Opinion
Congrès des femmes
en Libye
Ginette Hess Skandrani
Samedi 13 août 2011
J’ai assisté, animé
ou présidé de nombreux congrès, colloque
ou réunion publique, en Europe ou dans
le reste du monde Arabe, mais je n’ai
jamais rencontré cette capacité
d’écoute, d’échange, de débat y compris
contradictoire ailleurs qu’en Libye
Je garde surtout un
souvenir inoubliable de ce congrès de
femmes , où 18 femmes venant de toutes
les contrées de la planète , d’une
quinzaine de nationalité différentes,
femmes du Sud et du Nord, de différentes
cultures et religions, pratiquantes ou
non, de gauche, de droite, politique ou
associatives ont débattu ensemble sur le
statut et les acquis du combat des
femmes et comparé ces acquis d'un pays à
l'autre.
Quinze ans plus
tard, nous nous apercevons que peu de
choses ont changé. La condition des
femmes s'est largement dégradée en Irak
occupé, en Palestine de plus en plus
colonisée, ainsi que dans certaines
autres régions du monde, par contre en
Libye, les femmes sont largement
présentes dans les postes de
responsabilité, y compris dans l'armée.
Le compte-rendu de cette rencontre a été
diffusé en Libye mais n’a jamais trouvé
preneur ailleurs, tous ceux qui
voulaient le publier ont exigé que je
fasse d'abord une critique de Kadhafi,
ce que j'ai toujours refusé.
Congres de
Femmes à Tripoli
Décembre 1996
Malgré les
inconvénients et les désagréments causés
par l'embargo aérien imposé à la
Jamahirya libyenne, malgré les
difficultés du voyage, entre
plusieurs avions et le bateau
Malte-Tripoli, des femmes, venant
souvent de
contrées très lointaines, se sont
déplacées pour cette cinquième
table-ronde sur
le statut de la femme dans le monde, sur
les acquis et sur ce qu'il reste à
conquérir ici ou ailleurs.
Nous remercions surtout deux femmes
âgées de soixante-quinze ans, l'une
Italienne, l'autre Néo-zélandaise, qui
ont voulu apporter leurs témoignages sur
leurs traversées de ce siècle que
certains appellent les lumières,
d'autres les
ténèbres, tout dépendant de quel côté du
colonialisme on se place.
La majorité des femmes étaient âgées de
quarante à soixante ans, deux
Allemandes qui avaient la trentaine et
une Canadienne de vingt-cinq ans. Les
différentes oratrices sont intervenues
sur des sujets assez variés : la femme
et l'emploi, la femme en politique et
dans le mouvement social, le statut de
femme, la culture et les différentes
religions, les moyens de contraception
l'avortement.
Les intervenantes se sont exprimées sur
les différences culturelles et sociales
entre la civilisation occidentale
écrasant toutes les autres et la
multitude de
civilisations existant sur l'ensemble de
la planète.
Le débat entre toutes ces femmes venues
des pays d'Europe, des U.S.A., du
Canada, de l'Amérique latine, de
Nouvelle-Zélande, du Japon, de
différents pays
arabes et de Guyane, était d'un haut
niveau, surtout qu'elles ont su
s'écouter
malgré des analyses différentes et
souvent contradictoires sur le rôle de
la
femme dans la famille, la religion, la
société , sur l'interdiction ou
l'autorisation de l'avortement.
TRIPOLI : LA CONFRENCE
DES FEMMES
PREMIERE TABLE-RONDE :
LES DROITS DE LA
FEMME
DR Khanum Ganhar Aijaz KHAN, ancien
ministre pakistanaise, présidente de
l'association des femmes Pakistanaises
est intervenue sur le droit des femmes
dans l'Islam. Elle a rappelé que beaucoup de femmes
ont contribué aux luttes et combats pour
l'Islam, qu'elles se sont engagées à
côté des hommes pour faire reconnaître
l'Islam en tant que religion et en tant
que civilisation. Elle a comparé les
différentes religions et la place des
femmes dans d'autres religions et a
donné
quelques exemples sur les droits des
femmes dans la religion juive où elles
portent la responsabilité de la perte de
l'Éden ou dans la religion catholique
où elles étaient jusqu'au dix-neuvième
siècle considérées comme n'ayant pas
d'âme au même titre que les noirs ou les
différents esclaves. Dans l'hindouisme,
la femme n'a d'autre place qu'esclave de
l'homme. "L'islam a donné les moyens
aux femmes pour se faire respecter et
avoir confiance en elle même". Judith ALLEN U.S.A de l'Association de
Défense de l'Emploi pour les Femmes, est
intervenue sur la discrimination envers
les femmes dans le monde du travail. La majorité des femmes travaillent aux
U.S.A., même si leur salaire est bien en
dessous de celui des hommes. Même si
elles ont accès à tous les postes
politiques, leur condition n'est pas
idéale. Elles ont créé une association
de
défense de l'emploi des femmes, dont
elle est représentante dans cette
table-ronde.
Beaucoup de femmes voudraient rester à
la maison pour élever les enfants, si
elles en avaient les moyens, car le
niveau des impôts est très élevé aux
U.S.A.
