En direct de Gaza
PALESTINE – Trump n’était pas le bon
choix;
Hillary non plus…
Ziad Medoukh
Mercredi 21 2016
Source:
http://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/...
Trump
s’est clairement positionné dans une
ligne anti-palestinienne. Et alors ?
L’élection de Donald Trump,
quarante-cinquième président des
États-Unis, a suscité beaucoup de
réactions dans le monde entier,
notamment après sa compagne électorale
et ses idées affichées d’un nationalisme
de droite décomplexé.
C’est
vrai, la démocratie, de nos jours, donne
des résultats étranges ; et, aux
États-Unis, les extrémistes ne cessent
de s’affirmer.
Sa
victoire-surprise, qualifiée de « séisme
américain », va être suivie de répliques
dans beaucoup de pays, en particulier en
Europe, à commencer par la France, où
les élections présidentielles et
législatives se caractériseront sans
doute par la montée de la droite et de
l’extrême-droite.
Héritier monstrueux des années Bush,
Donald Trump est l’épisode le plus
spectaculaire d’un cycle mondial qui
voit s’imposer les replis identitaires
et les nationalismes, sur fond de bruits
de guerre.
Concernant la politique extérieure du
nouveau président, en particulier au
Proche-Orient, Trump a répété plusieurs
fois qu’il soutiendrait
inconditionnellement Israël, « la
seule démocratie dans cette région en
pleine mutation ». Parmi les
conseillers politiques de Trump,
beaucoup sont d’ailleurs pro-israéliens,
et connus pour leur position
anti-arabe ; cela ne donne plus beaucoup
de chance au processus de paix entre
Palestiniens et Israéliens, déjà mis en
plein échec depuis des années.
Cela
dit, même si un sentiment d’inquiétude
accrue règne dans les territoires
palestiniens du fait de l’arrivée d’un
Trump à la Maison blanche, les
Palestiniens, en général, ne comptaient
déjà plus beaucoup sur les Américains :
qu’ils aient été du camp démocrate ou du
camp républicain, la politique des
présidents américain a toujours été
celle d’un soutien sans faille à
l’occupation israélienne, insouciants du
droit international et des violations
permanentes des droits des Palestiniens.
Trump
sera simplement un peu pire que ses
prédécesseurs…
De
leur côté, les dirigeants israéliens ont
applaudi la victoire de Donald Trump. Le
premier ministre israélien Netanyahou
a félicité le nouveau président, le
gratifiant d’une épithète appropriée : «
véritable ami d’Israël ». Il a
accueilli l’élection de ce président
comme une bonne nouvelle pour Israël,
qui permettra l’accélération de la
colonisation dans les territoires
palestiniens, d’une part, et, d’autre
part, la poursuivre, débarrassée des
quelques réserves qu’avait au moins
formulées l’administration Obama, d’une
politique de fermeté et de répression à
l’encontre de la résistance populaire
qui a récemment émergé parmi les jeunes
Palestiniens. Dans les colonies et à
Jérusalem, les homologues israéliens des
racistes américains célèbrent
aujourd’hui la victoire de Trump…
«
Je suis certain que le nouveau président
Trump et moi-même continueront à
renforcer l’alliance entre nos deux pays
et la feront encore progresser », a
ajouté le premier ministre israélien, le
sourire satisfait. « La victoire de
Trump est une opportunité pour Israël de
mettre un terme à l’idée d’un État
palestinien au centre du pays, qui
nuirait à notre sécurité et notre juste
cause », a-t-il conclu.
Pendant la primaire des républicains,
Trump s’est vendu au lobby sioniste
ultra-puissant aux États-Unis comme un
allié violemment et va-t-en-guerre du
premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu, contre le peuple
palestinien. Il a juré qu’il ferait de
la lutte contre le mouvement non-violent
mené en faveur des Palestiniens, le
« boycott, désinvestissement et
sanctions » (BDS), une priorité de sa
politique de soutien à Israël. Il a tout
fait, déjà, pour mener campagne contre
les mesures les plus douces mises en
œuvre pour dénoncer la responsabilité
d’Israël dans les massacres de Gaza et
la violation du droit onusien ; il est
allé jusqu’à en appeler directement aux
membres de son église, pour qu’ils
s’opposent au désinvestissement de
sociétés qui soutiennent l’occupation
israélienne et en tirent profit. Il a
promis à Netanyahu qu’il reconnaîtrait
Jérusalem comme « capitale une et
indivisible de l’État d’Israël » et
a encouragé Israël à poursuivre ses
constructions dans les colonies de
Cisjordanie occupée. Qui voulait savoir
s’il suivrait la « tradition » des
autres candidats républicains et se
rendrait en Israël ?
