Actualité
Julian Assange : ce que nous savons
Viktor DEDAJ
Mardi 31 décembre 2019
Nous savons que : Julian Assange est un
citoyen australien. La société de
publication qu’il a co-fondée (Sunshine
Press) est domiciliée en Islande et leur
site Wikileaks est hébergé.. euh...
quelque part.
Nous savons qu’Assange
n’a violé aucune loi d’une
juridiction dont il dépendait. Aucune.
Jamais. Nous savons en effet qu’il
n’a jamais été accusé de viol en
Suède (si vous avez l’impression du
contraire, débrouillez-vous avec votre
source d’information préférée). Nous
comprenons donc que « l’enquête
préliminaire » interminable d’une
procureure suédoise n’a jamais été
qu’une opération de rabattage du gibier
Assange vers le piège états-unien.
Nous savons aussi
que Julian Assange n’a jamais été sous
une juridiction US. Et donc qu’une
« extradition » de Julian Assange vers
les Etats-Unis ne sera pas une décision
de justice en application de je ne sais
quelle loi, mais bel et bien
l’aboutissement d’une opération d’enlèvement
par les Etats-Unis d’un journaliste
étranger, enlèvement décidé et préparé
de longue date et sous couvert d’un
« droit » qui a été bafoué de bout en
bout dans cette affaire. Nous savons
donc que ce qui se prépare contre lui
n’est pas une « extradition » mais
un enlèvement, un kidnapping, une
« remise forcée ».
Nous savons que les
Etats-Unis prétendent malgré tout lui
infliger 175 ans de prison au nom d’une
loi (Espionage Act de 1917) et
dans la cadre d’un grand jury qui
interdit à l’accusé d’invoquer ses
motivations et qui ramène les droits de
la défense à zéro.
Nous savons
maintenant que ses moindres faits et
gestes et ceux de ses visiteurs à
l’ambassade étaient espionnés et que ses
privilèges client/avocat et
patient/médecin ont été violés et que
toutes ces données communiqués - ainsi
que tous ses effets personnels - aux
Etats-Unis.
Nous savons qu’Assange
ne purge actuellement aucune peine
(oui, vous avez bien lu (*) ) mais est
en « détention préventive », qu’il est
maintenu en isolement dans une
prison de haute sécurité. Nous
savons aussi qu’il est gravement malade
et qu’il n’est pas soigné. Nous savons
donc qu’Assange est volontairement
maltraité par les autorités
britanniques, un traitement que le
rapporteur spécial de l’ONU - après un
examen médical du prisonnier effectué
par des spécialistes en la matière -
assimile à de la torture. Nous
savons que sa vie est littéralement
en danger.
Nous savons que
l’administration pénitentiaire ne lui
accorde que peu de contacts avec ses
avocats, très peu de visites, aucun
contact avec les autres détenus, et
qu’il ne peut consulter les éléments de
« preuves » présentés contre lui et n’a
aucun moyen matériel pour préparer un
semblant de défense.
Nous avons vu lors
d’auditions surréalistes qu’il est si
mal en point qu’il arrive à peine à
prononcer son nom et sa date de
naissance et où la juge Vanessa
Baraitser affiche ouvertement son
mépris pour lui et ses avocats et prend
- au vu et au su de tous - ses
instructions auprès des représentants
des Etats-Unis présents dans la salle.
Nous avons même vu un greffier demander
au prisonnier de confirmer sa
nationalité... suédoise (pour
vous donner une idée du sérieux avec
lequel cette affaire est menée).
Nous savons qu’Assange
est un des journalistes les plus primés
du 21ème siècle. Nous savons qu’il a
encore reçu 3 titres de reconnaissance
journalistique alors qu’il se trouvait
en prison. Nous savons qu’il a été
nominé sept fois au prix Nobel de
la Paix. Nous savons que le patron de la
Fédération Internationale de
Journalistes (qui dit représenter
600.000 professionnels du métier) a pris
position en faveur d’Assange. Nous
savons que les trois principaux
syndicats de journalistes français ont
rédigé une lettre ouverte à Macron au
sujet d’Assange. Nous savons que
plusieurs centaines de journalistes à
travers le monde ont signé une pétition
récente pour sa libération, etc.
