[paradoxalement, les critiques de l¹extrême droite colonisatrice
à l¹égard d'Olmert "reflètent la révolution que connaît
actuellement la société israélienne : l¹entreprise de
colonisation n¹est plus perçue comme une chose fragile qu¹il faut
protéger, mais de plus en plus comme un os en travers de la gorge,
qui ne peut être ni avalé ni recraché"]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/673051.html
Ha¹aretz, 22 janvier 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Il faut se pincer pour s¹assurer qu¹on ne rêve pas lorsqu¹on
entend les arguments opposés par la droite à Ehud Olmert, face à
la détermination (pour le moment, toute verbale, il faut le
souligner) qu¹il montre contre les hors-la-loi juifs à Hébron.
Le Premier ministre par intérim a annoncé que l¹Etat allait
imposer son autorité aux colons qui ont envahi le marché de Hébron,
et que les avant-postes illégaux seraient évacués. Il a également
critiqué le laxisme dont ont fait preuve jusqu¹à présent les
instances chargées de faire
respecter la loi dans leurs rapports avec les colons pilleurs de
Cisjordanie, et leur a ordonné d¹agir immédiatement. Cette
directive a conduit les leaders des partis de droite à prétendre
qu¹Olmert n¹était mû que par des motivations politiciennes : en
clair, qu¹en exigeant la fermeté
à l¹égard des hors-la-loi de Cisjordanie, il était à la pêche
aux voix.
On n¹avait pas vu cela depuis la séparation des eaux de la mer
Rouge par Moïse au moment de l¹exode des Hébreux d¹Egypte : une
extrême droite accusant le parti centriste de vouloir séduire les
électeurs en appelant à maîtriser les colons. Les députés de
droite qui ont employé cet argument ce week-end ne se sont pas
rendu compte qu¹ils se tiraient une balle dans le pied. Car, après
tout, si la motivation réelle d¹Olmert est de gagner des voix,
comme le prétendent les partis de droite, c¹est donc bien parce
que la majorité desdits électeurs soutient la position de fermeté
du gouvernement à l¹égard des colons. Cela signifie que la
politique qui défend la réduction de la présence juive dans les
Territoires est une carte que les partis doivent jouer. Au nom de
qui, donc, ces députés de droite s¹opposent-ils à la nouvelle
directive d¹Olmert et soutiennent-ils le contrôle total des
Territoires, sinon au nom d¹une minorité d¹électeurs ?
Il y a six mois à peine, la droite prétendait que le plan de désengagement
ne devait pas être appliqué, parce qu¹Ariel Sharon n¹avait pas
tenu sa promesse de procéder à un référendum. Les opposants au
retrait de Gaza et du Nord de la Cisjordanie disaient que la voie
officielle qui consistait à passer par le gouvernement et par la
Knesset ne suffisait pas. Ils voulaient en appeler directement au
peuple. Le Conseil des colons (Yesha) a mené un dur combat contre
ces évacuations, en fondant sa position, entre autres, sur le fait
que la plupart des Israéliens étaient d¹accord avec lui.
Aujourd¹hui, l¹ordre du jour est à l¹évacuation de quelques
dizaines de colons qui ont pris possession d¹un nombre limité de bâtiments
dans le marché de Hébron, ainsi qu¹à celle d¹un petit nombre d¹avant-postes.
Et, de fait, l¹extrême droite admet que la majorité des Israéliens
est favorable aux évacuations. Elle l¹admet par le fait même de
dire que ces évacuations constituent de la démagogie électorale.
De plus, contrairement à ce qui se passe d¹habitude, le bénéfice
qu¹en tirent les électeurs ne se traduit pas par des baisses d¹impôts
ou par l¹augmentation de prestations sociales, mais par l¹évacuation
de quelques avant-postes illégaux.
Qu¹il soit volontaire ou pas, cet argument de l¹extrême droite
reflète la révolution que connaît actuellement la société israélienne
: l¹entreprise de colonisation n¹est plus perçue comme une chose
fragile qu¹il faut protéger, mais de plus en plus comme un os en
travers de la gorge, qui ne peut être ni avalé ni recraché. L¹époque
où les gouvernements israéliens préféraient éviter la
confrontation face au fanatisme des colons (par exemple, après le
massacre du Caveau des Patriarches, en 1994, quand Itzhak Rabin est
revenu sur sa promesse d¹évacuer l¹enclave de Hébron) semble révolue.
Le Conseil des colons et l¹extrême droite doivent réfléchir à
la décision que prendra probablement le corps électoral le 28 mars
prochain. S¹ils interprètent correctement l¹humeur de l¹opinion,
ils doivent préparer leurs communautés à accepter la décision de
la majorité. Et si Olmert sent qu¹il a le soutien de l¹opinion
pour sa fermeté à l¹égard du comportement insurrectionnel et illégal
des colons des Territoires, pourquoi, alors, ne concentrer son
effort que sur trois ou quatre colonies, plutôt que sur la totalité
des avant-postes illégaux ?
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