remis des fusées Scud au Hezbollah, quelles sont
vos preuves ? Personne n’a apporté des preuves, mais il y a une
bataille en long et en large sans preuves. Ensuite, la Syrie a
formellement nié avoir remis quelque chose de ce genre au
Hezbollah. Troisièmement, le Hezbollah ne se considère
absolument pas concerné de nier ou de confirmer sa possession de
n’importe quelle arme, c’est notre politique et nous la
confirmons.
Il y a certains qui disent que le sujet est
très sensible, que peut-être vous pouvez abandonner cette
politique et parler des fusées Scud. Non, notre politique est
stable : nous ne sommes pas concernés, ni d’affirmer, ni de nier
si des armes nous sont parvenues, ou si nous avons apporté des
armes ou non, et si nous voulons parler de sortes d’armes, nous
parlons de façon générale, dans l’ensemble. Les Israéliens sont
concernés pour pouvoir analyser, détailler, essayer de
comprendre et recouper leurs renseignements avec les données,
mais en aucun moment, nous ne sommes concernés de confirmer ou
de nier être en possession de toutes sortes d’armes. C’est
pourquoi nous n’avons pas commenté et nous ne commenterons pas.
Là également, j’aimerai vous dire une chose, si aujourd’hui nous
voulons commenter ou nier que des armes précises nous sont
parvenues, cela veut dire que tout ce que nous ne nions pas,
nous le confirmons. Pourquoi est-ce que nous sommes contraints
de le faire ? Je ne nie ni ne confirme, et notre politique est
basée sur ce principe. Quatrièmement, nous n’acceptons pas que
quelqu’un dans le monde discute de notre droit. C’est notre
droit, que nous l’exerçons ou non, c’est une autre affaire.
Lorsque le ministre américain de la guerre
Gates vient dire que le Hezbollah possède des fusées et des
armes plus que n’en possèdent la plupart des gouvernements dans
ce monde, que ce soit vrai ou faux, je ne commenterai pas, mais
je lui dis : tu te tenais auprès de quelqu’un, quand tu as fait
cette déclaration, qui est Ehud Barak, qui possède des armes
aériennes que la plupart des gouvernements de ce monde ne
possèdent pas, et qui possède des armes nucléaires que la
majorité des gouvernements de ce monde ne possèdent pas, il
possède des armes chimiques et interdites sur le plan
international et légal, que la majorité des gouvernements de ce
monde ne possèdent pas, il exerce un terrorisme d’Etat, tue les
femmes, commet les massacres au Liban et en Palestine, comme ne
le font pas la plupart des gouvernements de ce monde. Tu te
tiens aux côtés d’un ministre de guerre dans un Etat armé, de la
tête aux pieds, qui agresse les autres, qui viole les sacralités
des autres, qui fait couler le sang des autres, cela n’a aucune
influence sur toi et ne te concerne pas.
Mais que quelqu’un au Liban ou en Palestine,
en Syrie ou en Iran ou ailleurs dans le monde arabo-islamique
possède des armes pour protéger ses enfants, ses femmes, le sang
de son peuple, la dignité de son peuple et la souveraineté de sa
patrie, cela nécessite une dénonciation et une protestation et
tout ce bruit dans le monde. C’est une logique que nous refusons
et que nous condamnons.
