Une folle ambition
qui tourne à la guerre civile
Clinton, Juppé, Erdoğan et le PKK
Thierry Meyssan
Publié en
2013, le plan Wright reprend les
éléments du plan Juppé pour la Libye, la
Syrie et l’Irak. Cependant, Robin Wright
va plus loin en incluant des projets
pour l’Arabie saoudite et le Yémen.
Lundi 3 août 2015
La reprise de la répression
contre les Kurdes en Turquie n’est que
la conséquence de l’impossibilité de
réaliser le plan Juppé-Wright de 2011.
Alors qu’il a été facile de déployer
Daesh dans le désert syrien et dans les
provinces de Ninive et d’al-Anbar
(Irak), à majorité sunnite, il s’est
avéré impossible de prendre le contrôle
des populations kurdes de Syrie. Pour
réaliser son rêve d’un Kurdistan hors de
Turquie, Recep Tayyip Erdoğan n’a pas
d’autre choix que la guerre civile.
En arrivant au pouvoir à Ankara, en
2003, le parti islamiste AKP a modifié
les priorités stratégiques de la
Turquie. Plutôt que de se baser sur les
rapports de force post-« Tempête du
désert », Recep Tayyip Erdoğan
ambitionnait de sortir son pays de
l’isolement dans lequel il se trouvait
depuis la chute de l’Empire ottoman.
S’appuyant sur les analyses de son
conseiller, le professeur Ahmet
Davutoğlu, il préconisa de régler les
problèmes en suspens depuis un siècle
avec ses voisins et de devenir
progressivement l’incontournable
médiateur régional. Il lui fallait pour
cela à la fois devenir un modèle
politique et construire des relations
avec ses partenaires arabes sans perdre
son alliance avec Israël.
Débutée avec succès, cette politique
—dite de « zéro problème »— conduisit
Ankara non seulement à ne plus craindre
Damas et son soutien au PKK, mais à lui
demander de l’aider à négocier une
sortie de crise. En octobre 2006, le
parti kurde déclara une trêve
unilatérale et débuta des négociations
avec le gouvernement Erdoğan. En mai
2008, Ankara organisa des négociations
indirectes entre Damas et Tel-Aviv, les
premières depuis le rejet par Ehud
Barack du plan de Bill Clinton et
d’Hafez el-Assad. Mais le président
Bachar el-Assad y mit fin lorsque Israël
attaqua Gaza, en décembre 2009.
Réalisant qu’il n’était pas possible
de maintenir de bonnes relations avec
tous les États de la région compte tenu
du conflit palestinien, Ankara choisit
de soutenir les Palestiniens face à
Israël. Ce furent les épisodes de Davos
et de la Flottille de la Liberté.
Disposant alors d’un vaste soutien
populaire dans le monde musulman, Ankara
se rapprocha de Téhéran et accepta, en
novembre 2010, de participer à un marché
commun Turquie-Iran-Irak-Syrie. Les
visas furent abrogés ; les droits de
douanes considérablement réduits ; un
consortium fut constitué pour gérer les
pipe-lines et gazoducs ; une autorité
fut créée pour gérer en commun les
ressources en eau. L’ensemble était si
attractif que le Liban et la Jordanie
s’y portèrent candidat. Une paix durable
semblait possible au Levant.
Alors qu’en 2011 le Royaume-Uni et la
France se lançaient dans une double
guerre contre la Libye et la Syrie, à la
demande et sous le contrôle des
États-Unis, la Turquie s’y opposa
logiquement. Ces guerres, entreprises
sous couvert de protection des
populations, étaient trop visiblement
des entreprises néo-coloniales. En
outre, elles portaient atteinte aux
intérêts turcs, la Libye étant un de ses
principaux partenaires économiques et la
Syrie en devenant un à travers le
nouveau marché commun régional.
C’est alors que tout bascula…
Comment la France a
fait basculer la Turquie
À l’initiative du ministre français
des Affaires étrangères, Alain Juppé,
Paris proposa secrètement à Ankara, en
mars 2011, de soutenir sa candidature à
l’Union européenne et de l’aider à
régler son problème kurde si la Turquie
entrait en guerre à ses côtés contre la
Libye et la Syrie. Côté français cette
proposition était radicalement nouvelle,
Alain Juppé s’étant fermement opposé à
l’entrée de la Turquie dans l’Union à
l’époque où il dirigeait le parti
gaulliste et était un collaborateur de
Jacques Chirac. Mais, condamné pour
corruption en France, il s’était exilé
en Amérique en 2005 et avait donné des
cours au Québec tout en suivant un stage
au Pentagone. Converti au
néo-conservatisme, il était revenu en
France et avait été choisi par Nicolas
Sarkozy comme ministre de la Défense,
puis des Affaires étrangères.
