Amérique latine
Des « porteurs de boucliers » à Oscar
Pérez :
comment les médias blanchissent
l’image
du terrorisme au Venezuela
Alba
Ciudad
L’agence
Reuters a organisé une séance photo à 23
“escuderos” (du mot escudo = bouclier)
ou membres de la dénommée Résistance,
des jeunes qui ont commis de graves
délits sous couvert de leur « lutte »
contre le gouvernement de Nicolas Maduro.
“(Le palais présidentiel de) Miraflores
en flammes”, dit ce bouclier. Photo:
Carlos García Rawlins, Reuters.
Vendredi 7 juillet 2017
Qu’arriverait-il si
les fondamentalistes religieux qui
posent des bombes, écrasent des
personnes et exécutent des actes
terroristes dans des pays européens,
était soudain présentés par les agences
de presse internationales comme des
héros, des personnes sensibles qui se
préoccupent d’autrui? C’est à peu près
ce qui se passe en ce moment au
Venezuela : d’importantes agences
internationales comme Reuters, et des
médias du monde entier (du Washington
Post, à CNN, El País d’Espagne ou El
Comercio du Pérou) présentent comme des
héros et de grands combattants ces
jeunes opposants qui ont détruit des
édifices publics et assassiné des
personnes innocentes. C’est la même
chose dans le cas d’Oscar Pérez, le
pilote protagoniste mardi dernier d’une
attaque terroriste contre deux édifices
gouvernementaux, que l’on présente dès
lors comme un “Rambo”, un “Superman” et
une personne sensible, qui aide les
enfants atteints de cancer. Comment
expliquer cette attitude des médias ? Texte: Alba
Ciudad
L’agence Reuters a
publié ce jeudi 29 juin
un travail spécial avec 23 photos style
portrait, de 23 jeunes membres du
groupe auto dénommé “La Résistance” ou
“Los Escuderos”. Les 23 photos
paraissent dans un
dossier spécial pour les abonnés de
l’agence londonienne.
Les images
s’appuient sur un travail d’éclairage et
une esthétique tout à fait
professionnels. Elles ont été réalisées
par Carlos García Rawlins, photographe
vénézuélien qui travaille pour l’agence
depuis de nombreuses années et dont
personne ne mettrait en cause la qualité
des travaux.
Sur l’une des
photos, un jeune brandit un couteau de
chasse. Sur une autre, une jeune fille
arbore un bouclier avec le slogan
« Miraflores en flammes », en référence
au Palais Présidentiel vénézuélien, que
l’on voit brûler sur un dessin du
bouclier.
Les clients de
Reuters sont des journalistes, des
revues, des sites web, des télévisions
et des médias du monde entier.
Le dossier de
photos a déjà été publié dans des médias
comme
La Nación ou
Clarín (Argentine),
El Comercio (Pérou),
El País (Espagne), El
Confidencial (Espagne), La
Patilla ou
El Nacional (Venezuela). On ignore
quel aura été le coût payé par ces
médias pour l’acquisition des droits
d’utilisation de ces photos, coût qui
est fonction de l’utilisation qui en
sera faite, de la résolution requise,
du type de média (papier ou numérique…),
du nombre de jour et d’autres détails.
D’autres agences vendent chaque photo
300 dollars, avec des remises spéciales
pour les clients habituels.
Le gouvernement
vénézuélien décrit ces jeunes comme des
« terroristes », et, même si certains
estiment qu’il s’agit d’une exagération,
on ne peut lui donner entièrement tort :
ces jeunes oscillent sur une frontière
diffuse entre manifestants violents et
membres d’une guérilla urbaine. Ils font
usage d’explosifs artisanaux et d’armes
potentiellement meurtrières. Ils ont
assassiné des personnes (dans
certains cas après les avoir brûlées
vivantes) et ils ont attaqué des
édifices remplis d’employés publics
et de
personnes innocentes. Pourquoi une
agence de presse consacre-t-elle autant
de moyens à laver l’image de ce groupe
de jeunes?
