Tariq
Ramadan et Michel Warschawski ont plaidé à Strasbourg,
pour le Proche-Orient comme pour l’Europe, contre
« l’idéologie globale de la peur ».
Le
centre socioculturel du Galet, dans le quartier de
Hautepierre, était comble jeudi soir pour le débat
autour de l’universitaire musulman suisse Tariq Ramadan
et du pacifiste juif israélien Michel Warschawski. Tous
deux se sont montrés inquiets d’un monde « réduit
à une guerre de tribus » (Michel Warschawski) et
ont appelé à « une conscience critique » (Tariq
Ramadan) qui s’engage pour la paix au Proche-Orient et
lutte ici contre tous les racismes qui alimentent souvent
ce conflit.
Michel
Warschawski s’est insurgé contre le « marquage
des camps » : « on entend parler
maintenant de civilisation judéo-chrétienne : dans
mon enfance, cela aurait fait rire jaune (...) Mais si
l’on dit "judéo-chrétien", c’est bien pour
expliquer aux juifs israéliens qu’ils seraient le
"bélier", l’avant-garde en lutte contre
l’islamisme... » Il regrette donc à ce titre
« l’instrumentalisation de l’antisémitisme en
France ». Le fils de l’ancien grand rabbin de
Strasbourg plaide pour un « vivre-ensemble »
en Israël-Palestine au lieu de cette stratégie « raciste,
injuste et totalement suicidaire » qui est celle du
prétendu choc des civilisations.
« Condamnable,
explicable »
Au
diapason de son interlocuteur, Tariq Ramadan plaide
« l’engagement commun » contre « l’idéologie
de la peur qui nous colonise ». C’est sur une série
de principes que le prédicateur insiste. Exemple :
le « droit à être » de chacun, « y
compris avec des institutions collectives », ce qui
exclut tout slogan comme celui de « rejeter les
juifs à la mer ».
Ou
encore la « résistance légitime », sur
laquelle il s’explique longuement : « En soi,
s’en prendre à des innocents israéliens est
condamnable, même si c’est historiquement explicable.
Il faut agir pour que cela ne le soit plus ! »
Enfin, ici, « refusons tous les racismes » et
revenons « aux valeurs communes universelles ».
La
rencontre était organisée conjointement par l’Union
juive française pour la paix (UJFP) et le Collectif des
musulmans de France (CMF), qui ont présenté l’une et
l’autre leur travail militant.