Lundi 20 avril 2009
[Invocation]
M. le président,
M. le secrétaire général des Nations Unies,
Mesdames et messieurs,
Nous sommes ici réunis, suite à la Conférence de Durban
contre le racisme et les discriminations raciales, afin de nous
accorder sur des lignes pratiques dans le cadre de notre
campagne sacrée et humanitaire.
Au cours des derniers siècles, l’humanité a connu d’immenses
souffrances et douleurs. Au Moyen-âge, les penseurs et
scientifiques étaient condamnés à mort. Une période d’esclavage
et de commerce d’êtres humains lui succéda, lorsque des
innocents par millions furent capturés et séparés de leur
famille et de leurs proches pour être conduits en Europe et en
Amérique. Ce fut une période sombre qui connut également son lot
d’occupations, de pillages et de massacres d’innocents.
De nombreuses années s’écoulèrent avant que les nations ne se
soulèvent et combattent pour leur liberté. Elles sacrifièrent
des millions de vies pour expulser les occupants et proclamer
leur indépendance. Cependant les pouvoirs autoritaires
imposèrent rapidement deux guerres mondiales en Europe, qui
dévastèrent en outre une partie de l’Asie et de l’Afrique et
causèrent la mort d’environ cent millions de personnes, laissant
derrière elles une dévastation sans précédent. Si seulement nous
avions retenu les leçons des oppressions, de l’horreur et des
crimes de ces guerres, un rayon d’espoir aurait illuminé
l’avenir. Les puissances victorieuses se sont proclamées
conquérantes du monde, tout en ignorant ou en minimisant les
droits des autres nations par l’imposition de lois et
arrangements.
[Déguisés en clowns, trois militants de l’Union des
étudiants juifs de France introduits avec l’aide de la
délégation diplomatique française, apostrophent l’orateur avant
d’être évacués par le service de sécurité des Nations Unies.]
Mesdames et Messieurs,
Portons notre regard sur le Conseil de sécurité des Nations
Unies, qui figure parmi les héritages de la Première et de la
Seconde Guerre mondiale. Quelle était la logique de
l’auto-attribution du droit de véto par les grandes puissances ?
Comment une telle logique peut-elle s’accorder avec les valeurs
humanitaires ou spirituelles ? Se pourrait-il qu’elle soit en
conformité avec les principes reconnus de la justice, de
l’égalité devant la loi, de l’amour et de la dignité humaine, ou
plutôt ceux de la discrimination, de l’injustice, de la
violation des droits humains ou de l’humiliation de la majorité
des nations ? Ce conseil est le centre de décision mondial le
plus important pour la défense de la paix et de la justice
internationales. Comment s’attendre à l’avènement de la paix et
de la justice lorsque la discrimination est légalisée et que
l’origine des lois est dominée par la coercition et la force
plutôt que la justice et le droit ?
En dépit du fait qu’aujourd’hui de nombreux défenseurs du
racisme condamnent la discrimination raciale par les mots et les
slogans, des grandes puissances ont été autorisées à décider
pour les autres nations, se basant sur leur propre intérêt et
comme elles seules l’entendent. Elles peuvent facilement
ridiculiser et enfreindre toutes les lois et valeurs
humanitaires, comme elles l’ont montré.
Après la Seconde Guerre mondiale, elles ont eu recours à
l’agression militaire pour priver de terre une nation entière,
sous prétexte des souffrances juives et des abus sur la question
de l’Holocauste. Elles ont envoyé des migrants d’Europe, des
États-Unis et d’autres parties du monde afin d’établir un
gouvernement intégralement raciste en Palestine occupée et, de
fait, à titre de compensation pour les graves conséquences du
racisme en Europe, elles ont aidé à hisser au pouvoir les
individus les plus cruels et les racistes les plus répressifs en
Palestine.
Le Conseil de sécurité a contribué à la stabilisation du
régime sioniste et a soutenu les sionistes durant les soixante
dernières années, leur donnant un feu vert pour poursuivre leurs
crimes.
[Les ambassadeurs des États membres de l’Union européenne
quittent la salle tandis que fusent les applaudissements des uns
et les huées des autres]
Il est d’autant plus regrettable qu’un certain nombre de
gouvernements occidentaux, avec les États-Unis, se soient
engagés à défendre ces individus racistes responsables de
génocide, alors même que la conscience éveillée et les esprits
libres du monde entier condamnent les crimes sionistes
d’agression, de massacres et autres brutalités commises lors des
bombardements de civils à Gaza. Ces gouvernements ont toujours
soutenu ou sont restés silencieux face aux actes infâmes du
régime sioniste. Fort malheureusement la raison de leur soutien
et de leur silence est que le sionisme égoïste et barbare est
parvenu à pénétrer profondément leur structure politique et
économique, ce qui inclut leur législation, leurs médias de
masse, leurs entreprises, leur système financier et leurs
agences de sécurité et de renseignement. Ils ont imposé leur
domination au point que rien ne puisse être fait contre leur
volonté. Dans certains pays, même les changements de
gouvernement ne font jamais fléchir le soutien aux sionistes,
bien qu’ils soient tous conscients de leurs crimes : cela est en
soi fort regrettable.