Je vais ajouter : que nous possédions
n’importe quelle arme, toute sorte d’arme, tout ce qui vous
vient à l’esprit, c’est notre droit légal, juridique, moral et
humain, car ces armes, nous les voulons pour défendre les gens
honorables, les opprimés, ceux qui sont menacés par la présence
cancéreuse de l’Etat d’Israël, et lorsque nous pouvons exercer
ce droit, nous l’exercerons, et nous n’hésiterons pas. En toute
sincérité, je vous le dis : je ne pense pas que tout ce vacarme
à propos des Scud et des fusées soit une préparation à la
guerre, et que Dieu veuille que je sois dans le vrai…
Cette campagne et ce vacarme ont de multiples
objectifs, et parmi ces derniers, faire pression sur la
résistance et les gens au Liban, sur le Liban, la Syrie, l’Iran,
et les frères palestiniens, disant : faites attention, il y a
une ligne rouge, un plafond, il y a des armes que vous n’avez
pas le droit de posséder et d’obtenir, il y a des armes qui
rompent l’équilibre, il y a des armes qui, entre vos mains,
entraînent la guerre. L’objectf est de faire pression pour que
nous n’augmentions pas notre force, et quand ces pressions
s’exercent, l’Iran, la Syrie, le Liban, le Hezbollah et la
résistance en Palestine feront mille calculs avant d’acheter ou
obtenir un genre d’armement. L’objectif en premier lieu est de
faire pression, de semer la peur chez les Etats qui résistent et
les mouvements de la résistance, pour les obliger à réfléchir
s’ils envisagent de devenir forts, car ce n’est pas dans
l’intérêt des Etats-Unis qu’il y ait des Etats forts dans la
région, ce n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis et d’Israël
que les mouvements de la résistance soient forts. Il est exigé
que la situation générale dans la région arabe et islamique soit
la faiblesse et la vulnérabilité, le sentiment de bassesse et
d’humiliation pour que la région demeure soumise à la suprématie
américaine et accepte, finalement, un règlement avec les
Israéliens selon les conditions de Netanyahu.
Je vous le dis : cet objectif ne se réalisera
pas, et tout ce vacarme ne fait ni avancer ni reculer, mais au
contraire, il produit l’opposé : en parlant de cette manière des
fusées Scud, Israël sème la panique parmi les Israéliens, et
fait peur aux gens vivant à Tel Aviv et Beer Saba’. Evidemment,
parler des Scud revient à parler de Eilat, soit la ville la plus
éloignée de la Palestine occupée, sa population prendra peur et
d’autre part, Israël ne fait que rassurer les gens ici qui
disent : « vous avez des Scud ? C’est fantastique, parce que
cela fera un équilibre et la dissuasion sera effective, car si
Israël veut faire la guerre, des catastrophes l’attendent
également.. » Donc la politique suivie a eu des effets opposés à
l’objectif fixé.
Parmi les autres objectifs, il s’agit de
détourner le regard du différend américano-israélien actuel.
Evidemment, nous ne nions pas qu’il y ait différend, est-ce
qu’il y a accord à cent pour cent ? Non, il y a accord sur le
projet, en tant que projet américano-israélien, il y a un
plafond sur lequel ils sont d’accord, c’est pourquoi Barack
Obama, Hillary Clinton, comme George Bush et ceux qui les ont
précédés sont d’accord pour protéger Israël, la suprématie
d’Israël, la force d’Israël, ce sont des lignes rouges, mais il
y a des différends concernant les tactiques et la définition des
intérêts, les Américains disent à Netanyahu, comme Clinton l’a
dit, à la conférence d’AIPAC : votre intérêt consiste à mener un
règlement, car personne ne sait si dans l’avenir, vous pouvez le
mener, la situation démographique change dans la région, la
situation de la résistance change, et le développement
technologique et la question des fusées sont en progrès, et dans
l’avenir, il y aura des groupes plus dangereux encore, alors
qu’aujourd’hui, vous avez quelqu’un avec qui signer mais dans
quelques années, vous n’êtes pas sûrs d’en trouver.. C’est le
point de vue des américains, mais les Israéliens « font la
tête », ils ne veulent pas faire des concessions, même minimes.
Le différend est donc tactique, et dans les
détails, un différend pour servir l’intérêt d’Israël, les
Etats-Unis disent : c’est ainsi que nous voulons servir Israël
mais les Israéliens pensent autrement. Donc, les Etats-Unis et
Israël suscitent ce grand vacarme pour traiter leurs différends
loin des regards. Parmi les objectifs également, et nous devons
faire attention à ne pas nous y laisser entraîner, c’est la
tentative d’Israël de se faire passer pour une victime, pour un
Etat menacé de disparition, en d’autres termes, de crier et de
gémir dans le monde pour dire : La Syrie, l’Iran, le Hezbollah,
Hamas… tous l’agressent et qu’il est l’opprimé, et par
conséquent, il a le droit de maintenir son occupation de la
terre, de refuser le droit au retour des réfugiés, de briser les
os des Palestiniens, de lancer des guerres contre les peuples et
les Etats de la région.
Les Américains et les Israéliens disent que
la Syrie a livré des fusées Scud au Hezbollah. Combien ? Trois ?