Nous savons aussi
qu’Amnesty International doit avoir de
la merde devant les yeux pour ne pas
reconnaître un prisonnier politique
torturé au cœur de Londres. Nous savons
depuis longtemps que Reporters Sans
Frontières se couvre les yeux, les
oreilles et la bouche chaque fois que
les Etats-Unis sont en cause.
Nous avons compris
que les réseaux sociaux (Facebook et
Twitter) exercent une censure discrète
sur toute communication relative à
Assange et/ou Wikileaks, en limitant
drastiquement sa diffusion.
Et nous savons que
de tout cela, vous n’en saurez
rien.
Car nous savons que
les "grands" médias ont décidé de
limiter au maximum leur couverture de
« l’Affaire Assange » et ne laissent
passer les informations qu’au
compte-goutte...
Nous savons par
exemple qu’un grand quotidien
(« progressiste ») britannique comme
The Guardian peut publier un article
à charge contre Assange, inventé de
toutes pièces. Nous avons constaté que
les autres "grands" médias n’en tiennent
pas rigueur à leur confrère (Tiens,
finalement, la solidarité au sein de la
profession existe bien !)
Nous savons qu’une
journaliste du Monde est capable
de vous regarder droit dans les yeux et
de dire sans scrupules un truc comme « Assange
n’a que ce qu’il mérite parce qu’il a
fait perdre Hillary Clinton ».
L’argument débile par excellence. Chez
un journaliste. Horreur assurée. Cheveux
dressés sur la tête garantis.
Bref, Nous savons
maintenant que les "grands" médias sont
en grande majorité animés par ce qu’il
faut bien appeler des salauds.
Nous savons que les
médias dits alternatifs - incroyable
mais vrai - qui se mobilisent pour
Assange (et Wikileaks) sont encore trop
rares. Les autres pensent probablement
pouvoir ignorer ou ne pas être concernés
par l’affaire – ou sont encore (comble
de l’ironie) sous l’influence de la
propagande mainstream.
Mais nous savons
aussi que les années de calomnies et de
mensonges déversés sur lui et son
organisation commencent à faire long feu
et que la montée en puissance de la
solidarité avec Julian Assange connaît
depuis quelques mois une progression
fulgurante. Hier encore, les appels et
interventions en sa faveur –
journalistes, médecins, personnalités,
responsables politiques, ONU - se
comptaient en dizaines, et aujourd’hui
se comptent en centaines, en milliers.
Le silence médiatique n’est pas encore
brisé, mais il commence à se fissurer.
Ce combat est parti de trop loin pour ne
pas se donner des raisons d’espérer,
alors ne lâchons rien. Avec ce combat,
et le reste, 2020 pourrait bien être une
bonne année pour la justice
Viktor Dedaj
qui pense que c’est le procès des
médias qu’il faudrait faire
(*) après son
enlèvement de l’ambassade d’Equateur, le
11 avril 2019, J. Assange fut
immédiatement condamné pour avoir "violé
les conditions de sa libération en
résidence surveillée" (bracelet à la
cheville et signalement quotidien à un
poste de police) - violation commise
lorsqu’il a demandé l’asile politique à
l’Equateur en Juin 2012 (décision
contestée par des juristes dans la
mesure où demander l’asile est un droit
fondamental - et ce n’est pas comme si
on ne savait pas où il était). Il fut
condamné à la peine maximum pour un tel
délit (qui n’en était pas vraiment un)
qui se solde généralement en GB par une
simple amende. JA était libérable à la
moitié de la peine mais la juge a refusé
sa libération et décidé sa détention
préventive jusqu’au procès d’
"extradition". Le tout dans une prison
de haute sécurité, sans contacts et sans
soins.
MAJ 20/12/2019 :
premier recul de la "juge" Vanessa
Baraitser. Le procès en extradition
pourra durer "3 ou 4 semaines" au lieu
des "4 ou 5 jours" qu’elle prétendait
imposer.
25 députés
allemands, italiens et européens
annoncent qu’ils assisteront au procès
dit d’extradition.
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