Iran
Le discours du
président Rohani à l'AG de l'Onu
IRIB
Mercredi 25 septembre 2013
Grâce
au nom de Dieu, le Tout-miséricordieux,
le Très-miséricordieux
Louange au Seigneur des deux
mondes, paix et bénédictions divines au
grand Messager et aux Gens de la demeure
M. le Président, M. le Secrétaire
général ! Mesdames et Messieurs !
Au début, je tiens à présenter mes
sincères félicitations à l’occasion du
choix de Son Excellence à la présidence
de l’Assemblée générale de l’Onu et
saluer le travail inlassable de M. Ban
Ki-moon.
M. le Président ! Notre monde est
empli de crainte et d’espoir : crainte
de la guerre et des hostilités à
l’échelle régionale et internationale ;
crainte du clash meurtrier des identités
confessionnelle, ethnique et nationale ;
crainte de l’institutionnalisation de la
violence et de l’extrémisme, crainte de
la pauvreté et des discriminations
humiliantes, crainte de l’anéantissement
des ressources vitales, crainte de la
négligence de l’honneur et des droits de
l’homme, crainte de l’ignorance de
l’éthique.
Oui à la paix, non à la
guerre
En revanche, il y a aussi de nouveaux
espoirs face à ces craintes : l’espoir
en l’accueil favorable des populations
et des élites du monde entier à la
devise « oui à la paix et non à la
guerre » ; l’espoir à la préférence du
dialogue à la lutte, de la modération à
l’excès.
Un exemple manifeste est le choix
perspicace de l’espoir, de la sagesse et
de la modération par le grand peuple
iranien, lors des récentes élections,
qui ont montré, à travers la
cristallisation de la démocratie
religieuse et la passation du pouvoir
exécutif, que l’Iran est le havre de la
stabilité au milieu de l’océan troublé
de la région.
La foi inébranlable du gouvernement
et de notre peuple à la paix durable, à
la stabilité, à la paix, au règlement
négocié des conflits et l’appui à la vox
populi en tant que base de la puissance,
la légitimité et la popularité
favorisent tous et tout une ambiance si
sûre.
M. le Président, Mesdames et
Messieurs !
La période hautement névralgique de
transition dans les relations
internationales est jalonnée à la fois
de dangers et d’occasions inédites. Les
évaluations erronées de notre propre
statu quo et de celui des autres
entraîneraient des préjudices
historiques de sorte que l’erreur commis
par un acteur aurait des impacts
négatifs pour tous.
La vulnérabilité s’est transformée en
un phénomène global.
En cette traversée ô combien sensible
de l’histoire des relations mondiales,
l’ère des jeux dont la somme est zéro,
est bel et bien révolue ; mais il y a
encore de rares protagonistes qui
emploient des méthodes et des outils
désuètes et profondément inefficaces
afin de préserver leur suprématie
d’antan.
Le militarisme et le recours aux
moyens militaires et violents pour
dominer autrui sont des exemples
flagrants de l’inefficacité de la
pérennité des méthodes et actions
surannées dans des conditions modernes.
Généraliser les valeurs
occidentales en tant que valeurs
mondiales contredit l’honneur humain
Les mesures basées sur la force sur
les plans économique et militaire pour
assurer et pérenniser l’hégémonie et la
suprématie d’antan s’effectuent sur le
fond de toute une pléthore de cadres
conceptuels dont tous sont aux antipodes
de la paix, de la sécurité, de l’honneur
de l’homme et des idéaux humains. Parmi
ces cadres conceptuels figure notamment
l’uniformisation des sociétés et la
généralisation des valeurs occidentales
en tant que les valeurs universelles.
Un autre cadre est la préservation de
la culture de la Guerre froide et le
partage du monde en deux camps de « nous
les supérieurs » et de « l’autre
inférieur ».
Autre cadre conceptuel est de créer
une ambiance de phobie envers
l’émergence de nouveaux acteurs sur la
scène internationale.
Dans un tel contexte, les violences
gouvernementales et
non-gouvernementales,
interconfessionnelles et sectaires voire
raciales se sont exacerbées ; il n’y a
aucun garant que la période de paix
entre les superpuissances ne se laisse
attraper par le piège du discours et
d’actes violents.
L’impact catastrophique des lectures
extrémistes et brutales ne devra pas
être minimisé.
Le changement extrarégional
des régimes politiques est très
dangereux
Ceci dit, la stratégie de violence
visant à supprimer les acteurs régionaux
de leur champ de manœuvre naturel, les
politiques du contrôle, le changement
des régimes politiques depuis de
l’au-delà des frontières et des efforts
qui se font pour bouleverser les
frontières politiques, sont très
dangereux et engendrent la tension.