Le mouvement des femmes aux U.S.A a
refusé de soutenir les femmes immigrées,
c'est aussi pour les défendre qu'elles
ont créé l'association de défense de
l'emploi. Les femmes immigrées ne sont
soutenues par aucune organisation ou
syndicat, donc elles sont très isolées
dans la société déjà masculine et de
plus
raciste. La lutte d'émancipation des
femmes a changé de nature, avant elle
était
offensive, maintenant elle est devenue
défensive à cause du chômage et de la
pauvreté. Souad ELNAAS, Libye, du Congrès des
Femmes de la Jamahirya , est intervenue
sur
le droit des femmes et les droits
humains dans la Jamahirya. En Libye, les femmes sont présentes dans
tous les actes de la société. Elles ont
les mêmes droits que les hommes en
politique ou dans les administrations.
Elles
sont largement présentes et représentées
dans les différents congrès populaires.
La société libyenne doit fournir les
moyens à toute la population de se
réaliser
sans distinction de sexe ou d'âge,
travail ou pas travail n'est qu'un
problème
matérialiste. La femme a le droit de
choisir, si elle veut travailler ou si
elle
préfère élever ses enfants, ou continuer
ses études, elle est libre et
émancipée. "C'est notre guide Qadhafi
qui nous a donné l'occasion de nous
libérer"
Par contre, contrairement à l'occident,
dans la société Libyenne l'avortement
est considéré comme un crime abominable,
car l'enfant est un don de Dieu, et la
femme qui ne procrée pas ne joue pas son
rôle naturel et si elle s'avorte, elle
se donne la mort. Dorothea SCHENDEL Allemagne , du
Mouvement des Femmes est intervenue sur
les
droits humains, les droits de la femme
et les problèmes des filles et des
femmes
dans le tiers-monde. "L'UNICEF dénonce la mort de 1,5 %
d'enfants dans le monde, qui meurent
parce
que leurs parents ne les ont pas voulu
et les laissent à l'abandon". Elle est
pour le droit à l'avortement pour éviter
que viennent au monde des enfants non
désirés, ceci pour répondre à
l'intervenante précédente. Elle fait un
exposé sur
le travail des petites filles dès l'âge
de dix ans, qui au lieu d'aller à
l'école comme tous les enfants de leur
âge, sont exploitées, au Pakistan, aux
Philippines ou ailleurs en Asie ou en
Afrique. Plus de 65 % de filles
travaillent ou se marient à un âge
précoce. Souvent elles meurent à cause
de la
procréation trop précoce. L'éducation
des filles est nécessaire pour la santé
de
la société. Dans les pays du Nord, les
filles font des études et en Asie ou en
Afrique, il y a quatre-vingt-dix
millions d'analphabètes dont 2/3 sont
des
filles. C'est d'une injustice flagrante.
Il faut souvent y ajouter la
prostitution obligatoire. En Thaïlande
ou aux Philippines les parents obligent
leurs filles à se prostituer pour
nourrir la famille. Cela est
intolérable. DR. Mithal Sabri JASIM Iraq, présidente
de la Fédération Générale des Femmes
Arabes est intervenue sur le statut de
la femme en terre d'Islam. L'Islam représentant la majorité de la
population dans le monde arabe, il est
logique que cette population tire sa
législation de l'Islam, ainsi que les
droits et les devoirs en tant
qu'individu. L'islam donne sa place à la
femme
arabe selon la juridiction qui régit la
société. Avant l'Islam, la loi qui
gérait la société arabe était issue des
traditions et déconsidérait la femme qui
était considérée comme inférieure à
l'homme. C'est l'Islam qui a apporté le
droit de l'individu, homme et femme et a
contribué à l'émancipation de la femme.
L'individu est jugé sur son comportement
vis-à-vis de Dieu et de la société, et
ceci qu'il soit homme ou femme. L'islam
considère que la Femme participe au
combat en conservant le patrimoine
historique. La femme dans l'Islam joue
un
rôle primordial. Il ne faut pas juger
sur la période de la décadence
islamique.
Le Coran s'est intéressé à la femme dès
le quatorzième siècle. Le droit à
l'héritage, le droit de posséder, il n'y
a pas de différence entre les sexes, la
femme a le droit de jouir de ses droits
en toute indépendance. Avant l'Islam, la
femme était condamnée pour adultère,
maintenant les deux peuvent être
condamnés
et en plus il faut quatre témoins donc
c'est moins facile à juger. Il y a aussi
l'égalité dans le mariage avec la
liberté de choix des deux époux.
L'accord de
la femme est maintenant obligatoire. Ce
sont les Oulémas qui ont mal interprété
les textes du Coran pour les adapter au
droit des hommes uniquement. Ils ont
instauré un fait accompli. Ils ont donné
le droit d'épouser quatre femmes, à
condition qu'il y ait l'égalité, la
justice et le respect envers les quatre
femmes, ce qui est pratiquement
irréalisable. Cette loi a été instaurée
au début
de la création de l'ère musulmane quand
l'Islam était combattu et perdait
beaucoup de combattants, pour conserver
la situation démographique des
Musulmans. Mais les Musulmans ont
conservé cette loi pour continuer à
opprimer
la femme. Béatrix PIRCHNER Autriche, de
l'Institut International sur la
Recherche soufiste, a fait une intervention sur
la nature du monde et le monde dans la
nature. Quand on parle de droit de l'homme,
est-ce que la situation reflète la règle
humaine? Ce monde continue à être
commandé pour arriver à sa disparition.