Tant que la domination sioniste se maintiendra, de nombreux
pays, gouvernements et nations ne seront jamais en mesure de
jouir de la liberté, de l’indépendance et de la sécurité. Tant
qu’ils seront au sommet du pouvoir, la justice ne triomphera
jamais dans le monde et la dignité humaine continuera d’être
offensée et piétinée.
Il est grand temps que l’idéal du sionisme, qui constitue le
paroxysme du racisme, soit brisé.
Chers délégués, Mesdames et Messieurs,
Quelles sont les causes profondes de l’attaque U.S. contre
l’Irak ou l’invasion de l’Afghanistan ? Quel était le mobile de
l’invasion de l’Irak, en dehors de l’arrogance de
l’administration U.S. d’alors et de la pression croissante,
exercée par les détenteurs de richesse et de pouvoir, visant à
étendre leur sphère d’influence par la défense des intérêts des
grands fabricants d’armes, de l’annihilation d’une culture noble
de milliers d’années d’histoire, de l’élimination d’une menace
potentielle et concrète en provenance des pays arabes vis-à-vis
du régime sioniste usurpateur, du contrôle et du pillage des
ressources énergétiques du peuple irakien ? Pourquoi en effet
près d’un million de personnes ont été déplacées et ont perdu
leur logement ? Pourquoi en effet le peuple irakien a-t-il subi
d’énormes pertes s’élevant à plusieurs centaines de milliards de
dollars et pourquoi des centaines de milliards de dollars
ont-ils été pris au peuple états-unien en conséquence de ces
actions militaires ? L’action militaire contre l’Irak n’a-t-elle
pas été planifiée par les sionistes et leurs alliés de
l’administration U.S. d’alors, avec la complicité des grands
fabricants d’armes ?
L’invasion de l’Afghanistan a-t-elle restauré la paix, la
sécurité et le bien-être économique dans ce pays ? Les
États-Unis et leurs alliés ont non seulement échoué à limiter la
production de drogue en Afghanistan ; les cultures illicites de
narcotiques se sont multipliées durant leur présence. La
question essentielle est : quelle était la responsabilité et le
travail de l’administration U.S. d’alors et de ses alliés ?
Représentaient-ils les États du monde ? Ont-ils été mandatés par
eux ? Ont-ils été autorisés, au nom des peuples du monde, à
interférer aux quatre coins de la planète, et bien entendu
particulièrement dans notre région ? Ces mesures ne
constituent-elles pas un exemple clair d’égocentrisme, de
racisme, de discrimination ou d’atteinte à la dignité et à
l’indépendance des nations ?
Mesdames et Messieurs,
Qui est responsable des crises économiques actuelles ? Où les
crises ont-elles commencées ? En Afrique ? En Asie ? Ou alors
cela venait-il d’abord des États-Unis, s’étendant ensuite à
l’Europe et à leurs alliés ? Ils ont longtemps imposé, par leur
pouvoir politique, leurs règles économiques inéquitables à
l’économie internationale. Ils ont imposé un système financier
et monétaire dépourvu de mécanisme régulateur international
adapté à des nations et gouvernements n’ayant aucune influence
sur ses orientations et politiques. Ils n’ont même pas autorisé
leurs citoyens à superviser ou contrôler leur politique
financière. Ils ont imposé toutes leurs lois et règlementations,
en dépit de toutes les valeurs morales, seulement pour protéger
les intérêts des détenteurs de richesses et de pouvoir. Ils ont
de plus donné une définition de l’économie de marché et de la
compétition privant de nombreux États des possibilités offertes
à d’autres dans le monde. Ils ont même transféré leurs problèmes
à d’autres ; infectant leur économie avec des milliers de
milliards de dollars de déficit budgétaire alors que la vague de
crise sévissait. Et aujourd’hui ils injectent des centaines de
milliards de liquidités provenant des poches de leur propre
peuple dans les banques, entreprises et institutions financières
en faillite, rendant la situation de plus en plus compliquée
pour leur économie et leur peuple. Ils pensent uniquement à
protéger leur pouvoir et leur argent ; ils ne se soucient guère
des peuples du monde, ni même du leur.
