[le choix qu¹auront à faire les Israéliens : soit garder les yeux
ouverts avec le Meretz et reprendre le dialogue avec les
Palestiniens, "partenaires naturels", soit s¹enterrer
dans une "mentalité de bunker", avec le Likoud ou Kadima.
Malheureusement, il est plus que probable que le Meretz n'aura que
très peu de sièges]
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3229453,00.html
Yediot Aharonot, 19 mars 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Quelle est la différence entre Ehoud Olmert et Benjamin Netanyahou
? Tous les deux prétendent qu¹il n¹y a pas de partenaire à qui
parler du côté palestinien, et tous les deux sont de solides
partisans des mesures unilatérales imposées par Israël aux
Palestiniens.
Olmert dit qu¹Israël doit fixer lui-même ses frontières, sans
que le monde extérieur n¹interfère. Netanyahou dit qu¹Israël
doit continuer l¹occupation et l¹agression partout dans les
territoires, sans que le monde extérieur n¹interfère.
Rechercher les modérés
Le parti Meretz nous offre une autre option : tenter de renforcer
les éléments modérés au sein des Palestiniens, ceux qui sont
regroupés autour du Président, négocier avec eux et signer avec
eux des accords.
Un tel accord, dit le Meretz, modifierait fondamentalement l¹équilibre
des forces du côté palestinien et ferait pencher la balance en
faveur des modérés. Si Sharon, au lieu de s¹être retiré unilatéralement
de Gaza, avait effectué le même retrait dans le cadre d¹un accord
avec Mahmoud Abbas, celui-ci aurait gagné une immense popularité
dans la rue palestinienne et la victoire du Hamas aux élections
aurait été évitée.
Aujourd¹hui aussi, nous ferions bien de garder à l¹esprit que
seuls 41% des Palestiniens ont voté pour le Hamas. Si le Hamas a la
majorité au parlement, ce n¹est qu¹à cause d¹un système électoral
déformant.
Au lieu d¹humilier sans cesse Mahmoud Abbas et d¹autres
Palestiniens modérés, Israël ferait mieux d¹annoncer qu¹il ne
reconnaît que la fonction présidentielle de l¹Autorité
palestinienne (Abbas a été élu avec 62% des voix), et qu¹il ne
reconnaît pas le gouvernement Hamas.
Même si ces négociations avec le cabinet du Président ne devaient
produire qu¹un projet d¹accord, il signifierait une percée par
une "route de contournement" qui éviterait le Hamas et
pourrait conduire le camp modéré palestinien à la victoire. Dans
cette perspective, la proposition du Meretz est la seule réponse
possible au "il n¹y a personne à qui parler" d¹Olmert
et de Netanyahou.
Les autres options
Israël dispose d¹une autre voie pour contourner le Hamas : négocier
avec les Etats arabes pour parvenir à une solution globale de tous
les éléments du conflit, sur la base de la proposition de la Ligue
arabe de 2003 (dite "initiative saoudienne").
Cette proposition prévoit qu¹Israël jouirait d¹une
reconnaissance diplomatique pleine et entière, de traités de paix
et de liens économiques avec le monde arabe tout entier en échange
d¹un retrait sur les frontières de 1967 et d¹une solution pour
les réfugiés de 1948 qui soit acceptable pour les deux côtés.
Nul ne s¹attend à ce qu¹Israël signe un pareil accord. Mais nous
ferions bien, avant de nous enterrer dans la position du
"il n¹y a personne à qui parler", d¹entamer des négociations
avec les Etats arabes sur la base de cette proposition.
Nous devons nous rappeler que les Etats arabes ont, eux aussi,
beaucoup à craindre de la victoire du Hamas, et qu¹ils ont de
bonnes raisons de rechercher, comme nous, un chemin qui mène vers
la paix, ce qui ferait rentrer le génie du Hamas dans sa bouteille.
Si Israël se montre capable de parvenir à un pareil accord avec le
monde arabe, il est quasiment certain que les Palestiniens l¹approuveraient
par référendum national, sous la pression des Etats arabes.
Un retour en arrière de 30 ans
Olmert et Netanyahou sont prisonniers de l¹expression "il n¹y
a personne à qui parler" et de sa cousine "il n¹y a rien
à négocier". Expressions de ceux qui sont sûrs de leur bon
droit. Expressions qui nous ramènent 30 ans en arrière.
Contrairement à la position humiliante de Netanyahou et d¹Olmert,
la position du Meretz est réaliste : elle exige que nous ouvrions
les yeux et que nous voyions les possibilités de dialogue qui
existent avec les Palestiniens modérés et avec le monde arabe.
La vérité est que ces éléments modérés sont nos partenaires
naturels dans le combat contre l¹extrémisme du Hamas et du Jihad
islamique.
Quid du Parti travailliste ? Là aussi, il y a un certain nombre de
modérés qui ont les yeux ouverts sur la réalité. Mais, comme d¹habitude,
le Parti travailliste compte d¹autres membres dont les positions
sur le plan diplomatique sont proches de la mentalité de
"bunker" d¹Olmert et de Netanyahou.
Je préfère donner ma voix au sixième candidat sur la liste du
Meretz, qui d¹ailleurs est une candidate, Tsvia Grinfeld (2), et
dont les positions sur les problèmes qui m¹importent sont claires,
plutôt que prendre le risque d¹élire le n° 18 ou 21 sur la liste
travailliste, dont je ne connais pas bien les positions et dont il
est difficile de prévoir comment il se comportera à l¹occasion de
votes cruciaux à la Knesset. (3)
(1) Amos Oz est l¹un des romanciers israéliens contemporains les
plus importants. Il est l¹un des fondateurs du mouvement Shalom
Arshav (La Paix Maintenant)
(2) Nous avions passé un petit papier sur Tsvia Grinfeld :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1238
(3) Le système électoral israélien est un scrutin proportionnel
par listes.
Le système palestinien combine deux modes de scrutin : majoritaire
uninominal (à un tour) et proportionnel par listes.
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