Il
faut redonner un aspect spirituel à
l'humanité, entre hommes et femmes de
toute
la planète, car nous avons tué beaucoup
de valeurs et instaurés une angoisse
permanente : peur de la guerre, peur des
fléaux et un comportement de
consommation qui reflète cette angoisse
et amène l'homme à dominer la femme à
cause de la peur du naturel. L'univers subit une destruction de
l'environnement au même titre que de la
spiritualité et l'on s'engage de plus en
plus dans un monde matérialiste en
fabriquant de plus en plus un côté
artificiel qu'on appelle progrès.
L'homme,
tombé dans ce piège a écarté la femme
pour pouvoir jouer un rôle plus
important.
Si nous portons un jugement sur tous les
systèmes politiques depuis cinq
siècles, en y incluant l'esclavage dont
l'humanité a tant souffert, on se rend
compte que les tares et les maladies de
la société capitaliste font des ravages
sur la vie de toutes les espèces
vivantes. Il ne faut surtout pas opposer
l'homme et la femme, comme il ne faut
pas opposer spiritualisme et
matérialisme,
pour créer un nouvel ordre social. Le
symbole soufiste est être avec le monde
et
non contre lui. Le soufiste aime Dieu,
aime l'humanité.
DEUXIEME TABLE-RONDE:
LE STATUT DE LA
FEMME : PROBLEMES ET SOLUTIONS Toshiko HIMEOKA Japon, Professeur de la
Faculté pour les Relations
Internationales est intervenue sur le
statut de la femme au Japon et le récent
débat sur la conception des droits de la
femme japonaise. La femme au Japon, est soumise a des
contraintes objectives, car le statut de
la femme change avec l'histoire et
l'évolution de la société. Les femmes
japonaises sont encore très arriérées
par rapport aux mobilisations des femmes quelques améliorations, mais il reste
encore beaucoup à faire. Les
associations
de femmes japonaises ont adopté deux
projets :
1. Sur l'égalité des sexes,
2.
Sur la lutte contre la ségrégation.
La femme japonaise est encore très
démunie pour atteindre ces objectifs,
face à
une société traditionnelle, mais elle
peut déjà améliorer sa situation. Elle
attend beaucoup de la mobilisation
internationale. Les droits de l'homme
doivent
être universels c.à.d. homme et femme,
mais chaque pays doit être pris en
compte dans sa spécificité. Il faut
refuser l'exploitation de la femme et le
harcèlement sexuel au travail ou
ailleurs. Les Femmes japonaises ont été
exploitées sexuellement pendant la
guerre par les militaires et ceci,
aucune
femme ne l'a oublié. Martina KAMP Allemagne, étudiante dans
la Recherche Scientifique, est
intervenue sur l'historique de la lutte
des femmes et sur l'image de la femme du
Maghreb et du Machrek dans les médias
occidentaux. "Ayant eu souvent l'occasion de me
déplacer au Moyen-Orient, je me rends
compte
de l'énorme manipulation des médias en
Europe". Elles montrent les femmes des
objets sexuels ou de plaisir. Le concept
occidental s'est construit sur des
contradictions tantôt attirant tantôt
rejetant tout ce qui est exotique, mais
toujours défini selon des critères
européens. Chaque société est fondée sur
une
culture qui lui appartient en propre. Nous sommes trop arriérés pour le
comprendre. Déjà nous n'arrivons pas à
établir
des relations d'égalité entre l'Est et
l'Ouest, il n'y a que l'hégémonie de
l'ouest qui exige de l'Est de renier
toutes ses valeurs qui ont été établies
au
fil des années. Comment pouvons-nous
comprendre le rôle de la femme dans
d'autres régions et d'autres
civilisations ? L'islam a joué un grand rôle dans la vie
des femmes. Beaucoup de livres ont été
écrits sur la place et le rôle de la
femme dans les sociétés islamiques.