Le discours conventionnel politique
international brosse un centre de
civilisation avec des franges
non-civilisées. Dans une telle image, la
proportion de ce foyer de puissances
mondiales avec les franges est une
proportion autoritaire. La rhétorique
centraliste du Nord et de marginaliste
du Sud se trouve à l’origine de
l’établissement d’une sorte de monologue
au niveau des relations internationales.
La démarcation des frontières
identitaires erronées et la xénophobie
brutale ne sont que le résultat d’un tel
discours.
Les discours islamophobe et
iranophobie menacent sérieusement la
stabilité mondiale
Les campagnes sans fondement contre
la religion, l’islamophobie, le
chiismophobie et l’iranophobie ne sont
que de sérieuses menaces contre la
stabilité mondiale et la sécurité de
l’homme.
De tels discours propagandistes ont
pris une allure dangereuse en suggérant
et avançant des menaces fictives et
imaginaires.
Une de ces menaces fictive est la
menace illusoire d’Iran. Que de
démarches erronées, que de crimes n’ont
été accomplies sous prétexte d’une telle
menace sans fondement ?
Equiper Saddam Hussein d’armes
chimiques et le soutien aux talibans ne
sont que des exemples de ces crimes.
Ceux qui menacent l’Iran,
sont eux-mêmes une menace à la paix et
la sécurité
A l’appui de documents fiables,
j’annonce explicitement et
catégoriquement que ceux qui menacent
l’Iran, sont eux-mêmes une menace à la
paix et la sécurité internationales.
L’Iran n’est non seulement pas une
menace, mais par contre, aussi bien dans
l’acte que le verbe, il a toujours été
le héraut de la paix équitable et de la
sécurité tous azimuts.
Ce qui arrive au peuple
opprimé palestinien est une violence
structurale
M. le Président, Mesdames,
Messieurs !
Rares sont les régions où la violence
s’est avérée si destructrice qu’en Asie
de l’ouest et en Afrique du nord.
L’intervention militaire en Afghanistan,
la guerre imposée par Saddam à l’Iran,
l’occupation du Koweït, l’action
militaire contre l’Irak, la politique
violente et répressive à l’encontre du
peuple palestinien, la liquidation des
figures politiques et les civils en
Iran, les attentats à la bombe dans
différentes pays de la région dont
l’Irak, l’Afghanistan, le Liban sont
toutes des exemples de violence durant
ces trois décennies dans cette région.
Ce qui arrive au peuple opprimé
palestinien n’est que de violence
structurale. La terre de Palestine est
occupée.
Les droits élémentaires des
Palestiniens sont de manière
catastrophique bafoués ; ils sont privés
du droit de retour à leur maison et à
leur pays natal. Les crimes commis à
l’encontre du peuple palestinien est une
violence institutionnalisée. L’apartheid
s’avère un terme très pâle ou trop
faible pour la décrire.
La crise syrienne n’a pas
d’issue militaire
La tragédie humanitaire en Syrie est
un exemple douloureux de la propagation
de violence et d’extrémisme dans notre
région.
Depuis le déclenchement de la crise,
depuis que des acteurs régionaux en
acheminant des équipements et des armes
vers la Syrie et en renforçant les
groupes extrémistes, cherchent à
militariser cette crise, nous n’avons eu
de cesse d’insister sur le fait que la
crise syrienne n’avait pas d’issue
militaire.
On ne peut pas cacher derrière des
expressions humaines, les objectifs
stratégiques et expansionnistes et la
perturbation de l’équilibre régionale.
L’objectif conjoint de la Communauté
internationale consiste à mettre
rapidement fin au massacre des civils
innocents.
L’usage d’armes chimique
interdit
La RII condamne dans les termes les
plus vifs tout usage d’armes chimiques
et se réjouit de ce que la Syrie ait
adhéré à la convention sur
l’interdiction de l’emploi d’armes
chimiques. L’Iran croit que l’accès des
groupes extrémistes et des terroristes
à ce genre d’armes de destruction
massive, constitue le plus grand danger
auquel risque à avoir faire face la
région.
Le recours illégal et inefficace à la
menace ou à l’emploi de la force , non
plus ne saura apaiser les violences, au
contraire ils contribuent à étendre la
crise dans toute la région. Le
terrorisme et l’assassinat des innocents
sont les manifestations les plus
extrêmes de la violence et de
l’extrémisme. Le terrorisme est un fléau
global, extrafrontalier.
L’utilisation des drones
contre les civils condamnés
Une autre forme de la violence et de
l’extrémisme est celle qui se déroule au
nom de la lutte contre le terrorisme.
