Turquie
Manipulation en Turquie
Thierry Meyssan
Reccep
Tayyeb Erdogan, le président turc.
©Sputniknews
Mardi 19 juillet 2016
Le président Erdoğan est issu de la
Millî Görüş, une milice islamiste qui
soutenait les jihadistes en Russie dans
les années 90 et ourdit un coup d’État
en 1999.
En
2003, Recep Tayyip Erdoğan est devenu
Premier ministre d’un État membre de
l’Otan.
En
2011, le gouvernement Erdoğan a signé un
traité secret avec la France
l’impliquant dans les guerres contre la
Libye et la Syrie en échange du
« droit » d’expulser sa population kurde
vers un État qui serait créé pour
l’occasion.
En
2012, le président Erdoğan a pris la
succession du prince Bandar bin Sultan
dans la coordination des réseaux
jihadistes.
En
2013, le président Erdoğan a pris la
succession de l’émir Hamad du Qatar dans
le parrainage des Frères musulmans.
Puis, il a installé à Izmir le
Commandement joint des forces terrestres
de l’Otan, le LandCom, qui coordonne la
guerre contre la Syrie.
En
2014, le gouvernement Erdoğan a
participé à la transformation de
l’Émirat islamique en Irak en lui
apportant les 80 000 combattants de la
confrérie irakienne des Naqchbandis —qui
avait créé la Millî Görüş turque—.
Aussi,
la tentative de le renverser est-elle
apparue comme la fin de la guerre contre
la Syrie. Pourtant, elle aurait
simplement désorganisé la coalition
internationale le temps nécessaire à ce
que les différentes fonctions du
président Erdoğan soient attribuées à
d’autres leaders.
Les
militaires du 16 juillet ont été trahis
de l’intérieur : aucune des
personnalités du régime n’a été arrêtée,
ni Hakan Fidan, ni Recep Tayyip Erdoğan.
Ceux qui ont pris les locaux de la
télévision nationale, la TRT, ont eu
beau annoncer qu’ils contrôlaient le
pays, aucun des objectifs stratégiques
n’avait été visé. Il y a eu beaucoup de
rumeurs, mais aucune trace de coup,
sinon ceux de l’attaque contre les
bâtiments vides de la Grande Assemblée
nationale ; des traces qui apparaissent
désormais comme une mise en garde des
députés.
Aucun
leader du putsch n’a pris contact avec
l’opposition pour l’associer au nouveau
régime, si bien que celle-ci, effrayée à
l’idée du retour possible d’une
dictature militaire, s’est rangée au
côté de son ennemi, l’AKP.
Avant
même la fin de la tentative, les hommes
du président Erdoğan arrêtaient les
officiers de la gendarmerie qui
s’étaient opposés à lui et qui n’étaient
aucunement impliqués dans le coup. Une
fois celui-ci terminé, ils ont non
seulement arrêté les putschistes, mais
aussi plus de 7 000 autres personnes,
limogé plus de 8 000 fonctionnaires,
suspendu 2 700 magistrats et le
vice-président de la Cour
constitutionnelle dont les noms
attendaient depuis longtemps au Palais
blanc. La grande purge des disciples de
Fethullah Gülen se poursuit.
Les
États-Unis semblent les plus surpris par
cette trahison. Après avoir sollicité
l’ancien président Abdullah Gül, puis un
magistrat, comme possibles successeurs
du président, ils ont soutenu le Parti
démocratique des Peuples (HDP) lors des
élections truquées de novembre 2015, et
récemment un magistrat. À l’évidence,
ils étaient informés à l’avance du coup
et s’en réjouissaient. La France,
également au courant, avait fermé son
ambassade et son consulat le 13 juillet
au soir.
Ayant
désormais anéanti ses oppositions, le
président Erdoğan peut continuer sans
encombre à conduire son pays dans la
voie du sultan Abdühamid II et des Junes
Turcs : le nettoyage ethnique.
Chronique publiée dans al-Watan
Thierry Meyssan
Consultant
politique, président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Dernier ouvrage en
français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007). Compte
Twitter officiel.
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