C'est
l'occident qui se voile la face sur
cette civilisation et qui s'est inventé
une
conception occidentale de l'Islam qui
n'a rien à voir avec la réalité et qui
est
toujours fondée sur l'exotisme alors que
les Musulmans sont largement présents
chez nous et enrichissent nos cultures. Dr.Joussef Omar ALGHAZAL Libye,
Directeur de l'Académie Verte, El Fatah
Université où se passe le congrès est
intervenu sur la femme libyenne dans la
culture dominante. Le siècle des lumières lié aux
mouvements de colonisation a entraîné un
mouvement arabe contre la colonisation
culturelle et politique. Les
intellectuels arabes du XIXe siècle,
vers la fin de l'empire Ottoman, opposés
à
la turquisation et contre
l'occidentalisation ont combattu contre
la tentative
d'effacer notre personnalité, appelant à
une stratégie d'interaction avec
d'autres cultures pour vaincre le
colonialisme culturel. La culture est un être vivant qui se
nourrit avec les autres cultures, et
meurt
donc s'il néglige ou combat les autres
cultures. C'est l'interaction qui a
donné
la civilisation, l'interaction islamique
liée à une histoire arabe globale. Le
règne Al Moad, fondé sur la dynastie des
familles soufies, l'histoire actuelle
liée au passé, les sentiments de nos
parents battant dans nos cœurs, notre
mémoire, tout cela nous apporte le
statut de la constitution de nos pays
dans le
Maghreb. Un monde sans culture
spécifique est une charogne et ne peut
donc
attirer que les charognes ou les chiens. La culture arabe a besoin de diversité
entre des cultures, de complémentarité
entre l'homme et la femme pour fonder la
mentalité arabe. Les traditions
conseillaient aux hommes de porter des
vêtements blancs et aux femmes de se
voiler. Les Libyens appliquent encore
aujourd'hui ces conseils. J'ai fait
faire
une étude sociologique à mes étudiants
sur les relations hommes-femmes. Ils
ont
interrogé neuf milles femmes, de tout
âge et de toute profession. Les réponses
étaient souvent partagées sur la
préférence du sexe d'un bébé ou sur la
place
des femmes dans la société, par contre
sur l'égalité entre l'homme et la femme
les oui étaient nettement majoritaires. Rose HOLLINS, Nouvelle-Zélande, de
l'Institut du Droit International, est
intervenue sur le statut de la femme et
la lutte pour l'égalité sociale. La lutte concernant l'émancipation des
femmes n'est pas homogène, car il y a
une
différence entre la lutte et les
objectifs finaux, selon que les femmes
fassent
partie d'une classe sociale ou d'une
autre ou selon que la femme fait partie
d'une civilisation dominante, la blanche
ou celle des Maoris ou autres
autochtones. Les objectifs à atteindre
ne sont jamais les mêmes selon que vous
faite partie de la majorité opprimante
ou des minorités opprimées. Je milite
pour l'indépendance des minorités opprimées, dont les femmes. Je ne me
permets
pas de mettre en cause les gens qui se
battent au nom de l'Islam contre les
complots ourdis par les capitalistes
impérialistes. Chez nous, les Tables-Rondes qui se
tiennent et où l'on appelle les femmes à
débattre, ce sont toujours les riches
qui parlent aux riches et contre les
pauvres. Il est nécessaire de faire une
union entre toutes les forces quelles
que soient leurs identités ou leurs
cultures pour les droits de l'homme et
les
droits sociaux contre le capitalisme. Les femmes ont besoin de lutter avec
d'autres minorités, de combiner leurs
forces pour faire échec au capitalisme,
la lutte sera plus efficace. Il faut
lutter ensemble pour mettre fin à
l'oppression de toutes les minorités. De
toute
façon, le capitalisme est concentré
entre quelques mains qui oppriment la
majorité des populations, seulement
certains sont plus opprimés que
d'autres,
donc se révoltent plus. La concurrence
capitaliste a entraîné une confrontation
des pays riches au détriment des pays
pauvres. Le problème dont les femmes
souffrent le plus en Nouvelle-Zélande,
c'est le fléau social. Après la guerre,
20 % de femmes ont commencé petit à
petit à travailler dans des emplois à
temps
plein, en 1995, il n'y en avait plus que
15 %. Nous sommes les premières
victimes du chômage. Jacqueline BUTRON Bolivie, du C.E.M.E.C.
(centre de multiservices sur
l'éducation et les cultures) est
intervenue sur le rôle de la femme
amérindienne
en Bolivie. En Bolivie sur une population de sept
millions d'habitants, la coexistence
entre
les nombreuses ethnies, entre les
différentes cultures est possible. Je ne
dis
pas que c'est parfait, mais j'ai
beaucoup voyagé et je trouve qu'il y a
une
certaine tolérance dans mon pays alors
qu'il y a une énorme variété
géographique
et culturelle. Tous peuvent s'exprimer.
Depuis la création de la république, en
1925, l'état fait son possible pour
faire cohabiter toutes les ethnies qui
le
composent. C'est un pays qui ne connaît
de toute façon pas encore toutes les
identités, les cultures et les ethnies
qui font sa richesse. La Bolivie, du fait de cette tolérance a
pu acquérir un semblant de démocratie,
une sorte de stabilité qui a permis de
réformer l'enseignement aux différentes
ethnies, un enseignement global, mais
aussi indigène dans la mesure des
connaissances. Il y a encore beaucoup à
faire pour arriver à un enseignement
plus performant et pour permettre aux
différentes couches de la société de
participer aux gestions municipales et à
l'exécutif. Par contre, la femme n'est
pas vraiment protégée de l'exploitation.
