En direct de Gaza
PALESTINE – Gaza, entre banalisation et
oubli…
Ziad Medoukh
Mercredi 31 août 2016
Source:
Le Courrier de Maghreb
7 Juillet 2014, 7 juillet 2016 ! Deux
ans déjà, deux ans se sont écoulés
depuis le début la dernière agression
israélienne de masse contre la bande de
Gaza. C’est comme si c’était hier, un
événement terrible en Palestine, un
véritable carnage à Gaza.
Cette nouvelle attaque avait pour
objectif de briser la volonté d’une
population résistante, d’une population
courageuse qui a résolu de défier le
blocus, mais qui a surtout décidé de
rester attachée à sa terre, en dépit de
toutes les difficultés et des mesures
atroces d’une occupation aveugle.
Je ne vais pas revenir dans cet
article sur les événements tragiques de
cette effroyable offensive contre
la population civile de Gaza, une
offensive menée par une puissance
militaire contre des enfants, des
femmes, des personnes âgées, et des
innocents, dans un territoire enfermé,
isolé et soumis à un blocus
inhumain, une offensive qui a duré plus
de 50 jours. Plus de 2.200 morts ; parmi
eux, 600 enfants. Et 11.000 blessés, des
civils. Et la destruction massive de
l’infrastructure civile de la bande de
Gaza ; probablement était-ce là
l’objectif principal de l’attaque.
Je ne vais pas décrire ce drame à
nouveau, parce que le monde entier le
connaît… Le monde entier le connaît…
N’est-ce pas ?
Deux ans après : aucun projet de
reconstruction privé ou public n’a
commencé dans les rues de Gaza. Partout,
ce ne sont que ruines des maisons, des
immeubles, des mosquées, des écoles, des
stades, des usines ou des bâtiments
détruits et visés par les bombardements
israéliens. Rien n’a changé pour les
sans-abris, plus de 5.000 personnes
vivent toujours sous des tentes, dans
des caravanes surchauffées, ou à côté
des ruines de leurs maisons détruites, à
cause du maintien du blocus et de
l’interdiction d’acheminer des matériaux
de construction à Gaza, par ordre
militaire israélien. Les passages vers
l’extérieur sont souvent et les denrées
alimentaires qui entrent à Gaza sont
rares. Les autorités israéliennes
ouvrent le seul passage commercial
qui relie la bande de Gaza à l’extérieur
deux ou trois fois par semaine, pour
permettre l’entrée de 300 camions et de
quelques convois humanitaires ;
seulement 5 ou 6 de ces camions peuvent
transporter des matériaux de
construction, souvent destinés aux
projets internationaux. Une politique
apparemment irrationnelle, qui ne prend
pas en considération les réalités des
besoins énormes de la population civile.
Au passage de Rafah, au sud de la bande
de Gaza, des centaines de Gazaouis
attendent des heures durant le droit de
franchir la frontière ; les fouilles et
les contrôlent s’éternisent et, souvent,
ils sont refoulés, à l’heure de la
fermeture de ce passage. Les soldats
israéliens jubilent… Chaque foyer de
Gaza n’a droit qu’à six heures
d’électricité par jour, car la seule
centrale électrique, qui a été détruite
en juillet 2014, ne fonctionne toujours
pas, deux ans après, par manque de fioul
et de carburant… Si, depuis peu, elle a
été relancée, à 20% de sa capacité et,
certains jours, les familles peuvent
compter sur huit heures d’électricité !
Les conséquences sont dramatiques pour
les hôpitaux, les centres médicaux, et
les institutions éducatives. Des malades
meurent tous les jours de manière
absurde, parce qu’ils ne peuvent pas
être transférés rapidement dans les
hôpitaux égyptiens ou israéliens plus
performants, à cause de la fermeture des
frontières. Les médicaments et le
matériel médical manquent. Les jeunes de
Gaza souffrent d’un chômage qui se
développe de plus en plus vite ; en août
2016, il a atteint pour la première fois
les 70% de la population active : depuis
le début du blocus total, il y a neuf
ans, des dizaines d’usines ont
fermé, qui ne recevaient plus les
matières premières nécessaire à leur
fonctionnement. La politique israélienne
de destruction de l’économie
palestinienne est très efficace…
Mais, plus encore, deux ans après,
les attaques et les agressions se
poursuivent jour et nuit ; elles sont
moins « spectaculaires » qu’à l’été
2014, mais elles continuent de tuer des
gens et provoquent de nouveaux dégâts.
En ce mois d’août 2016, plusieurs
dizaines de raids de l’aviation
israélienne ont frappé Gaza. Mais, cela,
tout le monde le sait. N’est-ce pas ?
L’occupation israélienne est la seule
responsable de la situation très
difficile dans laquelle vivent les
Palestiniens de la bande de Gaza.
L’armée israélienne viole presque
tous les jours l’accord du cessez le feu
et ne respecte pas la trêve. Souvent,
les chars mènent des incursions dans la
bande de Gaza. Les soldats
contrôlent toujours les zones tampons
sur les frontalières et tirent sur les
paysans qui y cultivent leurs champs. La
marine empêche l’extension de la zone de
pêche et tire sur les pêcheurs
palestiniens et leurs bateaux. Face à la
retenue dont font preuve les factions
armées de Gaza, l’armée d’occupation
poursuit ses provocations et tente de
les pousser à réagir pour justifier de
nouvelles frappes et achever la
destruction des infrastructures
palestiniennes.
Cet état de fait se poursuivra tant
que les crimes resteront impunis, et
tant que cette état d’apartheid et
d’occupation ne sera pas soumis au
jugement des institutions
internationales, pour les crimes de
guerre commis contre les enfants de
Gaza. Mais, deux ans après, aucune
enquête officielle n’a été diligentée
pour faire la lumière sur les crimes de
guerre israéliens, et aucune commission
d’aucune institution internationale
n’est venue à Gaza pour constater
l’ampleur de cette horreur absolue. Deux
ans après !
Depuis deux ans, beaucoup
d’événements ont eu lieu en Palestine…
Notamment, le déclenchement d’un
soulèvement populaire en Cisjordanie… Il
y a aussi eu l’accord entre la Turquie
et Israël… Les Palestiniens de Gaza
avaient un peu d’espoir avec l’accord
entre la Turquie et Israël, mais la
réalité que la décision turque est
d’abandonner sa demande concernant la
levée du siège de Gaza, en faveur de la
reprise des relations diplomatiques et
économiques entre les deux pays. Gaza
est donc toujours sous blocus. Et
l’armée d’occupation poursuit sa
politique agressive à l’encontre des
Palestiniens et étend la colonisation de
leur terre.
Les Palestiniens de Gaza et de
Cisjordanie craignent dès lors, la
reprise des attaques israéliennes, à
n’importe quel moment et sous n’importe
quel prétexte, puisque la Communauté
internationale garde le silence. Et
pourquoi les Israéliens se
priveraient-ils d’attaquer, puisque,
depuis des dizaines d’années, cette
Communauté internationale laisse faire ?
Les Palestiniens doivent-ils encore
attendre ? Ou envisager d’autres
solutions ? Celles de l’extrémisme ? Ou
bien celle que certains Palestiniens
commencent à envisager, de plus en plus
nombreux, comme en témoignent les
attaques menées récemment par des
individus isolés ? Des individus
désillusionnés, désespérés, qui
n’attendent plus rien de nulle part,
même plus des factions politique
palestiniennes, dont les divisions et
les luttes pour le pouvoir servent plus
les intérêts israéliens que ceux de leur
propre peuple…
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