Rétrospectivement, le plan Juppé
révèle les intentions françaises : il y
est question de créer un Kurdistan en
Irak et en Syrie selon la carte qui sera
publiée deux ans plus tard par Robin
Wright dans le New York Times et
mise en œuvre conjointement par l’Émirat
islamique, le Gouvernement régional du
Kurdistan irakien et d’anciens
collaborateurs de Saddam Hussein liés
aux Frères musulmans. Le document,
cosigné par Alain Juppé et son homologue
turc Ahmet Davutoğlu, ne laisse aucun
doute : la France entendait se
reconstituer un empire colonial en
Syrie. En outre, elle avait des
connexions au sein des mouvements
terroristes islamistes et prévoyait la
création de Daesh. Pour garantir le plan
Juppé, le Qatar s’engageait à investir
massivement à l’Est de la Turquie, en
espérant que les Kurdes turcs
abandonnent le PKK.
Ce plan est resté secret jusqu’à ce
jour. Si des parlementaires français ou
turcs parvenaient à s’en procurer
légalement une copie, il suffirait
amplement à poursuivre MM. Juppé et
Davutoğlu devant la Cour pénale
internationale pour crime contre
l’humanité.
Contrairement à une idée répandue,
les Kurdes sont profondément divisés. En
Turquie et en Syrie, le PKK d’origine
marxiste-léniniste a toujours défendu un
point de vue anti-impérialiste. Tandis
que les Kurdes d’Irak, liés à Israël
depuis la Guerre froide, ont toujours
été des alliés des États-Unis. Les deux
groupes ne parlent pas la même langue et
ont des histoires très différentes.
Il est probable que, de leur côté,
les États-Unis apportèrent dans la
corbeille de mariage le fait de
promouvoir le modèle politique turc dans
le monde arabe et d’aider l’AKP à
encadrer les partis politiques issus des
Frères musulmans, de sorte que la
Turquie devienne le centre du prochain
Moyen-Orient. En tous cas, Recep Tayyip
Erdoğan soutint in extremis le
projet de l’Otan qui releva l’AfriCom
après la révolte de son commandant [1]
Immédiatement, Ankara mobilisa les
habitants de Misrata en Libye. Ceux-ci
sont majoritairement des descendants de
soldats juifs de l’Empire ottoman, les
Adghams, et de nomades marchands
d’esclaves noirs, les Muntasirs, qui
avaient soutenu les Jeunes Turcs. Ils
formèrent le seul groupe significatif de
Libyens pour attaquer Tripoli [2].
Simultanément, Ankara organisa
plusieurs réunions de l’opposition
syrienne à Istanbul à partir d’août
2011. En définitive, les Frères
musulmans constituent le Conseil
national syrien en octobre, en associant
des représentants de divers groupes
politiques et de minorités.
L’Otan renonce à
envahir la Syrie
Constatant l’implication de l’Otan en
Libye, Ankara escomptait logiquement une
implication identique de l’Alliance
atlantique en Syrie. Mais, malgré de
nombreux attentats et une campagne de
presse internationale soutenue, il fut
impossible à la fois de soulever la
population et d’attribuer de manière
crédible des crimes de masse au
président el-Assad. Surtout, Moscou et
Pékin, échaudés par l’affaire libyenne,
s’opposèrent par trois fois au Conseil
de sécurité à toute résolution
prétendant « protéger » les Syriens de
leur gouvernement (octobre 2011, février
et juillet 2012).
Washington et Londres abandonnèrent
donc la partie, même si Paris et Ankara
continuaient à y croire [3].
Les deux États mirent sur pied une
étroite collaboration, allant même
jusqu’à planifier en septembre 2012 une
tentative d’assassinat du ministre
syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem
et du président Bachar el-Assad.