65 % de femmes ne peuvent avoir accès à
l'enseignement à cause de la pauvreté et
de l'analphabétisme. Dans un pays ou
75 % de la population est autochtone, la
femme autochtone vit en milieu rural et
ne profite donc d'aucune facilité pour
participer aux affaires sociales,
d'ailleurs personne ne songe à lui en
offrir les moyens. Les femmes, en milieu
rural souffrent énormément du manque
d'hygiène et d'assistance sanitaire. Ginette SKANDRANI France, écologiste,
Femme pour la Paix et Réseau de
Solidarité
avec le Peuple Palestinien est
intervenue sur le rôle de la femme en
politique
et dans le mouvement social en Europe et
particulièrement en France. Dans le monde du travail, les femmes
sont encore très minoritaires dans
l'encadrement et dans les fonctions les
plus valorisantes. Elles sont nettement
moins payées, à niveau de qualification
égale. Elles sont beaucoup plus touchées
par le chômage et la pauvreté (12 %
contre 8 % pour les hommes). Certains
hommes
politiques veulent carrément les
renvoyer à la maison sous prétexte qu'il
n'y a
plus de travail pour tous. C'est sur
elles que repose aussi la plus grande
partie du travail domestique et l'éducation des enfants les contraignant
souvent
à faire des "doubles journées". Ça tient
particulièrement à nos modes de vie,
ou, sous prétexte de rentabilité, la
famille a été éclatée, l'entraide et la
solidarité jetées aux oubliettes de
l'histoire car non capitalisables. D'une part, les mentalités ayant
beaucoup de mal à évoluer, les longues
études
sont toujours réservées aux garçons,
d'autre part on retrouve toujours dans
les
livres scolaires certains stéréotypes
comme : maman fait la cuisine, papa
travaille. Ce qui ne favorise pas la
prise de conscience sur l'égalité des
sexes. Quant à la publicité, elle reste
toujours aussi sexiste en Europe. Ce
n'est vraiment pas agréable de voir sur
les murs les affiches de femmes nues
vantant tel ou tel produit de
consommation. En dehors de la sphère
privée ou
économique, l'inégalité la plus
flagrante et qui perdure est bien du
domaine de
la politique, car les femmes sont très
peu représentées dans les assemblées. Malgré les grandes déclarations
fracassantes, surtout en campagne
électorale,
sur le statut de la femme européenne, il
me semble que le droit de la femme est
surtout un concept qui sert à cacher la
réalité de la politique et à donner des
fausses leçons de démocratie aux pays du
Sud. "J'aimerais beaucoup comparer, au-delà
des différences culturelles, le nombre
de femmes élues ou assumant des postes
de responsabilité dans les pays
musulmans". On nous soumet, par médias
interposés, l'image de la femme
musulmane, voilée, dépendante, exclue de
toute décision qui doit correspondre à
l'image de la femme occidentale,
dénudée, inconsciente, charmeuse et
dépravée
distillée dans les pays arabes. Aucune
de ces deux images ne correspond à la
réalité. Il existe en France, comme dans
tous les pays où la démocratie n'est
que parlementaire, un foisonnement
d'associations, et là, dans ce qui
correspond
à la réalité de la société civile, les
femmes sont largement présentes et
représentées. Peut-être faudra-t-il instaurer une
démocratie plus directe pour inciter les
femmes à participer au débat politique ? TROISIEME TABLE-RONDE :
LA PLACE DE LA
FEMME DANS LA SOCIETECONTEMPORAINE Ornella SANGIOVANI, Italie, journaliste,
est intervenue sur les femmes, l'Islam
et le mensonge des médias occidentaux .
"Lors de la conférence mondiale de
Pékin, les femmes ont exigé des mesures
pour
améliorer l'image de la femme dans les
médias occidentaux". Les médias
occidentaux donnent surtout une mauvaise
image de la femme musulmane par
ignorance de cette religion. La seule image qu'a l'Occident sur
l'Islam c'est : le désert, les chameaux,
le
harem. L'image de la femme musulmane est
donc liée à cette image : elle est
soumise, elle est l'esclave de l'homme,
elle est un jouet sexuel. Beaucoup de
romans ont paru en occident sur les
harems, les femmes voilées et
violentées, le
fantasme a fait le reste. Certaines femmes maghrébines en Europe,
plus occidentalisées que les
occidentales, et se disant toujours
progressistes sont intervenues dans les
médias pour dénoncer le hidjab,
l'esclavage du voile, ce qui n'a pas
arrangé
l'image de la femme musulmane. Tout le
monde semble oublier aujourd'hui
l'énorme
progrès qu'il y a eu concernant la
condition des femmes en Irak, longtemps
avant
la guerre. Nos médias montrent la Libye
comme un pays traditionaliste, alors que
nous savons qu'il y a l'égalité entre
l'homme et la femme. La femme
occidentale
souffre aussi, comme partout,
d'injustices, mais ce sont toujours les
drames
vécus par les femmes dans le monde
musulman qui sont gonflés pour desservir
l'Islam. Pourtant, le Coran est traduit dans
toutes les langues, il suffirait
d'étudier
l'Islam avec plus d'objectivité, pour
s'instruire. Les médias insistent sur la
polygamie, fabulent sur l'homme et ses
quatre femmes et ne comprennent même pas
que c'est très exceptionnel et que ce
n'est pas une règle car peu d'homme
peuvent entretenir quatre femmes en
gardant la vie propre à chaque femme. Et
ce
n'est pas un fondement religieux. La circoncision ou l'excision, le
prophète n'en a jamais parlé. L'occident
exploite la pratique de l'excision qui a
existé avant l'Islam pour dénigrer
cette religion. Marcelle PERREIRA Guyane, du Mouvement
Révolutionnaire, est intervenue sur la
place des femmes dans le monde
contemporain et les problèmes liés au
monde
contemporain. Les problèmes de la femme ne sont pas
les mêmes selon qu'on est d'un côté de
la
planète ou de l'autre. La femme arabe a
d'autres problèmes que la femme des
U.S.A, ou d'Europe. Il y a le problème
de la religion dans certains pays, il
faut donc les traiter d'une autre
manière. Il y a la liberté de choix de
l'individu, dans ou en dehors de la
société. "Islam ne veut pas dire liberté
de
choix de l'individu, mais le choix que
fait l'individu par rapport à la
société". En ce qui concerne l'avortement, en
Occident, la femme prend sa décision,
chez
les musulmans, l'enfant est voulu par
Dieu, il faut respecter l'enfant. La
liberté a différentes facettes, nos
idées sont différentes. L'être humain
obéit
à des lois naturelles, mais il n'est pas
tout seul, donc il faut aussi des lois
sociales. Selon la troisième théorie
universelle, Qadhafi insiste sur le côté
naturel, nous sommes des êtres humains
créés par Dieu, nous obéissons à des
lois
divines. Les hommes et les femmes sont
tous les deux des êtres humains, il ne
doit pas y avoir de différences. Il y a des phénomènes naturels qui ont
été dénaturés à cause de l'intervention
des hommes. Nous devons veiller à
comprendre nos différences, les étudier
puis
les dépasser. La mentalité occidentale
n'a jamais fait d'effort pour comprendre
les autres cultures. Elle a toujours
voulu les façonner à son image. Si nous
voulons comprendre notre époque nous
devons réhabiliter toutes les cultures.
