P.A.S.
Arabie-Israël-Égypte : la triple
alliance
Yahia Gouasmi
Mercredi 11 mai 2016
Le
mois dernier a eu lieu un véritable coup
de théâtre géostratégique et
diplomatique, avec l’annonce par
l’Égypte du transfert de deux îles,
Tiran et Sanafir, sous souveraineté de
l’Arabie Saoudite, à la suite de
négociations secrètes où Israël a été
impliqué en raison des clauses
limitatives du traité de paix de Camp
David de 1979.
Cet évènement est apparu comme une
surprise totale pour beaucoup
d’observateurs, et il marque un
renforcement des liens entre Le Caire et
Riyad, sous le parrainage de l’entité
sioniste.
Cela prouve qu’Israël,
l’Arabie et l’Égypte se sont engagés sur
une nouvelle ère de relations
géostratégiques et diplomatiques et l’on
peut considérer qu’il s’agit d’un
événement majeur dans les relations
tripartites.
L’Égypte vient donc de transférer à
l’Arabie saoudite la souveraineté des
deux îles inhabitées de la Mer rouge,
Tiran et Sanafir, qui se trouvent au sud
de Suez et entre les deux pays.
Ce qui pourrait sembler
ne concerner que deux états en
concerne un troisième : Israël.
En effet, au nord du golfe d’Aqaba,
se trouve la ville ainsi que le port
israélien d’Eilat, et la cession des
deux îles revêt une importance
stratégique majeure pour l’entité
sioniste, sachant que toute fermeture du
détroit de Tiran signifierait une crise
majeure pour Israël, et le début d’un
engrenage susceptible de conduire à une
guerre régionale.
Eilat est un port essentiel par
lequel transite le commerce entre Israël
et l’Asie. On se souvient ainsi que le
blocus du détroit de Tiran, décidé par
Nasser en 1967, a joué un rôle décisif
dans le déclenchement de la guerre des
Six Jours, et l’entité sioniste avait
alors occupé ces îles jusqu’au traité de
paix avec l’Égypte en 1979. Le statut de
ces îles a été détaillé dans les termes
dudit traité et, dans le cadre de ce
transfert, Israël a reçu l’assurance que
la libre circulation dans le détroit de
Tiran, lui serait assurée. Les
Américains ont cosigné l’accord en gage
de garantie.
L’action du président égyptien Abdel
Fattah el Sissi a soulevé de virulentes
critiques en Égypte, où le chef d’État
est accusé d’avoir bradé une partie du
territoire national. Il s’est expliqué
en rappelant que ces îles ont toujours
été la propriété de l’Arabie qui les
avait transférées à l’Égypte en 1950
pour empêcher l’armée israélienne d’en
prendre le contrôle. Ces explications
n’ont convaincu personne et pour nombre
d’Égyptiens qui ont exprimé leur
indignation, Sissi a vendu les deux
fameuses îles aux Saoudiens, contre un
pont et des pétrodollars.
En effet, en échange de ce geste de
la part du dirigeant égyptien, le Roi
Saoudien Salman, s’est engagé à aider
l’Égypte durant les cinq prochaines
années afin de lui rendre sa solvabilité
économique, et de gros investissements
saoudiens sont planifiés pour sauver
l’économie égyptienne d’un éventuel
effondrement.
Parmi ces projets, figure
l’édification d’un pont entre
l’Égypte et l’Arabie au-dessus de la
mer rouge, et pour lequel les deux
îles transférées devraient servir
d’appui.
L’un des objectifs de ce pont, qui va
relier les continents africain et
asiatique, est la facilitation des
échanges économiques et humains. L’autre
objectif, officieux et plus stratégique,
concerne la sécurité.
Riyad est obsédé par le
risque de déstabilisation de
soulèvement à l’intérieur du pays et
ce pont garantirait une capacité de
réaction immédiate des forces
égyptiennes au cas où l’Arabie
saoudite se sentirait menacée.