Des manifestants
?
“Venezuela’s
shield-bearing protesters“, est le
titre de l’album en anglais. En
espagnol, il a été traduit par : “Des
manifestants vénézuéliens avec des
boucliers”. Mais, peut-on réellement les
considérer comme de simples
« manifestants » ?
La Constitution
vénézuélienne, adoptée par référendum en
en 1999, stipule que “les citoyens et
citoyennes ont le droit de manifester,
pacifiquement et sans armes, sans
d’autres conditions que celles établies
par la loi”. Mais les propres photos de
Reuters montrent un manifestant
brandissant un couteau, et une autre
appelant à mettre le feu au palais du
gouvernement.
Lorsque les “
escuderos” arrivent sur le lieu des
manifestations à l’est de Caracas, le
visage recouvert de coûteux masque
antigaz, ils sont applaudis et
plébiscités par les autres opposants.
Ils arrivent généralement en camion
et à bord de véhicules qu’ils ont
enlevés quelques minutes auparavant au
chauffeur d’une entreprise privée ou
publique qui a commis l’erreur de passer
part Altamira ou Chacao alors qu’il
aurait mieux fait de s’abstenir. Dans de
nombreux cas, les camions sont pillés
avant d’être utilisés.
La scène ressemble
fort souvent à celle que les agences
nous montrent lorsque le groupe
terroriste Daesh, mal nommé État
Islamique ou ISIS, prend une ville en
Syrie ou en Irak, pour semer la terreur
dans la population.
Les camions
« réquisitionnés » sont utilisés comme
barricade pour couper l’autoroute
principale de Caracas ainsi que d’autres
voies de circulation. Ils finissent très
souvent détruits. Peu de médias
signalent que ces camions sont détournés
ou volés par ce groupe de jeunes
opposants ; ils évitent d’utiliser des
termes négatifs à leur égard, bien que,
à plusieurs reprises, leurs
propres collègues journalistes aient
été la cible de leurs attaques.
Ces jeunes
utilisent principalement des armes
artisanales fabriquées par eux-mêmes :
ils confectionnent une sorte de grenades
rudimentaires avec des explosifs
pyrotechniques et du scotch, qui
lorsqu’elles explosent projettent des
vis, des boulons, des clous et
des pièces métalliques comme s’il
s’agissait d’éclats. Ils
utilisent également une sorte de
mortier qu’ils montent avec des tubes en
métal ou en PVC, pour lancer des feux
d’artifices modifiés et des billes. Mais
plusieurs fois on a pu les photographier
en train de tirer avec des armes à feu
conventionnelles.
Cette utilisation
d’armes artisanales, mais
potentiellement meurtrières, leur permet
de se présenter face au monde comme de
simples « manifestants » alors qu’ils
agissent comme des combattants qui
remettent en cause la loi, les
règlements et même ce que la population
vénézuélienne admettrait contre eux,
selon les principes de l’usage
progressif et différencié de la force et
le respect des droits humains.
Il faut bien
souligner que dans d’autres pays que
l’on qualifie de « démocratiques », ils
seraient réduits par la force sans la
moindre hésitation.
Ukraine
L’album de photos
diffusées par Reuters est accompagné
d’un commentaire en anglais : « En
s’inspirant des révoltes d’Ukraine entre
2013 et 2014, de jeunes manifestants
vénézuéliens arborent des boucliers
semblables à ceux des Vikings dans leurs
batailles contre les forces de sécurité,
alors qu’ils regardent avec impatience
un film sur les soulèvement de Kiev ».
Un film? Quel film?
Qui le projette?