Le
monde actuel est très pauvre, non
seulement au niveau culturel, mais
surtout au
niveau économique. Les 3/4 de l'humanité subissent une
pauvreté extrême et la domination du
F.M.I,
beaucoup de pays sont soumis à l'embargo
décrété par les U.S.A., sur les peuples
qui ne leur plaisent pas. Nous devons
lutter contre l'impérialisme, car les
riches sont de plus en plus riches et
les pauvres de plus en plus pauvres. Il
faut plus de compréhension et plus
d'entente entre les peuples opprimés. Thérésa ASSENCIO BRUGIATTELLE Italie,
Présidente de l'Association
Internationale
des Femmes Juristes est intervenue sur
la femme au seuil du troisième
millénaire
: bilan et perspectives. Les femmes luttent déjà depuis deux
cent ans pour leurs droits. En réalité
cette lutte n'a été qu'une façade du
patriarcat, qui a réduit la maternité à
une
simple reproduction, ce qui a fait que
même certaines femmes étaient persuadées
de la supériorité masculine. Le travail
des femmes dont on nous parle, a
toujours été un double travail sans
rétribution. Ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle
que les femmes ont commencé à sortir de
la
maison, la parité des femmes passant par
le travail à l'extérieur, bien qu'elles
doivent aussi assumer celui de
l'intérieur. Les femmes ont commencé à
se réunir,
à créer des associations, à produire des
textes, à se mobiliser après la guerre.
En 1975, les réformes ont apporté la
reconnaissance parentale qui a remplacé
la
reconnaissance paternelle. Il y a eu
beaucoup d'améliorations par rapport à
l'éducation des petites filles en
Europe. En même temps la maternité a été
reconnue comme une fonction sociale d'où
l'obtention du congé parental. Les
femmes participent largement à la
création
des richesses et des savoirs, mais la
conquête des droits et de la parité en
politique reste encore largement
déficitaire. La Déclaration Universelles
des
Droits de l'Homme, du 8 décembre 1948,
qui comprend un chapitre contre les
discriminations, reste à appliquer au
niveau politique. Heike STRUCK Allemagne, étudiante, est
intervenue sur le rôle de la femme en
Europe de l'Ouest. En Europe, les femmes n'ont toujours pas
le même statut social que les hommes,
car le travail des femmes n'est pas
adapté à la spécificité féminine. Nous
devons continuer à lutter pour acquérir
nos droits. L'état a théoriquement
ouvert tous les domaines aux femmes,
mais la vie économique et sociale
s'oppose
à ce que les femmes prennent des places
de décision. La société ouest-européenne reste très
masculine, d'ailleurs la Déclaration des
Droits de l'Homme Française de 1789 à
laquelle se réfère toute l'Europe a été
écrite par un homme qui n'a même pas
pensé à consulter les femmes. Les femmes
ont donc été oubliées. Nous devons avoir
les mêmes droits, nous sommes la moitié
de l'humanité. La femme doit être inclue
dans la Déclaration des Droits de
l'Homme qui doit donner la liberté à
tout le monde. Il y a actuellement en
Allemagne une campagne pour la
réécriture de la Déclaration. Les femmes luttent depuis de nombreuses
années pour la reconnaissance de leurs
droits. Nous avons déjà obtenu quelques
acquis, il faut continuer, car rien
n'est définitif. Les femmes détiennent
le droit de vote depuis 1908 en
Allemagne, près d'un demi-siècle avant
les Françaises. Nous intervenons aussi
pour faire punir plus sévèrement les
viols qui sont des crimes intolérables
commis contre les femmes. Les différents
colloques et tables-rondes, auxquelles
nous participons sont toujours des
activités importantes pour échanger
mutuellement et nous remonter le moral.
Les hommes veulent toujours d'avantage
de libertés et la plupart du temps au
détriment des femmes. Il serait temps de
définir des principes fondamentaux pour
élaborer des rapports respectueux des
deux sexes, entre l'homme et la femme.
