28 juin 2006
Déclaration publique
MDE 15/058/2006
Après confirmation ce
mercredi de l¹enlèvement d¹un second Israélien par des groupes
armés palestiniens, Amnesty International réitère son appel aux
groupes armés détenant des otages israéliens pour qu¹ils libèrent
ceux-ci sains et saufs. L¹organisation appelle également Israël
à mettre un terme aux destructions injustifiées et aux opérations
de punition collective menées par les forces israéliennes dans la
bande de Gaza.
Les Brigades Nasser Salah
al Din, la branche armée des Comités de résistance populaire (CRP),
ont confirmé ce mercredi 28 juin détenir Eliyahu Asheri, un jeune
homme de dix-huit ans habitant la colonie israélienne de Itamar, en
Cisjordanie occupée. Son enlèvement aurait eu lieu le 25 juin. Le
groupe a menacé de tuer Asheri si les forces israéliennes ne
mettent pas un
terme à leur incursion dans la bande de Gaza.
Le même groupe armé a
revendiqué, conjointement avec la branche armée du Hamas, le
groupe Iz al Din al Qassam et l¹Armée de l¹Islam, un groupe peu
connu qui serait une faction dissidente des Comités de résistance
populaire, l¹enlèvement le 25 juin d¹un soldat israélien, le
caporal Guilad Shalit, âgé de dix-neuf ans. Les trois groupes armés
réclament la libération des femmes et mineurs palestiniens détenus
dans les prisons israéliennes en échange d¹informations sur le
caporal Shalit.
La prise d¹otages, qu¹il
s¹agisse de civils ou de membres des forces armées, viole le droit
fondamental à la vie, à la liberté et à l¹intégrité physique
et mentale de la personne et est expressément interdite par le
droit international. S¹emparer d¹une personne et menacer de la
tuer, de la blesser ou de continuer à la détenir dans le but de
contraindre une tierce partie à accomplir un acte quelconque ou à
s¹en abstenir en tant que condition à la libération de l¹otage,
est interdit par le droit international.
Amnesty International
appelle les groupes palestiniens armés qui détiennent ces deux
otages israéliens à se conformer à l¹obligation qui leur est
faite, par le droit international, de respecter les principes du
droit international humanitaire, notamment l¹article 3 commun aux
quatre Conventions de Genève de 1949, qui s¹inspire du droit
international coutumier et interdit la prise d¹otages, le meurtre
et autres traitements cruels et actes de torture.
L¹organisation demande
instamment aux groupes palestiniens armés détenant ces deux otages
de les libérer, de les traiter humainement, de ne pas les soumettre
à des menaces ni leur faire subir d¹actes de torture ou autres
traitements cruels ; elle leur demande également de cesser de
prendre et de détenir des otages.
L¹Autorité
palestinienne dirigée par le Hamas, le président de l¹Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas, la direction politique du Hamas et
toute autre partie ayant autorité ou exerçant une influence sur
les groupes armés détenant les deux otages doivent faire tout ce
qui est en leur possible pour assurer leur libération rapide et
veiller à ce que leurs droits fondamentaux à la vie, à l¹intégrité
physique et mentale et à la liberté soient respectés.
Par ailleurs, Amnesty
International est de plus en plus préoccupée par la force
excessive et les destructions injustifiées d¹infrastructures et de
biens civils par les forces israéliennes dans la bande de Gaza.
Depuis le 27 juin, date à laquelle a débuté l¹opération Pluie d¹été,
que l¹armée
israélienne dit avoir déclenchée dans le but de libérer Guilad
Shalit, de très nombreux soldats israéliens ont été déployés
dans le sud de la bande de Gaza et des opérations de destruction
massive ont eu lieu. Trois ponts ont notamment été bombardés et détruits
ainsi que des réseaux d¹électricité dans la bande de Gaza. Ces
destructions privent d¹électricité la population de
Gaza, l¹approvisionnement en eau de la région serait aussi affecté.
Au cours de ces derniers
jours, les autorités israéliennes ont également fermé le point
de passage vers l¹Égypte de Rafah, seul point d¹entrée et de
sortie pour le million et demi de Palestiniens vivant dans la bande
de Gaza. Plusieurs centaines de Palestiniens rentrant de l¹étranger
sont bloqués côté égyptien depuis une semaine pour certains et
ne peuvent rentrer chez eux. Ceux qui souhaitent sortir de la bande
de Gaza sont également bloqués.
La destruction injustifiée
d¹infrastructures et de biens civils et les restrictions
disproportionnées imposées aux civils par les forces israéliennes
constituent une punition collective imposée à toute la population
de la bande de Gaza, en violation de l¹article 33 de la Quatrième
Convention de Genève, qui interdit de punir des personnes protégées
pour des infractions qu¹elles n¹ont pas commises.
Amnesty International
renouvelle son appel à l¹armée et aux autorités israéliennes
pour qu¹elles mettent un terme à l¹usage excessif et
disproportionné de la force contre les zones densément peuplées
et les infrastructures de la bande de Gaza, et pour que cessent
notamment les fréquents pilonnages d¹artillerie et raids aériens
qui mettent en danger la vie des résidents palestiniens.
Depuis le début de l¹année
2006, les forces israéliennes ont tué environ 150 Palestiniens,
parmi lesquels 25 enfants. Dans le même temps, les groupes
palestiniens armés ont tué une vingtaine d¹Israéliens, dont deux
enfants.
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