Le transfert des deux îles à l’Arabie
Saoudite révèle par ailleurs une partie
du dialogue qui s’est établi entre
Israël et ses voisins .
Israël a de bonnes relations
avec l’Égypte depuis les accords de paix
de Camp David entre les deux pays, dont
les appareils de sécurité partagent les
mêmes intérêts, notamment la lutte
contre la résistance palestinienne à
Gaza.
Pour l’Arabie Saoudite, l’Égypte
reste ainsi un allié stratégique, au
moment où Riyad connaît de graves
tensions avec l’Iran, en rapport
notamment avec les conflits en Syrie et
au Yémen.
Cet acte, la cession des îles à
Riyad, montre aussi les liens de plus en
plus forts qui unissent l’Arabie
saoudite et Israël. Alors que les deux
pays n’ont toujours pas de liens
formels, et que l’Arabie saoudite ne
reconnaît pas l’existence de l’entité
criminelle sioniste, le dialogue
israélo-saoudien, est depuis quelques
années un secret de polichinelle dans le
monde géopolitique. En effet, de hauts
fonctionnaires des deux pays se sont
rencontrés en public à plusieurs
reprises.
On assiste donc à une
recomposition des relations
régionales, avec l’émergence d’une
alliance Arabie Saoudite
-Egypte-Israël, dont l’objectif
principal est en réalité très clair
: contrer la montée en puissance de
la République islamique d’Iran, fer
de lance de la résistance
anti-sioniste.
Face à cette alliance
sioniste, se dessine un axe
Téhéran-Moscou, déjà à l’œuvre en Syrie,
et qui se verrait conforter par le
projet commun de creusement d’un canal
maritime depuis la mer Caspienne
jusqu’au golfe Persique via l’Iran.
Ce canal, s’il vient à se réaliser,
bouleversera en profondeur les
équilibres géostratégiques de la région.
Devenant la puissance commerciale
centrale du Moyen-Orient, l’Iran
disposerait d’un effet d’un levier
considérable face à la Turquie et aux
puissances sunnites du Golfe. La Russie
quant à elle, désenclaverait
considérablement son territoire et
ouvrirait une voie providentielle pour
se tourner vers l’Asie, devenant ainsi
la puissance médiatrice entre l’Europe
et l’Asie. Cette nouvelle voie maritime
lui permettrait ainsi de contourner la
Turquie et l’Égypte (deux pays
traditionnellement proaméricains) et
d’obtenir un autre accès aux mers
chaudes, en particulier à l’Océan
indien.
La chine est aussi concernée, car ce
projet entrerait aussi dans le cadre de
la “Nouvelle Route de la Soie” lancée
par Pékin pour accroître ses échanges
commerciaux avec l’Europe et étendre son
influence à l’ensemble du Moyen-Orient.
Ainsi donc, la cession de ces
îles à Riyad révèle une importante
recomposition régionale qui voit se
dessiner au grand jour une nouvelle
alliance, entre l’entité criminelle
israélienne et les deux puissances
arabes majeures que sont l’Arabie et
l’Égypte.
Le Parti Anti Sioniste
condamne cette triple alliance qui
en réalité n’en est pas une, car ces
deux nations sont dans un rapport de
soumission vis-à-vis de l’entité
sioniste avec qui ils ne traiteront
jamais d’égal à égal.
Il est triste de voir
l’apathie du monde musulman face à
la traitrise de ses dirigeants,
rejoignant l’axe de l’oppression et
collaborant de manière éhontée et
officielle avec l’état criminel
israélien.
L’Arabie Saoudite
apparait aujourd’hui pour ce qu’elle
est : le principal instrument du
projet sioniste dans la région du
Moyen-Orient. Son alliance avec
l’Égypte, sous le patronat du régime
criminel israélien, a un objectif
clair : s’opposer à la République
islamique d’Iran, fer de lance de
l’axe de la résistance face au
sionisme.
Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste
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