900.000
Libanais déplacés en 2006
et 900.000 Palestiniens expulsés en 1948
Rim al-Khatib
1948, 2006. Deux dates symboliques dans la courte histoire
de l'Etat d'Israël.
En regardant les images de l'exode forcé des populations
libanaises du Sud-Liban, on ne peut s'empêcher de penser
aux populations palestiniennes qui, en 1948, avaient pris
la route de l'exil, suite aux massacres commis par les
forces sionistes, sur la terre de Palestine, avant la
proclamation de la mise en place de cet Etat
criminel.
Cana, Deir Yassine. Cana, 2006, où la population est
massacrée pour la deuxième fois, en l'espace de dix ans.
Deir Yassine, 1948, où les civils palestiniens vivaient
tranquillement dans leur village avant que les
bandes terroristes sionistes, armées par les Britanniques
avant leur départ, commettent un des massacres les plus
"symboliques" dans le but de créer une panique
au sein de la population et la pousser à s'en aller.
Les populations quittent : femmes, hommes, enfants, les
ballots sur le dos, les larmes aux yeux, laissant derrière
eux des maisons détruites ou encore debout mais menacées.
La route de l'exil est parsemée de destructions, de
ruines, de voitures calcinées, là où les barbares sont
déjà passés et ont fait leur oeuvre.
Désolation, mort, humiliation, des familles entières
prennent la route de cet exil forcé. Entières ? Non, elles
laissent parmi les décombres une partie d'elles-mêmes,
les enfants qu'elles n'ont pu sauver, les grand-pères
ensevelis, les soeurs dont il ne reste que des photos récentes
de mariage et des nourrissons dans leurs couffins
remplis de sang.
Les images s'entremêlent. 1948, la Palestine, 2006, le
Liban. Et des larmes qui coulent sur les joues creuses de
ces grand-mères qui se voient investies d'une nouvelle
mission, alors qu'elles souhaitaient couler des jours
heureux avant la fin : s'occuper des survivants, des
petits-enfants dont les pères et mères sont restés
ensevelis, là-bas, sous les maisons familiales, ou là-bas, dans
les voitures calcinées sur les bords de la route. La
barbarie est passée par là.
1948, 2006. Deux peuples martyrs. Deux peuples soumis à
la même barbarie, avec la complicité occidentale. Et
entre les deux dates, des dizaines et des dizaines de
massacres, commis par les mêmes, nourris de cette
haine incompréhensible au commun des mortels.
En 1948, les Palestiniens ont été expulsés, suite à
des massacres, de nombreux massacres que seuls peuvent
commettre ceux qui en commettent des semblables
aujourd'hui.
Mais en 1948, les médias n'étaient pas là. Les
sionistes et leurs amis ont pensé qu'ils pouvaient cacher
leurs crimes, ensevelir la mémoire palestinienne rien que
parce que les médias de l'époque n'ont pas transmis
ces massacres. Le responsable du CRIF de Rhône Alpes
parle même du "mythe de Deir Yassine", lorsque
cette organisation sioniste a voulu interdire la
tournée théâtrale des enfants du camp de Aïda.
Mais en 2006, les médias sont là, comme ils étaient là
lors du massacre de Jénine en 2002, ou le massacre de
Rafah en 2004. Il n'y aura pas de "mythe de
Cana", ou "mythe de Jénine".
Et surtout, en 2006, la résistance est là. Trop
faible en 1948, la résistance palestinienne ne pouvait
faire face à ces bandes armées formées et armées par
l'impérialisme britannique.
En 2006, la résistance est là, et avec elle, l'espoir
d'en finir avec cette excroissance cancéreuse de
l'Occident qui, depuis 48, n'a fait que tuer, détruire,
humilier, priver les peuples de la région de toute
stabilité.
Il est vrai que ces images d'exode et de massacres ne
peuvent que nous rappeler ou nous laisser deviner ce qui
s'est passé en 1948 en Palestine, à Deir Yassine, Yafa,
Ramleh, Tantoura, mais nous savons que la situation a
changé : nous sommes sur le chemin de la libération,
nous le savons et en sommes certains.