L’attentat qui frappa à Riyad le
prince Bandar ben Sultan en rétorsion de
l’assassinat des membres du Conseil
national de sécurité syrien, en juillet
2012, laissa le mouvement jihadiste
international orphelin. Même si le
prince survécu à ses blessures, il ne
sortit qu’un an plus tard de l’hôpital
et ne fut plus jamais en mesure de jouer
le rôle qu’il tenait jusque-là. Recep
Tayyip Erdoğan se saisit de l’occasion
pour le remplacer. Il noua des relations
personnelles avec Yasin al-Qadi, le
banquier d’al-Qaïda, qu’il reçut de
nombreuses fois en secret à Ankara. Il
supervisa les nombreux groupes
jihadistes, initialement créés par les
États-uniens, les Britanniques et les
Français.
En janvier 2013, en intervenant au
Mali, la France s’éloigna des jihadistes
syriens et donc abandonna sur le terrain
les opérations militaires à la Turquie,
même si elle maintint quelques
légionnaires sur place. Peu après,
l’émir de Qatar, cheikh Ahmad, fut
contraint à l’abdication par Washington
qui lui reprochait —sur dénonciation
russe— d’utiliser ses facilités contre
des intérêts économiques états-uniens.
Avant même que son fils, cheikh Tamim,
ne lui succède, l’essentiel du
financement de la guerre contre la Syrie
était repris par l’Arabie saoudite.
Pour bénéficier de ce soutien et de
celui d’Israël, Recep Tayyip Erdoğan
commença à promettre aux uns et aux
autres que les États-Unis passeraient
outre les vétos russes et chinois et
lanceraient l’Otan à l’assaut de Damas.
Profitant de la confusion, il organisa
le pillage de la Syrie, démantelant
toutes les usines d’Alep, la capitale
économique, et volant les
machines-outils. De même, il organisa le
vol des trésors archéologiques et mit en
place un marché international à
Antioche [4].
Ne voyant toujours rien venir, il
organisa avec l’aide du général Benoît
Puga, chef d’état-major de l’Élysée, une
opération sous faux drapeau pour
provoquer l’entrée en guerre de
l’Alliance atlantique : le bombardement
chimique de la Ghoutta de Damas, en août
2013. Mais, Londres découvrit
immédiatement la supercherie et refusa
de s’engager [5].
La Turquie participa à l’opération de
nettoyage ethnique et de partition de
l’Irak et de la Syrie, connu sous le nom
de « plan Wright ». La présence des
services secrets turcs aux réunions
préparatoires de Daesh à Amman est
attestée par la publication d’un relevé
de décision par le PKK. Au demeurant, le
« plan Wright » reprend le « plan
Juppé » qui avait convaincu la Turquie
d’entrer en guerre. Par la suite, Recep
Tayyip Erdoğan prit lui-même le
commandement de l’organisation
terroriste, assurant aussi bien son
approvisionnement en armes que la vente
de son pétrole.
Observant avec angoisse les
pourparlers entre Washington et Téhéran,
Ankara s’inquiéta d’un accord de paix
qui le laisse sur le bord du chemin.
Sollicité par son homologue russe,
Vladimir Poutine, M. Erdoğan accepta de
participer au projet de gazoduc
Turkish Stream visant à casser le
monopole états-unien et à contourner
l’embargo européen. Puis, prenant son
courage à deux mains, il s’en alla
visiter son homologue iranien, cheikh
Hassan Rohani. Celui-ci l’assura qu’il
n’avait pas à redouter l’accord en cours
de négociation. Mais lorsqu’il fut
signé, le 14 juillet 2015, il fut
évident qu’il ne laissait aucune place à
la Turquie dans la région.
Sans surprise, Recep Tayyip Erdoğan
reçut le 24 juillet un ultimatum du
président Obama lui enjoignant
de
renoncer immédiatement au gazoduc
russe ;
de
cesser son soutien à Daesh —dont il est
devenu le chef exécutif derrière le
paravent du calife Abou Bakr al-Baghdadi—
et d’entrer en guerre contre lui.
Pour accentuer la pression, Barack Obama
évoqua la possibilité de renvoyer la
Turquie de l’Otan, en concertation avec
le Royaume-Uni, bien que cette situation
ne soit pas prévue par le Traité.
