En direct de Gaza
PALESTINE – Premier anniversaire
du soulèvement populaire
Ziad Medoukh
Jeudi 20 octobre 2016
Source:
http://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/...
À l’approche du 2 octobre, la Palestine
commémore le premier anniversaire du
déclenchement du soulèvement populaire
dans les territoires palestiniens,
notamment en Cisjordanie occupée et dans
la ville de Jérusalem.
Un an,
et les jeunes palestiniens poursuivent
leurs actions pacifiques et spontanées
contre les soldats et les colons
israéliens.
Une
révolte des jeunes, de plus en plus
déterminés contre les soldats occupants
et contre les colons agresseurs. Ces
jeunes, qui affrontent les forces de
l’occupation avec des pierres et leurs
poitrines nues et qui quelques fois
attaquent soldats et colons sur les
check-points, voient leur avenir
oblitéré par la colonisation et des
mesures israéliennes contre toute une
population civile.
Ces
jeunes de la génération d’Oslo, souvent
désespérés après 23 ans de processus de
paix sans résultats concrets,
manifestent leur colère contre
l’oppression israélienne, contre
l’humiliation et contre l’injustice. Ils
envoient un message clair au monde
entier, exprimant que les accords d’Oslo
sont morts, désormais.
Malgré
les représailles sanglantes de la part
des soldats qui répondent par des balles
réelles, et qui tuent les civils
palestiniens de sang froid, et malgré
les provocations des colons, les jeunes
répondent par des manifestations. Et
–est-ce qu’on peut le dire ainsi, sans
fioriture ?- les attentats de ces jeunes
ne vont pas au-delà de l’attaque au
couteau.
On
laisse parler les chiffres ?
En un
an, le bilan est très lourd au niveau
des pertes humaines côté palestinien :
plus de 250 morts ; parmi eux, 200 ont
moins de 23 ans, et 25 jeunes filles.
Plus de 15.000 blessés et 7.000
incarcérés, dont 2.000 enfants de moins
de 16 ans et 50 femmes.
Les
autorités israéliennes gardent toujours
les cadavres de 18 jeunes Palestiniens
tués par l’armée israélienne, et
refusent de les rendre à leurs familles
pour les enterrer, en violation de
toutes les conventions internationales.
Côté
israélien, on compte 40 morts et 600
blessés ; tous sont des soldats et des
colons qui se trouvent d’une façon
illégale dans des territoires
palestiniens reconnus occupés.
Le
gouvernement israélien et sa composante
d’extrême droite feraient mieux de
comprendre les vraies raisons de ce
soulèvement populaire mené par de jeunes
palestiniens désespérés. Ce
gouvernement, encouragé par les
puissances internationales et par
l’absence d’une position arabe ferme,
poursuit ses attaques et ses agressions
au quotidien contre les civils
palestiniens.
Un
soulèvement qui se développe notamment
en Cisjordanie, mais moins dans la bande
de Gaza ; pour la simple raison que,
dans la bande de Gaza, il n’ y a plus de
soldats ni de colons à l’intérieur des
villes et de villages de cette région
sous blocus, même si la présence
militaire israélienne est quasi
quotidienne sur les frontières, dans le
ciel et sur mer.
Un
aspect très important, qui distingue ce
soulèvement, c’est l’absence d’un
soutien officiel et politique à ces
actions, que ce soit de la part de
l’Autorité palestinienne, qui est très
impliquée dans des négociations de paix
avec l’occupant, n’ayant jamais apporté
ni liberté ni amélioration pour les
Palestiniens, ou que ce soit par les
partis politiques et les factions
militaires qui voient dans ce
soulèvement des actions d’un genre
nouveau qui ne s’accordent pas avec
leurs principe et échappent à leur
contrôle.
Israël
profite de la division en Palestine et
des événements dans les pays arabes. Les
Palestiniens sont divisés et n’arrivent
pas à adopter une forme unique de
résistance contre l’occupation, et les
pays arabes sont très occupés par les
événements qui ravangent leur pays,
comme en Syrie, au Yémen, en Libye, en
Iraq et sous la dictature en Égypte.
Une
autre particularité de ce soulèvement,
c’est la participation de jeunes filles
dans les manifestations ; mais aussi
dans la guerre des pierres, et même dans
les attaques de soldats avec des armes
blanches. Cela montre une détermination
nouvelle ; absentes de la deuxième
Intifada, elles participent désormais
activement, soit directement soit en
soutenant les jeunes révoltés.
Les
jeunes participants à ce soulèvement
sont en train de développer une nouvelle
forme de résistance, qui procède d’une
spontanéité des actions menées contre
les soldats et les colons, et la
continuité.
Depuis
un an, la situation est toujours
explosive dans les territoires
palestiniens, et toutes les mesures
israéliennes de sécurité n’ont pas
réussi à arrêter ou à infléchir ce
soulèvement qui s’installe dans la
durée, malgré le manque de soutien et
l’absence d’une vraie organisation et
d’encadrement.
Malgré
les répliques sanglantes de l’armée de
l’occupation israélienne, malgré le
bilan lourd de la répression, et en
dépit du silence complice de ce monde,
les Palestiniens sont de plus en plus
décidés ; ils vont poursuivre leur
soulèvement populaire, il n’y a pas de
retour en arrière, la lutte des
Palestiniens pour leur liberté se
poursuit.
Le
Hamas et le Fatah se regardent
interloqués ; ils ne contrôlent plus la
résistance. La nouvelle génération,
désillusionnée, désespérée, seule face à
son destin, semble avoir engagé le
dernier round du combat…
Le
dernier acte d’une histoire vieille de
plus d’un siècle, qui a commencé avec la
Déclaration Balfour et qui s’achèvera
soit par le retrait de l’occupant, soit
par l’anéantissement.
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