Quatre ? dix ? vingt ? Ils ne donnent pas des chiffres. Est-ce
que cela fera disparaître Israël de la région. Non ! Ils
considèrent que te défendre constitue une ligne rouge (…) Cette
politique de victimisation face aux peuples du monde, entraîne à
dire que Gaza est l’agresseur, que Gaza, avec sa population et
ses fusées, constitue une menace contre Israël et qu’Israël a le
droit de faire ce qu’il veut à Gaza. …
Par ailleurs, les Israéliens affirment, tout
en faisant ce vacarme à propos des Scud, qu’ils ne feront pas la
guerre. Les grands responsables israéliens ont dit : nous
pensons que le Hezbollah possède des fusées Scud, ce que nous
refusons mais nous ne ferons pas la guerre. Est-ce que nous les
croyons ou pas, c’est une autre affaire.
D’autre part, concernant les fusées, quel que
soit le nombre de fusées possédées par la résistance, cela ne
change rien dans les calculs des Israéliens, ils sont clairs sur
ce point, c’est pourquoi ils ne considèrent pas que la fusée
introduite dans l’équation de la résistance rompt l’équilibre,
car si nous supposons que l’équilibre relatif aux fusées a été
rompu, il l’a été depuis longtemps et non pas à présent. En
effet, ils considèrent que la défense aérienne rompt
l’équilibre, c’est ce qu’ils ont déclaré en toute clarté, ils
disent que si la résistance possède ce qui empêche l’arme
aérienne de détruire, de bombarder, d’agresser et de commettre
en toute liberté des massacres, c’est la rupture de l’équilibre.
La situation n’est pas
une situation de guerre, et si les Israéliens veulent combattre,
ils ne suscitent pas un tel climat. Avant l’invasion de 1982, la
situation était calme, au sud également, et la région vivait
comme dans un autre monde. Il y a eu un projet politique pour le
Liban et la région, ils ont alors entrepris leur invasion en
1982. Avant le 12 juillet 2006, il n’y avait rien, au contraire.
Nous avions déjà pris des prisonniers des hameaux de Shebaa, et
rien ne s’était passé, nous avions riposté aux avions
israéliens, sur les colonies, et rien n’est arrivé. Des
Palestiniens ont traversé les frontières, sont entrés et ont
mené des opérations au nord de la Palestine occupée, et rien
n’est arrivé, mais le 12 juillet, parce qu’il y a eu un grand
projet politique concernant le Liban et la région, qui s’appelle
le nouveau moyen-orient, c’est cela qui a entraîné la guerre. Et
à présent, ni les Scud ni autre chose n’entraîneront la guerre,
ni même l’armement de la résistance. S’il y a un projet
politique pour la région, il est possible qu’il y ait la guerre,
mais nous n’en voyons pas les traits.
Si nous revenons à juillet 2006, nous avions
des lacunes concernant le projet politique. Nous avons examiné
les choses d’un côté, mais les choses sont apparues d’un autre
côté, nous ne pensions pas que le complot et la collaboration
iraient jusqu’à ce point.. Mais aujourd’hui, nous sommes
conscients de toutes les lignes, il y a un projet politique qui
a échoué. Je dirai même plus, lorsque vous voyez que les
Israéliens se taisent, que les choses sont calmes, que les
Américains ne disent plus rien, et qu’il n’y a plus de vacarme,
c’et alors qu’il faut nous inquiéter. Mais lorsque nous les
voyons faire du bruit et des déclarations, cela veut dire qu’ils
n’ont rien entre les mains. Ainsi se présente l’équation. A
toutes les périodes, depuis 1948, toutes les guerres qui ont eu
lieu ont été précédées d’un silence israélien… C’est pourquoi
nous demandons que personne ne cherche à nous affoler. Les
Libanais doivent se calmer, se reposer, se préoccuper des
élections municipales, et bien évidemment, soutenir leur
résistance et exprimer leur unité nationale car cette expression
et ce soutien font partie des calculs de la dissuasion et
empêcheront l’ennemi à penser à une agression, ils contribuent à
dissuader l’ennemi d’entreprendre une agression contre le Liban.
Traduction: Cirepal (Centre d'Information sur la
Résistance en Palestine)
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