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Liban : Israël utilise-t-il des armes chimiques ?
Suzanne Baaklini
 

Depuis le début des agressions israéliennes sur le Liban, le cortège des morts innocentes et des horreurs s’allonge, et des rumeurs sur l’utilisation par Israël d’armes non conventionnelles et interdites mondialement ne font qu’enfler.

Des observations faites par des médecins qui ont examiné des corps de victimes posent plus d’un point d’interrogation, même si leurs soupçons sur l’utilisation d’armes chimiques notamment attendent les résultats des biopsies. Interrogé sur cette question, le président de l’ordre des médecins, Mario Aoun, explique que « des prélèvements effectués sur des corps de victimes présentant des caractéristiques ayant attiré l’attention des médecins ont été envoyés à un laboratoire spécialisé à Beyrouth, et nous attendons les résultats d’ici à une semaine ».

Mais qu’est-ce qui a éveillé les soupçons ? Le Dr Aoun parle de caractéristiques bien particulières : « Les corps de huit victimes, tombées à Rmeilé aux premiers jours du conflit et ramenées à Saïda, avaient une couleur très foncée, mais n’étaient pas brûlés pour autant. Leurs cheveux, leurs muscles et même leurs habits étaient intacts, ils n’avaient pas d’éclats d’obus dans le corps, ne présentaient ni des traces d’hémorragie ni des signes de problèmes respiratoires. Les médecins ont alors pensé à une autre possibilité, celle de l’utilisation probable de bombes libérant des substances chimiques. »

Le Dr Aoun précise que les médecins ont alors notifié le ministère de la Santé, qui a demandé au médecin du caza de s’assurer du fait, puis d’effectuer des biopsies sur différentes parties des corps des victimes, avant de les confier aux spécialistes et au service d’anthropométrie. Ce service a même ajouté des échantillons de sol prélevés dans les régions bombardées, en raison de soupçons sur l’utilisation de bombes au phosphore, toujours selon lui.

« À Tyr, nous avons même reçu des rapports de médecins qui soupçonnent l’utilisation de bombes avec des matières paralysantes, se basant sur des comportements de certains blessés », ajoute-t-il.

Le Dr Bachir Cham, professeur de chirurgie dans un hôpital à Saïda, était le médecin qui avait examiné les huit victimes de Rmeilé. Il considère qu’il n’est pas possible de déterminer quel type de produit chimique serait en cause avant de connaître les résultats des tests. « Je soupçonne qu’il ne s’agit pas d’une matière qui passe par le système respiratoire, mais plutôt de matières transcutanées, dit-il.

Ces bombes ont plusieurs caractéristiques, elles sont très précises, elles tuent par implosion et contiendraient des substances dopantes pour augmenter le taux de mortalité, ce qui explique que le rapport tués/blessés soit de un sur deux, donc particulièrement élevé. »

Omar Nachabé, docteur en criminologie au journal al-Akhbar, est celui qui a reçu les 24 biopsies et les a envoyées au laboratoire, après avoir obtenu la signature du procureur militaire. Il confirme les soupçons exprimés par les autres spécialistes qui ont conduit aux tests, mais déclare qu’il est impossible d’affirmer quoi que ce soit tant que des résultats concluants n’auront pas été obtenus. Le retard dans le début des tests (sachant qu’ils ont déjà commencé), selon lui, est dû à des considérations techniques. Les résultats devraient être prêts dans quelques jours à une semaine, selon les différentes personnes interrogées.

Que faire des résultats s’ils s’avèrent positifs ? « Nous les transmettrons au gouvernement, et c’est lui qui décidera quoi en faire, explique le Dr Aoun. Auparavant, nous aurions envoyé les prélèvements à des laboratoires européens pour une confirmation. »

Les victimes civiles

Les soupçons ne se portent pas seulement sur la potentielle utilisation d’armes chimiques. Dans un rapport publié il y a plus d’une semaine, l’association Human Rights Watch dénonçait l’utilisation de bombes à fragmentation par Israël au Liban. Le représentant de l’association à Beyrouth, Nadim Houry, explique que l’association a pris acte des rumeurs qui parlent d’armes chimiques, mais que des photos envoyées aux États-Unis ne se sont pas avérées suffisantes pour trancher le débat.

Pour ce qui est des bombes à fragmentation, HRW continue de dénoncer leur utilisation. « Ces bombes ne sont pas en elles-mêmes interdites mondialement, précise toutefois M. Houry. Mais c’est leur largage sur des cibles civiles qui est en violation de la convention de Genève. Ce sont des bombes qui ne distinguent pas. Pour nous, il est important de demander une enquête immédiate, et comme il s’agit de questions techniques, elle pourrait être menée assez rapidement. »

D’un autre côté, poursuit-il, « le Liban pourrait commencer à préparer ses dossiers ». « Ce sera compliqué, parce que ce pays n’a pas ratifié la convention sur la cour pénale internationale, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de recours possible », ajoute-t-il.

Armes conventionnelles ou pas, M. Houry pense que le débat principal est ailleurs. « Les civils sont en train de mourir, d’armes conventionnelles ou non conventionnelles, dit-il. Notre priorité en tant qu’organisation est de démontrer qu’Israël ne distingue pas entre civils et militaires. Or nous voulons encourager les deux parties à prendre des précautions pour éviter de toucher les populations civiles. »

M. Nachabé n’est pas loin de cet avis. « Même les armes conventionnelles utilisées non conventionnellement sont interdites mondialement, comme ces énormes bombes qui sont tombées sur de simples maisons, et là, le mot “disproportionné” utilisé par le président français Jacques Chirac prend tout son sens », dit-il.

Suzanne Baaklini

3 août 2006 - L’Orient le Jour - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lorientlejour.com/page.a...

 

 


Source : CCIPPP
http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=3250


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