Après s’être confondu en excuses et
avoir autorisé les États-Unis et l’Otan
à utiliser la base d’Incirlik contre
Daesh, M. Erdoğan entra en contact avec
l’envoyé spécial pour la Coalition anti-Daesh,
le général John Allen, connu pour son
opposition à l’accord avec l’Iran. Les
deux hommes convinrent d’interpréter les
propos du président Obama comme un
encouragement à lutter contre le
terrorisme, rubrique dans laquelle ils
rangèrent le PKK. Outrepassant ses
fonctions, le général s’engagea à créer
une zone de non-survol de 90 km de
large, en territoire syrien tout au long
de la frontière turque, prétendument au
profit des réfugiés syriens qui seraient
menacés par leur gouvernement, en
réalité pour appliquer le « plan
Juppé-Wright ». Le Premier ministre turc
Ahmet Davutoğlu révéla le soutien
états-unien au projet sur la chaîne A
Haber en lançant des bombardements
contre le PKK.
Le général John Allen avait déjà par
deux fois réussi à prolonger la guerre
contre la Syrie. En juin 2012, il
complota avec le général David Petraeus
et la secrétaire d’État Hillary Clinton
pour saboter l’accord conclu à Genève
entre Washington et Moscou pour la paix
au Proche-Orient. Cet accord prévoyait,
entre autres, la paix en Syrie —bien que
Damas n’ait pas été invité à cette
conférence—, mais il était inacceptable
à la fois pour les néo-conservateurs et
pour les « faucons libéraux »
états-uniens. Le trio Clinton-Allen-Petraeus
s’appuya sur le nouveau président
français, François Hollande, et son
nouveau ministre des Affaires
étrangères, Laurent Fabius, pour
convoquer une conférence des « Amis de
la Syrie » et rejeter le Communiqué de
Genève. En pleine campagne électorale,
le président Obama ne put sanctionner
ses collaborateurs, mais dès le
lendemain de sa réélection, il fait
arrêter David Petraeus et John Allen
qu’il avait fait tomber dans un piège
sexuel. Hillary Clinton se maintint
quelques semaines et dut soudain se
retirer après un « accident ». En
définitive, seul Petraeus fut condamné
tandis qu’Allen fut blanchi et que
Clinton —comme Juppé— se prépare à sa
prochaine campagne électorale
présidentielle.
Le trio Clinton-Allen-Petraeus tenta
une seconde opération en décembre 2014
qui parvint à saboter la Conférence de
Moscou. En promettant aux Frères
musulmans de mettre en œuvre le « plan
Juppé-Wright », ils convainquirent la
Coalition nationale syrienne de refuser
toute discussion de paix. Au passage,
cet épisode atteste que le but de la
Coalition nationale syrienne n’est pas
de changer de régime en Syrie, mais bien
de détruire ce pays et son État.
Apprenant les faits durant son voyage
en Afrique, le président Obama fit
démentir officiellement l’engagement du
général Allen, reconnût le droit de la
Turquie à combattre le PKK, mais dénonça
toute action contre lui hors de la
Turquie. Le président Erdoğan convoqua
alors une réunion du Conseil atlantique
pour l’informer de son entrée dans la
Coalition anti-terroriste et de sa
double action contre Daesh et le PKK. Le
29 juillet, les Alliés lui répondirent
froidement qu’ils le soutenaient dans
son action, mais ne lui reconnaissaient
le droit de bombarder le PKK en Irak et
en Syrie qu’en cas de « poursuite »
—c’est-à-dire si le PKK utilisait des
bases à l’étranger pour lancer ou
replier des troupes contre la Turquie—.
En outre, le président Obama a relevé
de ses fonctions son envoyé spécial pour
la Syrie, Daniel Rubinstein, et l’a
remplacé par Michael Ratney, un
spécialiste à la fois du Proche-Orient
et de la communication. Il sera
prioritairement en charge de surveiller
les agissements du général Allen.
La Turquie entre en
guerre civile
À ce jour, les actions de l’armée
turque contre le PKK en Irak et en Syrie
n’ont aucune justification légale en
droit international. Les deux
gouvernements ont dénoncé une attaque de
leur territoire. Du point de vue
états-unien, le PKK et l’Armée arabe
syrienne —c’est-à-dire celle de la
République— sont les seules forces
efficaces au sol contre Daesh. La
relance de la guerre contre la minorité
kurde illustre la volonté de l’AKP de
poursuivre la mise en œuvre du « plan
Juppé-Wright », même après les retraits
partiels du Qatar et de la France.
