Communiqué
L'acharnement judiciaire se poursuit
contre Antonin Bernanos
Collectif Libérons-Les
Jeudi 11 juillet 2019
Le 27 juin 2019, Antonin, en détention
préventive à la prison de Fresnes suite
à un affrontement à Paris entre
antifascistes et militants
d’extrême-droite, a été transféré à la
prison de la Santé. Ni lui, ni son
avocat ni ses proches n’avaient été
prévenus.
Des permis de visite avaient enfin été
accordés à sa famille après avoir passé
deux mois sur le bureau de la juge
Sabine Kheris, et des dispositions
venaient tout juste d’être prises pour
qu’Antonin puisse continuer sa scolarité
en master de sociologie à l’EHESS. Tout
cela est repoussé jusqu’à nouvel ordre.
Un transfert à la Santé pouvait sembler
une bonne nouvelle: il rapprochait
Antonin de ses proches mais aussi de ses
professeurs et les conditions de
détention de la Santé sont
incomparablement meilleures à celles,
ahurissantes, de Fresnes. Il n’en est
rien. Ce changement était provisoire.
Le directeur interrégional de
l’administration pénitentiaire vient en
effet, avec l’aval de la juge
d’instruction, de demander le transfert
d’Antonin vers une prison hors
d’Île-de-France. L’administration
pénitentiaire reproche à Antonin, sans
fondement aucun, d’être un facteur de
troubles : il serait la cause d’un
survol de drone de la prison et du
caillassage d’agents de sécurité, alors
qu’il est à l’isolement depuis plus d’un
mois. Lui sont reprochés la
médiatisation de son incarcération ainsi
que le soutien de « la mouvance ultra
gauche francilienne », susceptible
d’après les services de la pénitentiaire
de mener « des actions à l’encontre des
établissements » où Antonin est
incarcéré.
Cette terminologie grotesque et
paranoïaque pourrait prêter à sourire si
elle ne venait pas justifier une dure
réalité. Antonin est aujourd’hui
incarcéré depuis près de 3 mois pour une
affaire dans laquelle il conteste les
faits et qui tient uniquement sur le
témoignage d’un militant fasciste de
Génération identitaire. Sa détention a
été décidée par un juge des libertés,
Charles Prats, qui n'hésite pas à dire
publiquement sa détestation des
antifascistes. Antonin est tenu loin de
ses proches, qui ne peuvent toujours pas
le voir et son courrier transite
toujours de manière aléatoire. Toutes
les dispositions qu'il a pris avec ses
professeurs et les centres scolaires des
prisons de Fresnes et de la Santé, afin
de lui permettre de passer ses examens,
ont été sabordées par ce harcèlement
pénitentiaire.
Le placement à l’isolement et la volonté
de limiter ses rapports avec ses proches
était déjà disproportionnés au vu de
l’affaire. Ces transferts, extrêmement
peu courants dans le cadre d’une
détention préventive, indiquent une
volonté claire de maintenir longuement
Antonin en détention, envers et contre
tout. Cet acharnement judiciaire
constitue une véritable vengeance
d’État, qui vise à déstabiliser un
militant actif au sein des luttes en
cours et à épuiser ses soutiens.
Élaborées d’abord pour les populations
non-blanches des quartiers populaires et
progressivement élargies aux militants
révolutionnaires et aux Gilets jaunes,
ces mesures d’exception sont la
traduction du tournant autoritaire de
l’État français.
Nous ne sommes pas dupes, les pratiques
carcérales ne sont jamais
bienveillantes. Reste que ces pratiques
se massifient et s’étendent dans un
contexte de conflictualité sociale
exacerbée. À l’heure où l’autorité de
l’État est remise en cause, il n’est pas
étonnant qu’à l’instar des institutions
policières et judiciaires,
l’administration pénitentiaire se
radicalise.
Collectif Libérons-Les - Paris, le
10/09/2019
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