Bulletin n°376
14 août, à Gênes l'autoroute s'écroule.
16 août, à Milan le cours de l'action
Benetton s'effondre.
Quel rapport ?
COMAGUER
Jeudi 16 août 2018
L’actualité s’est chargée toute seule de
fournir le sujet sensationnel et
spectaculaire apte à combler le grand
creux médiatique annuel du 15 Aout. Pour
le reste reportez-vous, comme on dit, «
à votre quotidien habituel ».
Aujourd’hui la bourse de Milan a rouvert
ses portes après la trêve du 15 Aout.
L’action du groupe ATLANTIA gestionnaire
de l’autoroute de la catastrophe s’est
effondrée.
En Italie, comme en
France, le réseau national d’autoroutes
a été découpé en morceaux et privatisé
au début des années 2000 dans le grand
mouvement de dépeçage des biens
nationaux auquel a présidé en France le
gouvernement Jospin.
Le groupe ATLANTIA
est peu connu en France car les gros du
BTP français : Vinci, Eiffage et
Bouygues avaient gardé pour eux la poule
aux œufs d’or des autoroutes françaises
et il n’a aujourd’hui qu’une
participation dans la SANEF (autoroutes
du nord et de l’Est de la France) et
dans le tunnel sous la Manche. Il gère
les aéroports de Nice et de Cannes et la
partie italienne du tunnel du Mont
Blanc. Par contre il s’est « globalisé »
au Brésil, en Pologne, en Inde au Chili.
Il est en fait le
nouvel avatar du groupe capitaliste
familial italien BENETTON. Le montage
d’ATLANTIA est complexe mais il permet
par le biais de sociétés intermédiaires
off shore à l’actionnaire minoritaire
BENETTON de prendre le contrôle complet
d’un immense groupe.
Ce mécanisme qui
concerne l’ensemble du grand capital
italien a été remarquablement décrit
voici plus de dix ans par l’économiste
italien VLADIMIRO GIACCHE (voir « La
chaloupe du Titanic » texte joint).
L’important est de savoir que le taux de
profit moyen dans la confection est de
7% alors que dans la gestion
d’autoroutes construites sur fonds
publics il est de 17%.
Evidemment pour
parvenir à ce niveau de rentabilité, il
faut serrer sur tous les postes
budgétaires à commencer par la
maintenance. L’obsolescence des viaducs
en béton est connue mais bien sûr pas au
jour prés, pas à la semaine prés. Alors
on tire sur la corde, les actionnaires
attendent les 17% annoncés et
prendraient la fuite s’ils n’étaient pas
versés. Ils ont commencé dés
aujourd’hui.
A Gênes le Capital
qui a vampirisé les biens de la nation a
tué. Il tuera encore si la Nation ne
reprend pas la maitrise des grandes
infrastructures. Ceci vaut pour toutes
les nations capitalistes. La bataille
qui s’annonce entre le gouvernement
italien qui a suspendu la concession
d’ATLANTIA sera féroce car ce qui est en
cause n’est rien moins qu’un
renversement du rapport des forces
établi depuis une vingtaine d’années
dans ce secteur d’activité des grandes
infrastructures : autoroutes, chemins de
fer, production et distribution
d’électricité, ports et aéroports entre
le grand capital et les gouvernements
des principaux pays capitalistes. Les
citoyens qui les ont élus ont payé avec
leurs impôts la construction des
infrastructures, ont ensuite engraissé
les gestionnaires privés en payant des
péages ou des tarifs excessifs destinés
plus à satisfaire les appétits des
actionnaires qu’à la maintenance. C’est
la grande spoliation.
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