Cependant, un élément fondamental a
profondément changé la donne : Israël et
l’Arabie saoudite, qui soutenaient il y
a peu de temps encore l’idée de créer un
Kurdistan et un Sunnistan en Irak et en
Syrie, y sont désormais opposés.
Tel-Aviv et Riyad savent désormais que
ces deux nouveaux États, s’ils devaient
voir le jour, ne seraient pas contrôlés
par eux, mais par une Turquie qui ne
cache plus son ambition impériale et
deviendrait de facto un géant
régional.
Par un retournement dont le
Proche-Orient a le secret, Israël et
l’Arabie saoudite ont donc conclu un
accord pour s’opposer à la folie du
président Erdoğan et pour soutenir en
sous-main le PKK, malgré son identité
marxiste. En outre, Israël s’est déjà
rapproché des ennemis traditionnels de
la Turquie, la Grèce d’Aléxis Tsípras et
Chypre de Níkos Anastasiádis.
Que l’on ne s’y trompe pas, Recep
Tayyip Erdoğan a choisi la guerre civile
comme seule issue politique personnelle.
Après avoir perdu les élections
législatives et réussi à bloquer la
création d’un nouveau gouvernement, il
tente de faire peur à son peuple de
sorte soit à convaincre le MHP
(nationaliste) à soutenir l’AKP
(islamistes) pour former un gouvernement
de coalition, soit à convoquer de
nouvelles élections et à les gagner.
L’opération anti-terroriste censée
lutter à la fois contre Daesh et contre
la population kurde est presque
exclusivement ciblée contre le PKK et le
PYG (son alter ego syrien). Les
bombardements prétendument contre
l’Émirat islamique n’ont rien détruit.
Simultanément, M. Erdoğan a lancé des
instructions judiciaires contre les
leaders kurdes du HPD, Selahattin
Demirtaş et Figen Yüksekdağ. Le parquet
les accuse, pour le premier, d’avoir
appelé à commettre des violences contre
les non-Kurdes —ce qui est une ineptie—
et, pour la seconde, de soutenir le PYG,
milice de la République arabe syrienne
et donc, selon le magistrat,
organisation terroriste.
Le guerre civile qui débute ne sera
pas la même que celle des années 90.
Elle sera beaucoup plus vaste et
meurtrière. À la fois parce que la
Turquie n’a plus aucun allié à
l’extérieur et parce que la politique
islamiste a divisé la société turque. Il
n’y aura donc pas d’un côté les
institutions turques soutenues par
l’Otan et de l’autre le PKK soutenu par
la Syrie, mais une fragmentation de la
société turque : laïques contre
islamistes ; modernes contre
traditionalistes ; alévis contre
sunnites ; Kurdes contre Turcs.
[1]
Initialement dénommée « Aube de l’Odysée »,
l’opération contre la Libye était
commandée par le général Carter Ham en
sa qualité de chef de l’AfriCom.
Cependant, il s’insurgea contre le rôle
attribué au sol à al-Qaïda pour
renverser la Jamahiriya arabe libyenne
tandis que la Coalition prétendait
uniquement protéger les civils. Il fut
relevé de ses fonctions au profit de
l’Otan et l’opération fut alors dénommée
« Protecteur unifié ».
[2]
Les habitants de Benghazi refusèrent
d’attaquer Tripoli une fois obtenu leur
indépendance de facto. Les
Misratas furent encadrés par les
combattants d’al-Qaïda.
[3]
Pour être plus précis, Paris se retira
de la guerre en mars 2012 après la chute
de l’Émirat islamique de Baba Amr et la
restitution des légionnaires français
qui avaient été faits prisonniers. Mais
le président Sarkozy ne parvint pas à se
faire réélire en mai et son successeur,
François Hollande, reprit la guerre en
juillet.
[4]
Ville également connue sous les noms
d’Antakya ou de Hatay.
[5]
Le Premier ministre mit en scène avec le
chef de son opposition un débat aux
Communes dans lequel les deux leaders se
donnèrent la réplique en lisant un même
texte. Le Royaume-uni put ainsi se
retirer de la guerre sans avoir à
accuser publiquement la Turquie. Les
États-Unis lui emboîtèrent le pas.
Thierry
Meyssan,
Intellectuel français,
président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Dernier ouvrage en
français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007).
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