Communiqué
COP24 : A l’urgence climatique, les
Etats répondent
par un désengagement
coupable
Attac
Dimanche 16 décembre 2018
La COP24 à
Katowice (Pologne) ne déroge
malheureusement pas à la règle : après
25 ans, les négociations climatiques
internationales ne sont pas à la hauteur
des enjeux. Plus qu’informées sur
l’urgence et la gravité de la situation,
les classes dirigeantes de la planète
sont toujours opposées à engager la
transformation d’un système économique
et financier injuste et insoutenable,
préférant se désengager et laisser les
clés aux marchés et acteurs économiques.
Attac France appelle au contraire à un
sursaut politique pour enterrer les
politiques économiques qui ne sont ni
climato-compatibles ni justes
socialement.
Il serait trop
facile d’accuser l’incurie de la
présidence polonaise, la nocivité des
manœuvres des États-Unis ou
l’intransigeance climaticide des pays
pétroliers pour expliquer pourquoi les
négociations climatiques internationales
nous conduisent vers un réchauffement
climatique supérieur à 3°C. Il faudrait
a minima y ajouter la passivité
irresponsable de la très grande majorité
des États qui, alors que les
scientifiques empilent des rapports tout
aussi alarmants les uns que les autres,
se complaisent dans une inertie
coupable.
Dans une classe de
cancres, il n’en est pas un pour sauver
l’autre. Récemment nommé par effraction
« Champion de la Terre », Emmanuel
Macron est désormais silencieux et
refuse de changer de cap alors que les
émissions de gaz à effet de serre ont
augmenté de plus de 3% en 2017 en
France. Il a de plus validé que la
France est tout simplement absente de
cette fin de COP : son ministre de la
transition écologique, François de Rugy,
a en effet préféré rencontrer à Paris le
principal lobby de l’automobile plutôt
que ferrailler à Katowice pour donner
plus d’ambition aux maigres résultats
d’une COP24 une fois de plus décevante.
Quant à l’Union
européenne, elle ne cesse d’approfondir
le schisme de réalité existant entre son
prétendu engagement en faveur du climat
et sa détermination sans faille en
faveur de la globalisation économique et
financière qui pourtant aggrave la crise
écologique et retarde la transition. Le
Parlement européen a coup sur coup voté
en faveur du JEFTA, ce nouvel accord de
libéralisation du commerce entre l’UE et
le Japon qui n’est pas
climato-compatible, et approuvé le
financement de nouvelles infrastructures
liées aux énergies fossiles pour la
période 2021-2026.
« Il ne s’agit
pas de faire de notre mieux, il s’agit
de faire ce qui est requis »
Cette sentence de
Winston Churchill n’a jamais été si
appropriée qu’aujourd’hui. A force de
célébrer l’entrée en vigueur de l’Accord
de Paris et de s’apitoyer sur l’élection
de Donald Trump – et désormais Bolsonaro
– les décideurs politiques ont substitué
de l’incertitude et du désarroi à un
enthousiasme exagéré : de sérieuses
menaces pèsent désormais sur l’avenir et
le contenu des politiques climatiques
internationales et sur la possibilité de
contenir le réchauffement en deçà de 1,5
ou 2 °C. Alors que les émissions de gaz
à effet de serre et les investissements
mondiaux dans les énergies fossiles sont
à la hausse, les États et les pouvoirs
publics ne cessent de se désengager et
de transférer la charge de l’action aux
marchés et acteurs privés.
Confierait-on la
lutte contre la délinquance routière aux
chauffards ? La lutte contre le
tabagisme aux cigarettiers ? Non. C’est
pourtant ce qui est fait en matière de
climat où les multinationales du
charbon, du gaz et du pétrole, les
banques et assurances qui les financent,
les constructeurs automobiles,
cimentiers et industriels de la chimie
interviennent directement pour tuer dans
l’œuf toute politique climatique
ambitieuse : depuis la signature de
l’accord de Paris, 90 % des 200 plus
grandes entreprises de la planète ont
mené des actions de lobbying en ce sens,
en toute impunité. Au principe
« pollueur écouté, pollueur exaucé »,
n’est-il pas temps de substituer le
principe du « pollueur régulé – pollueur
désarmé » [1] ?
Attac France en
appelle donc à un urgent et nécessaire
sursaut politique. Il est temps
d’arrêter de faire comme si les
politiques économiques néolibérales et
productivistes, injustes et
insoutenables, pouvaient résoudre la
crise climatique qu’elles nourrissent
inlassablement. Contrairement à ce qui
est aujourd’hui énoncé, ce n’est pas
l’objectif des 1,5°C ou 2°C qu’il faut
enterrer mais bien les politiques
économiques qui nous en éloignent de
manière irréversible.
[1]
« COP24 : Écartons les pollueurs des
négociations et politiques climatiques »
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