Intervention
Droit des enfants en situation de
conflits armés : Communiqué du délégué
syrien auprès des Nations Unies
Bachar al-Jaafari
Copie
d'écran PalSol
Dimanche 9 mars 2014
Le 7 mars 2014, le Conseil de sécurité
des Nations Unies s’est réuni « pour
renforcer les moyens de prévenir et de
mettre fin au recrutement d’enfants
soldats » [1].
Les crimes et abus commis contre les
enfants syriens par les groupes
terroristes armés, en Syrie et dans les
camps pour réfugiés en territoire
étranger, sont désormais largement
documentés et ne sont plus contestés que
par ceux qui ne veulent rien entendre et
qui continuent à manipuler l’opinion
publique pour des raisons évidentes non
encore avoués et, sans doute,
inavouables.
Pour mémoire,
voici la traduction intégrale de
l’intervention du Docteur Bachar
al-Jaafari, délégué syrien permanent
auprès des Nations Unies. Il n’est pas
inutile de la comparer à celle du 17
juin 2013 sur le même sujet [2]. [Ndt].
Monsieur le
Président, permettez-moi de commencer
par faire remarquer à la personne qui
vient de nous apprendre qu’elle s’est
rendue personnellement dans les camps de
réfugiés, en Turquie, que je
souhaiterais qu’elle se rende aussi en
Syrie. Ainsi, elle pourrait observer la
situation de millions d’enfants syriens,
et non seulement celle de dizaines ou de
centaines de milliers d’entre eux.
Des millions
d’enfants qui endurent les tirs de
mortiers et l’enrôlement imposé, de
force, par les groupes de terroristes
armés, comme le disent les communiqués
de Madame
Leila
Zerrougui -
Représentante spéciale du Secrétaire
général de l'Organisation des Nations
Unies
- et sur lesquels nous reviendrons. Oui…
j’aimerais que cette personne se rende,
personnellement, en Syrie pour voir
l’exacte réalité vécue de l’autre côté
de la frontière.
Ceci étant dit,
j’ai écouté attentivement toutes les
interventions de ce matin et j’aimerais
profiter de cette occasion pour
affirmer, de nouveau, que le
gouvernement de la
République arabe syrienne respecte
pleinement ses engagements vis-à-vis des
conventions et traités
internationaux
auxquels il a
adhéré et qu’il
a ratifiés dès le début, notamment la
Convention concernant le « Droit des
enfants
en temps de guerre et de conflit »
et ses deux
protocoles accessoires et facultatifs.
Monsieur le
Président, la Syrie
a longtemps
été l’un des pays pionniers pour
assurer tous les besoins des enfants et
promouvoir leurs droits, ainsi que leur
protection, particulièrement en matière
d’enseignements et de services de santé,
de qualité, et gratuits… C’est là une
vérité consignée depuis des décennies
dans tous les rapports successifs des
organismes compétents des Nations Unies.
Mais, malheureusement, la crise actuelle
a engendré des situations d’extrême
inhumanité contraires aux valeurs
syriennes et dont l’enfant syrien est la
première victime.
Ces situations
anormales apportées par des mercenaires
et des takfiristes, notoirement expédiés
de partout dans le monde vers la Syrie,
pour imposer leurs idées wahhabites et
obscurantistes à nos jeunes et à nos
enfants et commettre les pires crimes à
l’égard de l’enfant syrien !
Des crimes allant de
leur recrutement jusqu’à leur
entrainement à reproduire les plus
horribles de leurs actes terroristes :
exécutions à l’arme blanche,
enlèvements, mutilations, démembrements,
décapitations à l’épée ou à la hache,
éventrations des femmes enceintes dont
les fœtus sont ensuite accrochés aux
arbres par leur cordon ombilical,
traites des humains et récupération de
leurs organes… et plus encore !
Monsieur le
Président, tout au long des dizaines de
réunions du Conseil de sécurité
concernant la Syrie, directement ou
indirectement, je n’ai jamais entendu un
seul État - ou l’un quelconque des États
ayant une certaine influence sur ces
groupes armés sévissant en Syrie dont
des États membres de ce Conseil -
exercer la moindre pression sur ces
groupes de terroristes armés, pour
qu’ils lèvent leur siège autour de
n’importe quelle région syrienne, pour
qu’ils démilitarisent une école ou un
hôpital de Syrie, pour qu’ils libèrent
les chefs religieux et évêques, les
religieuses, et les orphelins enlevés
depuis des mois et même des années.
Je n’ai jamais
entendu que l’un quelconque de ces États
ait exercé la moindre pression sur les
groupes armés pour la libération de
femmes et d’enfants syriens pris comme
boucliers humains, après avoir été
enlevés à Lattaquié, à Deir el-Zor, à
Raqqa, à Daraa…
Je n’ai jamais
entendu que l’un quelconque de ces États
ait exercé la moindre pression sur ces
terroristes armés, pour les pousser à
libérer les femmes et enfants de
« Maan », après avoir découpé des
dizaines et des centaines de ses
citoyens.
