Depuis celui de Berlin, les murs de séparation n'ont pas bonne
presse...
En cette période de
globalisation où l'on efface les frontières, où plusieurs pays
membres de l'Union européenne ont créé un espace où l'on peut
se déplacer sans subir de contrôles d'identité, ce qui est un
signe de confiance, d'autres pays font l'inverse. Ces murs se
dressent là où il y a méfiance, hostilité. Le mur de Berlin
avait été érigé pour empêcher la population d'Allemagne de
l'Est de " voter avec ses pieds " en fuyant un régime
impopulaire. D'autres murs veulent au contraire éviter un afflux
de population : c'est le cas du mur que les Etats-Unis veulent ériger
à la frontière mexicaine, ou de la clôture de Ceuta. Le mur
israélien est sécuritaire : il vise à empêcher les
Palestiniens de commettre des attentats en Israël.
C'est un outil efficace, un mur ?
Un mur protège, mais n'est pas suffisant pour empêcher un régime
de s'effondrer, voyez Berlin. La grande muraille de Chine a protégé
l'empire contre les invasions venues d'Asie centrale, mais pas
contre le dépeçage réalisé par les puissances européennes.
Quant à la ligne Maginot, elle a été plus nuisible qu'efficace,
en donnant à la France un faux sentiment de sécurité et de
confort face à l'Allemagne. Elle fut finalement très dangereuse.
Par contre, la " clôture de sécurité " comme
l'appellent les Israéliens, a, semble-t-il, contribué à réduire
le terrorisme, une amélioration qui est peut-être aussi due à
une modification du climat politique. Mais les frustrations
provoquées par ce mur risquent aussi de provoquer de nouvelles
vocations terroristes...
Ériger
un mur, c'est toujours un aveu d'échec ?
Il vaut parfois mieux séparer
des peuples que de les voir se faire la guerre. Regardez la zone démilitarisée
entre les deux Corées. Il est dommage d'avoir un no man's land au
38e parallèle, mais c'est préférable à une reprise du conflit
entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.
Il vaut mieux une barrière qu'une guerre, c'est un moindre mal.
Mais c'est avoir recours à une politique aussi vieille que le
monde, celle du bouclier et de l'épée. Et ceux qui veulent
passer et en sont empêchés par un mur s'adaptent et trouvent
toujours les moyens de le contourner.
En fait, les murs donnent un répit à ceux qui les ont
construits, mais ils ne résolvent en rien les problèmes de fond.
Ces murs ont une efficacité limitée dans le temps. Si la
situation de l'emploi ne s'améliore pas au Mexique, les gens
trouveront malgré tout le moyen de passer aux Etats-Unis. Même
chose pour Ceuta et Melilla, considérées comme des portes vers
l'Union européenne. C'est la différence de niveaux économiques
qui est en cause.
Ces
murs sont-ils légaux ?
On a tout à fait le droit
de se protéger d'un voisin dangereux ou envahissant. À condition
de construire la clôture sur son propre terrain. C'est ce que n'a
pas fait Israël, qui a construit ce mur sur des terrains qui ne
lui appartiennent pas. C'est pour cela que la Cour internationale
de justice a déclaré ce mur illégal. Il n'y a pas d'autre
interdiction : les pays sont souverains.
Dernier ouvrage paru
: " L'Année stratégique 2006, Analyse des enjeux
internationaux ". Éditions Dalloz, 610 pages.
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