Amnesty International a dénoncé l’intensification des
violations des droits humains au Honduras et demandé aux
forces de sécurité de respecter les droits fondamentaux
et l’état de droit lors du retour du président ce
week-end.
Des informations récentes semblent indiquer que des
journalistes ayant publié des reportages sur la crise ou
écrit des articles sur les manifestations et les
multiples arrestations ont été la cible d'actes
d'intimidation. Des procureurs ont aussi signalé avoir
reçu des menaces parce qu'ils avaient commencé à
enquêter sur des violations des droits humains commises
durant les manifestations.
Par ailleurs, six manifestants ont été arrêtés à El
Progreso, puis remis en liberté sous caution après avoir
été inculpés de rébellion. Pour Amnesty International,
ils n’avaient fait qu’exprimer pacifiquement leur
opinion et les charges retenues contre eux ne visent
qu’à les punir d’avoir pris part à la contestation.
L’organisation a également reçu des informations faisant
état d’attaques contre des stations de radio nationales
et locales. Une grenade a été découverte dans les locaux
de Radio América et une radio locale a dû cesser
d’émettre après que ses locaux eurent été visés par des
tirs d'arme à feu (une quinzaine au moins). Craignant
manifestement pour leur sécurité, de nombreux organes de
la presse audiovisuelle ont suspendu leurs activités.
D’autres, comme la chaîne de télévision Canal 36, ont
été fermés par les forces de sécurité. Des informations
ont fait état de la présence de militaires dans leurs
locaux.
Amnesty International a demandé aux autorités d’ouvrir
une enquête sur ces attaques et de faire en sorte que
ces médias puissent effectuer leur travail sans danger
ni craintes pour leur sécurité.
« La restriction de la liberté d’expression ne va faire
qu’accroître la colère et la frustration, a déclaré
Kerrie Howard, directrice adjointe du programme
Amériques d'Amnesty International.
« Lors des opérations de maintien de l’ordre, l’armée et
la police doivent veiller à utiliser la force de manière
proportionnée et dans le respect des normes des Nations
unies. Les citoyens doivent pouvoir manifester
pacifiquement sans craindre d’être emprisonnés,
poursuivis en justice ou ciblés par d’autres mesures de
représailles. »
Amnesty International estime par ailleurs que le décret
présidentiel instaurant officiellement l’état d’urgence,
avec imposition d’un couvre-feu et suspension de
certaines libertés et garanties individuelles, pourrait
donner lieu, s’il est appliqué de manière abusive, à de
nouvelles violations des droits humains.
Conformément à un avis de la Cour interaméricaine des
droits de l'homme, le Honduras reste dans l’obligation
stricte, malgré les circonstances exceptionnelles, de
protéger le droit à la vie, le droit à l’intégrité
physique et le droit de ne pas être soumis à la torture
ou à d'autres formes de mauvais traitements ; il doit
aussi mettre en œuvre les garanties judiciaires
essentielles pour la protection de ces droits, en
particulier l’habeas corpus (procédure permettant la
comparution immédiate d’un détenu devant une autorité
judiciaire, afin de contester la légalité de la
détention et de permettre ainsi une éventuelle remise en
liberté).
La suspension de certaines garanties, notamment du droit
à une procédure régulière, pourrait dans certains cas
constituer une violation des traités régionaux et
internationaux relatifs aux droits humains auxquels le
Honduras est partie. La Convention américaine relative
aux droits de l'homme établit clairement qu'il ne doit
être dérogé en aucune circonstance aux droits à la vie,
à l'intégrité physique, à la liberté d'opinion et de
religion, à la protection de la famille et à l’exercice
des libertés politiques, ni aux garanties judiciaires
permettant la protection de ces droits.