En direct de Gaza
Deux ans après la fin de la nouvelle
offensive israélienne
La reconstruction de Gaza au point mort
Ziad Medoukh
Samedi 27 août 2016
26 août 2014, 26 août 2016! Deux
ans déjà, deux ans se sont écoulés
depuis le fin de la nouvelle agression
israélienne contre la bande de Gaza en
juillet-août 2014-la troisième en cinq
ans-. Une offensive menée par une
puissance militaire contre des enfants,
des femmes, des personnes âgées, et des
innocents , dans un territoire enfermé,
isolé et soumis à un blocus
inhumain, offensive qui a duré plus de
50 jours, avec des pertes humaines
considérables - plus de 2200 morts,
parmi eux, 600 enfants, et 11000
blessés, civils et enfants en majorité-,
sans oublier la destruction massive de
l'infrastructure civile de la bande de
Gaza, avec notamment plus de 12000
logements détruits totalement, et près
de 150.000 endommagés.
C’est
comme si c’était hier, un événement
terrible en Palestine, un véritable
carnage à Gaza, des crimes et des
massacres israéliens contre des civils
et des innocents. Cette nouvelle attaque
avait pour objectif de briser la volonté
d’une population résistante, d'une
population courageuse qui a résolu de
défier le blocus, mais qui a surtout
décidé de rester attachée à sa terre, en
dépit de toutes les difficultés et des
mesures atroces d’une occupation
aveugle.
Deux
ans après, le blocus et les mesures
israéliennes entravent la reconstruction
des milliers de maisons détruites au
cours des bombardements israéliens dans
une région de plus en plus abandonnée
par une communauté internationale
officielle complice.
Dans
ce petit territoire côtier, des milliers
de familles attendent toujours d’être
relogées . La reconstruction, qui peine
à se mettre en route, est désormais à
l’arrêt complet depuis qu’Israël a
suspendu il y a trois mois les
importations de ciment et provoqué une
telle pénurie que la plupart des travaux
menés par l’UNRWA, l’agence de l’ONU en
charge des réfugiés palestiniens, ont
cessé.
A
travers la bande de Gaza, les coupures
d’électricité sont quotidiennes et
atteignent dans certains endroits
jusqu’à 18 heures par jour. Israël
contrôle toutes les entrées et sorties
de biens et de personnes de Gaza, à
l’exception du terminal de Rafah, vers
l’Egypte, que Le Caire tient fermé en
quasi-permanence.
Les
organisations internationales tirent
régulièrement la sonnette d’alarme au
sujet de l’économie de Gaza, au bord du
gouffre, avec un taux de chômage parmi
les plus élevés au monde (environ 47%),
une pauvreté endémique et des
exportations quasi-nulles.
Deux
ans après, plus de 60 % des bâtiments et
immeubles attendent toujours les
matériaux de construction dont
l’importation est interdite en raison
des restrictions sévères imposées par
l’armée de l’occupation.
Deux
ans après, le rythme de reconstruction
reste très lent, une grande partie de
Gaza reste en ruines. Selon une enquête
récente de l’ONU, plus de 15 mille
déplacés sont sans abris.
Deux
ans après, les pays donateurs n’ont pas
tenu leurs promesses faites lors de la
conférence internationale pour la
reconstruction de Gaza en octobre 2014.
Seulement 25% de l’aide destinée à Gaza
lors de cette conférence est arrivée.
Deux
ans après : peu de projets de
reconstruction privé ou public ont
commencé dans les rues de Gaza qui
témoignent de la barbarie subie pendant
ces 50 jours. Partout, ce ne sont que
ruines des maisons, des immeubles, des
mosquées, des écoles, des stades, des
usines ou des bâtiments détruits et
visés par les bombardements israéliens.
Selon un haut responsable de l’ONU : au
rythme actuel, il faudrait 30 ans pour
réhabiliter et reconstruire ce qui a été
endommagé
Deux
ans après : rien n’a changé pour les
sans-abri, plus de 7.000 habitants
vivent toujours sous des tentes, dans
des caravanes inhabitables, ou à côté
des ruines de leurs maisons détruites
dans des conditions très difficiles.
Beaucoup d’habitations n’ont pas été
réparées, à cause du maintien du blocus
et de l’interdiction d’entrée, par ordre
militaire israélien, des matériaux de
construction.
Deux
ans après : Gaza est toujours sous
blocus, Gaza subit les bombardements et
les raids israéliens, Gaza est plus que
jamais une prison à ciel ouvert. Et
l’armée de l’occupation poursuit sa
politique agressive à l’encontre des
Palestiniens.
Deux
ans après la fin de cette nouvelle
offensive, la situation stagne, rien ne
bouge. Pour plus de deux millions
d’habitants toujours enfermés,
cette situation reste très grave à tous
les niveaux, surtout sur le plan
humanitaire, malgré, partout dans le
monde, la mobilisation internationale
contre les crimes israéliens et malgré
les promesses de reconstruction rapide.
Deux
ans après, suite à leur résistance
remarquable contre les armes de
l'aviation, de la marine et la force
terrestre israéliennes, rien ne semble
différent pour les Palestiniens de Gaza,
toujours à la recherche d'une solution
politique et pas seulement humanitaire.
Les passages et les frontières avec
l'extérieur sont souvent fermés par
ordre militaire israélien et les
produits alimentaires et autres qui
entrent à Gaza sont rares. Les autorités
israéliennes ouvrent le seul passage
commercial qui relie la bande de Gaza à
l’extérieur deux ou trois fois par
semaine pour permettre l'entrée de 300
camions et de quelques convois
humanitaires. Parmi ces camions, 5 à
6 seulement contiennent des
matériaux de construction, souvent
destinés aux projets internationaux. Ce
passage se ferme sous n’importe quel
prétexte, par décision israélienne, sans
prendre en considération les besoins
énormes de la population civile.
Chaque
foyer à Gaza n’a droit qu’à 6
heures d’électricité par jour, car la
seule centrale électrique, qui a été
détruite en juillet 2014, ne fonctionne
pas, par manque de fioul et de
carburant. Les conséquences sont
dramatiques pour les hôpitaux, les
centres médicaux, les usines, et les
institutions éducatives.
Les
habitants de Gaza, épuisés à la fin de
cette nouvelle agression, ont peur pour
leurs enfants et leur avenir. Ils
espèrent le début rapide des projets de
reconstruction, notamment après les
promesses internationales.
L’aspect le plus grave de toute cette
situation difficile, aspect qui marque
l’esprit de la majorité des habitants,
est l’absence de perspectives pour ces
gens qui ne voient aucun changement.
C’est un sentiment horrible qui va
influencer l’avenir de cette génération,
surtout des jeunes.
Les
Palestiniens de Gaza attendent et
attendent. Ils n’ont pas d’autre choix
que d’attendre. Ils attendent une
ouverture, ils attendent la levée de ce
blocus inhumain, imposé depuis plus de
10 ans, ils attendent une réelle
réaction internationale qui mette fin à
l’impunité de cet occupant. Ils
attendent avec un courage à toute
épreuve, une sérénité exemplaire et une
volonté remarquable.
En
attendant, à Gaza, la vie continue, ses
habitants confiants et déterminés
s’adaptent et montrent une patience
extraordinaire, ils tiennent bon,
persistent, patientent, résistent,
restent à côté de leurs maisons
détruites, mais surtout, ils continuent
d’espérer, espérer un changement
radical, une solution politique. Ils
espèrent en un lendemain meilleur, un
lendemain de liberté, de paix, mais,
avant tout et surtout, un lendemain de
justice.
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