J'apprends que
Publicis est chargé d'une campagne publicitaire par le gouvernement
israélien pour expliquer le Mur. D'une certaine façon cela ne m'étonne
pas. On sait depuis longtemps que le discours politique est devenu
un discours commercial et que le problème est celui de sa vente,
problème essentiellement technique comme vous le savez ou faites
semblant de le savoir. Tout cela résulte de l'escroquerie
intellectuelle, mais du moment que la vente marche, on ne s'arrête
pas pour si peu.
Cela dit, en choisissant de vendre une politique de destruction d'un
peuple, l'escroquerie monte d'un cran et il s'agit d'une véritable
imposture. Ou vous défendez, pour des raisons idéologiques, la
politique israélienne, alors dites le sous cette forme. C'est votre
droit et c'est notre droit de dénoncer ce choix, mais nous savons,
et ceux qui entendront votre discours sauront quels sont vos choix
politiques, sauront aussi que vous choisissez la barbarie. Tout cela
sera clair.
Ou vous faites semblant de mener une campagne publicitaire, et dans
ce cas nous devons dire que vous êtes les complices d'un crime. Et
que l'on arrête de parler de publicité alors qu'il ne s'agit que
d'une opération d'agit-prop. Dans les deux cas vous vous comportez
en complice. L'aspect publicitaire ne peut servir qu'à occulter le
débat. La barbarie du gouvernement israélien n'apparaît que comme
un objet à vendre et la question n'est plus de débattre d'une
politique mais simplement de convaincre les clients d'acheter une
politique.
Tout cela est affligeant mais c'est un bel exemple de la malhonnêteté
politique actuelle, malhonnêteté à laquelle vous participez.
Je terminerai cette lettre en mettant l'accent sur le double mépris
que représente cette campagne publicitaire :
- Mépris envers les Palestiniens qui subissent l'occupation et
l'oppression et pour qui la construction du mur marque un pas de
plus dans la destruction de leur société.
- Mépris envers les Juifs que vous vous proposez d'amener à
soutenir une politique criminelle.
Sans parler du mépris envers tous ceux qui pensent que le débat
politique ne se réduit pas à une marchandise.
Que dire d'autre que mon mépris envers ceux qui vous achètent une
telle campagne et envers vous qui acceptez de la vendre.
Rudolf Bkouche
Professeur émérite, université de Lille
Juif antisioniste
rbkouche@wanadoo.fr
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