Amérique latine
Les clefs de la mort d’un jeune député
bolivarien et de sa compagne
Thierry Deronne
Le député
Robert Serra (au centre)
María
Herrera, sa compagne
Samedi 4 octobre 2014
Robert Serra, 27 ans, était le plus
jeune député de l’Assemblée Nationale et
membre du Parti Socialiste Uni du
Venezuela (PSUV). Lui et sa
compagne Maria Herrera viennent d’être
assassinés chez eux, dans le quartier
populaire de La Pastora, à Caracas, par
six individus lors d’une opération
minutieusement planifiée. Pourquoi ?
En février 2014, la plupart des
journalistes occidentaux (le Monde,
Libération, El País, etc..) avaient
transformé une mobilisation de droite,
notamment étudiante, partie des
quartiers riches de Caracas… en “révolte
populaire contre la vie chère”.
Ils avaient occulté le refus des
secteurs populaires de participer à ces
violences qui avaient débuté à la
frontière colombienne grâce à l’appui
des paramilitaires liés à l’ex-président
Alvaro Uribe. Il ne restait qu’à faire
croire que le gouvernement bolivarien,
qui répondait à une enième tentative de
déstabilisation, “réprimait la
population”… (1)
Ces médias nous présentèrent alors le
jeune Lorent Saleh comme un “leader
étudiant de la lutte pour la
démocratie”. Or, celui-ci
a été expulsé de Colombie le 4 septembre
2014 par le gouvernement Santos, alors
qu’il y perfectionnait sa formation
paramilitaire. Plusieurs
vidéos le montrent durant ces cours
se réjouir de l’appui des médias
internationaux à “l’Opération
Liberté” et de rentrer bientôt au
Venezuela muni d’un arsenal renforcé et
appuyé par un personnel plus nombreux et
mieux formé : “nous allons commencer
par descendre vingt macchabées en 48
heures à Caracas, pour neutraliser les
collectifs”. (2)
L’assassinat "sélectif" du jeune
député Serra et de sa compagne est
caractéristique du paramilitarisme et,
en général, de toutes les politiques de
terreur (Honduras, etc..) visant à
intimider les jeunes qui voudrait
s’engager dans un changement
révolutionnaire.
Une politique annoncée de longue
date, comme l’attestent des
enregistrements réalisés en 2013 où la
dirigeante d’extrême-droite Maria Corina
Machado exigeait de mener contre le
gouvernement bolivarien des “confrontations
non-dialogantes” avec l’appui des
États-Unis. Machado (elle aussi
transformée en égérie de la liberté par
les médias occidentaux) avait organisé
un meeting sous l’effigie d’un militant
bolivarien pendu par les pieds. (3)
L’ex-président colombien Ernesto
Samper, actuel Secrétaire Général de
l’UNASUR (organisme regroupant les douze
nations sud-américaines) a déclaré que “l’assassinat
de Serra est un signal préoccupant de
l’infiltration du paramilitarisme au
Venezuela”. Le maire de Bogota
Gustavo Petro a rappelé que le jeune
député vénézuélien enquêtait sur les
liens entre Lorent Saleh et
l’ex-président Alvaro Uribe.
La population vénézuélienne rend
massivement hommage à Robert Serra et à
María Herrera en défilant depuis deux
jours à l’Assemblée Nationale. Pour dire
l’émotion et l’indignation populaires,
l’ex-sénatrice colombienne et militante
des droits humains Piedad Cordoba a cité
Neruda : “Ils peuvent couper toutes
les fleurs, ils ne pourront arrêter le
printemps”.
Les médias occidentaux se font
particulièrement discrets sur ces faits.
Thierry Deronne, Caracas, 3 octobre
2014.
Notes :
(1) “Brévissime
leçon de journalisme pour ceux qui
croient encore à l’information”,
http://venezuelainfos.wordpress.com/2014/02/22/brevissime-cours-de-journalisme-pour-ceux-qui-croient-encore-a-linformation/
(2)
https://www.youtube.com/watch?v=mssSTguxtm4
(3) “C’est
l’heure d’anéantir Maduro, le reste
tombera de son propre poids”,
http://venezuelainfos.wordpress.com/2014/05/29/%C2%A8cest-lheure-daneantir-maduro-le-reste-tombera-de-son-propre-poids%C2%A8-les-visages-reveles-du-plan-de-coup-detat/
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