M. le président,
Mesdames et Messieurs,
Le racisme est enraciné dans le manque de connaissances
concernant la vérité de l’existence humaine comme créature
choisie par Dieu. Il est aussi le produit de sa déviation du
véritable chemin de la vie humaine et du devoir de l’humanité
dans le monde de la création. L’absence de vénération consciente
de Dieu, l’incapacité à réfléchir à la philosophie de la vie ou
au chemin de la perfection, toutes ces entorses aux principales
composantes des valeurs divines et humaines ont réduit le champ
de vision de l’humanité, faisant des intérêts limités et
individuels sa seule boussole. C’est pourquoi les cellules du
pouvoir maléfique ont pris forme, puis étendu leur contrôle en
privant les autres de chances équitables et justes. Le résultat
a été l’élaboration d’un racisme débridé constituant la menace
la plus sérieuse pour la paix internationale.
Sans aucun doute, le racisme est le symbole d’une ignorance
profondément enracinée dans l’histoire, et il s’agit en effet
d’un signe de frustration dans le développement de la société
humaine. Il est donc extrêmement important de resituer les
manifestations de racisme dans les situations ou les sociétés où
l’ignorance, le manque de connaissances prévalent. Cette
conscience et cette compréhension générales de la philosophie de
l’existence humaine est le principal combat contre de telles
manifestations. La clé pour comprendre la vérité selon laquelle
le genre humain est centré sur la création de l’univers est un
retour aux valeurs morales et spirituelles, et finalement la
volonté de vénérer Dieu le tout-puissant. La Communauté
internationale doit initier des actions collectives pour
susciter la prise de conscience dans les sociétés souffrant
toujours de l’ignorance du racisme, de manière à mettre un terme
à la propagation de ces malveillantes manifestations.
Chers amis,
Aujourd’hui la communauté humaine est confrontée à un genre
de racisme qui a terni l’image de l’humanité au début du
troisième millénaire. Le mot « sionisme » incarne un racisme qui
a faussement recours à la religion et abuse du sentiment
religieux pour cacher sa haine et son horrible visage. Il est
cependant très important de souligner les objectifs politiques
de certaines des puissances mondiales et ceux qui contrôlent des
intérêts économiques, des richesses énormes dans le monde. Ils
mobilisent toutes leurs ressources, dont leur influence
économique, politique et médiatique mondiale pour apporter leur
soutien au régime sioniste et s’efforcent singulièrement
d’atténuer l’indignité et la disgrâce de ce régime. Ce n’est pas
uniquement une question d’ignorance et il est impossible de
dompter de tels phénomènes par de simples messages culturels.
Des efforts doivent être déployés afin de mettre un terme aux
abus, par les sionistes et leurs soutiens, à l’encontre de la
volonté politique et internationale et, en respect de la volonté
et des aspirations des nations, les gouvernements doivent être
encouragés et soutenus dans leurs combats visant à éradiquer ce
racisme barbare, à avancer vers une réforme des mécanismes
internationaux actuels.
Vous êtes, sans aucun doute, tous informés des complots de
certains pouvoirs et des cercles sionistes contre les objectifs
et les aspirations de cette conférence. Malheureusement beaucoup
d’informations peuvent être diffusées dans un but de soutien au
sionisme et à ses crimes, et il en va de la responsabilité des
honorables représentants des nations de faire le jour sur ces
campagnes qui sont en opposition avec les valeurs et principes
humains.
Il devrait être admis que le boycott d’une telle conférence,
d’une étendue internationale exceptionnelle, est une réelle
indication du soutien à cet exemple manifeste de racisme. En
défendant les Droits de l’homme, il est d’une importance
capitale de défendre également les Droits des nations à
participer équitablement à tous les processus de prise de
décisions internationaux importants, hors de l’influence de
certaines puissances mondiales. En second lieu il est nécessaire
de restructurer les organisations internationales existantes et
leur agences respectives. Cette conférence constitue ainsi un
test et l’opinion publique mondiale nous jugera aujourd’hui et
demain.
