Tunisie-Politique
Et si Jebali remplaçait Marzouki
au Palais de Carthage ?
Zohra Abid
Lundi 23 décembre 2013
Hamadi
Jebali, secrétaire général d'Ennahdha et
ancien chef du gouvernement, sera-t-il
le prochain locataire du Palais de
Carthage? L'idée semble faire son chemin
parmi les dirigeants d'Ennahdha.
Par Zohra Abid
Le quotidien
''Achourouk'' affirme,
dans sa livraison du samedi 21 décembre,
qu'une majorité des partisans d'Ennahdha,
parti dominant l'Assemblée nationale
constituante (ANC), pense que leur
parti, qui est appelé à céder la
présidence du gouvernement au profit
d'un nouveau cabinet de compétences
indépendantes conduit par Mehdi Jomaâ,
doit garder un pied dans le pouvoir
exécutif en nommant l'un des leurs à la
présidence provisoire de la république
en remplacement de Moncef Marzouki,
président d'honneur du Congrès pour la
république (CpR), devenu à la fois
incontrôlable et encombrant.
L'agité du
bocal
Cette idée est d'autant plus partagée
que M. Marzouki, dernier, qui doit son
poste aux votes des députés d'Ennahdha,
a montré des velléités d'indépendance,
n'hésitant pas à critiquer le parti
islamiste et à faire cavalier seul sur
de nombreux dossiers.
La publication récente du ''Livre
noir'', sans concertation avec ses
alliés (et employeurs) islamistes, a été
perçue comme une tentative de
s'affranchir de ses engagements
vis-à-vis de ces derniers.
Les rumeurs, colportés par certains
médias, à propos d'un projet de coup
d'Etat que M. Marzouki mijoterait à feu
doux, ont creusé davantage le fossé
séparant désormais Ennahdha de sa
«créature», dont l'activisme
diplomatique, qui s'apparente plutôt à
de l'agitation, n'a pas facilité la
tâche au gouvernement sortant, conduit
par le dirigeant islamiste Ali Larayedh.
Hamadi
Jebali, le pondéré, et Moncef Marzouki
l'agité
Au contraire, les gesticulations de
M. Marzouki, à propos de l'Algérie, de
la Syrie ou de l'Egypte – où il jouit
d'une très mauvaise presse –, et ses
appels du pied en direction de la France
et des Etats-Unis, sont perçus comme
autant de tentatives pour se donner un
rôle central dans la transition
démocratique alors que la loi organisant
les pouvoirs provisoires lui donne des
prérogatives, réduites, de simple
représentation symbolique de la
continuité de l'Etat.
Hamadi
Jebali en embuscade
Et comme l'article 10 de cette loi
permet aux députés de la majorité de
choisir le président provisoire de la
république, certains membres d'Ennahdha
n'écartent pas la possibilité de
remplacer le caractériel et imprévisible
Moncef Marzouki par l'ex-chef du
gouvernement Hamadi Jebali. Surtout que,
selon la plupart des sondages d'opinion,
ce dernier, qui est un homme pondéré et
au visage avenant, est plus populaire
auprès des Tunisiens.
En outre, la nomination de M. Jebali
aurait une portée politique importante
en ce sens qu'elle signifierait qu'Ennahdha
n'a pas quitté totalement le pouvoir qui
lui a été conféré par les élections du
23 octobre 2011. Elle apaiserait aussi
la vague de protestation s'exprimant au
sein même d'Ennahdha, en raison de son
acceptation, sous la pression de
l'opposition, de la démission du
gouvernement Ali Larayedh et son
remplacement par un cabinet de
compétences indépendantes.
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Publié le 23
décembre 2013 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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