Un article de Reuters également
publié le 29 juin complète le dossier de
photos. Il signale que des “adversaires
du président Nicolas Maduro”, sans
préciser leur identité, “ont organisé
des projections publiques du
documentaire de Netflix Winter on
Fire“, qui relate les mois de
manifestations en Ukraine lesquelles ont
mené au renversement du président élu
Viktor Yanukovich.
L’article essaie de
présenter les « escuderos » violents de
façon positive en signalant qu’ils ne
sont pas à égalité face aux forces de
sécurité et que leurs
«précaires boucliers ne sont pas assez
résistants pour les protéger des plombs
ou des jets d’eau et encore moins des
balles»
Il essaie de faire
des parallèles entre l’Ukraine et le
Venezuela même avec le nombre de morts
des deux conflits en signalant que les
manifestations du pays européens avaient
fait 100 morts, alors qu’au Venezuela on
compte au moins 80 personnes. Une façon
de dire que “la victoire n’est pas loin”
et de relever le moral d’une opposition
qui doit répondre à de nombreux doutes
sur l’utilité de cette « lutte ».
En règle générale,
les agences internationales ne donnent
pas beaucoup de détails sur
la cause de la mort de ces personnes,
sauf quelques cas emblématiques. Pour
les autres, la question n’est pas
abordée.
Dans le cas qui
nous occupe, c’est la même chose. On dit
seulement, de façon générique, que de
« nombreuses » morts sont dues à « des
impacts d’armes à feu ». La grande
majorité des lecteurs finit par imaginer
que les presque 100 morts du Venezuela
depuis avril étaient des manifestants
innocents, assassinés par des effectifs
militaires ou policiers. Peu d’agences
de presse spécifient que
la grande majorité des morts n’étaient
pas des manifestants, mais, dans la
plupart des cas, des personnes
innocentes qui se sont trouvées piégées
dans des affrontements, qui ont été
victimes d’accidents de la route
causés par les barricades ou qui ont été
victimes de tirs de l’opposition
elle-même.
On ne dit pas non
plus que le Ministère Public, qui est en
ce moment dirigé par une virulente
opposante au Gouvernement, a arrêté tous
les fonctionnaires policiers et
militaires accusés prétendument d’avoir
assassiner des manifestants (quelques
19,
d’après les informations fournies par
ladite Procureure Générale, Luisa Ortega
Díaz, début juin).
Même les dirigeants
de l’opposition s’en sortent très bien
dans cet article, lorsqu’ils sont
comparés à leurs pairs ukrainiens. “Au
Venezuela (…) les principaux leaders de
l’opposition marchent aux côtés des
jeunes vénézuéliens, alors qu’en Ukraine
on critiquait le manque de participation
de l’opposition”.
L’article de
Reuters conclue que les opposants doivent
passer à une nouvelle étape dans
laquelle ils occupent des positions nuit
et jour comme en Ukraine. “Les
manifestants du pays slave restaient
jour et nuit malgré des conditions
climatiques adverses alors qu’au
Venezuela les manifestations se
terminent à la tombée de la nuit et
lorsqu’il pleut la participation diminue
de façon visible (…) Le moment est
arrivé d’élever les manifestations à un
autre niveau, mais nous devons nous
organiser si nous voulons occuper les
rues nuit et jour , si réellement il
s’agit d’un pays sans retour”, dit
l’article qui cite Hans Wuerich,
activiste de l’opposition qui est devenu
célèbre en participant nu à une
manifestation.
Tel est le nouveau
plan de l’opposition? Seul le temps peut
le dire. Le député de droite Requesens
vient d’expliquer publiquement que
cette étape est nécessaire pour préparer
une intervention extérieure.
Blanchir l’image
de l’auteur de l’attaque terroriste en
hélicoptère
Le cas antérieur
n’est pas le seul cas de lavage d’image
d’auteurs d’attaque terroriste, pour
essayer de minimiser leurs actions.
