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Afin que le diable ne se cache pas
Afin que le démon ne se cache pas, une fois de plus dans les détails
Marie NASSIF-DEBS
Beyrouth, le 12 août 2006
En 1967, à la fin de la guerre des "Six
jours", menée par Israël contre l'Egypte, la Syrie et la
Jordanie, Lord Caradon, représentant de sa Gracieuse majesté, a
rédigé une résolution qui prit le numéro 242. Dans une des
clauses de cette résolution, il fut dit qu'Israël doit "se
retirer des territoires arabes occupés" (en anglais :
occupied territories).
Cependant, à la suite du vote de cette résolution, encore
inappliquée jusqu'à nos jours, des discussions se déroulèrent,
tant sur le plan de la forme que sur le plan de l'esprit de la
langue. Le gouvernement israélien d'alors, et ceux qui l'ont
suivi, ont refusé d'appliquer la résolution sous prétexte que
la phrase anglaise ne contenait pas de déterminant (the), ce qui
veut dire qu'il leur est demandé tout simplement de se retirer
" territoires arabes", non de tous, ce à quoi ils se
sont consignés. Et, ainsi, Al-Qods leur revient de droit (ainsi
que le Golan et les fermes de Chebaa).
Nous citons cet exemple, parce que nous avons peur des détails et
des sous-entendus que contient la nouvelle résolution (1701) du
Conseil de sécurité concernant le Liban, rédigée par John
Bolton, ambassadeur des Etats-Unis en coopération avec la
diplomatie française et à laquelle furent introduits plusieurs
amendements jusqu'aux dernières secondes avant le vote. En effet,
Ehud Olmert, Premier ministre israélien, a déclaré sa
satisfaction concernant les amendements, parce qu'ils "ont
pris en considération quelques-uns unes des revendications israéliennes",
dont un délai de 72 heures (jusqu'à lundi) avant de mettre en
application "un cessez-le-feu" immédiat, ce qui leur a
permis d'avoir plus de temps pour continuer leur agression
terrestre et commettre d'autres crimes, tant au Sud que dans la Békaa
ou le Nord.
Ajoutons à ce retard quelques détails lus dans la déclaration
finale faite par Condoleeza Rice, peu après le vote, dont :
1. "le Hezbollah est maintenant
sur la sellette ; il doit choisir ou la paix ou bien la
guerre" . En d'autres termes : Israël n'est point
responsable de toute la destruction faite et de tous les crimes
commis ; il ne sera pas, non plus, responsable de toute escalade
à l'avenir.
2. Le premier cessez-le-feu sera
suivi d'un second qui se fera sur la base des pourparlers directs
entre Israël et le Liban, compte non tenu du sort des fermes de
Chebaa ou de celui des détenus libanais dans les prisons israéliennes.
3. Un appel (ferme) est lancé à la
Syrie et à l'Iran (mais non à Israël) de respecter la
souveraineté du gouvernement libanais (non des territoires
libanais) et la volonté de la société internationale.
Et, si nous étudions tous ces détails à la lumière du premier
paragraphe de la résolution 1701, qui appelle clairement à
"un arrêt immédiat de toutes les opérations offensives de
la part d'Israël", nous sommes sûrs qu'Israël va recourir
(sans avoir à violer la résolution nouvelle) à des opérations
dites "défensives", chaque fois que cela lui est nécessaire,
avec la bénédiction unanime des Etats permanents au Conseil de sécurité
et l'approbation des autres !
Il faut dire que tous les paragraphes à caractère exécutif et
toutes les clauses préliminaires penchent du côté d'Israël et
rendent le Hezbollah seul responsable de tous les malheurs du
Liban et de la région. Ainsi, la prise des deux soldats est
considérée comme "une attaque" contre Israël ; et
c'est cette attaque même qui "a abouti à des centaines de
tués et de blessés chez les deux parties et causé de grands
dommages dans l'infrastructure civile ainsi que le déplacement
forcé de centaines de milliers de personnes".
Que peut vouloir dire cette phrase, en clair ?
Elle dit que le gouvernement israélien peut, à la lumière du
dixième paragraphe préliminaire, demander réparation, y compris
le prix des tanks et, même, des bombes à fragmentation qu'il a
jetées sur nos villes et nos villages et avec lesquelles il a tué
nos enfants.
Nous disons cela parce que nous avons déjà pâti d'une telle
situation. N'avons-nous pas, en 1983, payé aux troupes des
Etats-Unis, venus dans le cadre de la "multinationale",
le prix, non seulement des fortifications érigées autour de
leurs bases, mais aussi des bombes que le porte-avions "New
Jersey" avait lancées contre les villes et villages du Mont
Liban ?
Et si nous nous sommes arrêtés devant tous ces détails, c'est
pour dire que la "société internationale" et ses
"nouveaux dirigeants" continuent assidûment leur ouvre
destructrice dans notre région sous prétexte de nous apporter la
démocratie et la paix. Ils oublient, toutefois, qu'une paix basée
sur l'injustice ne peut pas durer.
Voilà pourquoi, et revenant à la résolution 1701, nous ne
pouvons que dénoncer l'insistance (lourde) sur la nécessité
pour le Liban d'appliquer rapidement le contenu des résolutions
1559 et 1680 (datant des années 2004 et 2005) au détriment de la
résolution 242 qui stipule, depuis presque 40 ans, le retrait
d'Israël des territoires arabes occupés, dont les fermes de
Chebaa sur lesquelles le Conseil de sécurité nous dit qu'il
"a pris note des propositions [du gouvernement libanais]
contenues dans les sept points". Et voilà pourquoi, il faut
demander des explications et des clarifications sur tous les détails
et tous les points ; parce que, depuis 1948, toutes les résolutions
prises furent vidées de leur contenu quand le moment de l'exécution
était arrivé.
Il est vrai que la "nouvelle" résolution, amendée
quelque peu par la diplomatie française, stipule qu'Israël doit
nous livrer la carte des mines laissées dans notre pays et qui
ont causé, jusqu'à nos jours, des centaines de morts et de
blessures graves (parmi les enfants notamment). Il est vrai aussi
que le mandat des forces internationales fut placé sous le
contenu du chapitre six, ce qui exclut, en principe, l'emploi de
la force. Cependant, le nombre de ces forces, leur armement et la
possibilité d'élargir leurs prérogatives à tout le Liban en
font, non une force de paix mais de guerre ; surtout que rien
n'est dit concernant les agressions israéliennes, à part
l'interdiction par ces forces de la violation de nos airs par les
avions israéliens. Ce qui peut laisser à penser que si Israël
voulait réutiliser notre eau pour son agriculture, elle peut le
faire.
La résolution 1701 a donné, comme nous le pensions, aux
agresseurs et aux criminels contre l'humanité. Elle leur a aussi
accordé par la voie diplomatique ce qu'ils ne rêvaient plus
d'avoir par la guerre.
Cependant, cette victoire "à la Pyrrhus" ne saura
sauver les alliés de Georges Bush à Tel Aviv ; comme elle n'aura
pas pour conséquence d'aboutir aux dissensions dont ils rêvent
de pouvoir créer parmi les Libanais.
Nous voudrons les rassurer : la guerre civile n'aura pas lieu.
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