L’énorme désastre,
Monsieur le Président, ne réside pas
dans le fait qu’une bande de criminels
et de terroristes commettent de tels
actes, mais dans le fait qu’ils
fonctionnent parce que financés, équipés
et ouvertement soutenus par des
gouvernements de pays arabes, régionaux
et internationaux, qui ont délibérément
opté pour ces vices et abus.
Des gouvernements qui
n'ont pas hésité à dépenser des sommes
colossales, à user des médias les plus
influents, à inciter et à provoquer
toutes sortes de dissensions sectaires
hideuses, dans le but de compromettre le
développement social, éducatif et
économique atteint par mon pays, la
Syrie, et de saper l’indépendance de ses
décisions politiques et nationales.
Ceci, en plus de couvrir délibérément le
terrorisme, le sabotage, le pillage des
richesses du pays, les vols de gaz et de
pétrole, ainsi que l’ouverture de
passages frontaliers par des pays
voisins pour laisser entrer les
terroristes et mercenaires étrangers, en
territoire syrien, sous des appellations
éhontées portant préjudices à l'image
des Arabes et des Musulmans.
Malgré la noirceur
tragique de ce tableau, certains hauts
fonctionnaires du Secrétariat général
estiment toujours que ces événements ne
sont que de simples rapports dont il n’a
pas encore été possible de contrôler la
véracité !
Monsieur le
Président, en dépit de tous ces défis
terribles et sans précédent, le
gouvernement syrien poursuit assidument
ses efforts considérables, conformément
à ses obligations et engagements en
matière de protection des enfants. Il
travaille toujours en étroite
collaboration avec
l'Organisation des Nations Unies à
répertorier et à éclairer les moindres
détails de ce qui se passe en Syrie en
violation des droits des enfants par les
groupes terroristes armés !
Le 6 février 2014,
la délégation permanente de la
République arabe syrienne a distribué,
aux membres du Conseil de sécurité, une
note officielle contenant des
informations et des cas détaillés, et
documentés, de crimes commis par ces
groupes terroristes contre les enfants
syriens. Par cette note, nous décrivions
les modalités des attaques systématiques
et répétées des écoles et des hôpitaux,
des pillages de leurs équipements, et
des assassinats de leurs équipes de
professionnels.
Avant cela, nous
avions fourni à Madame Leila Zerrougui
et aux membres du Conseil de sécurité,
une liste de 28 cas d’écoles visées par
les groupes terroristes armés à travers
toute la Syrie, plus 54 cas
d’assassinats, de mutilations, et
d’enlèvements d'enfants. Nous sommes au
regret de constater que nul, au
Secrétariat général, n’a pris la peine
de vérifier un seul de ces cas ou de
demander au gouvernement syrien la
moindre information sur le sujet !
Et maintenant que
ces groupes terroristes armés
poursuivent le recrutement militaire
d’enfants syriens, filles ou garçons,
les autorités compétentes du
gouvernement syrien appliquent la loi
adoptée le 6 mai 2013 qui criminalise
les auteurs de ces violations et
condamnent ceux qui entrainent des
enfants dans des opérations de combat,
quelles qu’elles soient, à des peines de
travaux forcés allant de 10 à 20 ans, et
éventuellement à la peine de mort en cas
de décès de l’enfant au cours du combat.
En revanche, il
est important de noter que cette loi
syrienne traite les enfants recrutés en
tant que victimes. Ils sont placés dans
des centres de protection sociale, non
dans des centres de détention. Ceci, le
temps de les soumettre à un procès
équitable, avant de les confier
immédiatement à des centres de
réhabilitation pour les protéger et en
prendre soin, avec la collaboration de
la société civile et d’un personnel
qualifié.
Une autre forme de
violation des droits de l'enfant, en
Syrie, est le résultat d’émissions
satellitaires étrangères, diffusées par
des Pays arabes du Golfe, dans le but de
recruter des jeunes syriens en les
armant et en les amenant à travailler
contre les autorités nationales en tant
que correspondants de guerre, après
fourniture de caméras et de matériel de
communication, et avant expédition en
zone dangereuse mettant leur vie en
danger. Nous appelons donc les
organismes compétents des Nations Unies,
ainsi que Madame Zerrougui, à diligenter
une enquête sur ces actes enfreignant
toutes les chartes concernant la
protection des droits des enfants.
D’autant plus que les autorités
compétentes syriennes ont arrêté l’une
des organisations chargée de ce
processus de recrutement criminel,
certains inculpés ayant récemment fait
leurs aveux, en direct, à la télévision
syrienne.
Par ailleurs, le
gouvernement syrien représenté par le
Ministère de la Santé continue de mettre
en œuvre ses propres programmes de
promotion de la santé de l'enfant. Il en
est rendu à la quatrième phase des
vaccinations anti-poliomyélite, maladie
qui avait été éradiquée depuis décennies
en Syrie. À savoir qu’il il est
désormais établi que la souche du
nouveau virus est arrivée avec les
groupes terroristes venus du Pakistan,
de l'Afghanistan, et d’individus
d’autres nationalités porteurs de ce
virus.