Mardi dernier, un membre de la police
scientifique vénézuélienne (CICPC, Corps
d’Investigations Scientifiques, Pénales
et Criminalistiques), du nom d’Oscar
Pérez, avec deux autres personnes, ont
détourné un hélicoptère de la police et
l’ont utilisé
pour mener une attaque armée contre les
édifices du Ministère de l’Intérieur et
du Tribunal Suprême de Justice (TJS),
tous deux au centre de Caracas.
De nombreux tirs
ont été réalisés contre le premier
édifice. Quatre grenades ont été lancées
contre le TSJ, trois ont explosé. On ne
déplore ni mort ni blessé, mais, des
dizaines de personnes se trouvaient dans
les deux édifices à ce moment-là : dans
le premier avait lieu une réception pour
des communicateurs sociaux en l’honneur
du Jour du Journaliste. Dans le TSL
avait lieu quelques minutes avant
l’attaque une journée consacrée à
l’attention sociale dans le patio.
De plus, dans les
deux lieux se trouvaient des
travailleurs dans les bureaux, dans
certains cas des enfants que les parents
emmènent au travail en raison des
vacances scolaires.
Les témoignages de ces travailleurs
révèlent la panique qui s’est emparée
d’eux.
En outre, Oscar
Pérez a laissé une vidéo dans laquelle
ils se proclament “Guerriers de Dieu”,
exigent la démission de Nicolas Maduro,
de son cabinet et la réalisation
d’élections générales.
Dans n’importe quel
pays du monde, un tel évènement serait
catalogué d’“attaque terroriste”. C’est
ce que le gouvernement vénézuélien a
fait, sans hésitation. Mais les médias
vénézuéliens et internationaux ont
adopté une attitude diamétralement
opposée : celle de présenter Oscar Pérez
comme un personnage positif.
Il ne viendrait à
l’idée de personne au Venezuela de
minimiser les récentes attaques
terroristes commises par les
fondamentalistes religieux dans les pays
européens, sans se soucier des problèmes
que traversent les pays. Mais la presse
du Venezuela et des États-Unis fait tout
ce qui est en son pouvoir pour présenter
l’un des auteurs d’une attaque
terroriste contre deux institutions
publiques, comme un héros.
Ces médias ont
décidé de minimiser l’importance de ces
attaques. Pour le Washington Post, il ne
s’agit nullement d’une attaque
terroriste mais d’un
« vol de protestation contre Maduro ».
Un grand nombre de
médias ont fait le choix de présenter
Pérez comme un héros, un “Rambo”
vénézuélien ou un James Bond, profitant
du fait qu’il a été le protagoniste d’un
film il y a quelques années.
“Oscar Pérez, un pilote de film”,
tel est le titre qu’a choisit
El País d’Espagne pour faire son
portrait.
D’autres médias, comme
CNN en Espagnol,
Euronews,
El Correo,
Diario Registrado ou
TSF (Portugal), le comparent à James
Bond, Rambo ou Superman.
Pratiquement
tous les médias vénézuéliens ont
répété jusqu’à la satiété l’histoire
sentimentale suivant laquelle lors d’une
opération, ce membre de la police
scientifique a parlé à un enfant des
rues qui lui aurait confié que lorsqu’il
serait grand, il voulait devenir “un
pran” (mot utilisé au Venezuela pour
désigner les chefs de bandes
criminelles), parce qu’ainsi il pourrait
avoir des voitures, des femmes et vivre
comme il voudrait. Les médias ajoutent
que cette rencontre a changé la vie de
Pérez, qui a créé une fondation et
commencé à tourner des courts métrages
pour “semer des valeurs” afin d’essayer
de changer cette réalité. Ils signalent
qu’il est le protagoniste du film “Mort
Suspendue” qui a pour but de transmettre
des valeurs positives à la jeunesse.
Le film, qui est
sorti en 2015, a été réalisé par Oscar
Rivas. Personne ne
précise qu’il a
bénéficié d’un financement de l’état
vénézuélien.
