Communiqué
Loi anti-casseurs : fausse solution pour
vraie crise
EÉLV

Jeudi 10 janvier 2019
Les écologistes déplorent les annonces
du Premier Ministre qui ne répondent en
rien aux aspirations des français-es et
comportent le risque de tendre un peu
plus encore une situation sociale déjà
explosive.
Face à la demande de justice sociale,
l’amateurisme de la réponse
gouvernementale témoigne de son
incapacité à comprendre la légitime
demande de justice et d’y apporter une
réponse adaptée. Alors que le
pragmatisme politique aurait dû le
pousser à assumer un changement de
politique pour répondre au sentiment
d’abandon d’une partie de la population,
il a fait le choix de miser sur
l’accentuation des tensions en proposant
de nouveaux moyens de répression. Cette
diversion est dangereuse et
contre-productive.
Sur le fond, il
s’agit d’un durcissement de
l’encadrement des manifestations sur la
base de la proposition de loi proposée
par Les Républicains et votée en
première lecture au Sénat le 23 octobre
2018. En réponse aux débordements de
violence, c’est la logique du grand
retour sécuritaire inspiré de la droite
qui est choisie. Une stratégie
inconstitutionnelle qui atteint au droit
de manifester sans aucune vertu
préventive et donc sans efficacité autre
que des effets d’annonce sécuritaires.
Une stratégie qui permet de faire tomber
les masques et apparaît comme ce qu’elle
est : une tentative désespérée d’un
pouvoir aux abois, réduit à puiser des
solutions dans un arsenal archaïque et
autoritaire.
Face à la montée en
violence, les écologistes rappellent au
gouvernement que la communication ne
remplace pas les actes. L’expérience
démontre en effet que pendant que la
France continue à appliquer des
dispositifs répressifs archaïques, le
reste de l’Europe a avancé et gère avec
bien plus d’efficacité les débordements
lorsqu’ils adviennent. Alors que la
politique de la “désescalade” de la
violence fait chaque jour ses preuves,
le gouvernement continue à prôner la
politique de la tension, ferment des
montées en violence, front contre front.
Une autre stratégie
consiste à miser sur plus de
communication, plus de dialogue entre
autorités et manifestant-es (et pas
uniquement avec les organisateur-trices).
En pratiquant des interpellations
ciblées, respectueuses des droits des
personnes et reposant sur des éléments
tangibles (association de malfaiteurs,
port d’armes, etc.) la France pourrait
sortir du flou de l’arrestation pour
menace à l’ordre public hérité des lois
sur l’état d’urgence. En Angleterre,
Suède, Suisse ou Hollande entre autres,
ces moyens sont utilisés avec succès
pour que force reste à la loi.
Pénaliser le port
de la cagoule et des masques de
protection (contre les gaz
lacrymogènes), renforcer les sanctions
contre les mouvements spontanés et
populaires non-aguerris aux pratiques et
devoirs des organisateurs de
manifestations, criminaliser les groupes
au seul motif de leurs fréquentations,
autant de signes d’une politique
autoritaire aux antipodes de la culture
démocratique française. Pourtant,
l’arsenal juridique et de riposte existe
déjà.
Pour les
écologistes, il est urgent de repenser
la stratégie de déploiement des forces
de l’ordre. Elle vise aujourd’hui à
créer des zones de tension alors qu’il
importe de basculer vers un mode de
désescalade organisée des tensions. La
simple redéfinition de la doctrine
d’emploi des forces de l’ordre
(circulaire, instruction), sans recours
à une énième loi liberticide,
permettrait de remédier durablement à
la multiplication des violences lors des
manifestations.
Seul un régime de
protection exigeant des libertés
garantit, outre le bon exercice de la
démocratie, l’efficacité bien comprise
de l’action des forces de police. C’est
une réalité qui fonctionne ailleurs avec
succès, il est temps que le gouvernement
ait le courage de l’appliquer.
Julien Bayou et
Sandra Regol, porte-parole
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