Amérique latine
Venezuela : la rébellion
des riches
Vendredi 7 juillet 2017
Ce lundi, le
banquier Fortunato Benacerraf Saias,
directeur de la banque « 100% Banco »
a été arrêté et mis en examen pour ses
liens avec deux autres entrepreneurs
dans le cadre de l’enquête sur le vaste
sabotage informatique contre le Conseil
National Électoral pour saboter
l’élection de l’Assemblée Constituante
du 30 juillet prochain. Cet exemple
rappelle qu’au Venezuela la rébellion
est celle des riches. Benacerraf, leader
en vue d’une famille de trois
générations de banquiers, s’ajoute à une
liste croissante de chefs d’entreprises
de divers secteurs de l’économie qui ont
participé activement et directement aux
déstabilisations visant à renverser le
gouvernement de Nicolas Maduro, élu
président de la république en 2013.
Bien que la grande
bourgeoisie vénézuélienne et
ses opérateurs politiques, associés en
une coalition complexe de partis appelée
« Plateforme de l’Unité », ont
toujours tenté de maintenir un voile
discret sur leurs représentants, ils
n’ont pu occulter le rôle opérationnel
des premières fortunes d’un pays où le
secteur privé contrôle 80% de
l’économie.
Le banquier dont
l’arrestation est annoncée aujourd’hui,
est
lié à Aristides Moreno et à Roberto
Picon accusés de programmer une
attaque cybernétique contre le réseau de
l’organisme électoral, dans le but
d’empêcher l’élection des participants à
l’Assemblée Nationale Constituante
prévue pour le 30 de ce mois. Moreno est
le PDG (CEO) et le fondateur d’un
conglomérat de services financiers :
Inversur. Il est aussi président d’une
compagnie de distribution de gaz pour
les particuliers à Caracas : Domegas. De
plus il appartient à la direction d’une
autre enseigne de commercialisation de
produits d’hygiène et de services de
fumigation : Fuller de Venezuela. Picon,
lui, est directeur et sociétaire d’une
entreprise dans le domaine des
technologies de l’information :
Consultores e Ingenieros (Consein) ;
celle –ci opère au Venezuela et au
Panama et est le principal allié
commercial de Microsoft. Dans cette
dernière entreprise, le principal
actionnaire est Isaac Saias Eseyeg, de
la famille du dit Fortunato Benacerraf,
et directeur de
« 100% Banco ».
Notons que dans les
médias privés, majoritaires au
Venezuela, Moreno et Picon ont toujours
été présentés comme conseillers de la
MUD (plate-forme de l’opposition de
droite) sans que jamais on nous informe
sur leur fonction de patrons, sans doute
dans le but de réduire l’impact public
de ce renseignement.
Une des actions les
plus importantes des groupes économiques
pendant l’étape la plus violente de la
confrontation a été l’apport de fonds
pour financer ce type d’activité. Pour
cela, ils ont organisé des programmes de
collecte de dons sur des pages internet
spécialisées et les réseaux sociaux.
Une analyse des
trois initiatives les plus marquantes
qui, en dix jours, ont réussi à
collecter près de cent mille dollars,
pour l’achat de casques, boucliers
artisanaux et produits médicaux pour les
manifestants, révèle la participation de
jeunes héritiers de familles fortunées
résidant dans des villes des Etats-Unis
comme New York et Miami. C’est le
cas de Hector Castro Gaspard, résident à
Miami, de Aurora Kearney Troconis et
Nelly Guinand, établies à New York.
On remarque aussi
l’existence d’une bande organisée
qui a attaqué au mortier de type bazooka
les installations de la base aérienne La
Carlota. Les frères Ricardo et José
Gabriel Adib Yatim, propriétaires
d’entreprises, de fabriques de meubles
par exemple, y ont agi en collaboration
avec Andrés Sena Pereira, représentant
d’une entreprise d’importation de
produits alimentaires qui a reçu, en
2014 seulement, plus de 10 millions de
dollars préférentiels de l’Etat
vénézuélien. De même, l’un des hommes
qui a participé au lynchage du jeune
Orlando Figuera, brulé vif le 20 mai à
Altamira, est
Enzo Franchini Oliveros, 32 ans,
sociétaire et administrateur d’une
compagnie de la construction liée au
géant brésilien Odebrecht.
Il existe d’autres
histoires au sujet de la participation
de membres des classes aisées, dans ce
cas agraire ; par exemple celle d’un
grand propriétaire de Barinas qui a
prêté
une machine excavatrice pour
faciliter les pillages et destructions
de bâtiments publics dans la ville de
Socopo. Cependant que dans l’état de
Mérida, des informations ont été réunies
sur
les agissements d’un éleveur qui a
financé avec nourriture, boissons
alcoolisées et armes ceux qui
pratiquaient la violence dans la
municipalité de Obispo Ramos de Lora.
Ces exemples
confirment que la supposée « rébellion
démocratique » au Venezuela est
réellement dirigée et mise en œuvre par
une partie des dirigeants d’entreprises
qui ont vu leurs intérêts menacés par
les politiques d’inclusion sociale et de
redistribution de la rente pétrolière
développées par le président Hugo Chavez
et continuées par l’actuel chef de
l’état, Nicolas Maduro.
Source :
http://latabla.com/venezuela-la-rebelion-de-los-ricos
Traduction :
Marie-Claire Richard
Reçu de Thierry Deronne pour publication
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