M. le président,
Le monde connaît des bouleversements fondamentaux. Les
relations de pouvoir sont devenues si ténues et fragiles. Nous
pouvons désormais entendre le bruit des piliers de l’oppression
mondiale se fissurant. Les grandes structures politiques et
économiques sont au bord de l’effondrement. Les crises
politiques et sécuritaires s’intensifient. La crise émergente de
l’économie mondiale, au sujet de laquelle il est difficile de
faire d’heureux pronostics, démontre amplement la réalité des
changements mondiaux profonds qui se manifestent de façon
croissante. J’ai beaucoup insisté sur la nécessité de corriger
la mauvaise direction dans laquelle le monde est aujourd’hui
dirigé. J’ai également mis en garde contre les sévères
conséquences si nous remettons à plus tard cette responsabilité
cruciale. Aujourd’hui, dans le cadre de cet auguste et bénéfique
événement, j’aimerais déclarer à tous les dirigeants et penseurs
présents à cette conférence et engagés pour la cause de la paix,
de la liberté, du progrès et du bien-être humain que la
gouvernance inéquitable et injuste du monde arrive maintenant au
bout du chemin. Cette issue était inévitable sachant que la
logique de cette gouvernance imposée était oppressive. La
logique de prise en main collective des affaires globales est en
revanche basée sur de nobles aspirations se concentrant sur
l’être humain et la suprématie du Dieu tout-puissant. Elle bute
donc contre toute politique ou plan allant à l’encontre des
intérêts des nations. La victoire du bon contre le mauvais et la
mise en place d’un système mondial juste sont la promesse de
Dieu et de ses messagers, et elle constitue un but commun pour
les êtres humains des différentes sociétés et générations au
cours de l’histoire.
L’avènement d’un tel avenir dépend de la connaissance de la
création et représente la foi dans le cœur de tous les croyants.
La réalisation d’une société globale est de fait
l’accomplissement d’un système commun global dirigé avec la
participation de toutes les nations du monde à tous les niveaux
de prise de décision et au trajet certain vers ce but sublime.
Les capacités scientifiques et techniques, ainsi que les
technologies de communication, ont contribué à l’émergence d’une
compréhension commune et répandue de la société humaine et ont
posé les fondations essentielles à un système commun. Il incombe
maintenant à tous les intellectuels, penseurs et dirigeants du
monde d’assumer leur responsabilité historique avec la ferme
conviction qu’il s’agit de la bonne direction.
Je souhaite en outre insister sur le fait que le libéralisme
occidental, comme le communisme, connaît son crépuscule car il a
échoué à percevoir la vérité du monde et de l’humanité telle
qu’elle est. Il a imposé ses propres aspirations et sa propre
direction aux êtres humains sans tenir compte des valeurs
humaines et divines, la justice, la liberté, l’amour ou la
fraternité, a réduit la vie à une intense compétition au service
des intérêts matériels individuels et de groupe. Nous devons
tirer les enseignements du passé en initiant des efforts
collectifs pour relever les défis actuels. Dans cette
perspective et pour conclure mon propos, je souhaiterais attirer
votre aimable attention sur deux points importants :
Il
est absolument possible d’améliorer la situation mondiale
existante. Cependant, force est de constater que cela n’est
réalisable que par la coopération de tous les États afin de
tirer le meilleur des capacités du monde. Ma participation à
cette conférence est à mettre sur le compte de mes convictions
concernant ces problèmes importants et à notre responsabilité
commune pour la défense des droits des nations contre le
sinistre phénomène qu’est le racisme.
Une
fois constatée l’inefficacité des systèmes politiques,
économiques et de sécurité internationaux actuels, il est
nécessaire de se concentrer sur les valeurs divines et humaines
et en se référant à la véritable définition de l’humanité, basée
sur la justice et le respect des droits dans le monde entier,
sur l’admission des mauvaises pratiques dans la gouvernance
mondiale passée, pour entreprendre des mesures collectives afin
de réformer les structures existantes. Dans cette optique, il
est essentiel de réformer rapidement la structure du Conseil de
sécurité, ce qui implique de mettre fin au droit de veto
discriminatoire et de réformer le système financier et monétaire
mondial actuel. Il est évident que le manque de compréhension du
caractère urgent de la nécessité de changement n’a d’égal que
les coûts beaucoup plus conséquents de toute remise à plus tard
de ces questions.
Chers amis,
Avancer vers la justice et la dignité humaines est comme
suivre le rapide courant d’une rivière. N’oublions pas l’essence
de l’amour et de l’affection. L’avenir radieux de l’être humain
est un bien précieux pouvant servir notre cause en nous
rassemblant pour ériger un monde nouveau empli d’amour, de
fraternité et de bénédiction. Un monde dépourvu de pauvreté et
de haine, méritant la bienveillance renouvelée du Dieu
tout-puissant et le juste encadrement de l’être humain parfait.
Joignons tous nos mains dans l’amitié en accomplissant notre
part dans la réalisation d’un monde meilleur comme celui-là.
Mahmoud Ahmadinejad, Président de la
République islamique d'Iran
Traduction: Réseau Voltaire