Communiqué
Coronavirus : la Palestine, confinée,
subit de plein fouet les exactions de
l’occupation israélienne
AFPS
Mardi 24 mars 2020
Partout dans le monde les populations,
les unes après les autres, vivent le
confinement pour lutter contre la
pandémie. Tous confrontés au même
problème, nous ne sommes pas tous dans
les mêmes conditions pour y faire face.
On aurait pu imaginer que la « start-up
nation », obsédée par sa propre
sécurité, consacre toute son énergie à
assurer la sécurité sanitaire des
populations qu’elle « administre ». Au
lieu de cela, depuis deux semaines,
entre la protection des populations et
l’application du plan Trump, Israël a
choisi : destruction de maisons pour
« punir » des familles ou pour prolonger
le mur au sud de Jérusalem, construction
de nouvelles routes interdites aux
Palestiniens pour relier les colonies,
arrestations et meurtres d’enfants,
incursions toutes les nuits dans les
quartiers populaires de Jérusalem…
Plus de limites à
l’imagination de cette armée qui ose
encore se prétendre la plus éthique du
monde : arrêter des volontaires qui
désinfectent les rues d’un quartier de
Jérusalem abandonné par les services de
la ville, quoi de plus normal. Les jeter
sans ménagement dans des véhicules en
leur hurlant dessus, c’est une
conception particulière de la
distanciation sociale. Interdire l’accès
à l’Esplanade des mosquées pour les
musulmans par mesure sanitaire alors que
les colons sont toujours accompagnés par
l’armée pour y parader : quelle logique
si ce n’est d’affirmer la domination
d’un peuple sur un autre, et de rappeler
aux Palestiniens qu’ils vivent sous un
régime d’apartheid ?
Depuis hier, la
Cisjordanie est isolée du monde « par
mesure sanitaire ». Tous les points de
contrôle ont été fermés, isolant
complétement du monde des lieux comme le
camp de réfugiés de Shuafat où vivent
20 000 personnes entassées les unes sur
les autres.
La nuit précédente, Sofian Al-Khawaja,
29 ans, a été tué par balle alors qu’il
circulait en voiture à l’entrée de son
village de Nil’In.
Les
travailleurs palestiniens qui
travaillent en Israël se retrouvent dans
l’impossibilité de rentrer chez eux le
soir et dépendent du bon vouloir de leur
employeur pour espérer un hébergement.
Les colons eux
aussi ont passé la vitesse supérieure :
des milliers d’arbres arrachés ou
tronçonnés ces deniers jours, des tentes
plantées dans la vallée du Jourdain, des
mobile-homes au sud de Bethléem, sur des
terres privées palestiniennes pour
accaparer toujours plus de terres.
Confinés chez eux, comment les
Palestiniens pourront-ils y résister ?
Des décennies
d’occupation font que des millions de
Palestiniens vivent dans des conditions
de surpeuplement et des conditions
sanitaires déplorables. Que ce soit dans
les camps de réfugiés, dans la Bande de
Gaza ou
dans les prisons israéliennes, bien
plus que d’autres ils sont à la merci de
ce virus et sont démunis pour y faire
face.
Dans le nouveau
contexte de la crise sanitaire, nous
devons exiger d’Israël un changement
radical de politique et le respect du
droit humanitaire : libérer les
prisonniers politiques - à commencer par
les enfants, les femmes et les
malades -, permettre aux populations
civiles sous occupation de vivre dans
des conditions sanitaires humaines,
lever toute restriction à l’entrée de
matériel et de personnel médical à
Gaza, cesser toute entrave aux soins
pour les Palestiniens comme le lui
impose la 4ème convention de Genève.
Nous sommes à juste
titre mobilisés contre la pandémie dans
notre propre pays. Mais cela ne doit pas
nous empêcher de voir ce qui se passe en
Palestine, où l’arrivée de l’épidémie
éclaire d’un jour particulièrement
odieux la politique israélienne de
domination et d’oppression du peuple
palestinien.
Ces exactions doivent cesser et la
politique israélienne doit changer
radicalement : nous le demandons
solennellement et nous demandons au
gouvernement français d’agir dans ce
sens.
Le Bureau
National, 24 mars 2020
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