C’est une lutte qui implique les drones
qui tuent les innocents. Il s’agit là
aussi d’un acte répréhensible et
condamnable. Il convient que je revienne
sur le meurtre des savants
atomistes iraniens . Pour avoir commis
quel crime ont-ils été assassinés ? et
la question qui mérite d’être posée à
l’Onu et au Conseil de Sécurité est la
suivante : les auteurs de ces
assassinats ont-ils été condamnés ?
Les sanctions injustes,
manifestation de la violence et du
bellicisme
Les sanctions injustes constituent
elles-aussi l’une des
manifestations de la violence et qui
sont essentiellement contre la paix et
inhumaines. Ces sanctions, au contraire
de la propagande qui est celle de leurs
auteurs, ne nuisent pas aux
gouvernements et à l’élite politique
mais à la population civile qui est
sacrifiée sur l’autel des querelles
politiques.
N’oublions pas ces millions
d’Irakiens qui ont pâti des sanctions
couvertes sous le vernis des arguments
légaux invoquées par les institutions
internationales, ces irakiens qui sont
morts, ou qui vivent toujours en
souffrant mille martyrs du fait de ces
mêmes sanctions. Ces restrictions sont
brutales, violentes, qu’elles soient
intelligentes ou non intelligentes ,
unilatérales ou multilatérales .
Les sanctions nuisent à ceux
qui les décident
Les sanctions violent les droits de
l’homme, le droit à la paix, le droit au
développement, le droit à la santé, à
l’éducation et tout bonnement le droit à
la vie. Les sanctions
n’aboutissent à rien d’autre qu’à la
guerre, à l'anéantissement des hommes,
quelle que soit le jeu de mot, le
verbiage qui visent à les justifier. Les
flammes qu’allument les sanctions ne
consument pas seulement les victimes
mais aussi ceux qui les décident
et les imposent .
M . le Président, Mesdames,
Messieurs!
La violence et l’extrémisme ont
contaminé non seulement les aspects de
la vie matérielle mais aussi ceux de la
vie spirituelle des hommes et des
sociétés entières. Ils ne laissent plus
aucune place à la tolérance, à la
coexistence pacifique, des éléments
indispensables au maintien de la société
humaine, la société moderne.
L’intolérance est le plus grand défi
auquel fait face notre monde
d’aujourd’hui. Il faut cultiver la
tolérance à la lumière des pensées
religieuses, des convictions culturelles
et des solutions politiques.
Le monde est excédé par la
guerre, la violence et l’extrémisme
Les sociétés humaines devront
s’orienter de l’étape de patience
négative à la coopération et la
complicité.
Il ne faut pas seulement tolérer les
autres, il faut travailler avec les
autres . Les populations mondiales sont
excédées par des années de guerre, de
violence et d’extrémisme et ceci (ce
genre de réunion) est une occasion
inouïe. Les peuples aspirent au
changement. La RII croit qu’il est
possible de générer les défis à l’appui
d’un mélange intelligent d’espoir et de
modération. Les bellicistes et les
va-t-en guerre cherchent à tuer
l’espoir.
Toute espérance se fonde sur la
volonté générale d’éradiquer la violence
et l’extrémisme, sur la volonté de
changement et celle d’opposition à toute
structure imposée. L’espoir est basé
sur le prix à accorder au choix et à la
responsabilité humaine.
L’espoir est sans doute l’un des plus
grands bienfaits divins et la modération
signifie une combinaison sage et
intelligente des idéaux sublimes, des
stratégies efficaces sur fond du réel.
L’Iran est une puissance
régionale
Les Iraniens ont voté dans un élan de
subtilité et de choix intelligent à la
politique de modération et d’espérance.
En politique étrangère, ceci signifie
que la RII en qualité de puissance
régionale, se sent responsable face à la
sécurité régionale et internationale et
qu’elle est disposée à une coopération
multilatérale et générale avec d’autres
acteurs impliqués dans ce processus.
Il n’existe pas des solutions
radicales aux crises mondiales
Nous apportons notre pleine appui à
la paix basée sur la démocratie, et le
recours aux élections libres aussi
bien en Syrie qu’à Bahreïn et ailleurs.
Et nous croyons qu’il n’existe aucune
solution extrême pour des crises
internationales et que ces crises ne
peuvent être vaincues qu’en ayant
recours à la sagesse, à l’interaction, à
la modération. Ce n’est guère à l’appui
du militarisme que la paix et la
démocratie pourront être instaurés dans
les pays du monde et au Moyen Orient .
L’Iran cherche la solution aux
problèmes, il ne cherchent pas à en
générer.
Il n’existe aucun problème ni crise
qui ne soit solvable grâce au respect
mutuel , au refus de la violence .