Monsieur le
Président, nous sommes aussi extrêmement
préoccupés par la situation
catastrophique et les graves violations
commises contre les droits des enfants
syriens dans
« les
camps de réfugiés » des pays voisins.
Car, bien que ceux qui travaillent dans
les diverses organisations
internationales, régionales, non
gouvernementales et les représentants du
Secrétariat général de l’ONU soient
parfaitement au courant des terribles
violations que subissent nos enfants, et
bien qu’ils les aient eux-mêmes
consignées dans leurs différents
rapports, nous sommes toujours aussi
surpris de constater qu’il n’en est même
pas fait mention.
Ces violations
vont de la violence sexuelle, au mariage
forcé, au manque d’accès à l'éducation,
à la dispersion des membres d’une même
famille dans des camps distincts, à
l’interdiction de travailler et même de
circuler entre les différents camps ;
sans oublier, encore une fois, le
recrutement militaire de nombre
d’enfants syriens par les groupes
terroristes, soit que les gouvernements
des pays d’accueil supervisent, soit
qu’ils ferment les yeux !
Nous sommes aussi
très préoccupés de constater que les
Nations Unies soient restées, jusqu’ici,
manifestement réticentes à intervenir,
par des mesures concrètes, auprès de ces
gouvernements pour contribuer à la
résolution des graves violations subies
par les réfugiés syriens en pays
voisins.
Monsieur le
Président, l’Organisation des Nations
Unies est aujourd'hui appelée à
travailler avec impartialité,
transparence et efficacité pour protéger
l’enfant syrien, en rappelant aux
gouvernements - dont ceux de certains
États membres de ce conseil - quelles
sont leurs obligations en vertu de la
Charte des Nations Unies et du Droit
international. Elle est appelée à
inciter les gouvernements des pays qui
soutiennent, financent, entraînent, et
facilitent la circulation des groupes
d’extrémistes et de terroristes armés, à
cesser immédiatement de ce faire. Elle
est appelée à inciter les gouvernements
qui imposent des mesures coercitives,
unilatérales et illégales, à les lever
tout aussi immédiatement.
En conclusion,
Monsieur le Président, mon pays
réaffirme sa ferme détermination à
lutter contre toutes les formes de
violation des droits de l'homme, ainsi
que sa volonté de poursuivre sa
coopération avec les Nations Unies et
les organisations internationales et
régionales qui en dépendent, pour
montrer la réalité de la situation
syrienne loin des tentatives de
politisation et de manipulation de
l'opinion publique, pour mettre un terme
à toutes les formes de violence contre
les enfants en situation de conflits
armés, et pour punir les auteurs et les
instigateurs de quelque côté qu’ils
soient !
Je vous remercie.
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué syrien permanent auprès des
Nations Unies
07/03/2014
Texte traduit et
traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Vidéo /
Al-Fadaiya [Syrie]
http://www.youtube.com/watch?v=L_x-lMJFZDY
Notes :
[1] Conseil de sécurité
7129e séance – matin &
après-midi
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2014/CS11309.doc.htm
Extraits :
« La Représentante
spéciale (Mme
LEILA BERROUGHI) a aussi parlé de la
situation en Syrie où « le meurtre et
les mutilations d’enfants et où les
attaques contre les écoles et les
hôpitaux se poursuivent sans relâche ».
Les enfants sont recrutés par
différents groupes armés et souvent
attirés par la ruse pour être jetés sur
les lignes de front où ils comptent
parmi les premiers morts… »
« Mme
SAMANTHA POWER (États-Unis) :
Mme Power s’est ensuite attardée sur la
situation des enfants en Syrie, l’un des
conflits les plus violents. La vie
des enfants syriens est en danger,
a-t-elle dit. Elle a ensuite rappelé que
son pays fait partie de l’initiative
visant à protéger les enfants des
conflits, à réunir les familles séparées
et à rouvrir aux enfants la porte des
écoles. Le régime syrien peut être
sûr que ceux qui recrutent ou utilisent
des enfants ne seront pas laissés en
paix, a-t-elle averti… »
« M.
GÉRARD ARAUD (France) :
Les enfants sont aussi victimes lorsque
leur éducation est mise en danger, a
poursuivi le représentant. Il a
jugé intolérable que les écoles soient
de plus en plus couramment la cible
d’attaques comme en Syrie où plus de
3 000 écoles ont été détruites en trois
ans et plus de 2 millions d’enfants
syriens ne vont plus à l’école.
Plus de 10 000 enfants ont payé de leur
vie la brutalité déchainée par
la répression aveugle des forces de
Bachar Al-Assad. Il a
encouragé la Représentante spéciale du
Secrétaire général de
poursuivre le dialogue avec l’Armée
syrienne libre en vue de la
signature d’un plan d’action ».
[2] Syrie : Le
gouvernement tiendra ses engagements
concernant la protection de ses enfants
et citoyens ! Par Bachar al-Jaafari.
http://www.palestine-solidarite.org/discours.Bachar_al-Jaafari.180613.htm
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
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