21 juin 2006
Déclaration publique
MDE 15/054/2006
Amnesty International a
appelé le 21 juin à l¹ouverture d¹une
enquête internationale afin de déterminer les circonstances dans
lesquelles
de très nombreux Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes
dans
la bande de Gaza au cours de ces derniers mois.
Le nombre croissant de
victimes et la résistance des autorités
israéliennes à mener des enquêtes approfondies, indépendantes et
impartiales
sur l¹action de leurs forces armées rendent l¹ouverture d¹une
enquête
internationale d¹autant plus urgente.
La mort de sept membres
de la famille Ghalia sur une plage du nord
de la bande de Gaza le 9 juin
(http://web.amnesty.org/library/index/FRAMDE150492006)
n¹est qu¹un exemple
de cette résistance des autorités israéliennes à mener une enquête
approfondie et impartiale pour établir la vérité. En dépit d¹éléments
de
preuves de plus en plus nombreux indiquant que les victimes sont
mortes lors
d¹un pilonnage israélien, les autorités continuent de nier toute
responsabilité et n¹ont pas pris les mesures nécessaires pour
enquêter de
façon adéquate sur ces morts.
Les enquêtes internes
que l¹armée israélienne dit avoir ouvertes,
dans cette affaire comme dans d¹autres ayant attiré l¹attention
des médias
internationaux, ne répondent pas aux normes les plus élémentaires
d¹indépendance et d¹impartialité des enquêtes. Cette procédure,
lors de
laquelle l¹armée israélienne enquête en fait sur elle-même, se
traduit
souvent par la disculpation de soldats israéliens et semble être
destinée
davantage à désarmer la critique internationale qu¹à établir la
vérité. La
plupart du temps, la mort de Palestiniens non armés, enfants
compris, n¹est
même pas mentionnée - et ne fait donc a fortiori l¹objet d¹aucune
enquête -
par les autorités israéliennes
(http://web.amnesty.org/library/index/FRAMDE150312006).
Depuis le début de l¹année
2006, les forces israéliennes ont tué
quelque 150 Palestiniens - dont beaucoup n¹étaient pas armés -
parmi
lesquels plus de 25 enfants. Environ la moitié des victimes ont été
tuées
dans la bande de Gaza. À ce jour, aucune de ces affaires n¹a fait
l¹objet
d¹une enquête.
Depuis fin mars 2006, l¹armée
israélienne a effectué près de 6 000
tirs d¹artillerie et mené plus de 80 raids aériens sur des zones
densément
peuplées de la bande de Gaza. Ces attaques disproportionnées ont
tué des
dizaines de Palestiniens, parmi lesquels des femmes et des enfants,
et en
ont blessé de nombreux autres. Le 20 juin, trois enfants
palestiniens âgés
de cinq, six et seize ans ont été tués par le tir de missile d¹un
avion
israélien sur une zone très peuplée de la bande de Gaza - lors d¹une
tentative d¹exécution extrajudiciaire de deux membres des Brigades
des
martyrs d¹Al Aqsa, un groupe palestinien armé. De nombreux autres
Palestiniens, notamment des enfants, ont été blessés dans cette
attaque.
Dans le même temps, des
groups palestiniens armés ont lancé des
centaines de roquettes artisanales (qassam) en direction d¹Israël,
faisant
plusieurs blessés israéliens. La plupart de ces roquettes sont
tombées dans
des endroits dégagés et n¹ont pas fait de victimes, mais huit
Israéliens
avaient été tués dans des attaques de ce type au cours des années
passées.
Les deux parties déclarent
avoir mené leurs attaques respectives en
réponse aux attaques de l¹autre partie, faisant fi de l¹interdiction,
inscrite en droit international, de représailles disproportionnées,
menées
sans discrimination et mettant en danger la vie des populations
civiles.
La communauté
internationale doit réagir face à l¹escalade de la
situation et le faire conformément aux principes du droit
international, qui
prévoit que la mort de civils et celle d¹autres personnes dans des
circonstances controversées fasse l¹objet d¹enquêtes indépendantes,
impartiales et approfondies.
Amnesty International
appelle les Nations unies à former une équipe
d¹experts internationaux reconnus qui seraient dépêchés en Israël
et dans
les territoires occupés avec pour mandat de mener une enquête indépendante
et approfondie sur le nombre toujours plus grand de Palestiniens tués
par
les forces israéliennes dans la bande de Gaza, ainsi que sur le
lancement de
roquettes artisanales (qassam) par des groupes palestiniens armés
dans la
partie sud d¹Israël.
Une telle enquête nécessiterait
de disposer de moyens suffisants.
Elle devrait être menée par des enquêteurs impartiaux, possédant
l¹expertise
nécessaire dans la conduite d¹enquêtes criminelles et médico-légales
; elle
devrait compter parmi ses membres des experts dans le domaine de la
médecine
médico-légale, de la balistique et du droit humanitaire et relatif
aux
droits humains. Toutes les parties - Israéliens et Palestiniens -
devraient
être d¹accord pour coopérer pleinement et accorder aux experts un
accès sans
restriction aux personnes, aux lieux et aux documents. Les
conclusions de
cette enquête devraient être rendues publiques dès que possible
et
s¹accompagner de recommandations concrètes sur les mesures à
prendre par les
parties concernées pour épargner la vie des populations civiles.
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