Accepter le droit nucléaire
iranien, la solution la plus simple
Je reviens sur le dossier nucléaire
iranien.
Accepter le droit naturel de l’Iran,
le droit légal et inaliénable à avoir le
nucléaire civil, ainsi que le prône le
Guide Suprême de la Révolution
islamique, est la solution la plus
simple à cette crise.
Les principaux acteurs de ce dossier
devront se fixer deux objectifs,
objectifs qui se posent en deux
composantes inséparables d’une solution
définitive à cette crise .
Primo : le programme nucléaire
iranien comme celui d’autres pays du
monde devra avoir un aspect
exclusivement civil.
La bombe atomique n’a aucune
place dans la doctrine défensive
iranienne
Je l’annonce ici et très clairement
que l’objectif principal de l’Iran et ce
mis à part les positions d’autres
acteurs impliqués dans ce dossier, n’est
qu’avoir accès au nucléaire civil.
Les armes de destruction massive
n’ont aucune place dans la doctrine
défensive de l’Iran et elles s’opposent
aux fondement de notre croyance
religieuse et nos convictions éthiques.
Les intérêts nationaux iraniens exigent
que nous dissipions les inquiétudes
régionales au sujet de notre nucléaire.
Secundo :
notre second objectif consiste à faire
accepter le droit iranien à
l’enrichissement et à d’autres activités
nucléaires civiles et ce, sur le sol
iranien. Le savoir nucléaire iranien est
maitrisé en Iran et l’enrichissement est
désormais au stade de la production en
chaine. En ce sens, il est irréaliste et
illusionniste de croire que les
pressions illégales pourront arrêter en
quoi que ce soit le programme nucléaire
iranien.
La RII insiste sur le respect
de ses droits
La RII insiste donc à ce que ses
droits nucléaires soient respectés et
tout en mettant l’accent sur la
nécessité d’une coopération
internationale, elle est prête à
reprendre sans tarder les pourparlers
nucléaires dans l’objectif de créer un
climat de confiance et de dissiper les
malentendus réciproques. L’Iran cherche
une interaction constructive sur fond de
respect mutuel et des intérêts communs
avec le reste du monde et en ce sens il
ne cherche pas à exacerber les tensions
avec les Etats-Unis d’Amérique.
Si Washington le souhaite, il
est possible de gérer les divergences
J’ai suivi avec intérêt les propos
d’aujourd’hui du président Obama.
Il est possible de définir un cadre pour
gérer les divergences irano américaines,
à condition que les dirigeants
américains en aient la volonté politique
et qu’ils se refusent à suivre les
groupes de pressions. Ce cadre
devra être fondé sur base de respect
mutuel, d’égalité des droits et des
principes reconnus par le droit
international. Ceci étant dit, nous
attendons entendre une voix unique de la
part de Washington.
La paix est à notre portée
M. le président, Mesdames et
Messieurs,
Ces dernières années n une seule voix
ne cesse de se faire entendre et qui et
la suivante : « l’option militaire
est sur la table » ; mais permettez nous
de mettre en avant , contre cette
formule inefficace et illégale une
autre : « La paix est notre
portée ».
Proposition à l’ONU
Au nom de la RII je propose en guise
de premier pas que le projet « le
Monde contre la violence et
l’extrémisme » figure à l’ordre du jour
de l’ONU et que tous les Etats et les
institutions internationales et civiques
fournissent des efforts pour orienter le
monde dans ce sens.
Il faut réfléchir à mettre au pas «
la coalition pour une paix durable » en
lieu et place de la « coalition
de guerre »
La RII convie la communauté
internationale à accepter et à franchir
des pas dans le sens de notre appel ,
celui ‘d’œuvrer contre la violence et
l’extrémisme pour que soit ouvert un
nouvel horizon où la paix, la tolérance,
le progrès la justice la richesse, la
liberté remplacent la guerre la
violence, l’effusion du sang, la
discrimination, la pauvreté et la
dictature.
Modération est l’avenir de
notre monde
Le grand poète iranien, Ferdosi dit :
« Œuvrez à ce que le bien gagne le
monde, à ce que le froid de l’hiver cède
la place à la douceur du printemps ». En
dépit de tous les problèmes qui
existent, je suis profondément optimiste
sur l’avenir.
La solidarité internationale contre
la violence et l’extrémisme promet
un avenir meilleur pour notre monde. La
modération est l’avenir de notre monde.
Mon espoir s’enracine dans cette
conviction personnelle et cette
expérience nationale d’ailleurs
partagées par toutes les religions
divines que le monde aura devant lui des
lendemains qui chantent :
«و لقد کتبنا فی الزبور من بعد الذکر
ان الارض یرثها عبادی الصالحون»
m
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