Réseau Voltaire
G20
Thierry Meyssan
Vendredi 9 septembre 2016
Les chefs d’État et de gouvernements
cherchent des occasions de se rencontrer
pour traiter d’affaires bilatérales,
voire multilatérales. Ils cèdent donc à
la réunionite, une maladie qui consiste
à tenir des sommets inutiles en soi,
juste pour pouvoir négocier en coulisse
sur d’autres sujets, sans avoir à
justifier la rencontre. Le sommet du G20
de Hangzou n’a pas échappé à cette
nouvelle règle.
Les chefs d’État du
G20 se sont réunis à Hangzhou (Chine).
Le G20, c’est la réunion de 19 des plus
grosses économies mondiales —mais, ni
l’Espagne, ni les Pays-Bas, ni la
Suisse— plus l’Union européenne. Cet
organisme fut constitué en 1999 avec des
ministres des Finances, en marge du G7,
pour associer des économies émergentes
aux décisions des Occidentaux. Il a
laissé la place à un sommet des chefs
d’État, à l’occasion de la crise
financière de 2008, dans l’espoir de
limiter la propagation de la crise.
En réalité, aucun sommet du G20 n’a
pris de décision sur quoi que ce soit.
C’est d’ailleurs plutôt rassurant, car
si cette réunion y parvenait, cela
voudrait dire que les riches décident
pour les pauvres.
En principe, le G20 doit examiner les
questions économiques. Actuellement, il
s’agit du ralentissement de la
croissance mondiale, d’un éventuel arrêt
de la globalisation, ainsi que d’une
possible dissolution de l’Union
européenne. En ouverture, le président
Xi Jinping a souligné la nécessité,
selon lui, d’éviter le retour du
protectionnisme et, au contraire, de
poursuivre le développement du commerce
mondial de manière à relancer la
croissance.
Cependant, étant donné que les
responsables politiques ont peu d’impact
sur l’économie, le G20 a surtout été
l’occasion de réunions en aparté pour
discuter de questions politiques :
l’Ukraine, la Syrie et le terrorisme.
Comme à chaque fois, tout le monde a
déclaré vouloir préserver la liberté de
commerce, défendre la paix et lutter
contre le terrorisme. Pourtant chacun
sait que la suprématie des États-Unis ne
résistera pas longtemps à l’ouverture
des deux « routes de la soie », et
qu’ils font tout ce qui est en leur
pouvoir pour les couper au Donbass et en
Syrie-Irak.
La Maison-Blanche a fait savoir que
la négociation pour la paix en Syrie
avec le Kremlin avait échoué. Ce serait
la faute de Moscou qui aurait « fait
marche arrière » sur « de nombreux
points ». Quels points ? La
Maison-Blanche ne les a pas bien sûr
précisés. Et pour cause, il n’y en a
pas. Depuis l’accord de paix de Genève
1, en juin 2012, ce sont les
Occidentaux, et eux seuls, qui ont fait
avorter les nombreuses négociations.
Pour deux raisons : la première est
qu’ils ne veulent pas de paix générale,
car ils entendent maintenir le chaos
dans le désert irako-syrien pour couper
les échanges entre l’Asie et l’Europe ;
la seconde c’est que Washington ne veut
pas reconnaître le rétablissement de la
Russie au niveau de l’URSS, et partager
le pouvoir avec elle.
Quant à la lutte contre le
terrorisme, c’est depuis des années le
prétexte idéal pour permettre aux
États-Unis de contrôler les transferts
d’argent ; ce qui permet à ceux qui
financent et arment le terrorisme de
maintenir des sanctions contre ceux qui
précisément luttent contre le
terrorisme : l’Iran, la Russie, la
Syrie.
Le G20 ne peut donc être qu’une
occasion de réaliser des petits pas
politiques sous prétexte de réunion
économique. Ainsi, la Russie et la
Turquie ont presque terminé de rétablir
leurs échanges, ce qui devrait aider à
faire évoluer la position d’Ankara sur
la Syrie.
Source
Al-Watan (Syrie)
Thierry Meyssan
Consultant
politique, président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Dernier ouvrage en
français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007). Compte
Twitter officiel.
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