QUATRIEME TABLE-RONDE :
QUEL AVENIR POUR
LES FEMMES ? Princesse KAORU NAKAMARU Japon,
Présidente de l'Institut International
de
Recherche pour la Paix dans le Monde est
intervenue sur la paix dans le monde,
actuelle et sa renaissance.
" J'ai visité plus de cent cinquante
villes du monde entier, j'ai voyagé
partout, sur les cinq continents". Les
femmes rencontrent les mêmes problèmes
partout, même si les cultures, la
couleur de peau ou les réalités sont
différentes. Pendant la guerre
Iran-Iraq, des milliers d'enfants ont
été tués.
Ils pourraient aujourd'hui être des
hommes et sont devenus des chairs à
canon.
Des enfants, au lieu d'aller à l'école
allaient se battre avec dans leurs
jolies
petites mains, une clef : la clef du
paradis, quelle monstruosité et pour
quel
objectif. C'est révoltant pour des
femmes. Toutes les guerre qui ont eu lieu depuis
deux cents ans ont été un complot de
certaines forces du gouvernement de
l'ombre : les multinationales. Et ceci
selon
un plan bien déterminé : concentrer les
richesses du monde et les médias pour
leurs objectifs. La paix mondiale et le
nouvel ordre mondial sont des concepts
utilisés par Georges Bush en s'appuyant
sur les forces monopolistes et
multinationales pour écraser l'Iraq. C'est vingt-quatre familles qui
détiennent les banques américaines et
qui ont
constitué des lobbies et sont donc très
puissantes. La richesse des U.S.A s'est
créée par les différents impôts qui ont
été prélevés pour combattre le
communisme, mais en réalité cette
richesse accumulée n'a servi qu'à
enrichir
certains banquiers et à imposer leur
ordre au monde. Je suis étonnée de
l'hypocrisie de tous les pays qui sont
au courant. Seul Qadhafi a osé le
dénoncer. Il faut une renaissance de la
spiritualité pour sauver l'humanité car
les humains se sont déviés de la vie
spirituelle. Les Chrétiens sont devenus
matérialistes, il faut retrouver
l'esprit du début du christianisme. Le
XXe
siècle sera religieux ou ne sera pas. Dr. Zaynab ZOHRY, Libye est intervenue
sur l'avenir de la femme. L'exploitation des femmes est
universelle, elle prend des formes
différentes
selon les pays, les cultures, les
traditions. Il nous faut aujourd'hui
prévoir
l'avenir et voir comment nous pouvons
lutter pour planifier d'autres relations
entre les hommes et les femmes, tout en
respectant nos différences et nos
spécificités. Nous vivons aujourd'hui
dans une société planétaire avec
beaucoup
de conflits sociaux, politiques, culturels, philosophiques, raciaux, la
femme
est présente dans chacun de ces
conflits. L'égalité entre les hommes et
les
femmes passe par l'enseignement et
surtout par le type d'enseignement que
la
femme peut réaliser. "J'ai dû rompre mon mariage, car mon
mari ne voulait pas que je fasse de très
hautes études et que je sois plus
instruite que lui. Une autre dame a
voulu
faire comme moi, mais elle avait une
petite fille de huit ans et leur famille
a
été détruite. Vous voyez bien que ce
n'est pas évident de devoir choisir". Le
droit de la femme est une notion
relative selon les sociétés. Le capitalisme donne une certaine
égalité entre l'homme et la femme dans
l'éducation, car il profite des
connaissances acquises pour mieux
exploiter les
intellectuels. Mais n'importe comment,
l'enseignement joue un rôle dans
l'épanouissement de la personnalité. Les
tentatives de certains scientifiques,
pour accaparer toutes les données
doivent être démontées, pour voir
comment
créer un enseignement adéquat à la vie
et apporter à la société de meilleures
connaissances. Les économistes doivent juste donner les
moyens pour gérer l'économie, il ne
faut surtout pas qu'ils deviennent des
maîtres à penser. Il ne faut laisser le
pouvoir ni aux scientifiques ni aux
économistes. Toutes les pensées doivent
être
complétées et améliorées aujourd'hui.
Chez les communistes, l'homme est
l'élément principal et central, chez les
capitalistes, l'enseignement se
contente de former des cadres pour la
société, capables d'élaborer les besoins
pour les marchés et non selon la
personne humaine. Les deux idéologies
ont tort.
Il faut revoir tous ces concepts. Pamella SAFFER, U.S.A, Ligue des Femmes
pour la Paix et la Liberté, est
intervenue sur les femmes dans le monde
: un instrument pour la paix. "J'ai travaillé dans les affaires
sociales et dans le textile, j'ai donc
eu
l'occasion d'observer les différences
sociales. J'ai eu l'occasion de
travailler au Nicaragua comme
observatrice. J'ai vu dans de nombreux
pays du
nord au sud de l'Amérique la terre et
l'environnement détruits par les
sociétés
pétrolières et l'exploitation massive
des forêts et des champs, plus la
violence
envers les populations indigènes et la
pauvreté". Pour mettre un terme à toutes ces
violences, il faut en rechercher les
causes,
et faire un inventaire des besoins
prioritaires. L'armement n'est déjà pas
une
priorité, ni un besoin car les gens
meurent par milliers à cause des guerres
et
à cause des budgets investis dans les
armes et les armées. Il y a deux poids, deux mesures, car
l'O.N.U. essaie d'imposer ses points de
vue
par la force, ce n'est pas admissible.