Peut-être sera-ce difficile pour Trump
de transférer l’ambassade américaine de
Tel-Aviv à Jérusalem, comme il l’a
promis, et d’imposer une « paix juste »
entre Palestiniens et Israéliens à sa
manière ; mais le président américain ne
manquera pas de soutenir publiquement la
politique israélienne et défendre le
point de vue israélien à l’échelle
internationale. La période de Trump sera
donc un temps de souffrance accrue pour
les Palestiniens, qui continueront
vainement de travailler leur diplomatie
afin de convaincre la nouvelle direction
américaine d’avoir une position plus ou
moins objective dans le conflit
israélo-palestinien… Sur le terrain, les
acteurs palestiniens seront obligés de
faire preuve d’une politique très ferme
à l’encontre des résistants et de ceux
qui s’opposent désormais ouvertement à
un processus de paix qui a dupé la
nation palestinienne depuis des
décennies ; il s’agira en effet de ne
pas prêter le flanc aux critiques qui
permettraient à la nouvelle
administration américaine et à l’armée
israélienne de justifier tout et
n’importe quoi.
Hilary
Clinton était-elle la candidate du camp
palestinien ? Elle n’aurait pas été une
présidente amie des Palestiniens… Les
démocrates ne sont pas beaucoup plus
intentionnés à l’égard de la cause
palestinienne, parce qu’ils ne sont pas
plus libres d’agir que les
républicains : il ne faut pas oublier
que le président sortant Barack Obama a
déçu les Palestiniens ; en 2011, sous la
pression du lobby sioniste américain, il
a dû céder aux exigences du gouvernement
israélien qui a imposé à Washington de
mettre son veto à la reconnaissance de
la Palestine par l’ONU. On a vu le
flamboyant discoureur du Caire se
changer en un zombie, le visage
grimaçant, soumis aux intérêts
israéliens, et apparaître devant les
caméras de télévision à côté de Benjamin
Netanyahu qui arborait un sourire
vainqueur. En outre, le démocrate a fini
son mandat en accordant sans réserve à
Israël l’aide militaire la plus
importante de toute l’histoire des
relations américano-israéliennes, pour
un montant de 38 milliards de dollars…
Comme
on dit en Palestine : « La différence
entre démocrates et républicains aux
USA, c’est comme la différence entre
Pepsi et Coca-Cola. Ça change un peu de
goût, mais c’est le même poison. »
Même
si les dernières élections révèlent un
homme imprévisible, sans opinions
stables, les positions très
pro-israéliennes de Trump ne font quant
à elles aucun doute et ne diffèrent pas
beaucoup, en substance, de la politique
qu’a menée Obama dans ce dossier, sous
le contrôle duquel la construction de
colonies a fait plus que garder le
rythme qu’elle avait sous le président
Georges W. Bush ; elle s’est accélérée.
La
soi-disant solution à deux États est
déjà morte depuis longtemps…
La
cause palestinienne s’est transformée en
lutte pour l’égalité contre un système
israélien solidement établi
d’occupation, de colonisation, de
peuplement et d’apartheid. Il est
ancré et enraciné dans le soutien de
l’establishment dans les deux partis
américains ; et les Palestiniens
n’attendaient pas le résultat de
l’élection américaine pour décider de la
direction de leur combat.
Un peu
d’espoir, cependant ? Trump a gagné,
mais un certain nombre de choses n’ont
pas changé. Au cours des dix dernières
années, le soutien aux droits des
Palestiniens a progressé aux États-Unis,
particulièrement chez les jeunes et dans
la base de plus en plus diverse du parti
démocrate, complètement délaissée par sa
direction bien installée. Plus que
jamais, les gens comprennent que le
soutien américain à Israël est le fait
de milieux qui prônent la suprématie
blanche et soutiennent l’incarcération
de masse, la violence incontrôlée de la
police et le militarisme.
Afin
d’affronter les années difficiles de
Trump et son soutien à Israël, les
Palestiniens devraient réviser leur
politique et surtout s’unifier, mettre
fin à leurs divisions partisanes et
fratricides.
Peut-être le durcissement de la
répression israélienne et
l’intensification des vexations et
frustrations à l’encontre des
Palestiniens que les années Trump
engendreront pousseront-ils enfin ces
derniers à se mettre d’accord une bonne
fois, sur une seule forme efficace pour
résister contre l’occupation et la
colonisation… et pour gagner de plus en
plus d’amis solidaires de leur cause de
justice, partout dans le monde, y
compris dans les États-Unis de Trump.
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