Cette opération de
lavage d’image de Pérez atteint le
summum avec le quotidien vénézuélien qui
s’efforce de le présenter comme un
philanthrope qui s’occupe d’aider
les enfants malades.
C’est ainsi que le
décrit Oscar Rivas, réalisateur du
fameux film, dans un article
du quotidien El Nacional intitulé “Óscar
Pérez aidait les enfants dans le
besoin”, publié le 30 juin :
“Moi je dis qu’il
est né avec un seul objectif dans la
vie, celui d’aider les gens dans le
besoin. Il entreprenait toujours des
choses positives. Il veillait à ce
qu’aucun enfant des rues ne souffre de
faim, qu’aucun n’aille mail. Il a fait
plusieurs courts métrages pour faire
prendre conscience aux citoyens des
problèmes de circulation, du
comportement commun (…) un peu pour
récupérer les valeurs qui se perdent
dans notre pays. Voilà le travail que
fait Oscar”.
El País souligne également sa
position de personne qui aide les
enfants malades.
Le quotidien
vénézuélien d’opposition El Carabobeño a
également reproduit une dépêche de
l’agence française l’AFP, qui montre
comment
. Une
la délinquance avait affecté Pérez en
lui enlevant un frère et en séquestrant
un de ses enfantsfaçon
évidente de susciter de l’empathie et de
la compréhension envers l’auteur d’un
acte terroriste qui a souffert de la
plupart des maux qui ont affecté la
majorité des vénézuéliens, mais qui a
décidé de faire quelque chose.
La prise de parti
des médias vénézuéliens et
internationaux pour la lutte de
l’opposition vénézuélienne est un fait
qui a été dénoncé dès les premières
années de la révolution bolivarienne
lancée par Hugo Chávez.
- Les médias
ont été acteurs du coup
d’État du 11 avril 2002, en
signalant faussement que des
“tireurs chavistes” ont assassiné
des manifestants de l’opposition
sans défense, ce qui justifiait
l’arrestation du Président
vénézuélien de l’époque.
- Une fois
Chávez de nouveau au pouvoir,
pendant des mois les médias ont
prétendu qu’il n’y avait pas eu
de coup d’État, mais seulement
un « vide de pouvoir » et que des
« militaires pleins de bonnes
intentions » avaient occupé le
pouvoir face à l’absence de figures
politiques capables de le faire.
- En septembre
2002, ils ont soutenu les
militaires séditieux qui se sont
soulevés place Altamira, à l’est
de Caracas, en retransmettant des
émissions de façon permanente depuis
la place pendant des mois.
- Plus tard,
lors du blocage pétrolier et du
lock-out patronal de décembre 2002,
los médias ont été co-protagonistes
en remplaçant toute leur
programmation par des appels à la
population à descendre dans la rue
et renverser le gouvernement.
C’est ainsi que les
médias ont toujours soutenu la lutte de
l’opposition vénézuélienne contre Hugo
Chávez et Nicolas Maduro depuis 2003
jusqu’à 2017. En faire le résumé nous
demanderait sans doute des centaines de
paragraphes.
Mais ce n’est pas
la première fois que l’on blanchit
l’image de terroristes vénézuéliens qui
posent des bombes et des explosifs, au
point que l’opinion publique en oublie
leurs crimes et finissent par les
considérer comme des héros et de grands
combattants.
Des terroristes
vénézuéliens transformés en héros : en
2003 déjà…
Le 12 avril 2003 a
explosé un engin explosif dans
l’édifice Caracas Teleport, Place
Venezuela, où fonctionne, dans la
capitale vénézuélienne, un des deux
sièges dans la capitale vénézuélienne du
Conseil National Électoral (CNE) et où,
à ce moment-là, se trouvait réunie une
Table Ronde de Négociation et d’Accords
entre le gouvernement et l’opposition,
sous les auspices de l’Organisation des
États Américains (OEA).