Les cinq membres du Conseil de sécurité
qui jouissent du droit de veto sont des
marchands d'armes et des massacreurs.
Ils sont responsables de la mort de nos
enfants. En Iraq, beaucoup d'enfants
sont morts et continuent à mourir, au
Rwanda, 80 % des enfants sont cachés et
en
danger de mort. Les femmes travaillent
depuis de nombreuses années pour la paix
et la résolution des conflits par la
non-violence. Il faut inverser les
concepts
: la culture de la guerre doit devenir
une culture de la paix. Il faut
travailler avec les hommes pour les
empêcher de mettre en pratique leur
culture
guerrière. Margaret JONES, Nouvelle-Zélande est
intervenue sur le statut des femmes :
réalité et idéal. "Je suis née en 1920, j'ai cinq enfants
et huit petits-enfants, je suis membre
de trente associations allant du sport
à la nourriture saine, des droits
humanitaires à la santé, je ne peux tout
énumérer". Il n'y aura jamais de
démocratie nulle part si la femme n'a
pas sa place en politique, car la
réussite
politique est basée sur la
participation. Nous devons étudier
ensemble tous les
problèmes. Avant tout la santé, notre
manière de nous habiller, de manger, car
les produits chimiques qui sont déversés
partout, les textiles qu'on fabrique,
tout cela donne le cancer. En tant que
femmes, responsables de la santé de nos
enfants, nous devons dénoncer tout cela.
Les maladies dues à la pollution, à la
voiture, aux insecticides, aux
pesticides, si nous ne prenons garde il
n'y aura
plus d'avenir. Imaginez les pays pauvres
qui subissent tout cela, nous venons
nous à peine de prendre conscience du
drame crée par l'humanité. J'encourage
toutes les femmes à mener ce combat
urgent. Deborah Anne FRANKEL Canada, étudiante
en cybernétique et technologie moderne,
est intervenue, sur l'implication des
femmes dans les technologies modernes. Le gouvernement Canadien est comme un
thermostat qui concentre tout le
pouvoir.
Tantôt il penche à gauche, tantôt il
penche à droite, mais c'est toujours lui
et
lui seul qui diffuse la température et
la température reste aux mains des
hommes. Il faut que les femmes arrivent
à mieux analyser les informations et
pour cela il faut déjà avoir accès aux
différentes informations à travers
Internet. Il y a déjà un effort de fait
par rapport à l'informatique, car peu de
femmes savaient encore l'année dernière
se servir d'un ordinateur et
connaissaient toutes les ficelles de la
programmation. Si nous laissons la maîtrise des
technologies nouvelles aux hommes, c'est
comme
si le mouvement des femmes n'avait
jamais existé. Il faut combler notre
retard
et nous emparer de tous les moyens
informatiques et surtout nous servir
d'Internet pour avoir accès aux
nouvelles et pour diffuser des
informations.
J'encourage toutes les associations de
femmes à s'emparer des moyens que la
modernité met à notre disposition. Toutes les conférencières présentes ont
signé un Appel traduit dans toutes les
langues représentées, adressé aux
Nations Unies et au Conseil de Sécurité
des
Nations Unies demandant la levée
immédiate de cet embargo honteux qui
pénalise
injustement le peuple Libyen et
spécifiquement les femmes et les
enfants. Cet
Appel sera diffusé dans nos pays
respectifs pour inciter les femmes à le
signer
largement. Notre congrès s'est terminé vers vingt
heures, après un débat très animé et
très
ouvert, car pour arriver à un consensus
et à une résolution finale prenant en
compte toutes les sensibilités, à la
fois sur l'égalité entre les hommes et
les
femmes, le droit à l'autodétermination
des femmes, les droits féminins, le
droit
à un enseignement non sélectif, le droit
des femmes dans le monde islamique ou
dans d'autres régions du monde, la
réécriture des différentes
civilisations, le
rejet des stéréotypes, le combat pour la
paix, le désarmement et la justice, la
réécriture de la Déclaration des droits
de l'homme… nous savons qu'il nous reste
un long chemin à parcourir. Nous savons aussi que c'est ensemble,
femmes du Sud et du Nord, en prenant en
compte toutes nos différences, nos
faiblesses et nos forces que nous y
arriverons.
Un dîner offert par la Jamahiriya a
réuni l'ensemble des conférencières, les
étudiantes, les femmes libyennes, les
traducteurs et tous ceux et celles qui
ont
permis que cette table-ronde se passe
dans les meilleures conditions.
Le lendemain, lundi, avant notre
embarquement, nous avons visité Tripoli,
le
centre, les souks et la Médina. Nous
avons visité les fouilles romaines,
phéniciennes ou puniques de Shébrata, au
bord d'une Méditerranée si bleue à en
faire rêver, nous avons discuté et
plaisanté avec de nombreux Libyens ou
Libyennes, qui contrairement à tous les
stéréotypes d'ici sont très ouverts et
très accueillants.
Ginette Skandrani.
Décembre 1996
Le dossier
Libye
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