Comme conséquence
de cet évènement et d’autres
attentats perpétrés contre l’Ambassade
d’Espagne et le Consulat de Colombie à
Caracas, le Ministère Public a émis
un ordre de détention en novembre 2003
contre les militaires José Colina Pulido
et Germán Rodolfo Varela pour “le
présumé délit commis contre les
personnes, contre l’ordre public et
contre la conservation des intérêts
publics et privés”.
Tous deux se sont
enfuis aux États-Unis. Colina et Varela
ont été arrêtés à la demande des
organismes compétents du Venezuela, mais
aussitôt ils ont été représentés par
l’avocat Matthew Archambeault, qui
défendait également le terroriste
international Luis Posada Carriles,
sans aucun doute l’exemple parfait de
terroriste latino-américain transformé
en héros.
Posada est un ex
agent de la CIA d’origine cubaine, qui a
avoué être l’auteur intellectuel de
l’attentat contre le
Vol 455 de Cubana de Aviación en 1976,
qui a causé la mort de 73 personnes
innocentes. Il vit aujourd’hui à Miami,
protégé par le gouvernement étasunien,
et est considéré par l’exil cubain
comme un héros.
Quant aux
vénézuéliens Colina et Varela, l’Agence
Nord-américaine d’Immigration et des
Douanes (ICE en anglais) a annulé les
charges retenues contre eux à la
demande expresse du Département d’Etat
nord-américain. Après avoir
sollicité l’asile politique, ils ont été
remis en liberté du Centre de Détention
de Krome en avril 2006.
Aujourd’hui, Colina
dirige une organisation, “Groupe de
Vénézuéliens Poursuivis Politiques en
Exil (Veppex)”, qui reçoit des dollars
du Sénat nord américain pour accueillir
aux États-Unis des vénézuéliennes
auto-déclarés “exilés” ou “persécutés
politiques”. Il apparaît régulièrement
sur les télévisions de Miami, et est
fréquemment l’invité des programmes de
télévision de Patricia Poleo,
journaliste vénézuélienne liée à
l’assassinat du juge d’instruction
Danilo Anderson qui enquêtait sur le
coup d’Etat de 2002 et même de CNN en
Espagnol.
Le mois d’avril
dernier,
Colina a decoré Luis Almagro,
secrétaire général de l’OEA et virulent
opposant au gouvernement de Nicolas
Maduro, lors d’un acte public.
Germán Varela vit
protégé aux Etats Uni où il est souvent
l’invité de CNN en Espagnol en tant
qu’“expert en sécurité”, étant donné son
passé de lieutenant de la Garde
Nationale vénézuélienne. Sa dernière
interview a eu lieu dans
la récente émission “Conclusions” de
Fernando del Rincónla récente émission
“Conclusions” de Fernando del Rincón,
le 11 avril dernier.
Après une longue
opération qui les a présentés comme des
persécutés politiques du gouvernement
vénézuélien, pratiquement plus personne
ne se souvient du passé de Colina et de
Varela, ni de la pause de bombes dont
ils sont accusés.
Est-ce que ce sera
le cas de Pérez? Personne ne sera étonné
de voir ce fugitif de la police
vénézuélienne apparaître bientôt aux
États-Unis et devenir le nouveau chef du
mal nommé “exil” vénézuélien à Miami, où
il oubliera très vite les vies qu’il a
mises en danger lors de ses dangereuses
attaques d’institutions publiques. Le
verrons-nous dans des films aux côtés de
La Roca ou Vin Diesel, ou bien la
justice finira-t-elle par s’imposer?
Seul le temps nous le
dira.
Source :
http://albaciudad.org/2017/07/lavando-la-imagen-al-terrorismo-desde-los-escuderos-de-altamira-hasta-oscar-perez/
Traduction :
Gloria Verges
Reçu de Thierry Deronne pour publication
Le dossier Amérique latine
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